Le titre débute alors que Kate Bowman, votre agent de liaison, vous briefe sur la situation en Bolivie. Pour faire simple, après une série d’attentats, l’état a passé un marché avec la Santa Blanca. Les termes de ce dernier sont simples :
"arrêtez de nous tuer, et on ferme les yeux sur votre trafic". Depuis ce jour-là, le cartel règne sur le pays, les différents chefs, appelés buchones, se partageant le territoire. Votre mission étant de démanteler le cartel de la Santa Blanca, vous devrez en détruire tous les aspects : la production, le trafic, la sécurité et l’influence. Pour arriver à vos fins, il faudra libérer les différentes régions du pays en faisant tomber les buchones qui en sont aux commandes. Cela poussera leurs chefs à se manifester, devenant alors vulnérables. Et quand ces derniers seront hors jeu, vous pourrez enfin vous en prendre directement à El Sueño, le chef des chefs.
Dans les faits, cela se traduit, dans un premier temps, par une recherche d’untels. Que cela soit en piratant des ordinateurs, consultant des documents, ou en interrogeant un sicario, obtenir des informations sur les opérations ennemies est essentiel pour y mettre un terme. Ces mini-missions de recherche vous permettent également d’approfondir le background du jeu, et d’apprendre à connaître le buchon local. Ce sera aussi une grande source de frustration. En effet, Ghost Recon Wildlands n’exploite pas du tout ses antagonistes. Et c’est vraiment dommage, tant certains disposent d’un fort potentiel pour devenir des “enculés” mémorables. Mais, Ubisoft ayant fait le choix de limiter au maximum les éléments narratifs présents dans le jeu, ils n’ont malheureusement pas la place nécessaire pour s’exprimer. Cela peut paraître anodin, mais bien fait, cela aurait pu faire de Ghost Recon Wildlands un jeu d’exception.
L’art de la guerre
Ghost Recon s’est fait connaître en proposant un gameplay tactique. Et cet épisode ne fait pas exception à la règle. Il profite d’ailleurs de son monde ouvert pour laisser aux joueurs une entière liberté quant à l’approche à adopter. Cependant, dans la quasi-totalité des situations que vous rencontrerez, rester furtif sera la meilleure option. En effet, si le jeu est efficace dans ses gunfights, l’arrivée intempestive de renforts ennemis fera que vous serez vite submergé en cas d’assaut frontal. Sans parler du fait que la police locale, la Unidad, pourra se joindre aux festivités. Heureusement, vous pouvez également recevoir un peu d’aide de la part des rebelles. Mais ces derniers étant au bord de la défaite à votre arrivée, il ne faudra pas compter sur eux dans un premier temps. Alors mieux vaut rester discret.
Toutes les missions débutent de la même façon. Dans un premier temps, vous restez à bonne distance du lieu à investir pour faire un peu de reconnaissance. Pour cela, vous disposez d’un drone. Ce petit appareil est très pratique, vous permettant d’observer ce qui se passe autour de vous tout en restant bien à l’abri. Pouvant également marquer vos ennemis, ce petit gadget deviendra vite votre meilleur ami. Si bien que lorsque l’ennemi a placé un brouilleur dans le secteur, vous empêchant de l’utiliser, vous vous sentez tout nu. D’autres options sont disponibles pour la reconnaissance, mais elles ne sont pas aussi efficaces et pratiques que le drone.
"J’aime tuer des gens." Shauni (cette fille me fait flipper)
Une fois votre stratégie mise en place, il ne reste plus qu’à se lancer. Le jeu propose divers outils pour mener à bien vos missions en mode infiltration. Le tir synchronisé en est le plus digne représentant. Hérité de Future Soldier, cette fonctionnalité permet d’éliminer jusqu’à quatre cibles simultanément. À elle seule, cette feature vous permet de nettoyer certains camps furtivement, sans tirer un seul coup de feu. Et c’est franchement kiffant. Vous disposez également de fusées éclairantes, qui vous permettent d’attirer les sicarios un peu trop curieux dans un piège. À moins que le fait de libérer la voie quelques instants vous suffise.
De façon générale, l’infiltration est réussie, même si le gameplay a quelques lacunes. Par exemple, il n’est pas possible de déplacer les cadavres. Ce qui, de nos jours, fait tâche dans un jeu porté sur ce genre. Autre bizarrerie, les cadavres disparaissent. Si c’est courant dans les jeux vidéo, cela reste étrange dans un titre qui propose de l’infiltration. D’autant plus qu’ils disparaissent assez rapidement. Ceci étant dit, ce dernier point vous facilite la tâche. Nul doute que certaines missions deviendraient imbittables avec des cadavres persistants et impossibles à déplacer.
Dans Ghost Recon, on travaille en équipe. C’est encore plus vrai avec cet épisode, dont la campagne est entièrement jouable à 4 joueurs en coopération. Mais, si comme l’auteur de ces lignes, vous n’avez pas d’amis, vous pouvez toujours jouer en solo, accompagné de trois IA. Ces dernières sont plutôt efficaces, sans pour autant faire tout le boulot à votre place. Vous avez la possibilité de donner des ordres simples à vos coéquipiers, permettant de développer des tactiques plus ou moins élaborées. Cependant, cet aspect du solo est pénalisé par le fait qu’on ne puisse pas donner d’ordre individuellement à chacun des équipiers, mais uniquement aux trois. Ce qui limite grandement les possibilités. Ghost Recon Wildlands a été pensé pour être joué à quatre, et cela se ressent. C’est d’ailleurs là qu’il révèle tout son potentiel, à condition de jouer avec des amis, et que tout le monde soit équipé d’un micro-casque.
Pimp my Ride
S’il est un point qui a été vivement critiqué lors des deux phases de bêta, c’est la conduite des véhicules. Oui, c’est vrai, elle est arcade. Mais là n’est pas le problème. Ghost Recon Wildlands n’a pas vocation à être une simulation. Et si c’est cela que vous recherchez, je vous invite plutôt à regarder du côté de licences comme Arma, connues pour être intraitables sur ce point.
Le vrai problème de la conduite vient de son manque de profondeur. Même avec un pilotage arcade, le fait d’avoir une adhérence identique sur le bitume, la terre et la neige dérange un peu. De même, le pilotage des bateaux et hélicoptères ne correspond en aucun cas aux normes présentes depuis des années maintenant. Entendons nous bien, proposer quelque chose de différent n’est pas une mauvaise chose, au contraire même. Mais encore faut-il que le résultat obtenu soit aussi bien, voire meilleur, que ce que l’on trouve ailleurs. Hors, ce n’est pas le cas ici. En fait, à trop vouloir simplifier ce pan du gameplay, les développeurs en ont retiré sa saveur.
Et c’est bien dommage, car le jeu comporte son lot de courses-poursuites. Elles auraient pu être mémorables, mais elles sont juste sympas. Ce qui est paradoxal, c’est que la conduite est convaincante dans un secteur où on ne l’attendait pas du tout : le franchissement. En effet, dans cette configuration, les véhicules tout-terrain offrent de très bonnes sensations et permettent d’apprécier le travail effectué sur les suspensions.
Viva Bolivia !
Pour sa première incursion dans un monde ouvert, Ghost Recon nous envoie en Bolivie. Et le travail effectué sur la map est franchement impressionnant. Visuellement, les décors sont époustouflants. Le souci du détail nécessaire pour atteindre un tel résultat est tout simplement titanesque. D’autant plus que la distance d’affichage est au diapason, offrant une sensation d’immensité dès les premières minutes. Le jeu propose 11 types d’environnements différents, allant du désert aride à la jungle tropicale. Cela permet une variété de décors bienvenue, et on prend un réel plaisir à explorer ce pays. Ceci étant dit, la vie sauvage est inexistante. Cela ne nuit pas vraiment au plaisir de jeu, mais quand on a connu des jeux comme Red Dead Redemption, Far Cry ou Horizon Zero Dawn, cela laisse un vide difficile à ignorer.
Cependant, cette beauté esthétique est contrebalancée par le portrait sinistre du pays qui est fait. Entendons-nous bien, le jeu n’a, en aucun cas, l’ambition de vous apprendre quoique ce soit sur ce qui se passe là-bas. Le narco-état décrit ici est d’ailleurs totalement fantasmé. Et il n’y a pas de quoi justifier la réaction disproportionnée, bien que compréhensible, du gouvernement bolivien. Mais cette vision unilatérale de la lutte anti-drogue est datée. Ceci étant dit, les personnages qui vous accompagnent dans votre aventure lancent parfois des pistes de réflexion intéressantes sur le sujet. Malheureusement, ces dernières ne sont jamais creusées.