Turtle Rock Studios ne se rend pas la tâche facile. Après avoir réalisé le hit
Left 4 Dead et sa suite, il décide de faire une nouvelle saga mais en restant dans le domaine du jeu multi coopératif avec
Evolve. Le studio aurait pris une voie complètement différente, la transition aurait été facile mais là, ils font tout pour qu’on compare leur nouveau jeu à l’ancien (de plus les marketeux ne vont pas se priver pour dire qu’il s’agit du jeu des «
créateurs de Left 4 Dead »). Auquel cas ils sont condamnés à faire absolument mieux. Bref, un truc quasi impossible.
Evolve n’est surement pas un chef-d’œuvre et ne marquera peut-être pas l’histoire du médium. Cependant, c’est « juste » un bon jeu. Presque une insulte pour notre génération un peu trop pourrie gâtée. On va donc laisser nos attentes irraisonnables de côté et voir pourquoi c'est un bon jeu et, comme on est pas des Bisounours non plus, on va aussi voir pourquoi il n’arrive pas à un être un chef-d’œuvre.
Ce matin, un Goliath a tué un chasseur
Le concept d’
Evolve est simple et c’est peut-être un avantage par les temps qui courent (et qui nous rendent sérieux). On y est donc une équipe de quatre chasseurs qui doivent chasser et tuer un monstre sur une planète pour une raison dont on a absolument rien à faire. Le truc, au cas où vous ayez échappé au battage médiatique autour du jeu, c’est que le monstre est aussi un autre joueur qui a pour mission (ce qu’on appelle aussi l’instinct de survie dans les milieux autorisés) de tuer les quatre chasseurs. C’est simple et c’est un concept excellent. On est ici pour le jeu dans son plus simple appareil même s’il y a un vague contexte. On est dans une sorte de cache-cache amélioré et on se prend vite au jeu, qu’on soit le monstre ou l'un des chasseurs. Rien que le fait de passer d’un côté de la chasse à un autre apporte assez de variations pour prendre du plaisir. En effet, le monstre est vraiment celui qui doit se cacher avec une marche silencieuse pour ne pas se faire repérer par les chasseurs et une attaque furtive pour chasser les animaux car il en a besoin pour améliorer son bouclier et évoluer vers une version plus balèze. Ce qui donne un petit côté tactique car il faut en plus essayer de créer de fausses pistes avec ses traces de pas pour ensuite attaquer les chasseurs au moment opportun. Bref, ce rôle est très plaisant à prendre et apporte une alternative ingame au gameplay des chasseurs.
Ce n’est pas moi qui est enfermé avec vous mais vous qui êtes enfermé avec moi
Les chasseurs sont donc plus des bourrins avec moins d’opportunités d’attaquer de manière discrète (malgré un pouvoir de camouflage). Ici, il faut suivre la piste du monstre (empreintes, arbres défoncés, carcasses d’animaux consommées par le monstre) dans une phase qui peut être un peu lourde à force de pratique. Une fois le monstre trouvé, il faut faire apparaître une arène pour l’empêcher de s’échapper et le dézinguer. Il y a quatre classes de chasseurs : Assaut, Soutien, Soigneur et Trappeur. Chacun a un rôle bien défini et un gameplay qui varie vraiment grâce à ses gadgets. L’assaut est le gros bourrin avec des mitraillettes et autres fusils électriques pour infliger des dégâts importants au monstre. Le trappeur est celui qui a les outils (une sorte de chien, des indicateurs sonores) pour suivre la piste du monstre et le piéger une fois trouvé avec l’arène et autres harpons. Le soigneur a un rôle assez évident de médecin rapide avec plusieurs outils pour régénérer l’énergie ou même ressusciter les morts. On regrettera juste le soutien qui est un peu quelconque et fait un peu de tout : il mitraille, il fournit un bouclier pour ses partenaires, il a aussi des outils pour trouver le monstre… C’est peut-être le rôle le moins intéressant car le moins défini. Quoiqu’il en soit, c’est assez plaisant de passer d’un rôle un l’autre puisque cela implique un gameplay et une manière d’aborder les affrontements différente. De plus, chaque rôle a trois personnages déblocables qui ont de nouveaux gadgets et relancent l’intérêt du jeu. Le premier soigneur restaure l’énergie alors que le deuxième fait carrément revenir les morts à la vie. Chacun a ses avantages et ses inconvénients qui fait que l’on passe souvent de l’un à l’autre. On saluera aussi les mécaniques de jeu qui sont bien équilibrées. L’arène se désintègre au bout d’un moment pour laisser une chance au monstre et les chasseurs peuvent suivre le monstre même quand il ne laisse pas de trace grâce au chien qui suit l'odeur. Tout est pensé pour que tout le monde ait sa chance et c’est parfait.
Live. Die. Repeat.
Le problème, c’est qu’il y a un petit sentiment de routine qui peut s’insinuer. Soyons clairs : après plus de vingt heures de jeu (à fortes doses qui plus est), on n'est pas complètement dégouté du jeu mais on y enchainera pas dix milles parties. C’est peut-être pas plus mal puisqu’en mode « une petite heure par jour » le jeu marchera sûrement très bien et ce n’est pas une tare de ne pas être un jeu ultra addictif. On notera que cette répétition est due aux schémas des parties qui se répètent malheureusement avec la phase de traque / cache-cache, selon votre rôle, et qui n’est pas la plus intéressante, suivie par la phase d’affrontement. Certains pourraient dire que les combats sont brouillons, que ce soit du côté du monstre ou des chasseurs. C’est vrai au début mais, à force de s’y adonner, on s’y retrouve et on prend un grand plaisir lors de ces affrontements dantesques. De plus, les douze maps sont assez génériques et se ressemblent toutes avec un mélange de jungle, bâtiments et marais. On serait bien mal placés pour reconnaître l'une des maps.
La meilleure attaque, c’est la défense, à moins que ce ne soit l’inverse
Il y a aussi 3 autres modes de jeu en plus de la chasse classique. Ce qui pourrait paraître assez peu mais, malgré le petit sentiment de routine, le mode Chasse est assez solide quand même. Il y a Sauvetage où les chasseurs doivent sauver des civils que le monstre doit dévorer. Le Nid voit les chasseurs détruire des œufs du monstre que ce dernier doit défendre et enfin le mode Défense voit les chasseurs défendre des générateurs pendant que les civils s’échappent de la planète. Ils apportent un petit peu de variété au jeu qui en a bien besoin même si ces modes paraissent moins équilibrés que la Chasse. En effet, les modes sauvetage et défense sont plus faciles pour les chasseurs et le mode Nid est plus pratique pour le monstre. De plus, ils apparaissent très sporadiquement quand on lance une partie rapide, il faut donc lancer le mode Évacuation - qui est une sorte de mini mode histoire - où il faut tuer un monstre par jour pour aider les colons de la planète à s’échapper. Ce mode est un enchainement de plusieurs modes de jeu qui prend en général une heure à être bouclé.
Un DLC sauvage apparaît
Il y aussi un mode solo qui a été fait avec un poil… que dis-je, un balai dans la main puisqu’il s’agit juste du mode multi avec des IA à la place des coéquipiers et du monstre. On peut juste switcher entre chaque membre de l’équipe quand on est un chasseur mais c’est moins intéressant qu’en multi puisque le jeu a été pensé pour cela et ça se sent. Mais le vrai gros problème du jeu, c’est une politique du DLC qui laisse pantois. Là où l’on a quelques fois droit à des ajouts sympas (comme
Left Behind pour
The Last of Us ou
Tombeau Sous-Marin pour
Bioshock Infinite), on trouve ici des DLC qui donnent l’impression que l’éditeur a choisi de garder quelques détails pour faire de l’argent après. Ici, ce sera l’ajout de chasseurs et de monstres avec un Season Pass. Il aurait été mieux qu’ils soient intégrés d’office au jeu qui en a bien besoin, surtout pour les monstres. En effet, là où il y a 12 chasseurs, on se retrouve avec seulement 3 monstres. Il y a une tonne de DLC esthétiques (à priori, il y en aurait pour 60 euros en tout, soit le prix du jeu), mais du moment que cela n’influe pas sur le jeu, il est facile de les ignorer, eux.
C’est beau, toutes ces carcasses
Enfin, le jeu est plutôt joli visuellement. Nous l’avons testé sur console et il rendait bien, on imagine donc que les PCistes en auront pour leur argent. Pour ce qui est de la version PS4, le jeu peut, très rarement, montrer un peu de clipping mais hormis cela c’est plutôt solide. Les serveurs le sont aussi par ailleurs puisque nous n’avons souffert d’aucun ralentissement ou problème de connexion, même quand le jeu nous avertit que la connexion a quelques faiblesses. Les chargements avant le match prennent un peu de temps mais généralement pas de quoi crier au scandale. Bref, le jeu tourne bien du point de vue purement technique.