C’est souvent comme cela. On crie à la joie au moindre screenshot sorti, on tremble devant un trailer en basse résolution, on sursaute à chaque info « cruciale » pour finalement découvrir qu’il ne s’agit que d’un jeu parmi tant d’autre. Avec
Brute Force, on s’attendait à beaucoup de chose. De l’action servie par une bonne IA combinée avec un sens tactique prononcée et surtout un gameplay original. Au final, le jeu sera fidèle à son titre : de l’action « brutale » et bien pensée, qui ne se voit malheureusement pas transcendée vers des sommets à cause d’un aspect tactique bien léger et d’un contexte complètement bâclé.
Plein les yeux et les oreilles
Brute Force, c’est avant tout très beau. Une avalanche d’effets de particules, d’explosions, de reliefs et de reflets vient servir les capacités de la Xbox. Des textures soignées et travaillées marquent la progression dans les six mondes du jeu, que les développeurs ont su varier les uns des autres : que l’on traverse des contrées envahies par les lacs de lave, des vestiges antiques ou bien des forêts touffues au design hérité de Star Wars, Mention bien notamment pour les vues (thermique, qui n’est pas sans rappeler un certain Sam Fisher, distordue si blessé comme dans
Tom Clancy's Rainbow Six 3), même si ce réalisme s’avère incongru en vue externe dans cette ambiance. Les animations ne sont pas en reste et l’utilisation de la troisième personne vous permettra d’admirer les positions adoptées par votre escouade ainsi qu’une myriade de petits effets lumineux de bon goût. Les concepteurs n’ont pas hésité à faire dans le gros budget avec des cinématiques nombreuses et visuellement fascinantes. Impossible donc de décrier les graphismes, qui sont sans aucun doute, ce qui se fait de mieux à l’heure actuelle. Côté son, c’est un travail soigné avec des musiques endiablées et des bruitages corrects. Le doublage s’en sort lui aussi honnêtement mais sans panache.
Du tir sans arrière-pensée
Ce déluge de polygones masquera pour certains sans peine l’absence totale de profondeur du titre. Cependant, si même un simple jeu de tir comme
Panzer Dragoon Orta a su exploiter un scénario et un univers de manière originale au regard de la simplicité du gameplay, on attendait plus de consistance narrative, histoire de bourriner intelligent. Alors oui, on s’extasie sans peine devant les scènes mais il n’y a pas le moindre intérêt au laïus des personnages, les objectifs ne servant au final que d’alibi pour dégommer du vilain dans tous les sens. Si le scénario science-fiction peine autant à se renouveler, on se souviendra des efforts méritants d’Halo. Donc, sans critiquer le côté bourrin du titre, je me bornerais à reprocher le manque d’ambition du titre et ces personnages archétypés au possible, comme pour bien faire comprendre au joueur baveux les caractéristiques de chacun. Leurs noms sont vraiment ridicules (Tex, Brutus, Flint et Hawk) et ils en feront ricaner plus d’un par leurs répliques débiles.
Un bonne jouabilité
Pour accentuer la comparaison avec
Halo, les commandes sont à l’identiques et utilisent donc parfaitement l’ergonomie des pads, gros ou petits. La jouabilité se révèle donc agréable et intuitive même si l’aide à la visée (Flint) peut rabaisser parfois la difficulté au profit des sensations. La vue à la troisième personne se révèle maniable et permet une plus grande appréciation du terrain (qui a parlé de tactique ?) mais pourra aussi gêner le joueur lorsque les ennemis sont éloignés.
Une interface tactique décevante
Le défaut le plus évident reste l’interface minimaliste des ordres par rapport à ce qui avait été dit. De « couvrir » à « garder la zone » ou encore « tir à volonté », la diversité est nulle et les réponses de l’IA souvent hasardeuses, à tel point qu’on privilégiera de s’incarner (comme Scott Bakula… plouf !) directement dans le perso pour effectuer soi même le sale boulot (avec joie cependant). Un défaut qui n'en est pas un tant q'on sait que le gameplay est essentiellement porté sur l’action et que les ennemis disposent néanmoins d’une bonne IA : ceux-ci utiliseront le décor, tendront des embuscades, utiliseront des aptitudes spécifiques… Bref, de quoi rejouer parfois certaines scènes, d’autant que les trois niveaux de difficultés sont bien pensés. Quelques regrets, qui renforcent l’impression que la réflexion et la tactique ont peu de place dans ce titre, les ennemis vous repèrent et vous canardent de bien loin, ne vous laissant pas le choix d’aborder la situation différemment que dans un bain de sang, ce qui en conduira plus d’un à ne privilégier que les bourrins du groupe. Les capacités spéciales donnent un semblant de technique et rendent les commandos uniques : utilisez Brutus et vous pourrez vous soigner ou encore détecter les ennemis, invisibilité, combo d’armes… Dommage que l’interface n’en propose pas une utilisation judicieuse.
Du multi banal et sans Live
Le multijoueur se devait d’être à l’appel et se révèle correct, d’autant qu’on a la possibilité d’incarner les ennemis. Là encore, pas de tactique en vue car on se contente de nous refourguer un mode Deathmatch et un mode Team Deathmatch. Malgré tout prenant et intéressant, on s’en lasse vite surtout en l’absence (inexplicable) du Live. Gageons toutefois qu’il fera l’objet d’une mise à jour via la section de téléchargement. Côté coopératif, le jeu révèle clairement son potentiel, pourvu que les joueurs soient dans le bain : ainsi toutes les solutions seront possibles, et même si la violence est toujours là, la faiblesse relative de l’IA se trouve remplacée par un jeu en équipe où chaque protagoniste pourra profiter de ses aptitudes et élaborer quelques rudiments tactiques.