C’est une journée ordinaire se terminant mal dans la vie de notre héros. Alors qu’il répondait à un appel de sa chère et tendre, le voilà renversé par une voiture. Comme quoi, il est sage de lever les yeux de son smartphone, parfois. Après l’accident, le voilà face à une entité (ressemblant fortement à l’Undertaker, pour les fans de catch) lui apprenant qu’il est maintenant le gardien du cimetière. Notre héros se réveille donc dans sa cabane, dans un monde étrange bloqué au Moyen-Âge dans lequel des femmes sont brûlées pour sorcellerie et où l’on pense que la terre est plate. Le seul but de notre héros sera de rentrer chez lui, mais pour cela il devra être un très bon gardien de cimetière. Par cela comprenez : il devra faire grandir le cimetière, l’améliorer et gagner beaucoup d’argent.
Graveyard Keeper n’est pas seulement un jeu de management puisqu'on peut le qualifier de Fantasy Life noir. Le cœur du jeu sera d’améliorer votre cimetière, mais pour cela il vous faudra des objets. Pour construire ces objets, il vous faudra des matériaux et des outils, et pour construire ces outils il vous faudra des matériaux, de la place, des plans, des compétences, etc… Vous l’aurez compris, Graveyard Keeper offre une large place à la construction, ce qui vous prendra des heures et des heures. Tout d’abord parce qu’avant de construire l’objet souhaité, il vous faudra apprendre la technologie nécessaire. Les technologies s’apprennent grâce à trois sortes de points : les rouges qui représentent les compétences manuelles, les verts qui représentent la connaissance de la nature et les bleus qui eux représentent la connaissance du monde spirituel. Ces points s’obtiennent de différentes manières, comme en coupant un arbre, en minant du fer ou encore en lisant un livre sur la religion. Une fois le nombre suffisant de points atteint, la bonne technologie pourra être déverrouillée et vous pourrez effectuer la construction tant désirée…à condition d’avoir les bons outils et les bons matériaux. Et les matériaux ne pourront pas tous s’obtenir à partir de récoltes ou de minages.
C’est pourquoi, près de votre cimetière, se trouve un village dans lequel vous pourrez remplir toutes sortes de quêtes pour les habitants ainsi que commercer avec eux. Remplir des quêtes augmentera la confiance qu’ils vous portent et vous pourrez même obtenir des cadeaux ou de meilleurs prix. Le tout est régi par un cycle semaine jour/nuit. Vous ne trouverez donc un PNJ qu’un certain jour à une certaine heure. Que faire pendant ce temps ? Explorer, construire, miner, jardiner. Les possibilités qu’offre Graveyard Keeper sont immenses. Si vous avez du temps à tuer, prenez votre épée et partez vous battre contrer les monstres des marais, ou alors remplissez l’une des nombreuses quêtes des villageois, ou encore commencez à entretenir votre jardin. On pourra apprécier la liberté laissée au joueur dans tout ce qu’il fait. Il n’y a pas de limite de temps, vous pourrez donc remplir vos objectifs quand vous voudrez. Pareil pour les villageois : à vous de décider de vos relations avec eux, car oui, il faudra faire des choix. Allez-vous refuser l’amitié de l’Inquisition ou fournir le bois nécessaire pour brûler les sorcières ? Allez-vous jeter les intestins prélevés sur un corps ou les vendre au boucher du coin ? Ce cadavre risque de faire tâche dans notre cimetière, pourquoi ne pas le jeter à l’eau ? Vous l’aurez compris, il n’y a pas qu’une seule manière de parcourir Graveyard Keeper.
Pour ce qui est de la technique, le jeu adopte une esthétique 2D rétro, à la manière des Zelda old school. Ceci est encore plus flagrant lorsque vous utilisez votre épée. Certains adoreront, d’autres détesteront, mais on ne peut pas dire objectivement que le jeu est laid. On pourra noter quelques bugs, comme par exemple des événements ne se déclenchant pas ou encore des objets se bloquant dans des murs. Parfois même sur les outils, vous forçant donc à détruire l’outil si durement construit pour récupérer l’objet voulu. Mais en dehors de ces quelques mésaventures, nous sommes devant un jeu solide techniquement. Bien évidemment, ce n’est pas un triple A nécessitant une carte graphique dernier cri pour ses graphismes hors du commun, mais ce que Graveyard Keeper fait, il le fait bien.
Le point noir sera plutôt à chercher du côté du contenu. A vouloir trop en faire, on se perd et c’est un peu le sentiment que l’on a ici. La partie combat était largement dispensable et la multitude de tâches fait que, finalement, parfois on ne fait pas grand-chose et on pourra trouver le temps long, très long. Si l’on ajoute à cela le système d’endurance, parfois on passera une journée en jeu en n’ayant construit que deux tombes, ce qui est assez frustrant. Mais on répare ça vite, car même si vous n’avez plus la force de travailler, vous pouvez toujours parler aux différents villageois et il y a de quoi apprécier le spectacle. Vous aurez droit à une galerie de personnages très originaux et divertissants, entre le crâne parlant alcoolique, l’âne syndicaliste, le prêtre n’aimant pas son prochain et j’en passe. Le tout servi avec des dialogues faisant mouche et vous obtenez des perles d’humour noir bien piquant.