
Il faisait beau ce jour-là sur Elyria. Le soleil brillait, le ciel était dégagé. Un temps idéal pour fêter comme il se doit la Cérémonie de la Récolte. Alors que des danseuses virevoltaient avec légèreté, Elena s’avançait lentement en entonnant le chant rituel. La foule était sous le charme, ravie de pouvoir oublier quelques temps la guerre qui faisait rage. Aeron, jeune soldat faisant partie de l’armée ennemie, écoutait sa belle, des étoiles dans les yeux. C’est alors que l’impensable se produit. La jeune prêtresse se transforme soudainement en monstre, terrorisant les villageois qui tentent tant bien que mal de fuir l’endroit. Après avoir parcouru rapidement quelques rues de la citadelle, Aeron retrouve sa fiancée, évanouie. Une vieille dame étrange se trouve à ses côtés. Elle explique au soldat qu’Elena a été frappée par la Malédiction de la Bête qui la transformera petit à petit en un monstre hideux. Seul remède possible : parcourir les Treize Tours et rapporter les cœurs des Maîtres des lieux. Afin de mener à bien cette mission, Mavda, la vieille femme, propose à Aeron de s’établir dans un ancien Observatoire - ayant jadis appartenu à l’armée – surplombant ces fameux donjons. Et histoire de faciliter la tâche de notre héros, elle va lui offrir un précieux cadeau : la chaîne d’Okanos.

Chaîne nébulaiiiiiiire !
Grand bien lui en a fait, puisque cette arme représente en fait le cœur du gameplay. Contrairement à d’autres jeux du genre, on ne découvre par les différentes utilisations de la chaîne au fur et à mesure de la progression dans le titre. Au contraire, elle dévoile toutes ses possibilités dès le premier donjon. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle s’avère particulièrement utile ! En combat, elle permet d’entraver un ennemi, l’aveugler, le blesser, le trainer dans un coin voire même le lancer. Il est même possible de « charger » cette arme afin d’infliger de plus gros dégâts. Pendant les phases d’exploration, Aeron pourra s’en servir de grappin, attrapera des objets éloignés ou tirera des leviers. Contre les boss, les Maîtres des Tours, elle s’avèrera indispensable, la lourde épée de notre héros étant la plupart du temps inutile contre ces bêtes immenses.

Mais avant de pouvoir faire leur fête à ces monstres afin d’en ramener le cœur à votre donzelle, il faudra d’abord vous faire un chemin dans le donjon. Chacun d’entre eux est composé de plusieurs étages qu’il faudra parcourir en se débarrassant des bestioles alentours et en résolvant de petites énigmes en général assez simples. Mais le plus important, ce sera de briser les chaînes entravant les portes des Maîtres. Sans ça, impossible de les atteindre. Pas de panique, la progression dans ces niveaux est très linéaire et il sera ainsi quasiment impossible de se perdre, d’autant plus qu’une carte relativement bien détaillée est disponible dans le menu. Néanmoins, il ne s’agira pas de traîner dans les Tours car le temps vous est compté. Littéralement. En effet, la malédiction d’Elena progresse lentement mais sûrement, obligeant Aeron à effectuer d’incessants aller-retour entre les donjons et l’Observatoire afin de lui offrir de la chair de monstre et, par conséquent, ralentir sa transformation. Afin de prévenir le joueur de l’avancée de la maladie, une jauge est visible en bas à gauche de l’écran : plus elle diminue, plus il faut se dépêcher. Sinon, c’est le Game Over.

C’est reparti pour une Tour
Car au-delà d’un donjon-RPG basique,
Pandora’s Tower est avant tout une belle histoire d’amour entachée par une terrible malédiction. Bien qu’elle se meure petit à petit, Elena garde le sourire et, même s’il lui arrive de déprimer, elle ne perd pas sa joie de vivre tant qu’elle sait que son fiancé est à ses côtés. Aeron, quant à lui, tente comme il le peut de rendre la vie de sa belle un peu plus douce. Il n’hésite pas à lui offrir des cadeaux, lui donner des livres à déchiffrer afin de l’occuper, voire même simplement de lui parler pour qu’elle ne se sente pas trop seule. Toutes ces actions font grimper la jauge d’affection d’Elena et il s’agit de ne pas la sous-estimer, car c’est elle qui influera sur la fin du jeu. Alors si vous ne voulez pas obtenir une fin tragique, n’hésitez pas à farfouiller un peu partout, voire même à acheter à Mavda des objets susceptibles de faire plaisir à votre fiancée. Car au fond, elle s’en balance un peu que vous risquiez votre vie dès que vous sortez de l’Observatoire. Tout ce qu’elle veut, c’est des bibelots inutiles destinés à prendre la poussière à côté de son lit. Un peu comme dans la vraie vie : tu ne la couvre pas de cadeaux, elle s’en va. Comme quoi, les femmes sont décidément toutes les mêmes.

Impossible de ne pas s’attacher à ce couple attendrissant et soudé dans l’horreur. Même si l’on ne connait rien d’eux au début de l’aventure, leur passé se révèle petit à petit. Grâce à de nombreuses cinématiques ou simplement aux échanges qu’ils ont à l’Observatoire, l’histoire d’Elena et Aeron se dévoile très lentement. Il en résulte une certaine frustration mêlée à la curiosité d’en savoir toujours un peu plus afin de pouvoir recoller tous les morceaux de cette histoire tragique. Et plus on en apprend, plus on a envie de sauver la jeune femme. Plus on la connaît, moins on supporte de la voir souffrir dès qu’elle doit manger de la chair crue, elle qui fait (en plus !) partie d’un peuple de végétariens endurcis. Pas de doute, ce titre sait titiller la corde sensible des joueurs.
Pandore, sa boite, ses Tours infestées de monstres, sa caméra douteuse…
D’un point de vue technique, l’équipe de
Ganbarion s’en est relativement bien sortie. Les graphismes ingame sont plutôt bons, avec en plus des cinématiques magnifiques. Le level design des Tours est inventif, même si certaines salles se ressemblent. Quant aux deux personnages principaux, on regrettera simplement qu’ils soient un peu clichés. Ce que l’on ne peut pas vraiment dire de Mavda, qui est même un peu flippante avec ses yeux de fouine et son vieillard presque mort qu’elle trimballe dans son sac à dos. Les musiques, reprenant de grands musiciens classiques tel Verdi et Tchaïkovski, collent parfaitement à l’ambiance des donjons. Le point d’orgue arrive pendant les combats contre les boss : les sonorités oppressantes et les chœurs renforcent le stress que l’on éprouve lorsque l’on se bat contre un Maitre, ces affrontements nécessitant de réfléchir vite et bien afin de trouver rapidement le point faible. Les doublages anglais sont de bonne qualité, même si l’on regrettera une fois encore de ne pas pouvoir les mettre en japonais. Enfin, un très bon point pour l’utilisation de la Wiimote, très intelligente et surtout particulièrement jouissive lorsqu’il s’agira de tirer d’un coup sec afin d’enlever les cœurs des bêtes.

Le jeu n’est néanmoins pas exempt de défauts. Même s’ils n’entachent pas réellement l’expérience de jeu, ils peuvent être tout de même un brin désagréables. Tout d’abord, la caméra. Puisqu’il est impossible de la bouger soi-même, elle se place la plupart du temps derrière Aeron. Seulement voilà, elle prendra parfois des angles plutôt douteux, souvent lors des combats, ce qui n’est pas pour aider le joueur puisqu'ils sont en temps réel. Des combats qui ne sont par ailleurs pas vraiment passionnants puisqu’il s’agira surtout d’esquiver une fois sur deux. En effet, les ennemis ont la fâcheuse tendance de retirer à notre héros quasiment la moitié de sa vie à chaque attaque. Et en plus, le bestiaire est assez limité. Dommage, avec des donjons représentant chacun un élément (eau, feu, nature, etc), il y avait moyen d’imaginer des tas de monstres différents. Bref, on prendra vite l’habitude d’esquiver les combats pour ne pas perdre de temps. Autre point noir : l’inventaire. Très limité et un peu lourdingue à gérer, il faudra souvent retourner à l’Observatoire pour déposer les objets inutiles dans un coffre, voire les vendre à Mavda, commerçante de métier (qui, par ailleurs, s’improvise forgeron pour améliorer ou réparer les armes).
