Test : Shadow of the Tomb Raider - Xbox One

Shadow of the Tomb Raider - Xbox One
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Apparues pour la première fois en 1996, Lara Croft et sa poitrine disproportionnée se sont instantanément imposées comme le fantasme de toute une génération d'adolescents en rut. Je me rappelle encore les longs moments passés à mettre la jeune archéologue à quatre pattes dans Tomb Raider 3, afin de profiter d'un placement de caméra stratégique...
 
Malgré un succès toujours au rendez-vous, la concurrence, toujours plus rude, Uncharted en tête, força Crystal Dynamics à moderniser sa formule. C'est ainsi qu'en 2013 Tomb Raider vit le jour. Ce reboot nous proposait de voir la naissance de la Lara Croft que nous avons appris à connaître et à aimer, le tout dans un univers plus sombre et réaliste. Le résultat, bien qu'imparfait, était très enthousiasmant. Et cela malgré tous les tourments subis par notre exploratrice adorée, et une révision malheureuse de son tour de poitrine. Sa suite, Rise of the Tomb Raider, affina la formule pour délivrer une expérience plus aboutie, et toujours aussi dure pour la pauvre Lara.
 
Aujourd'hui, nous allons parler de Shadow of the Tomb Raider, censé clore cette trilogie. Le titre ayant été confié à Eidos Montréal, nous serions en droit d'espérer un petit répit pour notre héroïne. Même si le titre de ce nouvel opus nous laisse deviner le contraire. D'un autre côté, tant que le jeu est bon...

Test effectué à partir d'une version PS4



Et le jeu démarre fort. Dans les cinq premières minutes de l'aventure, notre belle Lara Croft est impliquée dans un crash d’avion et se retrouve la jambe coincée sous un gros rocher. Le ton est donné. Elle va en baver, encore une fois. L'histoire débute à Cozumel, une petite ville mexicaine, alors que Lara et Jonah tentent de doubler les trinitaires pour trouver la clé de Chak Chel, une dague sacrificielle maya. Trouvant l'objet tant convoité à sa place, elle le retire de son support, déclenchant alors une série d'événements aux proportions apocalyptiques. Et cela débute tambours battants, avec un tsunami qui dévaste Cozumel.


Ce nouveau Tomb Raider nous met dans une position inédite. Alors que Lara a l’habitude d'empêcher les méchants de faire des bêtises avec des reliques anciennes, ici c'est elle qui déclenche la fin du monde. Comme quoi, même les archéologues sexy peuvent faire une petite boulette de temps à autres. C'est un point de départ bien trouvé, pour une héroïne que nous avons vu grandir et gagner en confiance durant les deux volets précédents. La voir faire face à un examen de conscience, une crise de confiance, aurait donné un jeu intéressant pour le développement du personnage, et d'un point de vue narratif en général. Malheureusement, cette bonne idée passe très vite aux oubliettes, comme beaucoup trop d'autres avant celle-ci. Pire, Lara donne souvent l’impression que les milliers de morts dont elle est la cause la laissent indifférente, comme en témoigne la scène où elle retrouve Jonah après le tsunami de Cozumel. Elle n’y mentionne jamais l’événement, qui est pourtant encore en cours, ni même les victimes, passant ainsi pour une sociopathe des plus détestables. Ce qui ne correspond pas à la Lara qu’on connait, et qu'on aime. L’écriture de ce nouvel épisode n’est pas non plus des plus réussie. L’histoire de ce Shadow of the Tomb Raider est commune pour le genre, et les dialogues sont parfois étranges, certaines répliques semblant sortir de la mauvaise bouche. Au final, nous avons là une histoire banale, aux ressorts scénaristiques éculés, qui pourra nuire à l’expérience des joueurs sensibles à ce genre de faiblesse.
 

En revanche, la mise en scène fait le boulot, nous livrant son lot d’émerveillements et de frissons. Plus que jamais, l’influence d’Uncharted se fait sentir, certaines séquences semblant tout droit sorties des aventures de Nathan Drake, de part leur côté “over the top”. Comme lorsque Lara tente d’échapper au tsunami, ou à un glissement de terrain. De même, certains gunfights, de part leur mise en situation et l’angle de caméra choisi, nous rappelle fortement la saga de Naughty Dog. Ces quelques emprunts, plus marqués que dans les deux précédents jeux, s’intègrent bien à la formule initiée en 2013, sans dénaturer l’esprit de la saga. Mais Shadow of the Tomb Raider n’est jamais aussi bon que lorsqu’il assume totalement son côté sombre et violent. C’est notamment le cas lorsque nous traversons une jungle infestée de trinitaires en train de se faire massacrer par un assaillant inconnu, instillant une indéniable tension, ou lors de notre ascension d’un tombeau sacrificiel rempli de cadavres, certains étant encore frais. Le jeu offre quelques moments comme ceux-ci, mettant son héroïne - et le joueur - mal à l’aise, pour diverses raisons. 

Tout n’est pas que sang et violence non plus. Dans Tomb Raider, il y a de aussi de la beauté. Comme cette direction artistique qui nous en met plein la vue. Les artiste d’Eidos Montreal démontrent une nouvelle fois leur talent. Après avoir sauvé un Deus Ex : Human Revolution techniquement faible, ils nous livrent ici aussi bien une jungle luxuriante et pleine de vie, que des grottes exiguës puant la mort. Les moments où vous resterez en arrêt devant le décor qui vous est proposé ne seront pas rares. Le jeux réussit sans mal à poser une ambiance, que cela soit pour vous émerveiller ou vous oppresser.

En terme de game design, le titre reprend sans surprise la formule de son prédécesseur, en l’enrichissant. La structure du jeu tourne autour de deux hubs prenant la forme de villes. Vous y trouverez vos missions et des boutiques où acheter du matériel. En vous baladant dans ces villes, vous pourrez discuter avec les habitants, certains vous donnant l’emplacement de secrets quand d’autres vous donnent des missions secondaires. Assez nombreuses, ces missions proposent des objectifs variés et parfois inattendus. Ainsi, une quête vous proposant d’aider une jeune fille a étudier des fresques pourra se terminer en rituel sacrificiel à interrompre. Ces quêtes sont un plus indéniable car, en plus de rallonger la durée de vie, elles enrichissent l’univers du jeu. Et, cerise sur le gâteau, elles sont bien faites.

Cet épisode propose également davantage de tombeaux. En plus de ceux liés à son histoire, Shadow of the Tomb Raider en propose 9 optionnels. Ces derniers sont plus massifs et tordus que dans les volets précédents, sans pour autant atteindre le niveau de difficulté des jeux d’origine. Les tombeaux sont bien conçus, offrant des énigmes parfois retorses. De plus, ils bénéficient d’un très bon level design et offrent une compétence une fois terminés. Alors pourquoi se priver ? Le jeu intègre aussi des cryptes, qui ne sont rien de plus que des mini-tombeaux. Leur défi réside avant tout dans le fait de trouver le chemin qui va vous mener à votre récompense. Pas aussi intéressantes en terme de level design, les cryptes sont à voir comme de petites friandises à grignoter durant votre aventure. De plus, elles vous donnent accès à des tenues ancestrales, offrant divers bonus à leur porteur.

Avant de débuter votre partie, le jeu vous laisse choisir un niveau de difficulté. Rien de bien innovant ici, si ce n’est que vous avez trois paramètres, les trois piliers du gameplay, sur lesquels vous pouvez régler ce niveau de difficulté de manière indépendante. Ce qui vous permet de personnaliser votre expérience au plus près de vos attentes. Si vous n’avez pas envie d’être en difficulté sur les combats, sans pour autant être pris par la main durant les phases d’exploration, c’est possible. Cela n’a l’air de rien sur le papier, mais en jeu la suppression de toutes les aides visuelles lors de vos excursions ajoute vraiment à l’immersion.

Le gameplay en lui-même est très similaire à celui des précédents volets. Il n’y a rien de mal à cela étant donné que la formule fonctionne. Cependant, les équipes d’Eidos Montreal ne sont pas privées de faire des ajouts. Ainsi, Lara peut désormais utiliser des plantes pour se soigner, améliorer sa perception de l’environnement ou encore mieux résister aux attaques. Cela est particulièrement utile lors des combats les plus difficiles. L’infiltration se voit complétée par de nouveaux mouvements. Lara peut désormais se cacher dans les murs végétaux pour surprendre les ennemis passant par là. Dans le même ordre d’idée, elle peut aussi recouvrir son corps de boue. Il ne s’agit pas là de catch pour machos lubriques, mais plutôt d’échapper aux soldats équipés de lunettes thermiques, comme notre bon ami Arnold Schwarzenegger nous l’a appris dans Predator. Mais l’outil le plus fun et pratique à utiliser reste la flèche hallucinogène. Cette dernière rend votre cible folle, la poussant à s’en prendre à ses alliés, avant de la tuer. C’est une manière efficace d’éliminer un ou plusieurs ennemis, même les mieux protégés, sans trop prendre de risques. Oui, c’est une arme de poltron un peu cheatée. Mais elle se fabrique en quantité suffisamment limitée pour ne pas gâcher l’expérience de jeu.

Les combats se divisent en deux catégories, suivant l’ennemi que vous affrontez. Tout d’abord, il y a les trinitaires contre lesquels rester à couvert est une bonne stratégie. Le titre se mue alors en un cover-shooter de bonne facture, disposant d’une intelligence artificielle correcte, faisant tout ce qui est en son pouvoir pour vous déloger. Ensuite, il y a tous les autres ennemis, ceux qui vous traquent pour vous avoir au corps-à-corps. Contre ces derniers, il s’agit de courir non-stop en tirant sur les adversaires qui se présentent devant vous. Dans les deux cas de figure, vous avez la possibilité de revenir en mode infiltration, à condition de rester suffisamment longtemps hors du champ de vision de vos ennemis. Ce qui n’est pas forcément une chose aisée. Quoi qu’il en soit, ces différentes approches dans les combats évitent que la routine vienne s’installer trop rapidement. D’autant plus que le jeu propose une variété de situations, et cela même si le jeu ne révolutionne rien dans ce domaine. Nous sommes en terrain connu, mais c’est carré et efficace

Les équipes d’Eidos Montreal ont également poussé le gameplay aquatique, une grande partie du jeu se déroulant sous l’eau. Lara devra composer avec des environnements sous-marins pas forcément accueillants. Ainsi, elle pourra croiser des murènes et des piranhas. Si les premières pourront vous faire sursauter, les seconds ne vous laisseront pas d’autres alternatives que de sortir de l’eau le plus vite possible Ce qui n’est pas évident lorsque vous êtes dans une grotte totalement immergée. Il vous faudra donc rester aussi loin d’eux que possible, sauf si vous vous cachez dans les algues, qui peuvent servir de couverture. Shadow of the Tomb Raider dispose de quelques séquences sous-marines durant lesquelles il faudra bien réfléchir à votre parcours avant de vous lancer. Le problème étant que, dans l’eau, vous n’avez pas forcément de temps pour cela. Et vous n’avez pas non plus de jauge d’oxygène pour vous dire combien de temps il vous reste. Il en résulte des séquences tendues et, pour certaines, oppressantes.

Enfin, le jeu propose, comme ses prédécesseurs, un système d’expérience permettant de débloquer des compétences sur un arbre à trois branches. Les trois spécialités sont guerrier, chercheur et survivant. La première spécialisation parle d’elle-même, la seconde améliore la perception de Lara et ses capacités à collecter des ressources, tandis que la troisième améliorera ses capacités de survie, comme son apnée ou sa furtivité. Cependant, les points gagnés au fil de votre aventure ne vous permettent pas d’acheter toutes les compétences. Certaines sont acquises en avançant dans le scénario, alors que d’autres nécessitent de terminer un tombeau. Cette façon de faire permet de débloquer des compétences puissantes relativement tôt dans l’aventure. Encore faut-il terminer un tombeau qui vous en débloque une adaptée à votre style de jeu...


Bien qu’imparfait, Shadow of the Tomb Raider a de très sérieux atouts pour convaincre. Capitalisant sur une recette ayant fait ses preuves, tout en la complétant, Eidos Montreal nous livre un titre que l’on prend plaisir à découvrir. Sa direction artistique vous émerveillera à plus d’une reprise, tandis que certains niveaux, particulièrement sombres et violents, se chargeront de vous stresser. En 2013, il a été reproché à Crystal Dynamics de copier la formule d’Uncharted. Mais le studio a su l’adapter à son univers, lui apposant sa personnalité. Et Shadow of the Tomb Raider en est un autre exemple. Il est dommage que le tableau soit terni par un scénario banal et pas très bien écrit. Mais si ce dernier élément n’est pas déterminant pour vous, foncez l’acheter. Vous ne le regretterez pas.
10 septembre 2018 à 15h08

Par

Points positifs

  • Une direction artistique de toute beauté
  • Lara, plus agile et létale que jamais
  • Les tombeaux
  • Les quêtes secondaires

Points négatifs

  • De grosses faiblesse d'écriture
  • Un final poussif et peu satisfaisant
  • Pas au top techniquement (mais pas loin)

Gribouillé par...

pattoune

pattoune

Ours savant

Davantage ours que savant, ce con n'a pas compris que l'hibernation c'est en hiver. Résultat, il reste cloitré dans sa grotte à longueur d'année. Ce qui arrange bien du monde. Mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il est même plutôt drôle à l'occasion. C'est souvent à ses dépens mais chut, il faut pas le dire. Ayant été récemment rattrapé par l'eau courante et l'électricité, il est désormais en mesure, après avoir difficilement assimilé les bases de l'hygiène corporelle, de nous livrer tests, news et autres contenus enchanteurs. Il nous reste plus qu'a espérer qu'il ne lui vienne pas l'idée de faire prendre un bain à son PC... Trop tard.
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