GTA V : tous les trucs à savoir

GTA V : tous les trucs à savoir
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Cela fait un peu cliché de le dire, mais GTA n'est pas qu'un gros bac à sable où on peut aller dealer de la drogue et se taper des putes en toute impunité, c'est avant tout un portrait cinglant de la société et, dans l'épisode qui nous intéresse ici, une critique acerbe du mode de vie américain. Si le sujet principal du soft est la crise économique, présentée ici comme un braquage à l'échelle mondiale, nous n'allons pas y revenir ici, le sujet étant déjà traité dans le test. Ce qui va nous intéresser ici, ce sont tous les petits à-côtés qui contribuent à rendre le jeu si riche d'un point de vue narratif.

De la torture au BDSM

Un des passages qui aura sans conteste le plus marqué (ou dérangé) les joueurs est celui où Trevor torture un pauvre citoyen pour le compte de Haynes. Cette scène est particulièrement dure et violente, c'est vrai, mais replaçons les choses dans leur contexte. Dans le jeu pour commencer, Trevor et Michael, et donc le joueur, sont placés dans une situation où ils n'ont pas le choix, contraints d'obéir à un agent du gouvernement corrompu (comme d'habitude dans GTA), qui reste là pour coordonner les opérations en prenant bien soin de ne pas se salir les mains. Maintenant, revenons un peu dans la vrai vie, où les États-Unis ont été le théâtre de scandales liés au traitement des prisonniers dans des camps de détention comme Guantánamo et à la torture. Le dernier en date concerne Zero Dark Thirty, le film de Kathryn Bigelow retraçant la traque de Ben Laden, durant laquelle cette méthode d'interrogatoire fût abondamment utilisée. La réalisatrice a été accusée d'en faire l'apologie alors que le propos du film se contente d'être nuancé, laissant s'exprimer différents points de vue.
En avril 2009, Obama fait un discours dans lequel il interdit l'usage de la torture par les services de renseignements américains. Un extrait du speech présidentiel est d'ailleurs montré dans le film. Avec cette scène de torture, les équipes de Rockstar disent une choses : que l'usage de la torture soit avalisé ou pas par le gouvernement, cela ne change rien, les services concernés pourront toujours le faire par des moyens détournés, en sous-traitant la sale besogne pour se protéger par exemple. Haynes le dit lui-même : « je ne suis pas là. » Le jeu nous pose aussi sur une question simple, mais essentielle dans ce genre de cas : la fin justifie-t-elle les moyens ? A-t-on le droit de détruire la vie d'un innocent (car je vous rappelle que la victime des sévices de Trevor est un installateur de home cinéma qui n'a rien fait de mal) pour rendre le monde, ou plutôt les USA, plus sûr ? Voilà une question épineuse à laquelle nous vous laissons le soin de trouver une réponse. Pour finir là dessus, Nous tenons à souligner avec quel brio notre psychopathe préféré détend l'atmosphère après coup, parlant de la torture comme une pratique BDSM.

De la torture au BDSM

Viens, donne moi ton pognon

L'autre grosse cible de Rockstar est la société de consommation. Pas de message ici, mais plus un état des lieux qui fait froid dans le dos tellement il sonne juste. Là où les hommes de Dan Houser auraient pu jouer la facilité, en ne s'en prenant qu'au système, ils s'en prennent aussi aux consommateurs, autrement dit nous, en pointant du doigt notre connerie profonde, comme en témoignent certaines affiches publicitaires.
Mais c'est dans les pubs radio que le titre se montre le plus virulent, avec des spots à mourir de rire. Notre préféré est sans conteste celle de Righteous Slaughtered, le jeu sur lequel Jimmy passe le plus clair de son temps. Ce petit spot est un véritable doigt d'honneur à tout un pan de l'industrie vidéo-ludique, avec des arguments de ventes assez parlants : « un scénario écrit par un abruti qui n'a jamais quitté le Midwest », « chiant, mais de manière fun » ou encore « à peu près le même jeu que l'année dernière ». Ce qui fait mal, c'est que cette description correspond à pas mal de jeux comme Call of Duty, Assassin's Creed, Formula One, WRC, FIFA, PES, Need For Speed, etc... Beaucoup de monde trouvera dans cette liste non exhaustive au moins un titre sur lequel coller ces slogans. Les exemples de ce genre pullulent sur les différentes stations, avec des publicités que nous pourrions qualifier de parodiques, alors qu'elles sont juste, pour certaines, cruellement honnêtes. Et enfin, comment ne pas parler ici de la keynote de Jay Norris, CEO de Life Invader, et du principe d'imbrication qui parle de lui-même. Surtout ce passage du jeu donne une bonne définition du capitalisme...

Famille je te hais.

Le jeu pointe aussi certaines dérives comportementales au sein de cette société. Si l'histoire avec la famille de Michael n'est pas plus approfondie que cela, c'est parce qu'elle est là essentiellement pour servir de vecteur d'approche pour ces thématiques. Commençons par Jimmy, le gros geek à tendance no-life qui passe son temps devant des écrans, que se soit pour jouer à des jeux vidéo ou troller sur internet. Ce personnage incarne tout ce qu'on déteste trouver sur le net, à savoir des gens vulgaires, sans savoir vivre et avec qui il est impossible d'avoir une discussion constructive. C'est triste à dire, mais on rencontre souvent ce genre de personnes sur les forums et autres jeux en ligne. Et ces comportements sont principalement dû à une chose : l'anonymat offert par internet. Pour sa part, Tracey est prête à tout pour avoir son petit quart d'heure de gloire, comme en témoigne son obstination à vouloir participer à Fame or Shame. Et elle finit d'ailleurs par y parvenir, pour se faire coiffer au poteau par trois singes qui se masturbent lors de la finale. Ce dénouement pour le télé-crochet en dit long sur le point de vue de la firme sur ces émissions et, accessoirement, les gens qui y participent. Et soyons honnête, quand on voit certaines émissions qui passent actuellement sur nos chaînes de télé, il y a de quoi se dire qu'ils ne sont pas très loin de la vérité.
Ces deux personnages, bien que caricaturaux, illustrent bien la superficialité d'une certaine jeunesse américaine qui peine à trouver une sens à son existence.

Famille je te hais.

Pour conclure

Il y a bien d'autres sujets abordés dans ce Grand Theft Auto V, mais nous ne sommes pas là pour vous assommer avec une thèse de 500 pages. Ce qu'il faut retenir, c'est que malgré toutes les critiques qu'il émet sur notre société et notre mode de vie, le titre ne tombe jamais dans la leçon de vie, préférant en exacerber les aberrations. Et c'est tant mieux, car rien n'est plus insupportable qu'une oeuvre qui veut nous imposer son point de vue. En procédant de la sorte, Rockstar nous questionne sur notre société, c'est vrai, mais aussi, de manière indirecte, sur nous même et notre rôle dans ce système.
16 juillet 2020 à 17h05

Par Naxi et Pattoune et ta mère

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