Test : Shadows of the Damned - Xbox 360

Shadows of the Damned - Xbox 360

Shadows of the Damned - Xbox 360

Genre : Survival Horror Robert Rodriguez style

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Lorsqu'un des créateurs de Resident Evil rencontre celui de Killer 7 et No More Heroes sur ambiance musicale proposée par le compositeur de celle de Silent Hill, cela donne Shadow of the Damned : un soft d'action / survival à la limite du parodique dont il serait dommage de passer à côté pour son aspect peu ragoutant.
Electronic Arts a vu les choses en grand. Tel le vieux fou de Jurassic Park ou plus récemment Liliane Bettencourt, ils auraient pu déclarer au sujet de ce projet : "J'ai dépensé sans compter ". C'est un véritable cross-over de stars qui compose l'équipe de développement puisque EA a su tout d'abord s'entourer de l'inénarrable Suda 51, connu pour No More Heroes et Killer 7 principalement et son humour potache sous la ceinture. Puis, ils ont se sont offert les services de Shinji Mikami, l'un des créateurs du plus connu des survival horror, Resident Evil. Enfin, c'est Akira Yamaoka, compositeur des oppressantes musiques de Silent Hill qui s'est chargé de l'ambiance sonore. Un casting de rêve, certes, mais qui a peut-être un petit peu trop entamé le budget de développement du jeu...

You fucked up with the wrong mexican

Garcia Hotspur est un chasseur de démons aguerri. On en veut pour preuve les tas de tatouages et de cicatrices qui bariolent son joli corps musclé juste ce qu'il faut. Un soir, Fleming, maître des démons de son état, interrompt la soirée de Garcia et sa blonde de la manière la plus rustre qui soit. Il kidnappe la gonzesse, promettant de la faire mourir et revivre ad-vitam dans les ténèbres, à moins que son chicano de mec ne vienne la chercher en terrain ennemi. Fou d'amour, vous vous élancez donc à la poursuite de votre bien aimée dans un scénario aussi cliché que Derrick dans une maison de retraite. Pour l'aider dans sa quête, Garcia est épaulé de Johnson, un crâne flottant qui physiquement ressemble assez à un Ghost Rider décapité, ou encore pour les connaisseurs, à Morte, le compagnon PNJ de Planescape Torment. Johnson est semble-t-il un démon repenti qui a la capacité bien pratique de changer de forme pour être au choix une torche qui éclairera votre chemin dans les ténèbres ou, plus utile, une arme pour dérouiller à tout va. Nous avons donc un héros typique, gros dur mexicain éperdument amoureux aux répliques nanaresques, accompagné d'une arme plutôt loquace et cultivée courant après sa dulcinée dans un monde de démons tous aussi dégoûtant les uns que les autres. Quoi ? C'est cliché ? Effectivement, et c'est même à la limite du parodique. L'univers dans lequel évolue Garcia est à la fois sombre et sale et pourtant, l'humour potache omniprésent décontracte en permanence l'atmosphère. Les dialogues sont désopilants, et hélas, on regrettera fortement une traduction française sous-titrée parfois trop prude, souvent mal interprétée et ne rendant pas hommage à la version originale.

Fleming, ce voleur de gonzesse

Le jeu présente un gameplay relativement classique de survival horror, à ceci près que le créateur de Resident Evil a bien voulu consentir à laisser le héros tirer et avancer à la fois, ce qui le rend tout de même un peu moins rigide à la maniabilité qu'un Léon ou qu'un Chris Redfield. Les ennemis se butent la plupart du temps d'un coup de flingue entre les deux yeux, et les jolis tirs sont parfois agrémentés d'un petit effet visuel sympathique. Johnson peut au choix se transformer en mitraillette à dents de démon, en fusil à crâne ou en flingue. Il n'y a certes que 3 armes à disposition, mais celles-ci évoluent, se dotent de tirs secondaires, et finalement se diversifient pas mal. Si dans la pratique, les scènes de shoot peuvent paraitre classiques voire académiques, il faut compter avec un intéressant concept, celui des ténèbres. Tout d'abord, certains ennemis sont recouverts d'une couche de ténèbres et sont invulnérables aux attaques traditionnelles. Un petit peu à la manière d'Alan Wake qui devait l'an dernier éclairer ses ennemis fantomatiques à la lampe torche avant de pouvoir les shooter, vous devrez effectuer un tir de lumière pour anéantir la protection dont ils sont recouverts.
De plus, il arrive fréquemment qu'une zone de jeu délimitée soit plongée dans les ténèbres. Vous évoluez alors dans un décor plus sombre aux lumières aveuglantes où vous sentez bien que vous n'avez pas vraiment votre place et en effet, passé quelques secondes d'exposition, vous verrez votre vie descendre lentement jusqu'à votre dernier souffle. Apprenez aussi que les ennemis que vous y rencontrez sont tout simplement invincibles. Pour espérer les battre, il faut soit "éteindre" les ténèbres de diverses manières, souvent en effectuant un tir de lumière sur une tête de mouton beuglante accrochée à un mur, soit les attirer hors de la zone pour leur infliger un tir de lumière et en finir traditionnellement. De ce concept simple, les ténèbres, découle un gameplay efficace qui se renouvelle plutôt bien au fil de l'histoire. Les ténèbres posent une contrainte de temps intéressante pour la résolution des énigmes. Il faut réfléchir, et surtout agir vite car la vie défile et votre réserve d'alcool (les medikits maison) n'est pas inépuisable.

Je te suivrai, où tu iras j'irai, fidèle comme une ombre

Le gameplay fait aussi place à certains instants plus exotiques. Ainsi, on se retrouvera par exemple à faire du shoot'em up dans un niveau en 2D à la direction artistique volontairement enfantine. La réalisation du soft est certes techniquement un peu faiblarde. Les graphismes ne sont pas fantastiques, les décors se renouvellent relativement peu et la jouabilité en combat est perfectible, mais Shadow of the Damned est un excellent jeu. Pourquoi ? Parce que ses concepteurs ont généreusement saupoudré leur soft d'un ingrédient trop rare à mon goût dans beaucoup de productions : le fun. Car il ne faut pas se leurrer, Shadow of the Damned fait office de parodie. Son scénario et sa mise en scène reprennent les classiques du genre en montrant grossièrement les ficelles. Ainsi Garcia, tout droit sorti de l'univers de Robert Rodriguez, court après sa bien aimée des heures durant, sans jamais douter la moindre fois qu'il puisse s'agir d'une illusion. Les ennemis sont soit de la chair à saucisse sauce zombie avec un Q.I. de moule, soit des mini-boss s'éliminant avec une technique particulière. Les références cinématographiques sont nombreuses, par exemple en parodiant dans un niveau le premier Evil Dead (bonne référence !) ou encore en imitant une scène ou deux de Ghostbuster...
L'humour, rarement situé au dessus des poils pubiens, est omniprésent tout le long de l'aventure et contraste à ravir avec les explosions d'hémoglobine que fournit en permanence l'aventure. Si l'aventure ne propose pas vraiment de scènes sublimes graphiquement, ses pistes sonores sont en revanche aussi variées que sublimes. Il est intéressant de constater à quel point Yamaoki maîtrise différents genre de musiques ou d'ambiances différentes. Du gros hard rock gueulard qui accompagne l'arrivée de certains ennemis agités au rock desperado rose à la bouche flingue / sous le poncho qui met en scène Garcia en passant par les ambiances "cris de torturés oppressants" qui couvrent les parties de jeu dans les ténèbres, la bande-son est absolument jouissive.
C'est vrai, Shadow of the Damned n'est techniquement pas au niveau des grosses productions actuelles. Graphiquement pas top, décors un peu répétitifs et durée de vie un peu faiblarde, on doit le concéder. Il a cependant pour lui un gameplay classique mais solide et efficace, une direction artistique excellente et de l'humour à revendre. En cela, il constitue un excellent titre dont il serait vraiment dommage de passer à côté pour ses défauts techniques.
08 juillet 2011 à 12h54

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Points positifs

  • Ambiance terrible
  • Les musiques d'Akira Yamaoka, terriblement bien senties
  • L'humour omniprésent, en total décalage avec le côté gore
  • Gameplay classique mais se renouvelant bien

Points négatifs

  • Durée de vie un peu courte
  • Graphiquement un peu à la ramasse
  • Caméra parfois capricieuse
  • Traduction française vraiment ratée

Gribouillé par...

JoKeR

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Rédac' Chef

Présent sur le site depuis belle lurette, JoKeR est un homme à tout faire, entre la rédaction, la publication et la gestion des relations presse.
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