Ah, enfin. Trois ans après le premier
Condemned, il est enfin possible de tâter le bébé de ces développeurs décidemment calés dans le domaine horrifique. Fébrilement, on lance la galette dans la console, tremblant. Les souvenirs délicieusement horribles du premier opus refont surface au fil des premiers chargements du jeu. Après quelques logos, on arrive sur le menu. Et zbim. Un corps scarifié sur fond rouge en wallpaper, rien de plus accueillant pour recevoir un joueur. On navigue un peu sur l’interface, les icônes changent selon les catégories. Un clown aux dentes pointues (PAS LES CLOWNS PUTAIN), des types aux masques de cochons bien glauques, des corbeaux chelous… Les trucs malsains, les membres déchiquetés, les tortures, c’est notre dada pourtant. Mais bon, là, quand le menu lui-même te fait flipper, tu ne t’attends décidément pas à passer une aventure au pays de Chantal Goya.
Bienvenue au monde des bisounours
Le héros du premier jeu, Ethan Thomas, est ici de retour. Après les événements légèrement hardcores qu’il a pu vivre, l’homme désormais suspendu de la SCU (Serial Crime Unit) ressemble à un pochetron de lendemain de cuite. Un peu comme vous après cette fameuse fête quand vous étiez ados et que les shots d’
Eristoff se confondaient avec les verres d’
Evian, l’esprit torturé d’un psychopathe en moins. Effectivement, Ethan est un être spécial et est mystérieusement atteint de puissantes hallucinations. Ainsi, alors qu’il se trouve au bar en train de picoler en solo ou qu’il se repose entre deux poubelles dans un recoin sombre de la rue, il se fait attaquer par des bestioles dégueulasses, voit du goudron étrange déborder d’un peu partout, entend des bruits… Bref, il n’est pas dans une grande forme. Malgré tout, l’homme se voit rappelé au service : le tueur en série du précédent opus, SKX pour Serial Killer X, est visiblement de retour. Un cadavre portant sa signature a été retrouvé, et la SCU se voit ainsi obligée de contacter Ethan, car c’est évident : il est le seul à connaître aussi bien le tueur et ces affaires collent plutôt bien à son tempérament violent… Et c’était aussi l’occasion de faire un deuxième
Condemned, alors bon.
Autant vous prévenir, si vous n’avez pas fait le premier épisode, l’histoire est assez difficile à prendre en route. Le mieux sera encore de chopper un récapitulatif sur le web pour ne pas être trop perdu. Le jeu dispose d’un scénario plutôt complet et d’un cadre vraiment spécial : la ville dans laquelle l’aventure prend place est gravement malade. Une terrible vague de violence est en cours, les habitants pètent régulièrement des câbles et font des descentes pour tout ravager. Encore plus mystérieux, des dispositifs sonores sont installés par on-ne-sait-qui et rendent les gens à proximité très agressifs… Par qui ont-ils été placés ? Quelle est cette secte bizarre qui semblent s’infiltrer partout, et quel est le rapport avec ce taré de SKX ? Le background est assez intéressant, tout comme l’histoire qui tient en haleine. Si le final est assez décevant, laissant surtout un cliffhanger que nous ne pourrons sans doute jamais combler (Condemned 3 ayant été annulé en raison des mauvaises ventes du 2), on prend plaisir à parcourir les niveaux pour obtenir des réponses à des questions. L’enquête que l’on mène nous conduit alors dans des lieux sacrément glauques : dur de faire son boulot de détective quand l’ambiance est aussi oppressante.
Film (SK)X
À l’instar du premier épisode,
Condemned 2 mêle un aspect profiler à des bons gros combats pour la brute qu’est Ethan Thomas. Essentiellement, on parcourt des levels bien étroits et sinistres comme un hôtel abandonné remplis de camés cadavériques, une usine de poupée (vous voyez le délire que l’on peut faire avec des poupées, hein ?), un chalet abandonné au milieu d’une forêt enneigée… L’atmosphère est lourde, stressante, et les hallucinations nombreuses du héros n’arrangent rien. Ainsi, quand vous ne vous vous battez pas avec vos propres monstres, les ennemis (humains, à priori) vous font un peur bleue : grimpant au mur, rampant, ou fonçant sur vous en gueulant comme un bon gros déglingué du cerveau, il y a de quoi faire pour angoisser. Le jeu se veut en plus doublé d’une extra-violence (chouette) : certains endroits sont véritablement hardcores et dignes d’un SAW en puissance. Des cadavres lacérés, des hommes en vie dans des machines à tortures absolument affreuses, ou des sbires particulièrement flippants (genre la crampe de Pulp Fiction, version très torturée), le panel d’ennemi est apeurant.
Cela va de pair avec un gameplay brutal assez jouissif. L’aspect très réaliste du jeu et la vue subjective permettent un style de combat violent à souhait. Avec la gachette droite, on donne une droite, avec la gachette gauche, on donne une gauche, en appuyant sur le joystick gauche, on balance des coups de pied… En combinant certaines touches, il est possible des donner des crochets, de balancer des chassés, de se ruer sur un ennemi en lui assénant un coup de coude, avant d’effectuer des finish moves vraiment vénères. Les sensations sont puissantes et furieuses, bien que le manque de fluidité de certains combos. Bien évidemment, tout ne joue pas à mains nues et Ethan peut ramasser à peu près n’importe quoi pour éclater une tronche. Une cuvette de chiotte, une boule de bowling ou encore un tuyau de métal, l’arsenal s’avère complet et diffère en fonction de l’environnement. Les armes à feu quant à elles, sont présentes mais très rares et disposant de munitions infimes. Les quelques gunfights du jeu sont courtes mais intenses, face à des ennemis qui n’hésitent pas à vous encercler ou à s’enfuir quand ils n’ont plus rien sous la main pour se battre. Le gameplay étant assez original, des modes de jeu d’arènes hors-campagne lui sont carrément dédiés. En bref, si les ennemis font peur, c’est quand-même un plaisir de leur exploser les dents au poing américain.
Nadine, ne regarde jamais ce jeu
Dans le fond, c’est plutôt du tout bon. Bien que le jeu date de 2008, l’IA est assez convaincante et le gameplay, malgré une certaine rigidité, amuse par sa violence sanglante. Mais quid du reste ? Niveau durée de vie, Condemned 2 s’inscrit dans la pure tradition des jeux de la génération, avec une aventure d’une petite dizaine d’heures. La structure du jeu est plutôt bonne, alliant des phases d’enquête - ou Ethan pourra souffler un peu en examinant une scène grâce à divers outils comme une lampe à UV ou un appareil photo et en envoyant son rapport, plus ou moins correct selon vos prouesses – à des séquences d’action/de mise en scène flippante vraiment sympas. De plus, le jeu dispose d’une progression et d’une rejouabilité correcte puisqu’à chaque fin de niveau, un score, une médaille et une nouvelle compétence (du style une augmentation de précision aux armes à feu, des bottes renforcées, etc.) vous sont attribuées en fonction de vos performances. Des items sont à découvrir un peu partout : rien de folichon, pas de bonus de fou furieux (mise à part le mode FPS permettant les munitions illimitées une fois le jeu terminé) mais le côté scoring est bien là. Un mode multijoueur est également de la partie, mais force est de constater qu’il ne sert à queudal. Les modes de jeu sont défoulants mais pas bien passionnants, et les serveurs complètement vides… On regrette pour le coup qu’un mode versus en écran splitté n’ait pas vu le jour !
Graphiquement,
Condemned 2 surprend ingame. La réalisation des décors est assez propre et l’inertie du personnage lors des déplacements contribue à l’aspect lisse et réaliste. Le HUD disparait de l’écran assez vite pour vous plonger au plus vite dans le noir, et c’est une bien bonne chose. En revanche, il vaut mieux ne pas trop s’attarder sur les visages, surtout lors des cinématiques, qui accusent d’une certaine laideur. Les animations quant à elles tiennent plutôt bien la route, et pour un jeu de cette année, il y a de quoi être surpris. À propos de la bande sonore, si l’on n’est pas encore au niveau d’un Dead Space, les bruitages et musiques sont assez réussis. Les pistes se font assez discrètes, mais les bruits d’ambiance comme la respiration d’Ethan ou les grabuges mystérieux mettent directement dans l’ambiance. En gros,
Condemned 2, c’est un très bon jeu, et pas cher du tout. Il reprend grosso merdo les mêmes lignes que son grand frère mais propose des niveaux plus étroits et un gameplay affiné bien qu’imparfait. Il est si dommage qu’un troisième opus ne soit plus au programme… Eclater du clodo taré, quel plaisir.