Preview : Forza Motorsport - Xbox

Forza Motorsport - Xbox

Forza Motorsport - Xbox

Genre : Course automobile

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Faire la preview de Forza Motosport, c’est un peu comme si j’étais cet irresponsable anonyme qui affiche les résultats du bac : tout le monde vous attend impatiemment, on nourrit des espoirs inimaginables sur vous et puis au final il y en a toujours qui seront déçus du verdict, alors qu’au fond vous n’y pouvez rien. Dans notre cas, il n’y aura pas énormément de recalés, tant le titre de Microsoft Games regorge de promesses… à tenir. Allez, on attache sa ceinture, on met ses beaux gants en cuir, on s’installe confortablement, et on saisit à pleines mains… son paddle Xbox ! Bah oui, le réalisme a ses limites, GT-killer ou pas.
Forza Motosport c’est un fantasme. Celui d’émuler la conduite d’un véhicule qu’on ne pourra jamais se payer, sur une piste où l’on ne pourra jamais courir. Forza Motosport, c’est aussi la cristallisation des espoirs des possesseurs de Xbox de voler à Sony des émotions/sensations qu’il monopolise jalousement depuis des années et de montrer que la machine de Microsoft peut rivaliser avec le fabriquant de bombes japonais sur son propre terrain (tous genres confondus). Forza Motosport, enfin, c’est peut-être le donneur de leçon tant attendu pour le trop suffisant Gran Turismo 4, le rappelant à son devoir et à ses origines.
D’ailleurs, on ne saura jamais vraiment si présenter Forza Motosport comme un concurrent sérieux et direct de Gran Turismo rend service au titre de Microsoft. On aime à dire que ce genre de comparatif dope le succès commercial mais plombe le succès d’estime. Pas faux, quand on connaît les exigences des GT-fans en matière de simulation automobile. Seule certitude, les deux titres partagent le goût des belles berlines racées, toujours bien mises en avant sur les screenshots des éditeurs, du réalisme poussé jusqu’à la customisation totale des pièces du véhicule, ou encore l’amour des patronymes italiens.

On touche avec les yeux

C’est un fait : Forza est beau comme une Mercedes et classe comme une BMW. Le soft de Microsoft Games est graphiquement très soigné, peut-être même trop, tant le titre cherche la beauté par défaut et non par excès, autrement dit en proposant un visuel épuré plutôt qu’un fatras indigeste de polygones multi-texturés et des détails épars et futiles. Non, Forza Motosport se veut destiné aux amateurs de belles carrosseries, et rien ne pourrait perturber l’œil dans sa contemplation quasi-religieuse des Porsche, Ferrari, Mercedes-Benz ou autres McLaren. Cette sobriété immanente et ce choix délibéré n’empêchent pas les décors d’être joliment représentés, parfois même avec une certaine maîtrise comme le parcours au milieu d’un sous-bois de Nouvelle-Angleterre (Maple Valley Raceway), qui laisse entrevoir la gestion des ombres et des reflets sur le pare-brise de façon particulièrement saisissante. D’autres circuits sont du même acabit, tandis que d’autres semblent presque vides, bien qu’assez fins. Revers de la médaille, il se pourrait que cela se ressente techniquement, puisque certains ralentissements préoccupent encore les testeurs de Microsoft Games. De toute évidence, il faudra attendre la sortie du jeu pour épiloguer sur ce point, étant donné qu'il n’a pas dévoilé le tiers de ses 31 circuits, qui bénéficient de 16 environnements différents. La modélisation des véhicules semble quant à elle de très bonne facture, et se place assez haut sur l’échelle de référence de Polyphony, qui fait autorité en la matière. Nous n’avons pas encore pu tester tous les modèles –il y en aura plus de 230, un chiffre loin, très loin d’un GT4- mais gageons que cette exigence de qualité sera appliquée à tous les véhicules. On sait déjà que les déformations lors des chocs seront gérées, ce qui renvoie le titre de Polyphony Digital face à ses complexes.

Forza simule

« Il faut rompre l’os et sucer la substantifique moelle ». En écrivant cette phrase il y a 500 ans, Rabelais ne s’attendait sûrement pas à une citation sur HardGamers.org, mais c’est désormais chose faite ! Forza, c’est un peu cet os qu’il faut briser. S’illustrant depuis le mois de mai dernier avec des screenshots en haute résolution et des petites vidéos jouant de l’esbroufe technique, le titre de Microsoft laissait planer le doute sur sa substance, son essence (haha) : le gameplay. Pire, à force de nous gaver de polygones, on craignait que Microsoft veuille remplacer l’être par le paraître. Quid de la conduite et des sensations qu’elle procure à ce stade du développement ? Une démo offerte il y a quelques mois dans le Magazine Officiel Xbox soulevait déjà les inquiétudes en même temps qu’elle nourrissait les promesses faites aux joueurs : la conduite est en effet foncièrement orientée vers la simulation, sans pour autant parvenir à l’atteindre en son cœur. Comprendre : ce n’est pas parfait, et Gran Turismo 4 jouit incontestablement d’une expérience salvatrice en la matière. Les vidéos de Forza peuvent révéler des aberrations dans la maniement du véhicule, dont la conduite semble s’éloigner de la réalité pour s’approcher dangereusement du gouffre de l’arcade. En activant les aides proposées par le jeu, on y plonge directement, sans pour autant en toucher le fond. Le maniement semble rigide donc simple d’accès, les freinages étrangement dosés et l’équilibre de la voiture paraît plutôt mal restitué. L’alternance décélération/freinage/accélération nous apparaît comme trop simplifié, ce qui permet de rester invariablement sur le bitume sans trop de problèmes. L’adhérence fait défaut lors des virages, « l’effet savonnette » (non, Le-Saint, je ne parle pas de tes jeux pour adultes) gronde au loin et le tout rend une conduite trop feutrée pour être passionnante. Heureusement que l’I.A. de vos adversaires est suffisamment agressive pour redonner du piquant à la course. Sur ce point précis, les tramways de Gran Turismo 3 et 4 sont largement enterrés, même si la future compatibilité Xbox Live et la possibilité de jouer contre d’autres humains aurait de toute façon conclu les débats sur le comportement de la console à votre égard. C’est donc tout bénéf !
Forza Motosport semble bien parti pour sa leçon de conduite. A travers les averses de chiffres émanant du site officiel –très bien réalisé, au passage- nous pouvons voir un titre accrocheur et vraiment joli, doté d’un gameplay fourni et varié, pêchant parfois sur quelques points de conduite, qui ne devrait pas faire consensus. Gardons la tête froide : la profondeur du titre reste à la fois l’aspect le plus important et le plus méconnu. Croisons les doigts très fort pour que ce Forza Motosport réussisse son permis, qu’il passe le 13 mai prochain. Un vendredi 13.
18 mars 2005 à 19h54

Par Superhero

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