S’il y a bien un jeu qui m’avait attiré les mirettes lors des dernières conférences de constructeurs, c’est Call of the Sea pendant le showcase Xbox Series X au début de l’année. En même temps, une esthétique pleine de couleurs et en cel shading à la Sea of Thieves avec en toile de fond un récit plus sombre à la Lovecraft, c’est pas tous les jours que ça tombe dans mon assiette.
La femme et l'amer
Adaptation d’un vieux film britannique réalisé par Leslie S Hiscott, Call of the Sea est un jeu d’aventure à énigmes où vous incarnez, dans les années 30, Norah Everhart, une jeune femme atteinte d’une étrange maladie et qui va partir à la recherche d’Harry, son mari, en expédition dans les îles du pacifique pour trouver un remède à sa belle. Bien évidemment, Norah ne part pas bêtement au hasard : elle reçoit chez elle un mystérieux colis dont le contenu l’invite à prendre le premier bateau en direction des belles plages de sable fin, des cocotiers et de l’eau transparente, sur une île qu’elle a déjà vu dans ses rêves… une île maudite. L’aventure commence donc lors de votre arrivée sur l’île avec un seul objectif : celui de braver les pièges et autres mystères pour retrouver Harry et repartir le plus vite possible.
Le jeu propose donc une expérience en vue à la première personne où vous évoluerez dans des environnements relativement fermés, à la recherche d’indices, muni d’un carnet de note et de votre matière grise comme principale arme. Il faut savoir qu’aucun combat ou aucune violence de quelque sorte ne viendra entacher votre paisible aventure sur Call of the Sea, même si certaines thématiques et petites digressions dans le récit tiendront des propos bien plus violents qu’ils n’y paraissent. A la manière d’un Firewatch ou d’un What Remains of Edith Finch, la protagoniste se déplace et commente plus ou moins toutes vos actions et objets sur lequel se posera votre regard.
Répondre à l'appel
Vous commenterez donc votre lente progression sur cette île, à travers jungle, ruines, camps abandonnés, le tout saupoudré d’énigmes souvent basées sur de l’observation et la découverte d’indices. Pour ces derniers, Norah a la gentillesse d’annoter, comme une grande, son journal à chaque fois que vous posez les yeux sur un détail intéressant. On pourra toutefois reprocher le fait d’avoir souvent la majorité des photos à scruter et autres objets notables, disposés proprement sur les tables devant vous, à la suite. C’est presque anecdotique pour certains, soit, mais ce genre de petite chose peut participer à vous sortir de l’immersion d’un jeu.
Pour contrebalancer tout ça, il faut garder à l’esprit que Call of the Sea est un titre vraiment beau, à la direction artistique maîtrisée permettant de générer une ambiance très particulière et nous happer dans ce mix lovecraftien avec grand plaisir. Le doublage est assuré par Cissy Jones (Ghostbusters, Darksiders III) pour Norah ou encore Yuri Lowenthal (Prince of Persia : The Forgotten Sands, Spider-Man : Miles Morales) pour Harry, qui proposent une copie presque parfaite. Même si l’on détecte les parties très scriptées et les moments où les dialogues se déclenchent et se répètent souvent (lors de l’observation d’énigmes, par exemple), on ne peut nier que tout ça renforce bien le désir de progresser dans l’histoire.
Concernant les énigmes, elles sont très accessibles la plupart du temps et par moments un peu plus obscures. Elles restent toutefois cohérentes avec le récit et utilisent bien le level design qui participe également à la narration environnementale. Toutefois, les énigmes forment la seule mécanique permettant de nous faire progresser, ce qui peut lasser le joueur au bout d’un moment. Le rythme est finalement toujours cadencé sur les puzzles qui se succèdent et on ne sera que trop rarement surpris par un changement qui advient dans la progression ou par une petite originalité venant faire un peu respirer le gameplay du jeu.