Dans le premier
Just Cause, il fallait aller sur une île pour renverser un dictateur. Dans
Just Cause 2, il fallait se rendre sur une île afin d'y renverser un dictateur. Dans
Just Cause 3, notre héros Rico se rendait sur son île natale... pour y renverser un dictateur. Dans
Just Cause 4, il faut renverser un dictateur, mais sur un territoire d'Amérique du Sud et non sur une île. Vous l'aurez compris, on est en terrain connu. Mais il serait idiot de sanctionner le jeu pour cela, car celui-ci fait le choix de se concentrer sur le gameplay plus que sur l'histoire. Même si les grandes lignes sont toujours les mêmes, le scénario apporte quand même quelque chose d'intéressant à suivre. Tout prend place sur Solis, un territoire d'Amérique du Sud gouverné par un riche homme d'affaire nommé Oscar Espinosa et occupé par son organisation militaire, La Main Noire. Rico ne fait plus partie de l'agence mais se rend quand même sur les lieux afin d'organiser la résistance, aidé par Mira, une native du pays. Pourquoi ? Car La Main Noire développe le projet Illapa, une technologie capable de contrôler les intempéries et sur laquelle a travaillé le père de Rico... Ce dernier entre donc en guerre avec Espinosa afin d'obtenir des réponses.
Mala vida
Il s'agit de la plus grosse innovation dans cette histoire : Rico, cette fois-ci, ne part pas en guerre pour libérer un peuple mais surtout pour des raisons personnelles. Un développement de personnage vraiment bienvenu et qui manquait jusque là. Mais tout ça a une conséquence. Ce qui faisait le charme de Just Cause, c'était que l'on avait l'impression de jouer à un film de série Z ne se prenant jamais au sérieux. On pouvait tout faire péter, se battre contre des ninjas, voler un hélicoptère en plein vol et faire du surf sur des missiles nucléaires. Le tout était toujours supporté par des dialogues au second degré qui donnaient à Just Cause un côté très film d'action des années 90. Ici, même si l'on est toujours dans l'action over the top, le ton est beaucoup plus sérieux et on perd beaucoup d'amusement au passage. Dommage.
Just Cause 4 est un monde ouvert et, comme dans tous les mondes ouverts, vous progressez en allant d'un point A à un point B et en effectuant des missions. Nous sommes dans une zone de guerre civile, vous devrez donc conquérir des territoires. Pour cela, vous devrez d'abord effectuer une mission dans la zone convoitée. Une fois la mission effectuée, la région sera débloquée et vous pourrez faire avancer votre armée. Mais vous devrez avoir assez d'unités, et ces unités s'obtiennent en remplissant votre jauge de chaos. Pour cela, rien de plus simple : il suffit de détruire les infrastructures du régime en place. En gros, tout faire péter. Ces infrastructures sont marquées de rouge et sont les mêmes que dans les autres épisodes, vous ne serez donc pas perdus. En revanche, la progression devient très vite répétitive. On progresse toujours de la même manière, les missions se ressemblent toutes et sont toujours à base de « active ces consoles », « détruit ces générateurs », « escorte ces personnes » et « protège cette zone ». Le jeu est généreux en contenu mais, pendant toute votre progression, vous aurez l'impression de toujours faire la même chose. Et même si l'on veut découvrir ce qu'il s'est passé avec le père de Rico, la répétition deviendra très vite fatigante et laissera place à de l'ennui qui ne donnera pas envie de continuer et de découvrir les mystères de Solis.
L'ami du petit déjeuner, l'ami Rico
En plus de l'histoire principale, vous trouverez aussi des quêtes secondaires permettant de débloquer de l'équipement et des améliorations. Vous pourrez ainsi aider une réalisatrice à finir son film en effectuant des cascades et des missions pour elle, ou faire des fouilles pour aider un archéologue à découvrir les secrets de l'histoire de Solis. Malheureusement, ces missions sont elles aussi très répétitives. Les missions de fouille et d'exploration de l'archéologue seront d'ailleurs l'occasion de se rendre compte à quel point le monde ouvert est mort et fait pâle figure face à des productions comme Red Dead Redemtion 2 ou Spider-Man. En fait, c'est quand on parle de gameplay pur que Just Cause 4 s'illustre le mieux. On est toujours dans un TPS sans couverture et sans concentration de la visée, un style très arcade qui rendra les affrontements très dynamiques. Mais le cœur du jeu, c'est bien évidemment le seul, l'unique : le grappin ! Vous pouvez toujours vous accrocher partout, parcourir des distances invraisemblables et l'utiliser au combat, par exemple en faisant tomber des ennemis ou en les attachant entre eux. Le treuil du grappin, apparu dans le troisième épisode, est toujours présent et il est jouissif d'attacher au cours d'un combat un hélicoptère à un baril de pétrole et de voir les deux se rencontrer à grande vitesse. En plus du treuil, Just Cause 4 introduit des propulseurs et des ballons, et ces nouvelles options font leur effet. Très vite, on essaiera de faire s'envoler ou de propulser tout ce qui bouge. Parfois, on essaiera même de tout combiner afin de constater le résultat, parfois très satisfaisant, parfois très surprenant. Just Cause 4 est le seul jeu ou l'on peut tuer un ennemi en lui propulsant une chèvre dessus, et ça mérite le respect.
Pour les déplacements, le wingsuit, le grappin et le parachute sont toujours de la partie et sont toujours très fluides et très agréables à utiliser. Tellement agréables qu'il sera très tentant d'utiliser seulement ces moyens pour vos déplacements et de délaisser la multitude de véhicules disponibles. Des déplacements rapides et des largages sont possibles, mais il est tellement agréable de voler dans la nature tel un oiseau... avant de se faire faucher par un hélicoptère que l'on volera et que l'on fera se crasher sur la base la plus proche. C'est aussi ça, Just Cause.
Techniquement, Just Cause 4 n'est clairement pas au point. Il tourne sur Apex, le moteur maison d'Avalanche Studios créé spécialement pour les open world. Mais il y a tant à redire. Tout d'abord, le jeu est parfois très laid, que cela soit dans les personnages ou dans les environnements. D'ailleurs, en parlant de ça, Rico paraît différent dans cet épisode, ressemblant étrangement à une version latino de Johnny Cash avec le regard de Drew McIntyre. En dehors de cet aspect esthétique, nous avons déjà parlé du monde ouvert vraiment pas vivant du tout, mais celui-ci apparaît aussi bardé de bugs. Il ne sera ainsi pas rare de voir Rico se figer, passer à travers la map, se bloquer dans des textures, etc... Pour finir, l'aspect sonore est en dents de scie et nous sommes face à un doublage entièrement en français de plutôt bonne facture. Il n'y a pas grand-chose à dire durant les cinématiques ou pendant les briefings de mission, mais celui-ci deviendra par contre très vite irritant en jeu lorsque des personnages à côté de vous ou pendant une escorte ressortiront la même chose en boucle. Et si vous mettez un peu trop longtemps à aller à la prochaine mission principale, vous recevrez un appel vous rappelant le prochain objectif à un rythme régulier, ce qui est vraiment agaçant quand vous avez simplement envie d'explorer... Nous pouvons tout de même saluer la possibilité d'écouter la radio dans ce Just Cause 4, et un large choix pour tous les goûts vous sera proposé. Mais les honneurs reviennent à l'émission Tiago et Santiago, opposant deux animateurs aux personnalités très distinctes, rendant chaque voyage en voiture épique. Et lorsque l'on rajoute à ça d'hilarantes fausses pubs, nous avons un combo gagnant.