Souvenez-vous, l’E3 2005, l’Unreal Engine 3 est annoncé, tout fier, avec pour illustration un certain Gears of War dont peu croyaient à l’époque à sa plastique époustouflante.
Microsoft, pendant ce temps là, et cherchant un killer-ap pour sa 360 faute à l’absence d’un
Halo 3 profite donc de l’occasion pour catapulter le titre d’
Epic sur le devant de la scène. Rabâchage médiatique, screens de folie, évènements grandioses, le jeu s’impose vite fait comme la bombe du siècle alors qu’il n’avait à ses prémices rien de si extraordinaire, et Billou ne peut s’empêcher d’afficher toutes ses dents détartrées. Aujourd’hui, il est là, presque innocent, dans les bacs, disponible. Comme chez les putes, on ose faire le premier pas, dérangé, on se rince alors l’œil, c’est du bon, du coup, on enlève son pantalon.
Gears of War, une vraie histoire d’amour.
Marcus Fenix, désanusseur de Locustes depuis bientôt 10 ans
Depuis l’émergence, Sera n’est plus la même. Toute une civilisation a plié, les Hommes ne sont plus les maîtres de leur destin, et ces ennemis dont peu craignaient la puissance, sont aujourd’hui aux commandes d’un monde qu’ils ont conquis par une main de fer, et de sang. Quelques Humains, à l’orgueil bien senti, tentent néanmoins de résister, avec l’aide de l’armée, mais plus le temps passe, et plus les Locustes, ces envahisseurs d’un autre monde, dominent une partielle plus importante de la planète. Cette terre, Sera, en ruines, en perdition, sera témoin de la lutte acharnée que se livrent les deux entités, l’une pour survivre, l’autre pour régenter. Le scénario de
Gears of War est ainsi planté. A la manière d’un Alien, les informations sur les ennemis ne sont que rarement légion, ils sont craint, évités… mais pas invincibles. Un individu tentera alors l’impossible, s’imposant contre le mal, et tentant de mettre fin à une guerre qui s’annonçait perdue d’avance.
Avec sa gueule balafrée à l’extrême, son physique de catcheur, sa voix rauque et sa passion pour l’ultra violence, Marcus Fenix à tout d’un premier de la classe. Autrefois légende et aujourd’hui condamné à la prison pour avoir désobéi aux ordres en voulant sauver son père, il ne sait quoi penser de l’humanité, plus prête à s’autodétruire qu’à combattre l’ennemi avec volonté et acharnement. Pourtant, libéré par son pote de toujours Dom Santiago, Marcus trouvera une motivation nouvelle pour retourner sur le champ de bataille, celle de son père décédé ? Nul ne le sait en fait. Véritable archétype du gros dur, Marcus est bourré de caricatures volontaires, il est incroyablement froid lors des cinématiques, distant, mais devient une machine de guerre sadique lors des combats, c’en est presque effrayant. Heureusement, ce n’est pas le cas de tous les soldats que vous rencontrerez pendant votre séminaire chez les Locustes, certains sont marrants, comme Cole, l’ancien joueur de Trashball, impressionnant corporellement et toujours à l’affût d’une blague scatologique. De toute facon, Marcus ne sera jamais complètement seul durant le jeu, il y aura toujours au moins un soldat pour vous épauler, de quoi bien définir les bases d’un gameplay tout bonnement énorme.
Awesome… awesome to the max
Je vais un peu saloper mon job de testeur en pompant clairement les propos d’un nommé CliffyB, responsable de la conception chez
Epic, qui figurent dans la notice du jeu. Car le bougre met exactement la main sur ce qui rend
GoW si excellent : son gameplay carrément particulier. Aussi incroyable que cela puisse paraître,
GoW est plus réaliste que n’importe quel FPS tout simplement car il n’en est pas un, et c’est sa force. Les FPS ne transmettent pas une vision réaliste d’un gunfight, on n’y fait que tirer en se déplaçant en rond, les couvertures sont difficiles à gérer, on ne sent pas les balles qui fusent sur l’infime morceau derrière lequel vous êtes caché et qui constitue votre seule chance de survie…
Gears of War présente donc une autre vision des fusillades, très proche d’un
Kill Switch mais en beaucoup mieux élaboré. Le seul bouton A sert à effectuer les mouvements principaux de Marcus, courir (à noter lors des sprints tête baissée la camera qui trouve un angle légèrement recourbé pour un effet hallucinant), se mettre à couvert, enjamber, changer de planque, effectuer une roulade… Assez déstabilisant les premières minutes, il ne faut finalement que quelques essais pour se familiariser entièrement avec le système, et c’est le pur bonheur. D’une couverture, on en atteint une autre par une roulade, ou alors on se jette dos contre le mur à grandes enjambées, le système est parfaitement rodé. Les gunfights peuvent alors commencer… On se planque le plus vite possible, on analyse, et on attaque. La visée est précise mais les Locustes bougrement résistants et adroits, du coup, on s’essaye au tir à l’aveugle, de peur de sortir la tête devant ces monstres effroyables. Puis, on tente de les contourner tout en restant au maximum à couvert. Chouette, j’arrive dans le dos d’une de ces sales larves, un coup de tronçonneuse, l’hémoglobine éclabousse l’écran, ça hurle, des membres volent, un grand moment vidéoludique. Hors combats, l’ascension dans le jeu est toujours ambiancée, les dialogues sont crus et l’atmosphère est étouffante. Parfois, il sera possible de choisir son chemin lors d’une bifurcation, séparant les héros en 2 groupes pendant hélas trop peu de temps, dommage, c’était une idée intéressante.
Revenons-en aux Locustes, loin d’êtres idiots, ils essayeront sans cesse de vous contourner pour vous forcer à sortir de votre planque et donc d’être à découvert. De plus, ils usent aussi bien que vous des éléments du décor pour se planquer, utilisent des grenades et même les aptitudes au corps à corps. Pour éviter la monotonie, plusieurs classes d’ennemis sont de la partie, dont des snipers, des grenadiers, et tout un tas de bestioles diverses bien chiantes. Sans parler des boss, entre les Berserker et les araignées mutantes géantes, vous aurez du boulot. Comme il fallait forcement qu’il y ait un coté garni d’idiots, l’IA de vos coéquipiers se voit détenir le bonnet d’âne avec mention. Ces cons n’arrêtent pas de mourir, il faut toujours aller les sauver, ils ne peuvent obéir aux ordres 9 fois sur 10 et ne servent concrètement à pas grand-chose, ils rendent juste les combats plus vivants. Du coté des armes,
GoW en propose pas mal (fusil à pompe, sniper, lance-grenades…), même si on prend habitude à toujours jouer avec les mêmes (vu que Marcus ne peut transporter que 2 armes lourdes), sauf pour les boss, insensibles aux armes conventionnelles, et pour lequel il faudra utiliser le rayon de l’aube, fusil qui transmet à un satellite des coordonnées de frappes, et qui s’utilise donc à l’extérieur uniquement. La progression dans le jeu est quant à elle entrecoupée d’indénombrables checkpoints, qui évitent au joueur de recommencer de trop loin lorsqu’il meurt, c’est intéressant, mais entraîne une certaine facilité, on avance beaucoup trop vite dans le jeu jusqu'à être surpris par le générique de fin après seulement 7-8 heures de jeu… et ce, même en mode Vétéran (mode moyen, après Recrue, mais avant le Dément à débloquer).
Partouze interplanétaire sur le Live
Si la campagne solo affiche malheureusement vite ses lacunes faute à une durée de vie bien trop courte, le mode Online rassurera les réticents par son incroyable efficacité. C’est vraiment du bon, sans doute un des meilleurs multi conçu pour un jeu console, depuis l’avènement du genre. La clef de son excellence réside logiquement dans sa simplicité, les rencontres se déroulent en 4 contre 4 et proposent de se foutre promptement sur la gueule sur à peu près tous les modes. Les parties dites "Zones de guerre", des deathmatchs classiques qui opposent les Humains à la horde les Locustes, sont indéniablement les plus fun par l’esprit d’équipe qui s’y dégage : on se couvre mutuellement, on établit des pseudo stratégies, on fonce dans le tas ou alors on se la joue infiltration… les possibilités sont infinies. C’est ainsi que l’on se rend compte que le bourrage de crâne marketeux sur le Online n’était pas si abusif, l’esprit d’équipe si rabâché est bien là (à condition bien sur de ne pas jouer avec des connards… ou des américains), le plaisir aussi. On notera aussi que les frags ne s’effectuent pas de façon classique au genre, par exemple, si vous tuez un adversaire en lui mitraillant sa tronche, il tombera à genoux, mais restera en vie. Dans cette situation, vous devrez obligatoirement l’achever (en lui écrasant la tête, ou en continuant à tirer, les possibilités sont multiples) car il pourra être réanimé par un membre de son équipe qui passe par là en cas d’abstention, ce qui ne fait qu’accroître le travail d’équipe. Sinon, vous pourrez aussi tuer en un coup en tronçonnant l’ennemi au corps à corps. Et pour faire durer le plaisir deux autres modes de jeu complètent le tableau : assassinat (le but est de tuer qu’une personne de l’équipe adverse, en l’occurrence le commandant), et exécution (deathmatch classique avec la possibilité de se réanimer seul). Pour en finir avec le Live, un mot sur les maps, peu nombreuses, assez petites, mais vraiment plaisantes à arpenter, elles ont le mérite d’être très variées et équilibrées. Il ne tardera pas à en voir arriver une bonne fournée sur le marketplace d’ailleurs. Par contre, si vous ne possedez pas le Xbox Live, il est aussi possible de jouer la campagne à deux joueurs, en coopération donc, et même de faire des deathmatchs. Et bien sur, qui dit coop, dit forcement prise de têtes, délires en tous genres, et bonheur total.
Xbox 1.5 qu’ils disaient
Plastiquement parfait,
Gears of War ne peut laisser indifférent et s’impose sans aucun doute comme le plus beau jeu console jamais réalisé. Ca claque, tout simplement, le level design est faramineux, dans un style gothique mais pourtant assez moderne, qu’on pourrait presque assimiler à un
Resident Evil 4. Les architectures s’imposent au joueur de par leur monumentalité, les éléments du décor sont destructibles (par exemple, planqué derrière un bureau en bois sous un eu nourri, vous ne resterez pas à couvert longtemps, vraiment excellent), et bien sur de nombreux objets peuvent entraîner des explosions incroyables de réalisme. Le soft d’
Epic tire aussi son épingle du jeu dans son character design incontestablement travaillé. Car si les forces de la coalition peuvent paraître caricaturées, avec par exemple leurs énormes armures portées sans casque pour la majorité de ses adhérents, elles n’en demeurent pas moins imposantes dans l’esprit même du jeu. Le tout fonctionnant en opposition aux Locustes, eux aussi tout impressionnants, l’idée était de relever les Humains au même niveau afin de illustrer le fait que chaque espèce pouvait dominer l’autre, et l’effet est bigrement réussi. Une autre claque graphique est perceptible via les gunfights acharnés : planqué derrière un microscopique débris de béton, on en prend plein la gueule, ça pète de partout, des membres volent, l’extase totale. Les locustes, effrayants, ont été aussi bien modélisés de l’extérieur que de l’intérieur, tirez-leur dessus et le sang jaillira à foison, logez une balle de sniper dans la tête de l’un deux, et cette dernière explosera littéralement en morceaux, et combe du vice, la tronçonneuse les découpe en parties bien distinctes, on peut même apercevoir les boyaux et autres appareils digestif joncher le sol, awesome.
D’un point de vue strictement personnel, j’ai été considérablement surpris par la bande son de
Gears of War, étonnamment juste et prenante, surtout pour ce genre de jeu. Alors qu’on aurait pu soit se taper de la techno foireuse digne d’un DJ Tomato, ou du metal bourrin et gavant à la
POP 2, les développeurs ont opté pour un ton assez philharmonique qui rendent les affrontements vraiment cinématographiques, voire épiques. Du coup, on prend même un malin plaisir à prolonger les bastons pour mieux savourer la musique qui les accompagne, ce qui constitue une marque de qualité certaine. Seul point noir, la VF est encore une fois ridicule jusqu’à la moelle, avec des voix dignes des plus grands épisodes de La loi du Puma, du Clown ou encore Nicky Larson. Pire, le contenu a même été censuré plombant une bonne partie de l’atmosphère du jeu, ah oui, c’est con. Car si les "fuck", "shit", ou encore "asshole" fusent en ricain, en français, on aura juste le plaisir de faire avec les douceurs typiques de notre beau pays. Et bien sur, pour que le foirage soit complet, les blagues et autres mimiques de la version originale ont étés traduites n’importe comment (mention spéciale pour le "Lock and Load !", jeu de mots que lâche parfois Marcus lors d’un rechargement éclair, qui s’est transformé en "Chargez les armes !" dont on ne cherchera pas le sens…). Comme d’hab, je ne peux que vous conseiller de jouer au jeu dans sa version originale, en changeant simplement la langue de l’interface de votre 360.