Premier constat évident : la présentation a été retravaillée de fond en comble. Plus lisible, mieux structurée, plus inclusive aussi. Le manuel adopte une approche résolument pédagogique : l’ordre des chapitres facilite une montée en puissance logique du joueur débutant vers le vétéran en devenir. Finis les allers-retours agaçants entre la création de personnage et les règles de base. Le tout s’enchaîne désormais avec la fluidité d’un sort de téléportation réussi.
Parmi les 12 classes revues et corrigées, certaines tirent particulièrement leur épingle du jeu. Le rôdeur, par exemple, longtemps moqué pour son manque d’impact, bénéficie d’un sérieux lifting, avec des mécaniques plus dynamiques et enfin à la hauteur de son fantasme d’éclaireur hors pair. Le barde aussi se dote de plus d’options, et l’ensemble des classes dispose désormais de progressions plus équilibrées et variées, avec un accent mis sur la personnalisation.
Les espèces (anciennement "races") ont également été repensées. Le terme évolue avec son temps, et les options aussi. Plus de liberté de répartition des bonus, des traits culturels détachés de l’origine biologique : le joueur est invité à créer un personnage plus organique, plus narratif et plus cohérent avec son monde. L’expérience devient alors plus immersive et, disons-le, un peu moins enfermée dans les carcans de l’ancienne école.
Feuilles de personnage et jet de fraîcheur
L’interface, car oui on peut appeler ça comme ça en 2024, bénéficie aussi d’un joli coup de jeune. Les fiches de personnage sont non seulement plus agréables à l’œil, mais surtout bien plus pratiques. Mieux encore : elles sont pensées pour coller aux besoins de tous types de joueurs, qu’on aime optimiser à la virgule près ou improviser à la volée un paladin végétarien pacifiste. Cette révision graphique et ergonomique participe à une accessibilité renforcée, thème récurrent de cette édition.
On notera par ailleurs que de nombreux sorts ont été réécrits dans une optique de clarté, sans pour autant trahir l’essence de leur fonction. Les descriptions sont plus directes, les effets mieux encadrés. Des incantations célèbres comme Feu Sacré ou Projectiles Magiques voient leur wording simplifié, rendant leur usage plus immédiat, même pour un joueur qui découvre l’univers.
Le système d'avantage et de désavantage reste en place, et pour cause : c’est l’une des mécaniques les plus élégantes de la 5e édition. Mais autour de lui, les règles ont été polies pour limiter les zones d’ombre. Le résultat ? Un moteur de jeu plus limpide, sans sacrifier la profondeur. Et ce, sans tomber dans l’écueil d’un excès de granularité façon simulationniste des années 90.
Le chapitre sur l’équipement a également gagné en pertinence. Outre une meilleure organisation, de nouveaux objets plus narratifs font leur apparition, offrant des points d’accroche intéressants pour les joueurs qui aiment insérer leur matos dans le récit. Enfin, les backgrounds gagnent eux aussi en densité. Il ne s’agit plus seulement de gratter un bonus de compétence au hasard, mais bien de définir un personnage avec des aspirations, des liens, et surtout des éléments réutilisables dans la narration par le MJ.