Test : BlackSite - Xbox 360

BlackSite - Xbox 360
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Les américains sont décidemment trop prévisibles. Midway l’a bien compris, puisque la société de Chicago nous offre sur un plateau (ou plutôt une galette) les deux pires ennemis de ce brave peuple outre-atlantique : les extra-terrestres et les arabes. Un cocktail aussi détonnant qu’une attaque suicide dans une école (et je suis politiquement incorrect si je veux).
Il va vraiment être difficile de faire passer mon ressenti sur ce jeu, si vous avez déjà navigué dans la presse papier ou internet alentours. Leurs tests sont à base de « black-listé » (remarquez le jeu de mot), « tout pourri », « obsolète » et autres dérivés péjoratifs qui me font croire que ce jeu est vraiment le pire FPS qui soit sorti sur X360. Alors, pour ne pas me désolidariser de mes collègues, je m’en vais faire de même.

Blacksite sapu !

Irak. Il y a trois ans. Notre histoire commence comme un bon film hollywoodien traitant de la dichotomie entre pauvre monde arabe et riche monde occidental. Vous, fier soldat G.I. prêt à tout pour servir son pays, êtes envoyé en mission près de Tataouine pour tuer quelques barbus et aussi, au passage, comprendre ce qu’il se passe dans des usines désaffectées. Vous rencontrerez des scientifiques qui vous vaccineront et évidemment, vous tomberez finalement sur des militaires zombies assez étranges. Pas besoin de résumer la situation plus longuement, il vous suffit de prendre n’importe quel film de série B sur la guerre ou les invasions du troisième type et vous avez un condensé de tous les clichés américains sur le monde moderne, que l’on peut résumé en un mot : « Blacksite ». Mais moi, joueur blasé, je déteste l’humour et le troisième degré. C’est vrai quoi, mince. Moi je joue pas aux jeux vidéo pour m’amuser ! Bref, le scénario est totalement ridicule et ne vous tirera même pas un sourire. Sauf peut-être lorsqu’on entend la localisation en VF (dans le plus pur style de Mad Max) et les petites remarques délirantes de vos coéquipiers (qui n’arrêtent pas de baragouiner pendant les opérations, à en devenir super relous). Un exemple : « Merde, qui a vendu des armes de combat à des ouvriers de la raffinerie ?
- Bah c’est nous.
- Ah ? J’espère qu’on en a eu un bon prix… »
J’avoue qu’il faut avoir vu des films de Chuck Norris ou Charlie Sheen pour comprendre toute l’envolée métaphysique de ces quelques paroles. Bref, au delà de l’ambiance hollywoodienne, les combats seront en accord avec cette ambiance : de grosses bestioles verdâtres dans les déserts de la zone 51, ou des zombies à quatre pattes, voilà avec quoi vous devrez jouer au travers des 6 chapitres du jeu. Bien qu’ils soient faciles à tuer (tout comme le reste du jeu, c’est une honte ! Un FPS au second degré qui est facile ? Non mais pourquoi pas un flic qui mange des donuts, ou encore un Sims avec une extension ? On aura tout vu !), les monstres sont à la hauteur de l’espérance du joueur, qui détient un profil plutôt « gniii tout péter » qu’intellectuel-fan-de-Myst.

Blacksite, stou pourri !

Techniquement, et selon le propre game designer du jeu, Blacksite est totalement merdique. Et je suis d’accord ! Le jeu est seulement à la hauteur des beaux FPS sur X360, console qui, je vous le rappelle, est la plus ancienne des consoles (N)ex(t) Gen. Je suis déçu de remarquer que Blacksite fout une petite claque esthétique dans la gueule du joueur. Au niveau des décors, je viens de tester Timeshift (même console, même genre) et je dois reconnaître que les effets sont moins nombreux et moins bien réalisés sur Blacksite. Il n’empêche que la qualité d’ensemble est loin d’être en retard d’une génération, à moins de considérer ce jeu pour ce qu’il n’est pas : c’est à dire un jeu à fort background pour PS3. Avouons tout de même les multiples bugs de collisions, d’ombres et de textures qui apparaissent de temps en temps sur les décors sous forme de clignotement intempestif. On dira que c’est la faute aux aliens. Ou aux arabes, au choix.
Le gameplay, dans l’ensemble, est à l’image du ton du jeu : du troisième degré. Si trois niveaux de jeu sont proposés (alerte jaune, orange, rouge, de facile à difficile), la différence est infime et dans la plupart des cas, vous pourrez subir des assauts prolongés de la part des ennemis sans jamais devoir passer à l’infirmerie. Tant mieux, il n’y en a pas. Quelle honte de pouvoir tenir aussi longtemps debout dans un jeu aussi réaliste qu’une invasion d’alien dans le désert américain ! Le seul truc vraiment chiant dans la difficulté du jeu, c’est de jouer avec l’IA merdique (et là, c’est véridique) de vos potes, qui, bien qu’étant marrants au possible, sont lents à la détente. Du coup, vous risquez plus souvent de vous prendre une de leur grenade, envoyée à la bourre sur un ennemi que vous avez déjà tué.

Blacksite, je l’ai jamais aimé

Dans cette ambiance dantesque opposant le bien contre le mal, vous devrez garder un œil sur votre troupe, étant donné le caractère dangereux de vos missions, qui partiront assez vite en cacahuète. Tel un bon PES, vos coéquipiers ont un moral, qui baisse lorsqu’ils se prennent des pruneaux à tout va, ou lorsque l’ennemi d’en face est surentraîné. Il en va du bon fonctionnement de votre équipe (précision des tirs, courage à foncer sur les zombies etc.). Encore une fois, quel sacrilège d’essayer de placer un peu de stratégie dans un FPS bourrin ! D’autant plus que vous pouvez contrôler vos coéquipiers avec un petit bouton, ce qui les envoie directement dans une zone que vous visez. Un petit goût de GRAW encore une fois, même si on est loin de la maîtrise de cette série. N’empêche, on se prend au jeu à envoyer plus souvent ses potes à la castagne en tant qu’éclaireur. Nonobstant, leurs fonctions se limitent tout de même à ce genre d’action, ainsi qu’à l’ouverture de portes (en désoudant les joints, en posant une charge de C4 ou en envoyant une grenade aveuglante dans l’embrasure). Blacksite n’étant apparemment pas vraiment porté sur la team, il n’en reste pas moins des petits passages de dogfight à plusieurs, toujours scriptés au possible, comme ce passage dans une HUMVEE au milieu d’une raffinerie de pétrole. A la tourelle de votre véhicule, vous devez arroser une jeep d’irakiens qui vous pourchassent, tout en vous laissant conduire par votre ami bourré qui zigzague entre les citernes. « Ah, ce salaud sait pas conduire. Avec moi c'est pépère ». A défaut d’être libre et coopératif, il propose tout de même des amis marrants qui permettent de passer le temps au combat. Du coup, on apprécie la localisation française débile, portée sur le fun (comme le reste du jeu) et les animations qui vont avec.
Finalement, ce Blacksite est un FPS banal, forcément. Il est basé sur le moteur Unreal Engine et Havok qu’il exploite assez souvent sans pour autant révolutionner le genre. La preuve, le pauvre panel d’armes de nos amis, qui ne trouveront consolation que dans des mitraillettes automatiques, des grenades, un sniper et quelques autres armes dont un lance-roquettes bien utile. Quoi de plus pour abattre les quelques ennemis trop faciles à tuer ? Facile. Voilà le maître mot du jeu, qui n’hésite pas à faire clignoter les objets à ramasser dans votre environnement, avant d’aider le joueur au maximum à faire le plein de munitions. Ou de dossiers secrets (mallettes à débusquer contenant des informations soi-disant confidentielles). Facile, c’est aussi l’adjectif du mode multi, pauvre, classique et assez vide, étrangement.
Lire dans la presse « professionnelle » de jeux vidéo que Blacksite est une daube monumentale, c’est comme lire sur Télérama qu’Astérix Mission Cléopâtre est une merde. Pourtant, c’est le deuxième film de l’histoire du box-office français. Blacksite n’ira pas jusque là, mais devrait contenter les fans de FPS assez bourrins et cherchant dans un jeu vidéo l’ambiance typique de films américains comme Independance Day. Prétexte à la baston de grande envergure, le jeu est à prendre pour ce qu’il est, tout comme ce test, au troisième degré. Malgré ce qu’en dit Harvey Smith, Blacksite n’est pas la honte qu’on pouvait attendre, même si la période de bêta-test aurait été plus qu’appréciable pour hisser le jeu au rang de CoD 4 ou encore Bioshock.
19 décembre 2007 à 11h47

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Points positifs

  • Marrant
  • Hollywoodien
  • Visuellement agréable

Points négatifs

  • Développé à la va-vite
  • Scénario limité
  • Se finit en moins de 10h
  • Très facile
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