Test : Astria Ascending - Xbox One

Astria Ascending - Xbox One
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N’ayant pas suivi l’actualité RPGesque de près, Astria Ascending, produit par Artisan Studios, un studio de développement parisien fondé en 2016 spécialisé dans le RPG 2D et travaillant souvent avec des artistes japonais, fut une petite surprise. Dans une période un peu vide pour qui veut se mettre un JRPG classique entre les mains, voyons ce qu’il en est.

Test effectué à partir d'une version PS5

« Mais il y a Tales of Arise ! » me diriez-vous. Nous serions sur la même longueur d’onde en disant que c’est un très bon RPG, mais qui n’a pas l’essence d’un jeu « old school ». Tales of Arise possède toutes les caractéristiques d'un jeu moderne. Bravely Defaut 2, lui, pourrait être un jeu ayant compris l’essence du JRPG comme à l’ancienne ! Et nous verrons que notre candidat du jour en est proche sur plusieurs points. Astria Ascending reprend sur la forme beaucoup des poncifs du JRPG d’antan : scrolling 2D, difficulté accrue qui nous oblige à grinder pendant des heures en écoutant le dernier CD de ses groupes favoris, des jobs à foison et bien d’autres. On pourrait continuer notre énumération pendant longtemps, vous avez compris l’idée.

L'excellence 2D

La première chose qui marque lorsque l’on découvre le jeu, c'est sa patte graphique. Le jeu est magnifique. Il donne l’impression d’évoluer dans une peinture et nous fait immédiatement penser aux productions de Vanillaware. La direction artistique est vraiment singulière, et chacun des 8 héros que l’on incarne est vraiment réussi. On sent que du temps a été passé à leur conception. Il en va de même pour tout le bestiaire que l’on sera amené à affronter. Artistiquement, c’est une réussite, la pupille se goinfre et chaque écran est un émerveillement. On voit qu’Artisan Studios vise à être une référence sur les JRPG 2D. Mais à l’instar d’un Muramasa ou d’un Odin Sphere, le fait d’évoluer en 2D rend l’expérience ultra linéaire. Cela n’est pas dérangeant dans un jeu d’action, mais sur un RPG au tour par tour cela peut être fastidieux. L’évolution dans les donjons est un peu confuse, malgré la carte disponible, et il est assez fréquent de se perdre et d’avancer à tâtons en espérant arriver à bon port.


De la réflexion en toute occasion

Pour sortir de la monotonie, les donjons proposent des énigmes à résoudre. Le jeu permet d’utiliser des pouvoirs en dehors des combats avec la touche R2, comme lancer une boule d’énergie qui fige les ennemis ou absorber de l’eau pour la recracher plus loin. Ces capacités vont être utilisées pour résoudre les énigmes, qui peuvent être retorses. Il est aussi possible de donner un coup d’épée sur les ennemis qui apparaissent à l’écran (pas de combats aléatoires) pour prendre l’initiative des affrontements. Malheureusement, les hit box sont vraiment cassées et il est difficile de comprendre pourquoi parfois on n’obtient pas l’initiative alors que le monstre avait bien été touché. Une mécanique plus fiable aurait été la bienvenue, car les combats ne sont pas aisés. 

Les combats sont assez proches de la logique de Bravely Defaut ou de Octopath Traveler. Vous avez bien sûr les classiques Attaque, Compétence, Fuite et Défense, mais aussi la possibilité de se concentrer pour accumuler des points. La différence avec un Bravely Defaut est que ces points ne vont pas vous permettre d’avoir une action supplémentaire, mais de renforcer la puissance de votre attaque de +50%, +100% et jusqu’à +200% (4 points, donc). Mais vous pouvez aussi gagner des points en exploitant les faiblesses ennemies comme dans un Shin Megami Tensei ou un Persona. Ne pas maîtriser ces mécaniques vous rendra la progression beaucoup plus difficile, surtout que les combats sont souvent ardus. Il n'est pas rare de se retrouver avec 6 ennemis en face de soi qui vont tous agir en premier, alors que vous n'avez que 4 guerriers. Ce qui peut être rapidement frustrant. 

Une histoire de dieux

Pour en finir avec les combats, il est bon de préciser que, dès le début du jeu, vous avez dans votre équipe 8 demi-dieux, mais vous ne pouvez en utiliser que 4 en même temps. Par contre, il vous est possible de changer de membre à tout moment pendant l'affrontement, moyennant la perte d'un tour.  Il est vraiment déroutant d'avoir dès les premières secondes de jeu autant de personnages, car il est plus facile de créer des liens affectifs avec une équipe restreinte plutôt qu'une armée. Dans l’univers d'Orcanon, l'Harmonie est protégée par ces Demi-Dieux qui ne vivent que 3 ans après leur nomination, et la 333ème génération est celle que vous allez incarner. Beaucoup de thématiques difficiles et matures sont abordées par le titre, et malgré quelques protagonistes aux réactions un tant soit peu caricaturales, dans l'ensemble Astria Ascending s'en sort très bien. C'est plus au niveau des quêtes secondaires, indispensables pour le grind mais complètement insipides quant à leur intérêt scénaristique, que le jeu connait quelques difficultés. Et c'est peut-être le principal reproche que l'on pourrait faire à ce titre : la façon dont on est catapulté dans le jeu, la manière dont l'histoire est amenée ainsi que le rythme inégal empêchent une sérieuse implication dans cet univers, et nous donne plus l'impression d’être un spectateur de loin plutôt qu'un acteur actif dans les événements contés.


On ressent pleinement le désir d'Artisan Studios de devenir un acteur majeur dans la création de JRPG en 2D. Ils y ont mis les moyens en embarquant Kazushige Nojima (FFVII, Kingdom Hearts) pour le scénario, Hideo Minaba (FFVI, FFIX, FFXII) pour les graphismes et Hitoshi Sakimito (FF Tactics) pour les musiques. On ressent tout l'amour que les développeurs ont voulu insuffler à leur jeu et c'est réussi. Si vous cherchez un JRPG classique, Astria Ascending pourrait répondre à vos besoins car il propose des thématiques intéressantes et un système de combat solide. Cependant, les quelques défauts que sont le rythme, le manque d'immersion et les combats parfois injustes empêchent Astria Ascending de s’élever parmi les grands jeux alors qu'il avait le potentiel pour. On ne peut qu'encourager Artisan Studios de continuer dans cette voie car ils ont pris la bonne direction.
19 novembre 2021 à 14h45

Par

Points positifs

  • L'aspect graphique
  • Le système de combat
  • Les thématiques
  • La bande originale

Points négatifs

  • Les pics de difficulté
  • Les quêtes secondaires
  • Le manque d'immersion

Gribouillé par...

Wildchoc

Wildchoc

Tanuki lubrique

Le wildchoc sauvage est un petit animal farouche au poil soyeux. Passionné de jeux vidéo il ne sort que très peu souvent pour subvenir à ses besoins naturels tels que se nourrir et se reproduire. Il est cependant facile d'en capturer un en faisant résonner à l'extérieur de sa tanière une douce musique Chip tune. Pourquoi en attraper un ? Ils font en général de très bon coussins.

Twitter : @wildchoc01

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