Test : Ancestors : the Humankind Odyssey - Xbox One

Ancestors : the Humankind Odyssey - Xbox One
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Après avoir traîné ses guêtres sur PC, l'expérience Ancestors : The Humanking Odyssey arrive sur consoles. Si vous cherchez une expérience de jeu différente qui vous pousse à explorer et expérimenter dans un véritable bac à sable prenant place à l’ère préhistorique, vous serez peut-être tentés par ce jeu atypique qui vous fait aller sur les pas de nos ancêtres. Même s’il s’agit là du premier titre de Panache Digital Games, le game designer à la tête du studio n’est pas étranger des jeux historiques puisque c’est Patrice Désilets, le papa des premiers Assassin’s Creed, qui chapeaute le projet depuis désormais cinq ans. Embarquez donc dans cette nouvelle aventure et voyagez dans le temps pour revivre les premiers pas de l’espèce humaine.

Test effectué à partir d'une version PS4


Ancestors

Le jeu commence déjà sur les chapeaux de roues : après une petite cinématique qui met en scène le règne animal en Afrique dix millions d’années avant notre ère, on se retrouve assez rapidement aux commandes d’un singe adulte qu’il va falloir apprendre à maîtriser. En effet, le jeu tient à ce que vous plongiez rapidement dans le grand bain et vous invite ainsi à expérimenter en appuyant sur toutes les touches, tandis qu’un tutoriel très rapide et sommaire vous explique les quelques bases du gameplay. Le HUD, qui paraît très abstrait au premier abord, devient de plus en plus familier : vous avez à votre disposition un indicateur d’état psychologique et physique de votre hominidé (qui précise votre taux de dopamine ou si vous avez des blessures physiques), qui va de pair avec l’indicateur d’espérance de vie (qui signale votre endurance et votre barre de vie). Ces indicateurs, qui sont essentiels à surveiller dans le cadre de votre progression dans le jeu, sont directement influencés par les activités que vous allez mener, et pour les restaurer un minimum il faudra apprendre à vous nourrir, à boire et dormir, mais également à vous soigner de vos blessures si vous voulez survivre assez longtemps pour pouvoir avancer dans le jeu. Un véritable The Sims couplé à un jeu de plates-formes, donc. 

"Regarde Simba, toute cette immensité baignée de lumière est notre royaume"

Ancestors
Ancestors met ainsi à votre disposition 52 kilomètres carrés de territoires à explorer, avec des espèces, des aliments et des prédateurs à découvrir. Cependant, le prérequis pour pouvoir partir à l’aventure est d’avoir un enfant de votre clan d’hominidés sur le dos, sinon vous ne pourrez pas vraiment faire évoluer votre espèce puisque cela va bloquer votre progression. En effet, au fur et à mesure de vos découvertes, vous allez acquérir des “points” à dépenser dans un arbre de compétences afin de faciliter le gameplay : avoir la possibilité de transporter plusieurs objets à la fois, pouvoir se déplacer à deux pattes, sentir des aliments à distance ou entendre des prédateurs éloignés, pouvoir se défendre contre ces derniers, etc. Pour débloquer de nouvelles compétences, il faudra cependant effectuer des actions au préalable en lien avec l’amélioration que vous voulez effectuer, donc il est également nécessaire de beaucoup expérimenter avec votre environnement. Vous risquez de vite apprendre à vous contenter de vous balader en haut des arbres si vous ne voulez pas être trop vite rattrapé par la réalité du terrain.

Dur, dur, dur d'être bébé

Ancestors


En ces temps immémoriaux, vous aurez donc vite fait de vous frotter à la vie sauvage qui peut vous empoisonner, vous briser des os ou provoquer de grandes hémorragies, et si vous ne vous soignez pas assez vite, c’est votre barre de vie qui en prend un coup (et donc votre expédition). Ainsi, comme évoqué plus haut, vous faites partie d’un clan qui représente votre nombre de vies : si vous faites mourir l’un de vos singes lors de votre partie, il disparaît de façon permanente et vous prendrez alors le contrôle d’un autre singe de votre famille. C’est donc comme cela que vos premières heures de jeu peuvent devenir vraiment retorses : de notre côté, ce n’est qu’au bout de la 5ème partie que l’on a compris comment soigner les hémorragies en trouvant le bon objet dans la nature puisque, contrairement aux autres blessures, celle-ci ne se soigne pas automatiquement. On a ainsi pu bien témoigner de la disparition successive de quatre clans, sans savoir quoi faire pour résoudre le problème : le pic énorme de difficulté en début de partie aura vite fait de décourager certains joueurs, malgré les légères aides supplémentaires fournies dans cette version console.

Balance, Balance, Balance, Balance-toi

Ancestors

Notre simulateur de vie préhistorique est donc également un jeu de crafting et de plates-formes qui tire ses inspirations d’un peu partout : on évoquait plus haut l’indicateur d’endurance qui vous permet de grimper aux arbres et aux parois rocheuses, qui diminue par le biais d’un compte à rebours (le système rappellera des souvenirs à ceux qui ont fait The Legend of Zelda : Breath of the Wild, mais les vrais diront Shadow of the Colossus) mais qui vous permet quand même de grimper quasiment n’importe où. Ce qui va surtout intéresser le joueur est de grimper aux arbres (avec un véritable gameplay et un level design réfléchi pour se balancer de branche en branche) puisque l’on y retrouvera des ressources vraiment utiles (branches mortes, fruits, nids…).

Cela débouche ainsi sur l’autre aspect intéressant et important du jeu qui est le crafting car, avec les objets récupérés plus haut, vous pourrez soit vous nourrir, soit fabriquer des outils : par exemple, avec les branches mortes vous pourrez fabriquer des lances, des barrières, faire de la pêche, faire fuir les serpents, etc, et vous pourrez les combiner avec des pierres pour faire des lances plus efficaces, faire du feu et ainsi de suite (ce que l’on peut facilement et tout simplement apparenter à du Minecraft dans le bon sens du terme). Cependant, à moins d’expérimenter seul pendant des heures et des heures, le jeu ne va pas non-plus vous donner d’indices pour savoir comment combiner les objets entre eux, et on se retrouve facilement à dire “ah bah pour faire ça il fallait vraiment le savoir” au lieu d’avoir le sentiment d’épiphanie probablement recherché par les développeurs.

"La mutation, c’est la clé de notre évolution. C’est elle qui nous a menés de l’état de simple cellule à l’espèce dominante sur notre planète."

Ancestors

Du coup, au bout d’un peu moins de trente heures de jeu, force est de constater que la progression dans Ancestors est particulièrement lente : on mettra une dizaine d’heures avant d’avoir la possibilité de passer à la génération suivante, puis on estime à encore cinq heures supplémentaires avant de pouvoir enclencher l’option “évolution de l’espèce” pour la première fois (le but d’Ancestors étant de passer de 10 à 2 millions d’années avant notre ère, et nous avons ici atteint le palier des 7 millions). Cette évolution de l’espèce vous fait donc avancer dans le temps par centaines de milliers d’années à la fois, mais vous oblige à abandonner une partie des facultés acquises sur votre arbre de compétences (allez comprendre pourquoi), ce qui vous force à dépenser à nouveau des points pour obtenir ce que vous aviez déjà gagné auparavant. En tant que joueur, vous pouvez avoir pour objectif primaire de tout simplement explorer la carte, puisque chaque nouveau lieu découvert (dont la mécanique rappelle fortement celle des Assassin’s Creed) vous permet d’obtenir un bon nombre de points qui facilitent votre progression. Cependant, pas de carte ni de mini-map pour vous dire dans quelle direction aller pour découvrir de nouveaux endroits. Il faudra vous fier à votre instinct et à vos souvenirs, ce qui est facilité par le level design et sa direction artistique.

Tout est (presque) bon dans le cochon

Ancestors

Malgré ses défauts de progression et de difficulté, Ancestors possède quand même de grandes qualités, comme sa direction artistique et sa direction sonore. On s’est en effet régulièrement surpris à admirer les environnements et ses beaux panoramas, ou les animations des singes (qui vont de pair avec le gameplay en étant de bons indicateurs d’état de santé)... mais on a surtout été surpris par les petites trouvailles des développeurs pour retranscrire visuellement la peur du singe que l’on contrôle (ce qui fonctionne particulièrement bien) ou les rêves qui sont joliment représentés par des peintures rupestres “projetées” dans le ciel. Nos expéditions simiesques sont également agrémentées de belles compositions, avec un thème principal marquant et des thèmes qui supplantent bien l’action à l’écran. Les bruitages en général sont eux aussi réussis, sans parler des ambiances sonores qui arrivent à nous plonger sans difficulté dans cette ère préhistorique.

C’est cependant dommage d’avoir d’un côté ces idées originales mais d’avoir, d’un autre côté, une expérience entachée par un côté un peu trop punitif et injuste : l’exemple le plus frappant est le fait qu’un tigre est régulièrement apparu de nulle part pour attaquer notre singe, même lorsque l’on était au beau milieu du refuge de notre clan (lui permettant ainsi de s’attaquer à tout le monde autour de nous)... ce qui est particulièrement embêtant puisque l’on n'avait pas de solution à portée de main pour pouvoir se défendre. On a donc régulièrement abusé de la méthode “je quitte la partie en plein combat pour la recharger et éviter la confrontation” pour éviter de bloquer trop longtemps au même endroit, ou pour pouvoir au moins continuer à progresser.

Une expérience console légèrement remaniée

Alors que la version PC avait servi de cobaye pour tester la force mentale des joueurs ayant essayé de percer les secrets de nos ancêtres, voici que la version console d’Ancestors : The Humankind Odyssey déboule après avoir réceptionné et pris en compte les avis assez tranchés des PCistes. Panache Digital Games avait même confessé n’avoir pas eu le temps d’implémenter certaines mécaniques censées aider le joueur à découvrir le jeu et les lancer un peu moins abruptement dans l’enfer de la survie des environnements d’antan.

Alors qu’il était difficile de rentrer dans Ancestors tant l’effort d’investissement pour apprivoiser le jeu était grand, nous pourrons dire que cette version console arrondit un peu les angles en améliorant un poil le didacticiel et offrant un menu d’aide qui pourrait vous sauver quelques longues minutes de perplexité. Toutefois, ce sentiment fait partie intégrante de l’expérience Ancestors et, à mon sens, trop en divulguer via des menus enlèverait un peu de ce sentiment satisfaisant d’avoir fait une vraie découverte permettant d’avancer dans votre lignée. On comprendra cependant l’envie de certains d’aller plus vite dans l’aventure et à l’équipe d’avoir fait l’effort de ne pas proposer des astuces de manière automatique.

Malgré des idées de gameplay plutôt ingénieuse, le jeu ne suit pas toujours techniquement pour permettre d’aller au bout des mécaniques proposées qui ressortent, un peu cassées, de l’expérience globale. D’ailleurs, au niveau purement technique, déjà que la version PC n’était pas incroyable de beauté ou de fluidité, on n’attendait pas vraiment une révolution dans nos salons. Testée sur une PS4 Pro, cette version d’Ancestors propose toujours des textures, animations et rendu du jeu d’un niveau « moyen » (et nous ne parlerons pas des caméras un peu dingues qui se prennent souvent dans les feuillages et autres textures, ou encore les temps de chargement incroyablement longs, notamment celui pour charger sa partie).

Ancestors


"L'expérience est difficile, cruelle et injuste, mais intéressante" : voilà comment on pourrait caractériser Ancestors une fois que l'on repose la manette. Même si le gameplay de base est somme toute assez solide, on peut être facilement rebuté par les pics de difficulté que l'on rencontre dès les premiers instants avec le jeu et on s'est régulièrement retrouvés à pester contre celui-ci à cause de son équilibrage (malgré les ajouts d'aides dans la version console). Pourtant, au bout d'une trentaine d'heures de jeu, on veut continuer à explorer les contrées africaines (même si c'est source de frustration), mais on a du mal à comprendre ce qu'on peut faire en dehors de ça tant le jeu paraît obscur.

Malgré des faiblesses techniques, nul doute que si la direction artistique, le level design et la direction sonore n'avaient pas été au rendez-vous, on aurait lâché le jeu depuis longtemps. Mais, en attendant on va prendre son mal en patience et lâcher quelques jurons à la place. Ancestors n'est peut-être pas complètement un No Man's Sky de l'ère préhistorique, mais peut-être que le jeu manque lui aussi d'un peu de contenu pour que l'on veuille y passer plus de temps, puisque l'on en a vite fait le tour au bout d'une quinzaine d'heures (alors qu'il faut probablement à peu près 70 à 80h pour en voir le bout).
18 décembre 2019 à 10h54

Par

Points positifs

  • Des aides supplémentaires dans la version console
  • Des environnements diversifiés
  • Direction artistique avec de belles idées
  • Bruitages sonores vraiment convaincants
  • Une ambiance musicale et un thème principal marquants
  • Sensations de gameplay crues mais efficaces

Points négatifs

  • Techniquement moyen
  • Les temps de chargement
  • Gros problèmes d'équilibrage
  • Des mécaniques de gameplay injustes
  • Aucun moment d'épiphanie pendant le crafting
  • Le fonctionnement de l'arbre des compétences

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Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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