La vie des
Giana Sisters a donc commencé dans le tumulte. En effet, le premier jeu sorti en 1987 ressemblait fortement aux aventures du plombier de
Nintendo. Et Big N est très tatillon sur ses propriétés intellectuelles et a crié au plagiat (à juste titre surement). Ce qui n’empêchait pas le jeu d’avoir une bonne réputation auprès des joueurs. Quoiqu’il en soit, depuis de l’eau a coulé sous les ponts et la paix a été signée entre les créateurs des deux sœurs et
Nintendo puisqu’un jeu sur DS était sorti en 2009. Mais c’est sur PC, PS3 et Xbox 360 que l’on retrouve donc les sœurs cette année dans un
Giana Sisters : Twisted Dreams vendu en dématérialisé et qui a été financé par le biais de Kickstarter (les développeurs avaient demandé 150 000 dollars). Tout commence par un enlèvement (c’est la tradition) d’une des deux sœurs, Maria, par un vil dragon nommé Gargouillocky. Le bougre l’emmène dans un monde des rêves. Giana n’a donc d’autre choix que de partir à la rescousse de sa sœur en sautant dans le portail dimensionnel ouvert par le dragon malfaisant.
Super Giana Sis
Le scénario est donc ultra basique et n’est qu’un prétexte à un enchainement de 23 niveaux tous plus retors et balaises les uns que les autres. Oui, ce jeu n’est pas décidé à vous faciliter la tâche (hormis les premiers niveaux qui sont des gros tutoriels). Ce qui est fantastique, c’est que le jeu a digéré toutes ses influences pour nous proposer un game design excellent et varié. On trouve donc du Mario (of course), du Sonic, du Donkey Kong, du Rayman et même un peu de Super Meat Boy. Toutes ces influences se mélangent à merveille avec une variété de mécaniques bien connues qui s’enchainent avec fluidité mais qui mettront votre savoir-faire plates-formesque (oui, inventons des mots) à rude épreuve. Ici, des clés à récupérer. Là, des flammes qui vous forcent à avancer. Un autre endroit nous poussera à rebondir sur les ennemis volants. On connaît bien tout cela mais on prend un réel plaisir à parcourir les niveaux et on sera même surpris malgré tout à plusieurs reprises. Surpris au point que le jeu donne dans le Die and retry juste ce qu’il faut. De plus, Giana se dirige de manière très fluide et elle répond bien aux commandes. On regrettera juste les checkpoints qui sont placés de manière un peu aléatoire. Quelques fois, après un passage très ardu, on se retrouve bien triste quand on ne voit pas le checkpoint tant attendu et cela arrive souvent.
Dr Giana et Ms Hyde
A tout cela s’ajoute la spécificité du jeu : Giana peut se transformer. D’un côté, il y a la Giana de base, petite blonde mignonne qui peut planer dans les airs grâce à une « pirouette » (qui n’est pas sans rappeler Rayman). De l’autre, une Giana du monde des rêves qui est punk et qui peut faire une sorte d’attaque Dash (qui n’est pas sans rappeler la homing attack de Sonic). Mais il n’y a pas que Giana qui change, le monde qui l’entoure est aussi modifié : la Giana cute parcourt un monde désolé et apocalyptique peuplé de démons peu sympathiques et la version Punk parcourt un monde coloré digne des contes de notre enfance où se baladent tranquillement des chouettes qui paraissent bien gentilles (on insiste sur « paraissent »). Loin de n’être qu’un gimmick qui sert seulement à se servir des deux attaques différentes de la sœur, ce passage entre les deux mondes est utilisé dans le game design. Il servira à faire bouger des plates-formes, à ouvrir des passages ou faire apparaître des plates-formes. On switche tout le temps et ça devient aussi naturel que le saut et ça fait le charme du jeu.
Giana rien à foutre
Tout cela nous fait regretter que le jeu soit si court car, même si la difficulté vous ralentit, 23 niveaux, c’est trop court. D’autant plus que le jeu ne propose que 3 boss et qu’ils sont tous plutôt bien fichus aussi. Quoique le dernier est bien prise de tête, il a bien fallu cinq heures (et un peu de chance) pour en arriver à bout. Cela dit, les allemands de
Black Forest ont pensé à quelques extras pour prolonger la durée de vie. Il y a, en premier lieu, la quête des cristaux qui pousse à explorer les niveaux qui regorgent de lieux cachés (ce qui ajoute une ligne à notre amour pour le game design du jeu) et difficiles à atteindre. De plus, en fin de niveau, un score sur 5 étoiles s’affiche en combinant le nombre de diamants trouvés et le nombre de morts qu’il faudra donc limiter pour avoir le score maximal. Ajoutez à cela des modes Time Attack, Score Attack, Hardcore et Super Hardcore pour ceux qui aiment le scoring ou la souffrance et vous avez quelques amuse-gueules qui font (presque) passer la pilule de la durée de vie trop courte.
Je rêvais d’un autre monde
En plus de tout cela,
Giana Sisters : Twisted Dreams est un jeu très beau. Il évoque d’ailleurs
Trine pour la 2,5D et le foisonnement du décor des niveaux. De plus, quand on effectue la transformation entre Giana Cute et Giana Punk, la transition se fait en douceur avec un morphing bien vu qui transforme les branches en os (entre autres exemples). Cela dit, les niveaux ne sont pas assez variés. Il y a beaucoup de niveaux en forêt et dans des châteaux et seulement deux-trois autres rares variantes. Le même regret peut être avancé au niveau de la musique. Le score est pourtant excellent. Il s'inspire du rock un peu désuet des années 80 donnant ainsi une identité sonore forte au jeu mais ils sont tellement peu variés que l’on se lasse assez vite. Enfin, nous avons testé le jeu dans sa version PS3 et il souffrait de pas mal de tearing, ce qui est dommageable pour un soft aussi beau visuellement, et de quelques bugs sonores un peu dérangeants. Cela dit, nous n’avons pas pu tester les autres versions du jeu.