Parlons personnellement. Je n’apprécie pas spécialement Sam Barlow. Pourquoi ? En tant que fan de
Silent Hill, savoir que l’homme était aux commandes de l’histoire de
Silent Hill : Origins et
Shattered Memories ne m’a pas beaucoup enchanté. A savoir que, même que si les deux épisodes ne sont pas les pires, ils sont surtout les symboles du déclin de la série. C’est pour ça que lorsque
Her Story a montré le bout de son nez, j’ai décidé de rester loin de lui, malgré tout le bien qu’on pouvait en dire. Maintenant, de manière impersonnelle. Il faut toujours se méfier de la hype. Pourquoi ? Si on ne dit que du bien d’un jeu, alors la première fois que l’on mettra les mains sur le titre, ses défauts seront deux fois plus visibles et l’expérience gâchée. Car oui, le zéro défaut n’existe pas, il faut bien se mettre ça en tête. Alors quand
Immortality est arrivé et qu’absolument tout le monde a décidé qu’il s’agissait d’un chef-d'œuvre, autant dire que la méfiance était grande. Pourtant, le pitch est alléchant : une enquête sur le meurtre d’une actrice célèbre. Mais… il ne s’agit pas d’une enquête. Hé oui, le jeu est mal vendu.
Mystère sur pellicule
D’ailleurs, peut-on parler de jeu vidéo ? On assiste ici à la version la plus minimale possible du gameplay. Que faut-il faire ? Reconstituer des films. Comment ? On regarde des vidéos, on peut avancer, revenir en arrière et mettre sur pause. On clique sur des personnages ou des éléments importants, ce qui lance une nouvelle vidéo. Oui, ça sonne comme une journée sur Youtube. Pourquoi faut-il reconstituer ces films, qui comprennent aussi des interviews et images de tournage ? Tout simplement parce que c’est en reconstituant ces films que l’on comprendra ce qui est arrivé à Marissa Marcel, ce qui est le but. Donc, vous voyez, il ne s’agit pas vraiment d’une enquête, aucune réflexion ou déduction ne sera nécessaire pour avancer, vous avez juste à cliquer et regarder. Et parfois avancer ou revenir en arrière car, à la manière d’Archive 81 sur Netflix, des choses étranges se passent pendant le visionnage. Des choses étranges que vous pouvez remarquer grâce à un effet sonore peu subtil pendant une scène. Mais saluons la très bonne idée, car de cette manière Immortality s’expérience avec les yeux et les oreilles.
Il est difficile de juger un tel titre, son gameplay est minimal au possible et niveau technique… Ben ce sont des acteurs qui jouent. Alors jugeons sur ce qu’on peut : l’histoire ! On suit une actrice nommée Marissa Marcel, de ses débuts jusqu’au malheureux événement qui lui tombe dessus. On fait connaissance avec Marissa dans une interview où elle parle des différents films dans lesquels elle va apparaître. Dès cette première scène, on comprend très bien de quoi ça va parler. On est dans le milieu du cinéma, on commence à la fin des années 60, il ne s’agissait donc pas d’un environnement très sympathique pour une femme, encore moins pour une femme aussi jeune. On assiste alors à des images de films, des répétitions, des auditions où tous les dialogues sont le départ d’une sous-intrigue. Il y a beaucoup de mystères, certains plus dispensables que d’autres. On assiste à ce qui se passe derrière la caméra, le sexisme, les désaccords et les non-dits.
Arrête ton cinéma
S’il faut reconnaître une qualité à Immortality, c’est qu’il sait comment entretenir le mystère. Mais son défaut, c’est qu’il traine grandement en longueur. Il y a beaucoup de scènes inutiles, même s’il est plaisant de voir l’évolution de Marissa au fil de sa carrière, de la jeune fille à la femme plus affirmée. Certaines scènes sont vraiment dispensables et n’apportent rien à l’intrigue. Ou aux intrigues. Le jeu d’acteur est globalement bon, mais aussi inégal. Certaines scènes sonnent faux, très faux, au point que ça en devient gênant. Et quand il s’agit du propos principal, on sent bien qu’Immortality veut dénoncer quelque chose, mais parfois vraiment mollement et on a de temps en temps l’impression que ça manque de conviction, qu’il aurait été préférable d’être un peu plus brutal par moments. Le pire est que le style de jeu est répétitif et, quand on arrive vers la fin, trouver le bon endroit où l’on n’a pas encore cliqué peut devenir très long, beaucoup trop long. Mais nous sommes face à une histoire qui intrigue suffisamment pour qu’on veuille en voir le bout. Même s’il ne s’agit aucunement d’un chef-d’œuvre, on est quand même pris par le récit et on veut savoir ce qu'il s’est passé.