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Ceux qui s’y sont essayés se souviennent de cette date fondatrice : le 5 février 2009, Demon Souls était prêt à nous torturer. Depuis, du chemin a été parcouru, et son géniteur qui initialement travaillait comme salaryman chez Oracle nous a transmis l’aboutissement de sa formule. Si Dark Souls 3 était l’expression parfaite de sa vision, Sekiro, lui, va plus loin et renouvelle un concept que l’on pensait épuisé. Nous allons voir pourquoi.
Test effectué à partir d'une version PS4
Pour expliquer Sekiro et le comprendre, il nous faut revenir sur ses ancêtres. Je parle des SoulsBorne. Si vous avez posé un jour vos mains sur l'un de ces titres, vous savez quelles sensations nous ébranlent lorsque l’on découvre le jeu. On est désorienté, tout nous semble impossible, rien n’est expliqué, le moindre monstre nous tue en deux coups. Dans une époque où mourir dans un jeu vidéo est de plus en plus difficile, jouer à un titre dont la mort fait partie intégrante du gameplay est désarçonnant. Puis on comprend. On comprend que le jeu possède une logique propre et que, une fois assimilée, on avance sans trop de difficulté. Au risque de me répéter, non, les titres de From Software ne sont pas durs. Il faut juste les comprendre. Ils restent exigeants, mais rien n’est insurmontable. Et cette sensation de désorientation n’est que le premier sentiment que l’on ressent lorsque l’on touche à un Souls. Très rapidement, la satisfaction remplace la confusion, et le jeu devient alors addictif. On comprend le jeu et on comprend pourquoi cette série fait tant parler.
La découverte meurt et renait
Avec Sekiro, il faut tout réapprendre. Je n’ai pas honte de dire que je me suis fait défoncer l’arrièr-train lors du Tokyo Game Show 2018. Impossible de passer le troisième soldat du jeu, qui faisait office de mini-boss. Quelle humiliation pour un habitué de la série ! Pourtant, six mois plus tard, je suis heureux d’avoir été humilié. Pourquoi, me demanderez-vous ? Tout simplement parce que From Software me permet une nouvelle fois de ressentir une sensation que je pensais oubliée dans une de leur production. La nouveauté : il faut tout réapprendre, une fois de plus. Imaginez que vous avez la possibilité de redécouvrir votre livre ou film préféré, de pouvoir l’aborder avec un regard neuf. Voila ce que Sekiro permet de faire lorsque l’on commence à y jouer. On est bien dans un From Software, mais tout est nouveau. La logique est différente. Oui, on va de nouveau mourir. Beaucoup.
Tout commence par une mystérieuse femme qui, faisant tomber une lettre dans un puit, réveille la personne qui y somnolait. Le clin d’oeil au début de Dark Souls est trop évident pour être un hasard. Cette personne c’est le Loup, un Ninja au passé obscur qui a pour mission de retrouver son maître. Pourquoi est-il en train de pourrir sans volonté dans ce trou ? On ne sait pas. Mais quelques pas et quelques techniques de dissimulation plus tard, on apprend, en espionnant une discussion, que l’on a été amené dans ce puit et laissé pour mort car vide de tout esprit combatif. Oui, ceci est une nouvelle mécanique bien appréciable de gameplay : il est possible de glaner des informations en écoutant certains gardes échanger sur divers sujets. Cela peut être le point faible d’un boss, du lore ou des passages secrets. Tout est là pour nous immerger dans la peau d’un Shinobi.
Shinobi Ninja
Cette recherche du jeune maitre Kuro est en fait le tutoriel qui se conclura par un boss fight que vous serez obligé de perdre au niveau du scénario, expliquant comment le Loup a perdu son bras. Évidemment, et ceci est un autre point commun avec les productions récentes de From Software, ce boss de tuto est trop difficile pour un nouveau venu. Il est prévu que vous perdiez, mais il est aussi possible de le vaincre. On trouve déjà des fous furieux sur Internet qui montrent fièrement leur exploit... Mais ce boss n’est pas le premier petit pic de difficulté. Dans le tutoriel, vous aurez affaire principalement à des péons que vous pourrez tuer en un seul coup à l’aide du « Stealth Kill » mais, parmi eux, se trouve ce que l’on peut appeler un mini-boss, qui sera compliqué à vaincre si vous conservez vos réflexes « Souliens » et que vous ne vous habituez pas à la nouvelle logique de Sekiro. Logique qui apporte un dynamisme incomparable au jeu. Vous êtes Shinobi, vous respirez Shinobi, vous pensez Shinobi.
Dans Sekiro, tout est parade, contre et attaque. Il n’y a plus de jauge d’endurance, vous pouvez courir, attaquer et sauter (avec un bouton dédié) à volonté. Avec le bouton R1, il est possible de bloquer une attaque, ce qui va entamer une nouvelle jauge, créée pour l’occasion, celle de la Posture. Plus vous recevez de coups, plus elle se remplit. Une fois pleine, vous êtes déséquilibré et vous devenez pendant quelques secondes le punching-ball parfait pour votre adversaire. Au contraire, si vous remplissez celle de l’ennemi, il sera alors possible d’effectuer une attaque fatale qui lui enlèvera sa barre de vie en entier. Et cela vaut aussi pour les boss. Il existe également une relation entre vie et posture : moins vous avez de vie, moins vous récupèrerez rapidement votre posture. Se met alors en place toute une stratégie contre les boss pour leur enlever un peu de vie afin d’épuiser leur posture et de les achever en un coup. Ce système rend les combats de sabre terriblement dynamiques. Ils retranscrivent à la perfection les sensations de duels que l’on peut voir dans un film de samouraï. Ce que voulait faire Bushido Blade, Sekiro le réussit à la perfection. On pourrait même dire que ce jeu est une succession de duels de boss qu’il vous faudra vaincre pour avancer.
La parade
Cela nous amène sur un point très contesté : il y a un énorme écart de difficulté entre les passages d’infiltration où l’on traverse les trash mob comme dans du beurre et les combats de boss qui paraissent impossibles au premier abord. Sekiro pourrait s’apparenter à un jeu de combat pendant ces duels. Il vous faudra maîtriser votre personnage et, surtout, oh oui surtout, les parades, histoire d'avoir la moindre chance de tenir contre un boss. Sans parler évidement de l’apprentissage des patterns de ces derniers.
Si, dans un Dark Souls,il fallait apprendre une façon de jouer, un gameplay plutôt lourd ou encore connaitre les bons timings pour lancer une attaque, il y avait quand même une part de flexibilité qui permettait toujours de trouver son chemin vers la victoire. Sans parler de la possibilité de gagner de l’expérience pour renforcer sa défense ou son attaque. Dans Sekiro, vous ne pourrez gagner sans maitriser le système de déviation de la lame (R1 sur le bon timing). Et impossible de gagner en expérience pour augmenter sa vie ou sa posture. C’est en cela que le jeu peut paraitre plus difficile qu’un Soulsborne. Au contraire, si vous maitrisez la parade, le jeu deviendra alors d’une facilité déconcertante.
Ce n’est pas parce que l’on ne peut pas se renforcer en farmant de l’expérience que le personnage n’évolue pas. L’expérience ici sert à acheter des compétences. Ces dernières peuvent vous apprendre de nouvelles techniques (glisser après un sprint, le fameux Mikiri pour contrer les attaques d’estocs, qui est indispensable) mais aussi des capacités passives (plus de défense contre un sabre) et des techniques spéciales déclenchées avec R1 + L1. Pour gagner de la vie, de la résistance en posture ou de l’attaque, il vous faudra aller au front et vaincre les hordes de mini-boss que vous rencontrerez, ou alors les boss eux-mêmes pour collecter des objets nécessaires à l’amélioration de votre personnage. C’est en cela que le jeu peut paraitre difficile : pour progresser il faut vaincre et non farmer.
Pas de bras ? Ah si, il en reste un
Vous aurez aussi un arsenal assez complet pour feinter les boss. Votre prothèse remplaçant votre bras perdu est par exemple un vrai couteau suisse. Vous trouverez tout au long du jeu des objets permettant d’obtenir de nouvelles armes en guise de prothèse comme une lance, un cracheur de feu et j’en passe. Votre bras mécanique fera aussi office de grappin qui vous permettra de vous accrocher sur des points prédéfinis facilitant encore plus votre fuite en cas d’infiltration ratée. Vous êtes un shinobi et le jeu fera tout pour vous le faire ressentir. Beaucoup de ces améliorations de prothèse sont cachées et seront à découvrir soit par l’exploration, soit par les discussions avec les PNJ. Vous en rencontrerez d'ailleurs beaucoup qui vous demanderont des services et vous donneront des indices sur des trésors cachés.
La mise en scène, pour sa part, est digne d’un Souls. On est de suite immergé dans ce monde médiéval japonais fantasmé. On a envie de l’explorer, d’aider ces PNJ pour grappiller le moindre indice sur le monde dans lequel on évolue. C’est pour cela qu’il ne vous faudra pas trop mourir. Est-ce une malédiction ou une bénédiction ? Il vous sera possible de ressusciter en cas de mort, vidant une jauge de résurrection qu’il faudra remplir de nouveau en exécutant les ennemis. Et cette résurrection aura des conséquences sur le monde : plus vous mourrez, plus le monde sera affecté par une peste qui touche les PNJ, les empêchant de vous donner des quêtes ou autres informations. On n'en dira pas plus, mais c’est un curieux choix de sanctionner la mort alors qu’elle fait partie du gameplay. Curieux, mais aussi fascinant, car cela renforce l’univers qui nous est présenté. Que se trame-t-il sur le territoire de Ashina ?
P***** de caméra
Vous l’aurez compris, Sekiro nous a séduit. Rares sont les titres qui vous immergent au point d’en oublier le temps qui passe, et cela malgré la difficulté. Ayant souvent pesté contre un boss dans Dark souls, ici cela ne m’est jamais arrivé. Un boss difficile motive à maitriser encore plus le système de jeu, et vous serez toujours récompensé pour vos efforts. Par contre, il m’est souvent arrivé de maudire les cameras sur plusieurs générations (et on sait qu'effectivement cela fait beaucoup de générations de jeux nippons qui ont ce problème), le gros point négatif du jeu. Quand la vigilance, la concentration et la précision sont autant sollicitées, il est inacceptable de laisser des problèmes de caméra, engendrant des problèmes de lock d’ennemis et gâchant la zone dans laquelle on a réussi à rentrer. Surtout sur les ennemis rencontrés dans des endroits confinés. Un autre défaut est celui de l'intelligence artificielle qui n'est vraiment pas au point : les ennemis sont bêtes et parfois ne vous voient pas à deux mètres...
Quant au game design, il est digne d’un Dark Souls : le royaume d’Ashina est vaste et interconnecté. Et après quelques heures de jeu un peu linéaires, ce dernier va incroyablement s’ouvrir. Vous aurez une vaste étendue de choix d’exploration et de variété d’environnements à disposition. Il m’a été possible d’explorer des heures durant les recoins d'Ashina et ses alentours sans croiser un boss. Sans spoiler, on retrouve tous les poncifs de From Software dans les environnements nous rappelant que nous sommes bien dans une de leur production.
Sekiro marque le début d'une fantastique licence. On espère que From Software nous proposera un second épisode, car l'univers qu'ils ont créé est envoûtant et on a qu'une seule envie : en voir plus. Nioh nous proposait un univers sombre remplit de Yokai, mais il donnait l'impression d'avoir utilisé un tractopelle pour y faire rentrer tout ce qui a un rapport avec l'occulte japonais. Au contraire, Sekiro nous propose un univers cohérent et subtil dans lequel se mêlent bouddhisme et shintoïsme.
Cet univers est complété par un système de combat qui frôle la perfection et renouvelle le genre des duels de sabres, si jamais il a réellement existé depuis Bushido Blade. Ne vous laissez pas décourager par la médiatisée difficulté. Elle n'est que mythe. Le jeu a tellement à offrir, tout ce qu'il demande est un peu de rigueur. Venez découvrir une aventure comme il n'en existe que trop peu.
Le wildchoc sauvage est un petit animal farouche au poil soyeux. Passionné de jeux vidéo il ne sort que très peu souvent pour subvenir à ses besoins naturels tels que se nourrir et se reproduire. Il est cependant facile d'en capturer un en faisant résonner à l'extérieur de sa tanière une douce musique Chip tune. Pourquoi en attraper un ? Ils font en général de très bon coussins.