Test : Pentiment - Xbox Series X

Pentiment - Xbox Series X
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Obsidian s’est détaché une petite équipe d’une quinzaine de personnes pour bosser, reclus comme des moines, sur Pentiment, un jeu narratif se déroulant dans un coin d’Europe du XVIe siècle.

Test effectué à partir d'une version PC

Andreas Maller est un artiste de Nuremberg plein de talent. Il est également excentrique, rigoureux, jovial, boute-en-train, mélancolique, séducteur et renfermé. En fait, Andreas est à l’image que vous lui donnerez en début de partie, puisque c’est l'un des points forts de Pentiment : jouer avec un personnage qui possède le caractère que vous lui aurez choisi afin de traverser cette aventure narrative située en Europe du XVIe siècle.


Votre aventure commence dans l’abbaye de Kiersau, collée à la petite ville (plutôt un hameau) bavaroise de Tassing. Vous êtes un enlumineur lettré ayant fait ses dents dans la célèbre ville de Nuremberg et serez présent dans le bâtiment au moment du meurtre d’un baron de la noblesse en visite dans le coin. Ce dernier avait pour habitude de faire des commandes d’œuvres d’art au scriptorium de l’abbaye et vous découvrirez au fur et à mesure de votre enquête qu’il n’était pas un personnage extrêmement apprécié. Vous l’apprendrez au cours de vos journées à discuter ici et là avec les différents habitants du petit village, vous invitant à manger chez les paysans et apprendrez à leur parler, selon leurs humeurs et votre caractère, pour tirer le plus d’informations de leur part. Il y a un petit twist dans le rythme et la manière dont la narration prend forme, que nous éviterons d’évoquer, pour la surprise, mais il faut savoir que Pentiment est un vrai jeu narratif à embranchements. En effet, comme tout bon jeu narratif, le titre retiendra vos choix dans les discussions, les personnages que vous questionnerez, ceux que vous insulterez et vous le fera savoir des heures plus tard, ce qui vous rattrapera souvent douloureusement. Parce qu’en plus des enquêtes à Tassing, il s’avère qu’Andres a un passé tumultueux qui viendra le torturer de temps en temps durant la partie et pourra également influencer les choix que vous ferez au présent.

Pentiment

Au Nom de la Rose

En plus d’être un jeu malin et très bien écrit, Pentiment est également un bijou esthétique dont le style mérite amplement qu’on y mette l’emphase. Vous dirigez Andreas avec une vue de côté puisque le jeu vous met dans la perspective d’un lecteur en train de parcourir un livre enluminé. Ainsi, le style graphique de Pentiment rappelle ces vieux livres médiévaux qui étaient faits à la main et dont chaque exemplaire représentait une vraie richesse. Allant au bout des choses à ce niveau, Obsidian a tenu à littéralement vous faire sentir comme dans un livre. Ainsi, la navigation entre les menus se fait page par page que l’on tourne élégamment, tout comme les bruitages créés à partir de bruissements, feuilles et crayons que l’on frotte sur le papier. En jeu aussi, votre personnage, les environnements et tout le reste sont dessinés et animés pour littéralement faire prendre vie à l’ouvrage. Dans ce souci de perfectionnisme, les bulles de dialogues entre les protagonistes utilisent des polices d’écriture différentes selon la personne rencontrée et, surtout, la période (l’histoire du jeu s’étale sur plusieurs années). Par exemple, un moine de l’abbaye écrira de manière soutenue et littéraire, avec une police très formelle, tandis que ça sera l’inverse pour un paysan, chez lequel on verra apparaître des ratures et des mots gribouillés au fur et à mesure de la conversation. Encore mieux, la période concernée dans le jeu étant à cheval sur l’arrivée de l’imprimerie, les personnages possédant l’accès aux impressions à encre verront leur police d’écriture être claire et parfaitement lisible.

Pentiment

Le rythme du jeu se fait au gré des journées qui passent, des repas frugaux qui s’enchaînent et des lieux que vous pourrez visiter. En effet, les choses évoluent, se déplacent et changent selon le moment de la journée, et votre enquête ne pourra pas avancer comme vous le souhaitez si vous oubliez d’aller à ce rendez-vous secret donné par un personnage, de trouver ou non ce passage secret menant vers des catacombes interdites ou d’espionner par surprise une conversation dans un lieu où vous n’êtes pas censé mettre les pieds. Cette combinaison offre une sensation de liberté dans la manière d’appréhender le récit et vous donne un contrôle fictif que vous ne maîtrisez finalement jamais vraiment. C’est le rôle d’un bon jeu narratif, et pour le coup, Pentiment réussit l’épreuve avec brio.

Pentiment

Élégant, subtil, profond et très beau, Pentiment est l'un des jeux narratifs de l’année. En plus de se présenter comme un vrai ouvrage médiéval animé, le jeu d’Obsidian s’avère être une aventure où vos choix comptent, tout comme la manière dont vous discuterez avec les personnages et évoluerez selon l’endroit et le moment de la journée, tout au long du jeu. En plus d’être bien écrit, l’ergonomie proposée est au service du joueur qui sera toujours renseigné sur les lieux, personnages, événements ou encore contes et légendes évoqués dans les discussions. L’écriture a bénéficié d’une tonne de sources historiques, et c’est d’autant plus impressionnant pour un studio américain, même si le directeur créatif du jeu, Josh Sawyer, est un passionné d’Histoire, ce qui transpire ici.
01 décembre 2022 à 11h41

Par

Points positifs

  • Esthétiquement magnifique
  • Une interface originale
  • Une écriture fine, subtile et précise historiquement
  • Vous définissez les spécificités d’Andreas, ce qui modifiera vos choix
  • Vos choix et actions comptent sur une période de temps qui s’étale
  • Une intrigue prenante

Points négatifs

  • Temps d’attente un poil répétitif quand on passe d’un menu à l’autre dans l’interface

Gribouillé par...

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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