Patrick Callahan, vous connaissez ? Non ? C'est pas grave, parce que lui, il vous connait. Le bonhomme, visiblement pété de thunes à en crever, s'est mis une idée en tête : créer une compétition mondiale et globale, qui regroupe la plupart des disciplines existantes dans le sport automobile sur asphalte, la WSR. Et pour promouvoir son idée, il mise tout sur vous, un pilote inconnu au bataillon, qu'il a aperçu lors d'une course où vous avez difficilement atteint la troisième place tout en ruinant votre caisse... Curieux. Mais laissons de côté cette logique douteuse. Parce que sans elle, on n'a pas d'histoire, et donc pas de jeu. Il vous demandera donc de conquérir trois continents en affrontant différentes écuries dans leur disciplines de prédilection, et de les vaincre. Cela dans le but d'augmenter la popularité de la WSR et emmener cette compétition au plus haut niveau, poussant des pilotes toujours plus doués à y prendre part. Le titre vous fera donc voyager à travers les États-Unis, l'Europe et l'Asie, vous donnant des environnements riches et variés à admirer. Même si vous n'aurez pas vraiment le temps pour ça.
Pour en revenir au scénario du soft, même s'il est rachitique et ne sert que de prétexte, il offre un habillage fort appréciable à la progression du jeu. Il fait même mieux car, à défaut d'exploiter pleinement la carte des réseaux sociaux, il montre plutôt bien, via des cinématiques, comment ils fonctionnent et leur impact sur le monde réel. Basiquement, plus on a de fans sur Youtube, Facebook, Twitter et compagnie, plus on parle de nous à la télé, et plus il y a de monde prêt à se joindre à nous, ou à nous défier.
A fond la caisse
Soyons clair,
Grid 2 n'est pas une simulation pure et dure. Certes, le jeu s'échine à reproduire fidèlement le comportement des véhicules qu'il propose. Une propulsion réagira donc différemment d'une traction, ou encore d'un 4x4. De même, les performances d'une voiture seront directement impactées par le type de surface sur lequel elle roule, ainsi que par le dénivelé de la piste et les dégâts qu'elle a encaissé. Par contre, le titre se montre globalement assez laxiste en ce qui concerne les pertes d'adhérence et surtout les points de freinage. De la sorte, il autorise des fantaisies auxquelles ne sont pas forcément habitués les fans de jeux jusqu'au-boutistes en termes de réalisme. Il est souvent possible de doubler 3 ou 4 voitures là où on aurait même pas osé espérer en dépasser une. Ou encore, le drift vous permettra souvent d'être plus rapide en course, pour peu que vous maitrisiez la technique. Ce qui n'est pas chose aisée. D'un autre côté, on n'est pas dans
Need for Speed non plus. Il vous faudra donc bien anticiper les virages et faire attention aux petites bosses vicelardes qui pourront vous faire perdre en adhérence et vous envoyer dans le décor.
Comme Vincent Meulle nous l'a expliqué lors de notre interview, le plus gros du travail des équipes de
Codemasters a porté sur les sensations de conduite. Et à ce niveau-là, c'est une totale réussite. Le jeu offre des épreuves courtes et intenses, où tout le monde peut trouver son compte. Si quelque chose peut être reproché à la physique des véhicules, c'est la gestion, parfois bizarre, des collisions. En effet, il arrive, de temps en temps, qu'une petite touche de rien du tout vous fasse partir en tête-à-queue, ou qu'elle aboutisse carrément à la destruction pure et simple de votre voiture. Dans le même ordre d'idées, nos concurrents donnent parfois l'impression d'être de véritables chars d'assaut.
Fast and Furious
Pour ce qui est des épreuves proposées par le titre, on notera que le drift occupe une place nettement moins importante que dans le précédent
Grid. En effet, il ne dispose pas ici d'une section complète qui lui est dédiée ou presque. Il se retrouve cantonné à quelques épreuves spécifiques. Mais cet espace libéré par le drift permet au studio d'inclure d'autres types d'épreuves, variant encore un peu plus les plaisirs. On retrouve donc des courses classiques, à élimination, de checkpoints, d'endurance, des étapes et des face-à-face. La place laissée vacante par le drift revient au touge (prononcez tougué). Cette épreuve se déroule en un contre un, mais avec des règles bien spécifiques. Pour commencer, elle se déroule en plusieurs manches, chaque pilote partant en tête à tour de rôle. Le premier qui remporte deux manches a gagné. Pour gagner une manche, là encore, il y a des subtilités à intégrer. Certes, on peut se la jouer à l'ancienne : franchir la ligne d'arrivée en premier. Mais si vous êtes pressés, prendre plus de cinq secondes d'avance sur votre concurrent vous permettra de remporter la manche plus rapidement. Autre donnée très importante : si vous percutez votre adversaire, c'est l'élimination directe. Il faut donc bien calculer son coup avant de tenter un dépassement ici. À elle seule, cette règle rend le touge très technique et donc, très intéressant.
Un autre ajout vraiment très sympa de ce nouvel opus est le liveroutes. Il ne s'agit pas là d'épreuves, mais d'un type de tracés. Pour expliquer simplement, quand une épreuve est notée liveroutes, le tracé sera généré de manière aléatoire durant la couse, au fil des tours. Concrètement, les circuits urbains d'une ville se situent dans une même zone de cette dernière. Du coup, ils s'entrecroisent énormément. Partant de là, lors d'une épreuve sur circuit liveroutes, le jeu choisit quelle direction vous devrez prendre à chacune de ces intersections en temps réel. L'idée de ces tracés aléatoires est de mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Cela marche dans un premier temps, mais avec la pratique, vous repèrerez les endroits pouvant se montrer putassiers et agir en conséquence. Cependant, même dans ce cas, il reste une part non négligeable d'imprévu, qui rend ces courses particulièrement palpitantes.
T'as de beaux phares tu sais
Visuellement parlant, on ne va pas y aller par quatre chemins, c'est une tuerie. La modélisation des voitures est impeccable, les dégâts sont bien rendus, de même que les effets de particules et de lumière. Les décors ne sont pas en reste. Riches et variés, ils ont bénéficié d'un souci du détail de la part des équipes de
Codemasters assez remarquable. Alors bien sûr, les villes n'ont pas été modélisées à l'identique, des contraintes de game design ayant imposé quelques menues modifications. Sur les circuits de Paris par exemple, l'avenue des Champs Élysée a été raccourcie. Visiblement, ces modifications sont assez nombreuses, mais en aucun cas choquantes, car à côté de cela, on retrouve tout ce qui fait la spécificité de ces lieux. En effet, le producteur du jeu a eu l'occasion de nous expliquer qu'une partie de l'équipe de développement est allée sur les différents lieux pour prendre un maximum de photos, de manière à pouvoir capturer et retranscrire la multitude de petits détails qui caractérise une région comme la Côte d'Azur, ou une ville comme Dubaï. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est diablement réussi. On est bien loin du métro parisien de
Battlefield 3. En plus de cela, la plupart des tracés sont parsemés de spectateurs convenablement modélisés et animés. Et absolument tous ont des animations, comme un hélicoptère qui survole la piste ou ce genre de chose, contribuant à rendre l'ensemble vivant et d'autant plus crédible.
Pour remettre les choses à leur place, le jeu a été testé sur un PC équipé d'un Core i7 2600k, d'une carte graphique ATI 6970 et de 4 Go de RAM, une configuration encore confortable de nos jours. Elle l'est suffisamment pour faire tourner des jeux plus beaux que ce qu'on peut voir sur les consoles actuelles, avec un framerate qui, dans le cas présent, reste à 60 images par secondes la plupart du temps. Sur console, durant les brèves parties qu'on a pu faire, le jeu nous a paru légèrement moins détaillé. Et qui plus est, il ne tourne qu'à 30 images par seconde. Ce n'est pas un problème en soit s'il reste constant tout du long, mais il semblerait que quelques baisses de régime se fasse sentir, rien de dramatique cependant. Enfin, la version
PS3 souffre d'un aliasing prononcé, contrairement à son homologue
Xbox 360.
Gangbang sur quatre roues
Grid 2 se dote également d'un mode multijoueurs plus étoffé. Complètement dissocié de la campagne solo, il prend une forme comparable à celle de
Gran Turismo 5 dans son système de progression. Comprenez par là que le fait de participer à des courses vous fera gagner de l'argent et de l'expérience, vous permettant d’acquérir de nouveaux véhicules et de les améliorer. Cependant, il n'y a pas vraiment de compétitions, comme dans le jeu de
Polyphony Digital. Dans les fait, il fonctionne comme un mode multi des plus classiques : on entre dans un salon avec d'autres joueurs pour prendre part à différentes courses. Rien de bien excitant si on s'arrête là. Mais on est chez
Codemasters, alors le jeu nous propose des ajouts terriblement bien sentis. Et il fait cela par le biais de
Racenet, son interface de jeu social en ligne. Concrètement, la plateforme en ligne vous choisira des rivaux au hasard (notez que vous avez la possibilité de les choisir vous même si vous le souhaitez), et vous proposera de les rejoindre dans leur partie pour les défier. Voilà un mode qui devrait attiser efficacement l'esprit de compétition chez les joueurs. À côté de cela, le titre propose également des défis mondiaux, sortes d'épreuves où il faut atteindre un objectif de distance, de temps ou de points, sur un tracé donné, avec une voiture spécifique.
La rubrique du petit chieur
Mais tout n'est pas rose non plus. En effet, sur certains points bien précis, le jeu déçoit un peu. Dans son focus sur la course, la team de
Codemasters a donc supprimé certains éléments comme la configuration des véhicules. Oubliez donc les réglages de suspensions et les étalonnages de boîte de vitesse. Ici, vous aurez des véhicules déjà réglés avec la configuration « parfaite ». Si cette dernière existe, elle dépend énormément du style de conduite du pilote. Du coup, il y a des chances que les réglages proposés ne vous conviennent pas. Ceci étant dit, on les a trouvés efficaces dans l'ensemble.
Un autre point noir qui a déjà largement fait débat sur le net est la disparition de la vue cockpit. D'après les déclarations du studio, 95% d'entre vous n'en a rien à branler, mais manque de bol pour lui, l'auteur de ces quelques lignes fait partie des 5% qui aiment utiliser cette vue, pour des raisons d'immersion et surtout de sensations. Si les consoleux l'ont dans l'os, les joueurs PC peuvent heureusement compter sur des modeurs chevronnés. En effet, quelques heures à peine après la sortie du titre, un mod a vu le jour pour ajouter cette fameuse caméra. Le résultat n'est pas génial, mais il est fort probable qu'il soit mis à jour régulièrement pour arriver à un degré de finition des plus satisfaisant.
Et enfin, le dernier défaut du jeu est son équilibrage. La difficulté, en mode normal, n'est pas vraiment au rendez-vous. Les courses sont serrées pour la plupart, mais au final, à quelques exceptions près, la victoire s'obtient sans grande difficulté. Enfin, c'est vrai pour les quatre premières saisons, car allez savoir pourquoi, à la cinquième et dernière saison, le niveau de difficulté monte de deux ou trois crans. Pour parler un langage que les amateurs de FPS comprendront, c'est comme si un joueur de
Call of Duty, qui dose le solo en mode vétéran, passait à
S.T.A.L.K.E.R.. En mode normal, il se fait trucider comme une merde, sans même comprendre ce qui lui arrive. Alors il grogne, râle, et finit par pleurer de désespoir avant de se décider à passer en mode facile, voire très facile. Et même là, il galère comme un chien pour progresser dans le jeu.