Test : Flat Eye - PC

Flat Eye - PC

Flat Eye - PC

Genre : Narratif / Gestion

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Flat Eye est le nouveau jeu du studio français Monkey Moon et vous met dans la peau d’un manager d’une supérette du futur, en Islande.

Test effectué à partir d'une version PC

Vous êtes manager d’une station essence 2.0 en Islande, quelques années après une profonde transformation du monde, et dirigez un employé faisant tourner la boutique à lui seul, se confrontant aux clients et gérant la logistique du magasin. Flat Eye se catégorise donc comme jeu de gestion de ressources avec un côté narratif mis en avant, ce qui est peut-être son principal problème. En effet, il est difficile de le voir comme un vrai jeu de gestion tant les mécaniques abordent le genre tout en restant très en surface, laissant heureusement la place pour des échanges avec les clients parfois vraiment inspirants, portés par une écriture de bon niveau. Le jeu ne craint pas d’aborder les sujets les plus clivants de notre société, ce qui est rafraîchissant et apporte une vraie profondeur aux conversations.


Le jeu commence sur une interface épurée, votre bureau d’accueil de la société Flat Eye Corporation, qui a pour ambition de révolutionner le monde à l’aide de nouvelles technologies installée dans ses magasins. Votre première tâche consiste à recruter votre « clerc », l’employé qui travaillera pour vous et répondra à vos directives. Le but du jeu est donc de gérer votre magasin en y installant différents modules dans le but de répondre aux besoins des clients, ces derniers montrant leur satisfaction, ou non, après leur passage. Votre clerc est littéralement l’homme à tout faire de la zone, où il devra réapprovisionner les stocks, réparer les équipements et entretenir un relationnel de qualité avec les clients « premium ».

Flat Eye

À la fin de chaque journée, votre performance et celle de votre clerc sont évaluées pour vous faire progresser dans votre carrière de manager, passant les échelons et allant du junior débutant au senior confirmé. Plus vous évoluez et plus vous aurez accès aux documents secrets de votre employeur, rentrerez dans les petits papiers de l’I.A. qui vous accompagne, augmenterez la surface au sol du magasin ainsi que le droit de progresser dans un arbre de technologies à installer.

Flat Eye

L’installation de chaque module requiert un apport d’électricité, mais aussi d’autres apports d’énergies qu’il faudra gérer via une interface de connexion, ajoutant un peu de profondeur à la gestion du magasin, mais il faut dire que c’est à peu près tout. En effet, au bout d’un moment, votre clerc ne fera que de la maintenance de base dans votre magasin et votre job consistera principalement à l’envoyer réparer un peu tous les équipements installés. C’est assez fastidieux, pas vraiment intéressant et ne sert que de couverture en attendant le vrai intérêt du jeu, à savoir les interactions avec les clients « premium ». Ces derniers sont des personnes motivées par divers sujets qui viendront dans votre magasin et entameront la discussion avec vous. Ces « VIP » arrivent au fur et à mesure que vous installez de nouveaux modules, puisque ces derniers révolutionnent un peu la science et appellent à des discussions ou des débats de fond. Vous aurez donc des personnages venant discuter de sujets assez lourds comme le suicide, l’asservissement à notre travail ou la fin du monde, jusque dans des conversations plus légères, mais taclant toujours certaines dérives de la société, comme pouvait le faire Night Call, le précédent jeu du studio.

Flat Eye

Si les discussions sont globalement plutôt chouettes, on aura toutefois eu un peu de mal avec le côté « gestion » du jeu. En effet, le système est mal géré et il arrive que la réputation de notre station soit pénalisée par des choix dont les conséquences sont difficilement anticipables. On pourra citer en exemple la création d’un nouveau module pour des clients qui va faire diminuer la réputation de la station ainsi que votre niveau de management, car il génère des files d’attente inattendues. Nous avons également mis le doigt sur un autre problème : chaque jour, vous pouvez choisir des objectifs aléatoires à atteindre, comme satisfaire dix clients, générer plus d’argent ou encore acheter et placer des objets autour de la station. Pour cette dernière tâche, par exemple, il vous suffit d’acheter des objets très peu chers, de les installer avant de les revendre immédiatement, la « quête » est alors validée et vous n’avez finalement rien dépensé. Si ce genre de « contournement » est autorisé, il donne, hélas, une sensation de devoir remplir ces objectifs juste pour le principe plutôt que pour donner un réel intérêt au développement de la station, ce qui pose un problème aussi bien pour l’investissement du joueur que pour la profondeur du gameplay.

Flat Eye

En termes d’ambiance en revanche, Flat Eye est une vraie perle pour les yeux et les oreilles. La direction artistique est chouette (le studio Monkey Moon fait toujours un excellent travail à ce niveau), tout comme le design des différents personnages ainsi que l’atmosphère créée par la bande-son dans cette station islandaise. C’est chill tout en restant assez froid, énigmatique et un poil futuriste, tout pour nous immerger dans cet endroit, entre l’apocalypse, une supérette de province et une Keynote de chez Apple.

Flat Eye

Abordant des sujets sensibles avec délicatesse et profondeur, Flat Eye est un jeu dont on se souviendra plus pour sa qualité d’écriture que pour sa volonté à nous faire croire qu’il s’agit également d’un jeu de gestion de ressources. Si certains sous-systèmes se trouvent être vite répétitifs et finalement sans grands enjeux, c’est parce qu’on préférera attendre les interactions avec les personnages et savoir ce que cache réellement la Flat Eye Corporation sous ses côtés épurés et faussement inclusifs. Monkey Moon nous propose ici un jeu qui, comme Night Call à sa sortie, souffle le chaud et le froid, mais toujours pour les bonnes raisons.
24 novembre 2022 à 09h41

Par

Points positifs

  • Aborde des sujets rarement sensibles
  • Une belle écriture
  • Une direction artistique chouette
  • Un concept original qui essaye de mélanger les genres…

Points négatifs

  • … mais qui peine à le concrétiser dans les faits
  • La partie gestion est répétitive et peu intéressante
  • Certaines incohérences dans les tâches à accomplir

A propos de...

Flat Eye

  • Genre : Narratif / Gestion
  • Date de sortie : 14 novembre 2022 - France
  • Développé par : Monkey Moon

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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