Test : Guitar Hero III : Legends of Rock - Xbox 360

Guitar Hero III : Legends of Rock - Xbox 360
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Guitar Hero, the Third. Oui, modestement. Si l’arrivée du troisième volet de la célèbre franchise musicale d’Activision sur consoles, PS3, Xbox 360 et Wii, répond aux traditions composites de leur catalogue ainsi qu’à la logique d’hospitalité que les caractérise, sa sortie sur PC ressemble plutôt au télescopage de deux cultures réputées inconciliables : celle du prêt à jouer orgasmique typé console et celle de la cérébralité absconse et hermétique, apanage non exclusif de la microinformatique familiale. Dès le déballage de l’immonde morceau de plastique en forme de Gibson X-PLorer [seules les consoles ont le privilège de recevoir la superbe « Les Paul » sans fil ; le PC écoulant quant à lui les invendus de la saison passée], flanqué de cinq boutons ridiculement colorés, d’un petit appendice mobile et d’une sangle un rien toc, l’embarras s’installe. Comme vous commencez à manipuler maladroitement le risible engin, l’assistance, profane et prosaïque, plus habituée à vous voir vous rassasier de simulateurs sophistiqués, de shooters tactiques et de jeux de stratégie résolument inintelligibles, décoche quelques ricanements gouailleurs. Certains prophétisent la décadence de la société occidentale et annoncent la régression de l’homme dans la puérilité. D’autres hésitent entre hilarité et consternation. Et puis la musique soudain émerge. Cinq minutes plus tard, les moqueurs, fascinés, tentent déjà de vous arracher la guitare des mains !
L’effet produit par Guitar Hero III ressemble à cette scène à laquelle j’assistai, il y a de cela une quinzaine d’année, dans une boîte de nuit ringarde de la banlieue parisienne. Un bellâtre, élégamment costumé, se donnait alors en spectacle sur la piste de danse, multipliant les glissements de chaussures et les déhanchements emphatiques, assumant visiblement le ridicule parodique de ses extravagantes gesticulations ; les enceintes du lieu vomissaient le tapage épileptique d’un ignoble tube disco. Affalé dans les fauteuils de l’autre côté de la piste, un groupe de midinette lourdement fardées, attifées dans de petites jupes fleurant bon la mode bon marché des franchises de supermarchés, Katie, Gloria et Jennifer, jeunes filles fraîchement devenus femmes sur la banquette crasse d’une vieille guimbarde sous l’asthmatique lueur d’un réverbère de parking, pouffaient, piaffaient et raillaient le beau mec manifestement bien-trop-beau-pour-elles qui se pastichait sans réserve sous le clignotement complice des projecteurs. Et il fallait voir comment elles rigolaient, les jolies moufflettes, comment elles se trémoussaient d’ardeur sur leur petit séant nyloné, les candides novices, roucoulant de la gorge et gloussant les quolibets de leur revanche, celle du prêt-à-draguer. Et puis, à un moment, la musique changea. Jocelyne Brown tira sa révérence et les guitares d’un classique du Rock and Roll – so roots – supplantèrent les synthétiseurs et les boîtes à rythme. Là, une superbe blonde qui devait attendre son heure en coulisse traversa la salle, écartant primates béats et biques primesautières, saisit le bras tendu de celui qui venait d’être la risée des Pinky Princesses et se mit à danser avec lui un rock d’une classe folle. Instantanément, le visage des midinettes se décomposa. Penaudes, elles réajustèrent leur chemisier grossièrement taillé et jetèrent une œillade déconfite aux matamores de seconde division qui sirotaient des bières, assis en grappe face aux miroirs de l’interminable bar. Promesses de rires gras et de ruts essoufflés. Les prédateurs de grande consommation firent quelques clins d’œil suggestifs à leurs fugitives favorites. Venez donc tâter de ma banquette, mes demoiselles… Katie, Gloria et Jennifer plongèrent illico la tête dans les mièvreries acidulées de leur soda. Abandonnant au fond d’amertume d’un songe creux, le beau, la belle et tous les châteaux fantasmés de l’Andalousie… Car, comme dirait le très anagrammique Vladimir Nabokov, « aux exquises, tout est exquis… »

My Guitar is my sweet little thing, she's my pride and joy !

Voilà très exactement Guitar Hero III. Avant de vouloir devenir une légende du Rock, les sceptiques en riront. Sous cape, vous murmurerez « rira bien qui rira le dernier ». Et vous n’avez effectivement pas fini d’en rire ! Le mépris et la raillerie ne survivront pas bien longtemps au mirage du fantasme érotico-musical que le titre édité par RedOctane s’ingénie à réveiller. Soyons franc : je n’avais jamais touché un jeu musical de ma vie. Il faut dire que sur PC, le genre n’est guère représenté. A part le très dépouillé Frets on Fire [gratuitement distribué par ses développeurs], sur PC, on se sustente plus volontiers au moyen de FPS, de RPG et de STR… Mais de quoi s’agit-il au juste ? D’appuyer en rythme sur les affreuses touches d’un vulgaire morceau de plastique à mesure que les notes défilent sur la portée, tandis que les enceintes distillent leur nectar acoustique ? Ceux qui ont réussi à dompter le mode expert de l’opus précédent peuvent sauter les lignes suivantes qui vont tenter d’aborder la question du comment. Désolé pour les amateurs de sociologie, mais la question du pourquoi ne sera pas traitée… Il ne s’agit donc pas simplement de frapper sur cinq hideux rectangles vulgairement peinturlurés. Comme sur une véritable guitare, votre main gauche, commodément placée le long du manche, aura effectivement la délicate tâche « de pincer les cordes » en vu de produire un accord. Cinq touches pour cinq cordes : le musicien pastiche de Guitar Hero se moque bien des octaves ! Pendant que votre main gauche décline les tonalités, votre main droite, elle, gratte un autre appendice monté sur ressort qu’il convient de pousser ou de lever afin de produire un son : le médiator. C’est à cette main droite, finalement responsable de la production des notes, qu’il incombera également d’actionner la tige simulant la pédale de distorsion sur les notes tenues. Histoire de générer d’euphorisantes diphtongues… Le public en raffole. Faisons observer qu’une option existe afin de rendre le jeu compatible avec les tares bien connues de nos amis gauchers ; la main gauche passant ainsi à droite et vice-versa. Comme la musique se répand autour de vous, sur l’écran, le long des cinq colonnes du manche virtuel, les notes commencent à défiler. Lorsqu’elles atteignent le bas de l’écran, les touches idoines du manche doivent être pressées et le médiator concurremment activé. Simple et efficace. Rassurez-vous, le Dieu du Rock vous a réservé quelques tutoriels afin que vous puissiez vous familiariser avec toutes les culbutes tactiles qui vous mèneront lentement jusqu’à la gloire [ou, plus vraisemblablement, jusqu’au divorce ; votre légitime ne comprenant décidément rien aux mystères de la transubstantiation par le Rock]. Pour jauger de votre performance, comme si les couacs honteusement aquatiques qui stigmatisent chacun de vos ratés ne suffisaient pas [l’assistance, hilare, ne perd rien pour attendre], un baromètre sonde en permanence la satisfaction du public : le rockometer [à ne pas confondre avec le roccometer, qui lui, évalue les performances de vos coups de reins]. Si, suite à une grossière succession de fautes, titubant et trébuchant sur une brève éruption d’arpèges, la jauge tombe sous un certain seuil, les fans, en rage, vous jetteront hors de scène. Evidemment, arcade oblige, chaque note convenablement reproduite vous rapporte des points ; plus vous jouez de notes justes consécutivement et plus le nombre de points accordés à chaque note augmente ; mais le moindre écart réinitialise le multiplieur ! Dernières fantaisies destinées à flatter votre narcissisme de dégénéré cocaïnomane, le Star Power. Certaines séquences, distinguées des autres au moyen d’étoiles, si elles sont réalisées correctement, remplissent votre jauge de Star Power. Une fois la moitié des lampes-symboles de votre ampli allumées, levez votre jouet à la verticale et profitez d’un rare instant d’égocentrisme pure ; les accords résonnent plus sourdement et l’assistance exulte. Double rasade de points ! Complètement old school ! Ajoutons pour finir que, comme dans l’opus précédent, certaines notes, distinguées des autres au moyen d’un halot de lumière, peuvent être jouées sans actionner le médiator, en frappant simplement l’accord de la main gauche. Hammer On/Pull Off dit l’expert. De quoi rendre les démentiels solos de certains morceaux un peu plus accessibles.

You and I must fight to survive !

Plusieurs modes de jeu, regroupant un total de 71 chansons [faisant ici confiance aux allégations du distributeur – je n’ai pas perdu mon temps à compter], attendent vos exactions musicales. Le mode Carrière vous octroie l’opportunité de débloquer tous les titres en suivant la trame simplifiée d’un scénario plein d’humour, qui vous fera progressivement gravir les échelons de l’aristocratie du Rock [au sens large], passant de la scène poussiéreuse d’un rad lugubre aux salles bondées des palais européens, avec en point d’orgue un final dantesque dans le temple de Minos, parmi les âmes déchues des pêcheurs au centre du pandémonium [gageons que Tim Schaffer n’aurait pas renié cette fantaisie]. Sauf qu’ici, Orphée s’appelle Lou et que le barde a troqué sa sempiternelle Lyre contre une Gibson ! En mode carrière, chaque chapitre comprend 5 chansons et tous les deux chapitres, vous aurez à affronter une star de la gratte au cours d’un duel particulièrement savoureux. Là, le Star Power cède sa place à toute une batterie de turpitudes vachardes à envoyer en vrac dans la face toute crispée de votre adversaire : au cours du déroulement du morceau, vous pourrez déclencher le clignotement de l’écran de votre illustre comparse, lui imposer de diaboliques salves de doubles notes, casser momentanément une corde de son instrument, augmenter temporairement le niveau de difficulté de sa partition ou encore retourner le manche de sa guitare, le but étant de provoquer son éviction par le public ! Chaque triomphe vous rapporte une certaine somme d’argent, dont la valeur est naturellement congrue à la qualité de votre prestation, somme que vous aurez ensuite la possibilité de dépenser dans l’arrière salle de votre boutique favorite afin d’acquérir pléthores de bonus, des plus superfétatoires [des tenues pour votre avatar, des personnages de légende ou des guitares pailletées] aux plus substantiels, comme des chansons supplémentaires. Car la sélection du mode carrière ne comprend finalement que 42 titres. La trentaine de chansons restantes nécessitant de votre part quelques efforts financiers. Notons au passage que le mode carrière est jouable à deux en coopération, le second joueur pouvant se charger de la ligne de basse tandis que premier s’occupe de la traditionnelle guitare, chacun ayant le loisir d’opter pour le niveau de difficulté qui lui convient. On retrouve bien sûr d’autres petites foucades sympathiques dans les différents modes multijoueur que propose le titre. Des duels pour le gain des faveurs du public ou des combats de guitare similaires à ceux aperçus lors de votre progression en mode carrière. Le tout avec la possibilité d’aller batailler contre les épileptiques extasiés qui rodent et maraudent, salive au bec et médiator au doigt, en quête de victimes à humilier sur la grande toile planétaire.

I won't get to get what I'm after till the day I die

La tracklist de Guitar Hero III flatte l’amateur de sonorités viriles. Mais le maître mot de la sélection est « Hétéroclite » ! Oui, comme Héraclite, mais en hétéro. Car Héraclite était grec et ne jouait assurément pas de la guitare mais des castagnettes. Bref, laissons là les digressions à caractère hellénistique que seuls les agrégés de littérature classique savent apprécier… On retrouve donc certaines vieilles connaissances des scènes déglinguées de l’ancienne et de la nouvelle Angleterre, les noms des dépravés illustres qui remplirent les potins underground des années 70 et les pages nécrologiques des grands quotidiens au début du XXIème siècle. Ah, nos pauvres idoles décaties ! Certaines s’accrochent encore aux lustres de leurs lointaines jeunesses ; d’autres, depuis longtemps tombées en disgrâce pour dopage, errent en peignoir dans les couloirs des instituts cossus de la Redneckie. Pour sélectionner leurs 70 titres, les gens de NeverSoft ont pioché avec largesse et doigté dans près de quarante années de Rock, Heavy Metal, Thrash, Blues, Punk, Grunge. Si la recette ne manque assurément pas de piquant, elle a également la consistance insaisissable qui fait la fierté des buffets des palaces subtropicaux. Un peu de The Who du début des années 70 [leur meilleure période], un Sonic Youth plutôt grungy-middle-age, le titre 3’s & 7’s tiré d’Era Vulgaris, le dernier [et très contesté] album de Queens of the Stone Age, le récent Knights of Cydonia de Muse, le vénérable Anarchy in the UK des Sex Pistols [dans une reprise indigne des « prestations originales » de l’excentrique John Lydon], l’antique Paranoid de Black Sabbath sorti en 1970, le célèbre One de Metallica sorti à la fin des années 80, mais aussi du Cream, l’excellent LaGrange de ZZ Top, un peu d’Iron Maiden, des Stones ou des Guns, une pincée d’Aerosmith, un filet de Santana et deux bonnes louches de Rage against the Machine… On remarque également quelques à-côtés délicieusement incongrus comme Pat Benatar [les collectionneurs apprécieront !] ou Stevie Ray Vaughn ; en suspension légère au dessus des poids-cassés acoustiques qui garnissent le fond de la soupe. Si on se félicite que les registres, les époques et les styles soient aussi variés pour ce qui concerne la quarantaine de titres de la sélection, on déplore en revanche que la trentaine de chansons proposées en bonus peinent à soulever le même enthousiasme : difficile de passer de Sonic Youth à Naast sans se sentir parcouru par un long frisson de profanation coupable. D’ailleurs, la qualité des partitions est à l’avenant. Généralement moins intéressantes et moins relevées que celles offertes par les morceaux du mode carrière. Autre anicroche et autre ligne à inscrire au passif du jeu : comme Activision n’a pu obtenir les droits de toutes les exhibitions originales, certains titres ont du être réenregistrés. Et toutes les légendes ne subissent pas l’avanie d’une cover médiocrement industrieuse avec le même complaisant savoir-vivre… John Lydon vomissant sa cirrhose de vingt ans en guise de pige pour un jeu vidéo n’a pas le même pouvoir d’empathie que la pneumonie rocailleuse que Johnny Cash trimballa aux quatre coins des Etats-Unis lors des dernières années de sa vie. Quant aux milliers d’absents dont nos sanglots continuent pourtant de chérir les œuvres immémoriales, AC/DC, Deep Purple, Led Zeppelin, The Clash, Creedence Clearwater Revival et tant d’autres, on sera obligé d’attendre qu’un amateur sans scrupule dépèce la bête d’Activision afin que la châsse puisse accueillir nos icônes oubliées.

Deep down inside I feel to scream

Hormis quelques rares fausses notes, il faut reconnaître que les partitions poinçonnées avec justesse par NeverSoft déploient des trésors d’inventivité et que peu de gens parviendront à réfréner leur désir de tirer du vilain postiche en polystyrène blanc quelques enchainements diablement élégants. Même les irréductibles réfractaires au jeu vidéo se laissent finalement convaincre et tombent en dépendance… Passé une première vague d’invectives moqueuses, il vous faudra très certainement batailler ferme pour récupérer votre monstrueuse X-Plorer. Ou votre somptueuse Les Paul, au cas où vous auriez l’onéreux privilège de jouer sur console. Peu importe d’ailleurs la concordance des chansons de la sélection avec les affinités musicales de chacun ; le punch extraordinaire des musiques sélectionnées et la jouabilité exemplaire du titre transcendent les réticences personnelles. Tournez ostensiblement la molette estampillée « volume » de votre ampli et préparez les bières ; la visite des officiers de la maréchaussée ne devrait plus tarder. C’est que, de but en blanc, Guitar Hero n’améliore pas les relations de voisinage. Inutile de préciser qu’une installation audiophonique idoine est plus que recommandée à qui entend se laisser prendre au jeu. Rangez donc la bibeloterie dérisoire que votre revendeur asiatique vous a gracieusement cédée en termes d’enceintes et courez faire l’acquisition d’un matériel plus adapté aux furieux débordements d’Iron Maiden et de Metallica. L’hospitalité du jeu se déploie d’ailleurs sur quatre niveaux de difficultés qui autorisent chaque joueur à en appréhender la mécanique selon ses propres capacités ; de sorte que même vos voisins, des retraités férus de Puccini et de Paganini, passé une réaction d’orgueil bien compréhensible [à 4 heures du matin, ceux-là n’ont pas fini de raccrocher les tableaux de leur living], devraient y trouver le moyen de vous pardonner. Le nombre de cordes utilisées augmente avec la difficulté, passant de 3 en mode facile, à 5 en mode difficile. Une option qui permet de commencer en douceur ; mais qui a le navrant désavantage de vous faire adopter une mauvaise position de main [héritée des heures passées à jouer avec seulement trois cordes], une position qui se révèle assez difficile à corriger par la suite. Il eut été plus judicieux [mais aussi infiniment plus laborieux pour le développeur, reconnaissons-le] de dissocier la notion de difficulté d’exécution du nombre de cordes actives. Bien entendu, à chaque niveau de difficulté correspond une partition particulière, ce qui élève le nombre des partitions disponibles à plus de 280 ! La vitesse à laquelle défilent les notes augmente également comme augmente le niveau de difficulté ; si le mode facile s’avère rapidement soporifique pour qui a un temps soit peu le sens du rythme, la dégringolade des notes devient complètement démentielle en mode expert ; là, il ne sera donc plus question de jouer à l’improvisade [comme dirait monsieur de Bergerac] mais de travailler très sérieusement sa dextérité. De douloureuses permutations de doigts sur des accords triples, des giclées de notes par paquets de dix lors des solos, des enchaînements rouge, orange, bleu, vert [arc en ciel] absolument infernaux… Gosh ! Inutile de dire que la technique du Hammer On/Pull Off, finalement assez conciliante quant au rythme [les puriste en seront sans doute navrés], aide à ne pas [trop] perdre les pédales… Heureusement, des séances de répétition permettent de reprendre à vitesse réduite tout ou partie des 71 chansons. Et ce ne sera vraiment pas du luxe. Si, comme on l’a déjà dit, tous les morceaux ont fait l’objet d’un traitement très satisfaisait de la part du développeur, on regrette néanmoins quelques erreurs mineures dans la structure de la sélection ; certaines partitions sont plus fantaisistes que plaisantes à jouer [le goût du challenge érodant un peu le plaisir] et certains morceaux s’avèrent finalement bien plus faciles que ceux qui les précèdent. Paint it Black des Stones ne donnera de fil à retordre à personne mais la fin diaboliquement difficile de Knights of Cydonia, qui ne fait pourtant pas partie du dernier carré, promet de douloureux débuts de tendinite à vos malheureuses phalanges… Et je ne vous parle pas des illisibles débordements de Through the Fires & Flames, un morceau bonus qui mérite définitivement sa place !

No colors anymore, I want them to turn black

D’un point de vue technique, pourvu que vous passiez outre la scandaleuse initiative d’Activision de réserver la nouvelle et classieuse guitare sans fil « Les Paul » aux versions consoles [la version PC est fournie avec l’X-Plorer, l’hideuse mais robuste guitare qui fut vendue naguère avec Guitar Hero II - on se consolera en considérant le prix de la version PC, de 30 euros inférieur aux itérations consoles, ainsi que les problèmes de fiabilité qui émaillent la jeune carrière de sa charmante petite soeur], le titre de NeverSoft ne souffre presque d’aucun reproche : que se soit au niveau de la jouabilité, du contenu ou des prestations graphiques, les quatre versions sont d’ailleurs très proches. On notera tout de même, spécificité de la version Wii, la possibilité d’insérer sa Wiimote dans la fente de la Les Paul prévue à cet effet ; décevante promesse d’une meilleure immersion. Si la Wiimote émet effectivement des sons horriblement discourtois lorsque vous vous trompez et vibre lorsque vous enclenchez le Star Power, la présence de ce petit gadget n’ajoute quasiment rien au plaisir de jeu procuré par la guitare elle-même. Faisons également remarquer que la réalisation graphique de la version Wii n’a rien à envier à ses concurrents HD. Les utilisateurs de PC pourront, quant à eux, regretter que la version de Guitar Hero III dévolue à leur machine ne fasse pas concurrence aux productions haut de gamme actuelles mais se contente de reproduire fidèlement, et sans excès de gourmandise, ce qu’affichent – sans effort – les versions consoles. Si la médaille a un envers, elle a également un endroit : toute machine pourvue d’une carte graphique de moins de quatre ans sera donc susceptible d’accueillir Lou, Slash et Tom Morello. Le fait est assez rare pour être souligné. Quelque soit le support, la modélisation un rien grossière des personnages et des décors se laisse gentiment polir par l’esthétique générale du titre, parodique et colorée, ainsi que par les extravagances paroxystiques de la mise en scène. On n’y croit pas un seul instant ! Une bonne raison de s’y croire cependant ! Le Rock a toujours navigué sur la crête acérée qui sépare le sublime du ridicule. Il aurait été consternant de trouver quoique ce soit à redire quant à la réalisation sonore d’un titre misant sa réussite sur ses qualités acoustiques ; le puriste, expert ès Guitar Hero, déplorera peut-être la déroutante propreté de certains enregistrements, les quelques libéralités prises avec la réalité des partitions originales [afin d’accroitre artificiellement le niveau de difficulté], les bienveillantes concessions faites à la jouabilité au détriment de la rigueur rythmique, ou la mise en exergue parfois un peu excessive de la piste guitare. Histoire de faire jouer le devoir de chicane réglementaire. Rien qui ne soit toutefois susceptible d’entamer notre immense plaisir. Quant à la possibilité de pratiquer la guitare sans guitare, par l’absurde truchement du clavier et de la souris sur PC, du Pad sur console et de l’inénarrable combo Wiimote/Nunchuk sur Wii, on préférera considérer que cette option n’existe tout simplement pas. Le jeu y perd en effet toute sa saveur.

[Ce test a été réalisé à partir d’une version commerciale PC du jeu. Merci à Kago qui nous a permis d’essayer la version Xbox 360 et à NKB qui m’a gracieusement fourni son avis ainsi que quelques précieuses informations sur les particularités de la version Wii.]
Trouvant naturellement sa place dans le catalogue plutôt hétéroclite des titres consoles, Guitar Hero III, héritier très conservateur de son prédécesseur immédiat, constitue dans l’univers plus hermétique des jeux PC une étonnante et salutaire curiosité : une occasion [presque] unique de lever les réticences et de fédérer les conservateurs et les réfractaires autour d’un concept simple et proprement jubilatoire. Le fantastique pouvoir de fascination de la musique et la facilité de prise en main de l’instrument fourni avec le titre déjouent sans coup férir scepticisme moqueur et préjugés idiots. Nos ésotériques machines ne se sont jamais montrées aussi accueillantes ! Les consoles, qui ont l’habitude de pousser la chansonnette, n’en sont pas moins gâtées par ce titre qui, s’il reprend une recette depuis longtemps éprouvée, reste extraordinairement accrocheur. Même si on peut légitimement regretter que le contrôleur si singulier de la machine de Nintendo ne soit pas mieux utilisé. Pour peu que les grincements débraillés des Fender et les déferlantes des Pearls ne vous donnent pas d’urticaire, et si vous parvenez à passer outre les quelques faiblesses quantitatives de la sélection musicale, Guitar Hero III est définitivement un jeu à mettre entre « toutes » vos mains.
29 décembre 2007 à 12h54

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Points positifs

  • Hétérogénéité de la sélection
  • Jouabilité exemplaire
  • Accessible au néophyte comme à l'expert
  • Le mode Battle

Points négatifs

  • Prix des version consoles
  • Quelques [scandaleuses] reprises à reprendre !
  • Quelques concessions à la rigueur rythmique
  • Ma tante aurait-elle l'amambilité de me rendre ma guitare ?
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