Si le premier épisode repose sur de la 2D et du scrolling horizontal, les deux épisodes suivant vont passer en full 3D et opter pour ce qui se faisait beaucoup à l'époque : des platformers divisés en niveaux plus ou moins vastes à explorer librement en collectant des trucs et en terminant des quêtes. Oui, le rouleau-compresseur Super Mario 64 venait de passer par là et les studios se sont engouffrés dans la brèche avec plus ou moins de succès. Alors pourquoi ne pas faire la même chose avec ce gecko espiègle, un peu beauf et raciste sur les bords, appréciant les costumes et particulièrement friand de télé ?
It's tail time!
Bien sûr, ces trois épisodes accusent leur grand âge, même si cette Gex Trilogy rajoute quelques touches de modernité bienvenues (on y reviendra plus tard). La caméra est capricieuse, il est bien souvent difficile de jauger les distances ou d'effectuer des sauts précis et les graphismes sont très... anguleux. Difficile pour les plus jeunes de se lancer là-dedans tant les standards ont évolué, surtout pour les platformers 3D, mais les plus nostalgiques seront sans doute ravis de retomber dans ces aventures décalées.
Car c'est là tout le charme de cette série : son aspect absurde. Ce qui se ressent surtout dans le troisième épisode, qui enchaîne parodie sur parodie. Ici, Gex est agent secret et il doit sauver l'agent Xtra, une espionne à la tenue moulante et aux gros poumons. Les niveaux détournent les codes de genres ou de licences bien connus, de Jack et le Haricot Magique aux films de super-héros en passant par les animes et les westerns. Le gameplay de base reste à chaque fois le même (sauter, donner un coup de queue...) mais profite de petites variations, comme le fait d'avoir une loupe dans le niveau faisant penser à Sherlock Holmes.
La progression est très cadrée : chaque niveau demande d'effectuer une action spécifique pour récupérer une télécommande, et il faut un certain nombre de télécommandes pour débloquer de nouvelles zones renfermant des niveaux et autres boss. Bref, du grand classique pour l'époque et qui fonctionne toujours, à condition de ne pas être rebuté par son gameplay franchement rétro, ses babioles à collectionner et ses nombreux allers-retours (il faut retourner plusieurs fois dans le même niveau, une fois par objectif).
Un kangourou ? Pourquoi fallait-il que ce soit un kangourou ?
Maintenant, parlons un peu de cette Gex Trilogy. Limited Run Games nous promet ici l'utilisation du Carbon Engine pour moderniser le tout, inclure de petites nouveautés et rajouter des touches de modernité. Ce qui se ressent tout d'abord dans les menus au début de l'aventure, qui renferment les traditionnels extras. En jeu, les joueurs disposent d'une petite poignée de nouvelles possibilités, comme le fait de pouvoir sauvegarder n'importe où et de rembobiner de quelques secondes en cas de coup dur. Il est aussi possible de modifier le format de l'écran ou d'appliquer un filtre. Bref, du grand classique pour le genre et toujours appréciable.
Avez-vous lu
notre test de Tomba ! Special Edition ? Hé bien ici, mêmes problèmes, mêmes punitions. On se retrouve donc face à un remaster hyper fainéant, qui certes se montre plus fluide qu'à l'époque mais n'améliore pas un brin ses graphismes et conserve ses temps de chargement. Les dialogues, ou plutôt les phrases sorties un peu aléatoirement par Gex et qui font partie du charme de l'expérience, sont pour certains incompréhensibles tant la qualité sonore est médiocre. Le mieux dans tout ça ? Le doublage français de l'époque, pourtant vraiment réussi (même si beaucoup de blagues ne passeraient plus aujourd'hui) et plein de références, a totalement disparu pour une voix anglaise, qui n'est certes pas mauvaise mais empêche les non-anglophones de comprendre les jeux de mots.
Il n'y a pas non-plus de sous-titres et de toute façon ils ne seraient sans doute pas en français puisque la langue de Molière s'affiche uniquement dans les menus modernes (et en plus avec des coquilles). Bref, le souci est le même qu'avec le ''remaster'' de Tombi. On apprécie que des studios essayent de donner une nouvelle chance à des jeux n'ayant pas forcément à l'époque rencontré le succès escompté ou ayant disparu. Mais ces titres ne mériteraient-ils pas un peu plus de soin ? Car en dehors de ceux qui les ont faits à l'époque et des éventuels curieux, qui voudrait plonger pour la première fois dans des titres bloqués dans les années 90 sur quasiment tous les aspects ? Vous avez quatre heures, calculette interdite.