Test : Carrion - Xbox One

Carrion - Xbox One

Carrion - Xbox One

Genre : Metroidvania de l'horreur

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Le jeu vidéo est un art très manichéen. La plupart du temps, on se retrouve à être un héros bien sous tous rapports, combattant des méchants pour que le bien triomphe. Mais s’il était possible d’inverser la tendance, d’incarner le méchant de l’histoire, est-ce que ça marcherait ? C’est en tout cas le pari de Carrion. Exit le héros, place au monstre. Mais une question subsiste : est-ce un pari réussi ?

Test effectué à partir d'une version Nintendo Switch

Carrion est donc un jeu dont vous êtes le méchant. Vous incarnez la grosse bête voulant infester le monde... mais c’est ici que l’originalité du titre s’arrête. Si, quand on le décrit, le jeu parait sortir de l’ordinaire, quand on le prend en main l’histoire est toute autre. En réalité, nous sommes en face d’un Metroidvania (mon dieu que ce terme est laid) basique. Soyons clairs tout de suite : ça ne rend pas le jeu mauvais pour autant, juste un peu décevant. Les mécaniques du style sont très bien respectées et le tout est diablement efficace. On avance, on saute, on se déplace, on tue des ennemis et on résout des puzzles afin d’avancer. Et quand on ne peut pas avancer dans une zone, on sait très bien qu’il faudra revenir plus tard quand un nouveau pouvoir sera appris. Car oui, comme dans tout bon représentant du genre, vous deviendrez plus gros, plus fort et apprendrez de nouvelles compétences. Tout ça est très bien ficelé et les amateurs de Castlevania ou de Metroid ne seront pas dépaysés. Les nouveaux pouvoirs se débloquent au fur et à mesure en trouvant des capsules au fil de l’aventure. Petite originalité cependant, votre monstre étant composé de biomasse, il changera de forme en évoluant et certains pouvoirs sont liés à une forme bien précise. Par exemple, les toiles ne peuvent être utilisées que par la forme de base alors que le rush ne peut être utilisé que par son évolution.

Sais-tu danser la Carrionka ?


Pour progresser, il vous faudra donc parfois revenir à une forme moins évoluée. Mais le game design étant très bien fait, cela ne posera jamais de grand problème. D’ailleurs, c’est l’occasion de saluer cette partie du jeu. En dehors d’un détail, tout est clair et on comprend toujours très vite ce que l’on doit faire, on ne reste jamais des heures totalement perdu à explorer en espérant trouver la solution. Dans les tableaux, tous les éléments sont présents pour une raison et on comprend bien vite quelle est la marche à suivre. Certains peuvent appeler ça un manque de difficulté, d’autres diront que cela évite des frustrations inutiles. Le seul défaut dans le gameplay de Carrion est en fait son manque de map. Il est possible de presser un bouton pour avoir une indication de la direction à emprunter mais ce système n’est pas clair et une map, comme dans Guacamelee! par exemple, aurait été bien plus ergonomique. On peut comprendre que les développeurs n’aient pas voulu causer d’interruption dans l’action, qui est ce que l’utilisation d’une map provoque souvent. Mais dans ce cas précis, on doit constater que la clarté aurait été préférable à la fluidité. Carrion offre aussi un second gameplay avec des phases où vous incarnez un scientifique et non la bête. Ces phases sont aussi basiques et s’apparentent plus à du puzzle/plates-formes. Les phases sont plutôt réussies, mais passer d’une bête avec ses pouvoirs à un scientifique devant trouver une solution pour passer une crevasse casse le rythme.

Carrion

Si nous devons résumer Carrion pour le moment, on pourrait dire qu’il s’agit d’un très bon Metroidvania (toujours aussi laid). Une très bonne maniabilité, de très bonnes mécaniques, un très bon game design et, pour couronner le tout, dans un univers très convaincant. On a ici affaire à du pixel art en 2D, sûrement en hommage aux cadors du genre, et les environnements ainsi que les réactions des ennemis collent parfaitement avec l’ambiance que le titre veut instaurer. Alors, quel est le problème ? Malheureusement, le problème de Carrion est son argument principal. Le jeu est un peu piégé dans son concept. Incarner le méchant est un concept intéressant, mais il faut que ça apporte quelque chose en plus. Et ce n’est pas le cas ici : on a l’impression que le monstre n’est en fait qu’un skin. Si ce skin était remplacé par Simon Belmont ou Ori, ça ne changerait pas grand-chose. Par exemple, ce qui est intéressant dans Alien est le fait que le Xenomorphe soit une menace constante, que les gens aient peur de lui. On aurait aimé être cette menace, cette chose qui fait peur, ce monstre inarrêtable qui veut juste tout détruire.

Carrion

Carry on

Si c’est un peu le cas au début, l’effet s’estompe très vite dès que vous rencontrez des ennemis armés. Souvent, ils feront jeu égal avec vous, et vous aurez l’impression d’en fait jouer un héros voulant se débarrasser de ses méchants ennemis. Malheureusement, Carrion a raté le coche sur cet aspect et on aura l’impression d’être le méchant seulement à cause de l’esthétique proposée. Alors, peut-être est-ce un message disant que les monstres ne sont pas forcément les méchants des histoires. Que les gens mauvais ne sont pas ceux que l’on croit. Mais ceci ne colle pas avec les phases où l'on massacre des douzaines de scientifiques innocents (?) pour se nourrir et donc faire grossir notre monstre et regagner de la vie. C’est dommage, et encore plus quand on voit les immenses qualités du jeu et que l'on s’attarde sur son gameplay pur.
Carrion est un jeu efficace mais frustrant. Il parvient à mener son gameplay avec brio, et y progresser est un réel plaisir. Mais la frustration viendra du fait que, une fois le début et la surprise passés, on se trouvera en face d’un représentant finalement plutôt générique du genre Metroidvania. Dommage, car si son principe est ce qui lui permet de sortir du lot, il est aussi son plus gros défaut.
29 juillet 2020 à 15h10

Par

Points positifs

  • Un concept original…
  • Un gameplay solide
  • Une esthétique réussie
  • Un bon game design

Points négatifs

  • ...Mais trop peu exploité
  • Le manque de map
  • Des phases cassant un peu le rythme

Gribouillé par...

Mystère Mask

Mystère Mask

Inventeur du claquement de porte

Né en 1823 mais immortel grâce à un pacte passé avec Nicolas Cage, ce gus a eu l'idée de génie de faire breveter le claquement de porte, ainsi il empoche des royalties à chaque fois que dans le monde une porte se ferme un peu trop brutalement. C'est pour ça qu'après six titres de champion du monde poids lourd de Mahjong acrobatique il a décidé de se cloîtrer dans son chateau de Bavière dans lequel il peut passer ses journées à jouer à tout ce qu'il trouve et partager son avis... Même si personne n'en veut.
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