Vous l’aurez compris par cette entrée en matière, le jeu est une déception. Une déception qui se traduit par un visage de totale incrédulité dès les premières secondes de prises en main. J’évoquais déjà le risque de bâclage dans ma preview ainsi que celui que certaines options attendues ne soient pas plus que quelques gadgets. Le studio Shiny et la réputation de fiabilité (à défaut de créativité) de Dave Perry ne retirent pas grand mérite de proposer un tel jeu sur le marché, qui hormis un scénario des plus captivants, contribuent à déprécier le monde touffu et original des frères Wachowski, qui se prêtait pourtant tellement à une adaptation vidéo ludique intéressante.
Une réalisation indigne
Je l’ai dit, les premières secondes témoignent de la plus grande incrédulité. Pourtant, tout est bien là. Le filtre vert caractéristique, un décor intérieur immense, jusqu’au costume du garde qui est fidèlement reproduit. Mais c’est moche, l’atmosphère se trouve brisée dès que le personnage s’anime. Des mouvements saccadés, peu d’animations, aucune fluidité. On fait quelques pas, on regarde autour de soi pour découvrir la pauvreté du lieu, dénué de tout détail, dont les textures sont affreusement carrées. Un garde s’avance, c’est le moment de tester les commandes. Les coups ne semblent pas porter et le garde se contorsionne dans des poses invraisemblables. Les décors en extérieur sont pauvres et les évènements sont tellement scriptés qu’on n'a pas la sensation de participer vraiment à l’action. Vous recevrez des objectifs en cours de partie : protéger untel, éliminer quelques gardes, appuyer sur des boutons… qui frisent parfois le ridicule. La réalisation est inégale avec certains niveaux tout justes corrects et relativement détaillés et d’autres, comme cet aéroport vide parcouru seulement par d’immenses bandeaux publicitaires, dédiés à Intel, qui rappellent qu’il s’agit avant tout d’un produit marketing.

Une interaction limitée
Autre grande déception, l’interaction avec les décors. Quasiment inexistante et bien loin du déballage des films, elle se résume à voir des spots et des écrans parfois éclatés et des plaques de béton se désagréger. L’impact des balles marque à peine les surfaces et les corps ne se démantibulent sous l’effet des balles. Les exposions sont minables et les objets s’incrustent souvent dans le décor. Les véhicules sont statiques, posés sur des rails et n’ont pas de gestion des dégâts. Pour finir, le piratage de la matrice est une vaste mascarade qui consiste simplement en un système de cheats basiques, peu ergonomique.
Des cinématiques à gogo
Effectivement, il y en a beaucoup et elles ont le mérite d’être d’une qualité irréprochable. Les séquences filmées, en tout une demi-heure, font apparaître les protagonistes des films et font étalage d’effets spéciaux qui n’ont rien à envier à ceux des films. Celles utilisant le moteur de Shiny sont aussi d’une grande qualité et le « motion capture » rend bien le charisme des principaux personnages. Le moteur de Shiny est là bien utilisé et il est donc paradoxal et désolant qu’aussi peu de soin ait été pris dans le jeu proprement dit. ETM présente donc avant tout un scénario prenant qui parvient parfois à faire oublier la stupidité de l’action. Celui-ci s’axe sur les évènements préliminaires à Matrix Reloaded, après le premier du nom, et vous propose d’incarner Ghost ou Niobe dans deux campagnes se distinguant seulement par le point de vue du protagoniste sélectionné.
Un gameplay médiocre et sans finesse
On peut se dire : «aller, c’est moche mais on fermera les yeux devant le plaisir de jouer ». Et bien, non. Le gameplay ne viendra pas rattraper une réalisation dénuée d’éclat. Les angles de vue, censés reproduire un « effet ciné », sont mal définis et empêchent fréquemment de voir ce que l’on fait. La vue à la première personne ne sert vraiment à rien, si ce n’est en mode sniper. Le jeu se découpe en plusieurs phases avec des moments de conduite où, selon le personnage que vous aurez choisi, vous tiendrez la place du passager et devrait faire exploser vos poursuivants, ou vous devrez conduire. La conduite, très arcade, ponctue bien l’action mais reste quand même un peu molle et superficielle. Les phases de snipe sont simplistes et l’ensemble des armes, peu précises, ne change souvent pas grand-chose à l’histoire. Quant aux combats, les ennemis possèdent une I.A déplorable et foncent dans le tas. Les arts martiaux se résument à une combinaison de coups de poings et de coups de pieds tandis que les armes parviennent à éjecter leurs projectiles à 90° pourvu que vous ayez ciblé auparavant… Bref, rien de technique, ni même de ludique, d’autant que le jeu se termine plutôt rapidement même en mode Difficile. L’utilisation du « slow motion » (ralentissement du temps) est bien rendu mais n’apporte rien depuis le célèbre
Max Payne et reste un gadget juste bon à effectuer quelques sauts.