Nous sommes en 2054 (hé oui, déjà), et la Terre est dans un sale état. La faute à deux races extraterrestres se tapant dessus depuis bien trop longtemps. Pourquoi ? Le mystère reste entier, mais toujours est-il que notre bonne vieille planète bleue est une victime collatérale de cette guerre. Résultat : les derniers humains encore en vie se voient obligés de quitter le navire en s'embarquant dans des arches interstellaires. Manque de bol (décidément !), la plupart vont périr au cours de ce long voyage. Heureusement, une petite poignée d'entre eux réussit à atterrir sur la planète Mira, un astre énorme composé de cinq grands continents. C'est dans le premier d'entre eux, Primordia, que les humains se sont installés et ont construit la ville de New L.A., tentant de survivre tant bien que mal à la faune particulièrement hostile de l'endroit et à coloniser tout ça. L'histoire démarre lorsqu'Elma, colonelle dans le BLADE – une organisation qui dirige tout ce beau monde – trouve une capsule de survie d'où elle va faire sortir un être humain ayant perdu la mémoire. Et cet humain, c'est le joueur : homme ou femme, blond ou brun, peu importe puisque c'est à lui de choisir à quoi il ressemblera grâce à un outil de création d'avatar assez complet. Une seule chose ne change pas : il est forcément muet.
Changement de xenre
Autant mettre les choses au clair dès maintenant : si vous avez adoré
Xenoblade Chronicles et que vous voyez dans ce
Xenoblade Chronicles X sa suite, vous risquez fort d'être déçus. Les deux titres n'ont en effet pas grand-chose à voir l'un avec l'autre. Ainsi, le premier misait tout sur des personnages attachants et une histoire riche en rebondissements et émotions, alors que le second table plutôt sur un open world géant fourmillant de bestioles à trucider et de quêtes à réaliser. En gros, un RPG classique contre un MMORPG. Et comme chacun sait, un MMORPG c'est vaste, très très vaste. Le nouveau bébé de
Monolith Soft (qui n'est, précisons-le, absolument PAS un meuporg) n'échappe pas à la règle et propose une map démesurée, que l'on met des heures et des heures à parcourir sans temps de chargement ou presque. De ce côté là, il n'y a pas grand chose à reprocher au titre : les cinq continents présents possèdent tous leur identité propre (plaines, désert...) ainsi que leur bestiaire spécifique. Le tout est par ailleurs très joli et bourré de détails, la distance d'affichage est impressionnante et les effets de lumière parfaitement réussis. Seuls quelques problèmes de clipping peuvent parfois se faire sentir, avec des ennemis qui poppent au dernier moment devant le joueur, mais pas au point de pourrir l'expérience de jeu. Vous êtes un amateur d'exploration ? Alors c'est le titre qu'il vous faut.
Mais sur Mira, il y a de la faune. Beaucoup d'espèces différentes, plus ou moins grosses et, surtout, plus ou moins hostiles. Il s'agit donc de se former une équipe pouvant prendre part aux nombreux combats qui s'annoncent. Et il y a du choix puisque bon nombre de PNJ peuvent être recrutés : au joueur alors de faire son choix en fonction de ses affinités ou des divisions. Car chaque membre du BLADE doit rejoindre une division qui changera ses objectifs sur le terrain (les harriers suppriment les ennemis trop puissants, les pathfinders collectent des objets rares...) ainsi que les ''arts'' et armes qu'il pourra utiliser en combat. Le système de combat, d'ailleurs, ne dépaysera pas les joueurs ayant passé des heures sur
Xenoblade Chronicles. Les affrontements se déroulent en temps réel, directement sur la map et le joueur choisit parmi une liste quelle attaque il désire effectuer. Son personnage s’exécute ensuite tout seul comme un grand. Les seules différences notables avec cet opus étant que l'on peut changer d'arme en combat et que des armes à feu sont désormais de la partie, ce qui permet donc d'attaquer à distance si l'envie se présente. Comme dans tout bon RPG, les combattants peuvent par ailleurs être améliorés via des points, et des équipements plus avantageux sont aussi disponibles à l'achat. Il est même permis d'influer directement là dessus en investissant du miranium, la monnaie locale, dans l'usine d'armement de son choix.
Le RPG de cette xénération ?
Seulement voilà : à force de trop vouloir en faire sur certaines choses (l'open world par exemple),
Xenoblade Chronicles X en oublie parfois ce qui est essentiel pour un RPG et il en résulte tout un tas de petits soucis qui, mis bout à bout, finissent par particulièrement lasser le joueur insensible aux techniques des MMO. L'exploration, par exemple. Comme dit plus haut, c'est un plaisir de découvrir les étendues de Mira, belles et vivantes. Le problème, c'est que le jeu oblige littéralement le joueur à passer des heures à se balader puisque certaines quêtes du scénario ne se débloquent que lorsque le pourcentage de découverte est suffisamment élevé. Ce qui peut être franchement rageant lorsque l'on est à 3% et que l'on apprend qu'il faut atteindre les 15% pour espérer en voir plus... Et dans ces cas-là, il n'y a pas trente-six solutions : il faut aller poser des balises FrontierNav, qui ont au moins le mérite de faire gagner de l'argent à intervalles réguliers et d'autoriser les téléportations, histoire de réduire quelque peu la durée des déplacements. Des déplacements qui peuvent par ailleurs se montrer parfois franchement suicidaires puisque certains passages sont gardés par des ennemis bien trop puissants. Résultat, il faut tenter de s'infiltrer sans se faire remarquer, sous peine de se faire one-shot. Heureusement, la mort n'est pas vraiment pénalisante dans ce titre puisque le joueur reprend quasiment de suite.
Un autre problème important de ce titre est son scénario ainsi que ses personnages. Ce n'est en effet pas l'histoire qui vous tiendra en haleine ici, ce qui est assez pénalisant pour un jeu de rôles. Celle-ci est même carrément inintéressante, malgré quelques twists plutôt bien trouvés, et les personnages sont affreusement creux. A aucun moment on ne se prend d'empathie pour tous ces amas de pixels, qui représentent en plus tous les clichés du RPG (sans parler des équipements parfois franchement ridicules ou très dénudés) : la gamine qui se veut rigolote, la petite bestiole à la voix énervante, la combattante froide, le bodybuildé de service (et qui s'appelle Van Damme, ça ne s'invente pas)... Et même la possibilité d'en apprendre plus sur eux, via des quêtes spécifiques, ne les rend pas plus intéressants. Les quêtes, justement, peuvent parfois être de véritables casse-têtes, certaines n'indiquant pas à quel endroit se rendre pour réussir la mission. Résultat, il n'est pas rare d'errer pendant des heures sur un continent dans l'espoir de tomber sur la bonne bestiole qui lootera le bon objet. Et encore, il arrive parfois que l'on doive combattre cinq ou six fois la même bête avant d'avoir droit à l'item recherché... Mais c'est de toute façon un principe auquel ce
Xenoblade Chronicles X semble accroché : tu te débrouille tout seul. Trop souvent, les choses ne sont pas expliquées et c'est au joueur d'aller lire le manuel dans l'espoir de savoir comment effectuer telle ou telle action. Alors, certes, nous ne sommes pas contre un peu de difficulté. Mais dans un jeu aussi énorme que celui-ci, on a bien souvent l'impression de devoir chercher une aiguille dans une botte de foin... Il faut donc se montrer parfois très patient.
Dans la lignée de son xéniteur ?
Largement mis en avant dans la promotion du jeu, les méchas – baptisés ici Skell – n'apparaissent en fait qu'assez tard dans le jeu, après au moins une trentaine d'heures de pérégrination. Et il faudra encore rajouter quelques heures avant d'espérer pouvoir s'envoler avec. Le cours du jeu change alors quasiment du tout au tout une fois ce précieux sésame obtenu : finis les longs moments à se balader sur Mira, cherchant pendant des heures le bon chemin pour passer telle ou telle montagne. Une fois à bord d'un Skell, l'exploration se fait de manière bien plus rapide et l'équipe peut par ailleurs se lancer dans des affrontements contre les créatures géantes présentes sur la map. En prenant toutefois garde à ne pas se faire détruire, les coûts de réparation étant carrément indécents. Car mécha ou pas, la difficulté reste fluctuante, avec parfois des pointes assez surprenantes. Il peut par exemple arriver que l'on tue un ennemi de niveau 29 alors que nous ne sommes ''que'' niveau 25, pour par la suite se faire liquider par un boss de niveau 22... Un meilleur équilibrage aurait donc été bienvenu, au lieu de la possibilité au bout de trois tentatives sur un boss de rendre l'affrontement plus facile.
Là où
Xenoblade Chronicles X ne se moque pas du joueur, en revanche, c'est au niveau de sa durée de vie, assurément gigantesque. Avec les nombreuses heures qui vous attendent sur Mira, autant dire que l'achat du jeu sera bien vite rentabilisé, même si cette durée de vie est pour les trente premières heures, au moins, artificiellement augmentée. Comme dit précédemment, il n'est en effet pas rare de passer trois heures à déambuler pour réussir une quête (par ailleurs souvent peu intéressante du genre tuer tel monstre, ramener tel objet, etc), juste parce qu'elle n'était pas indiquée sur la mini-map, pour ensuite n'avoir droit qu'à cinq minutes d'une histoire diluée dans tous ces combats et toute cette exploration. Autant dire que ceux qui apprécient les RPG pour le sentiment de récompense qu'ils procurent seront déçus. Une autre déception, mais dans un tout autre style, provient de l'OST, qui est bien loin de celle de
Xenoblade Chronicles. Il faut dire qu'il y avait du boulot tant cette dernière se montrait délicieuse aux oreilles. Ici, les développeurs ont choisi un parti pris différent en mixant de nombreux styles, notamment du rap qui ne sied pas forcément toujours à l'ambiance générale. Précisons par ailleurs que les doublages japonais ne sont pas inclus dans le jeu, les européens devront donc se contenter des voix anglaises.
Et il y a encore bien des choses à dire sur ce
Xenoblade Chronicles X tant il sait se montrer généreux sur son contenu et particulièrement jusqu’au-boutiste sur certaines choses : nous n'avons par exemple pas parlé de l'utilisation intelligente du GamePad presque entièrement dédié à l'exploration, de la possibilité d'aller recruter les avatars des autres joueurs lorsque le besoin s'en fait sentir, du mode multijoueurs, du système d'affinités, des possibilités apportées par les divisions pour les combats ou encore de la présence d'ennemis spécifiques surpuissants appelés les Tyrans. Mais c'est tout bonnement impossible et, de toute façon, ce serait gâcher le plaisir de ceux qui attendent ce jeu. Car vous l'aurez compris, le dernier né de chez
Monolith Soft mise avant tout sur l'exploration, sur la sensation de découvrir un nouveau monde et d'en apprendre toujours plus sur la faune et la flore locale. Il serait donc dommage de trop en dire ici et de gâcher le plaisir de la découverte.