Depuis sa création, le jeu vidéo s'est lancé un défi : obtenir la représentation la plus fidèle possible de la réalité. La technologie évoluant, et la puissance des machines augmentant, ce défi s'est mué en une course au photo-réalisme, inimaginable avant l'apparition de la 3D. À un moment donné, il va falloir stopper cette fuite en avant, et cela pour plusieurs raisons.
La première d'entre elles se situe dans les coûts de production. Si on est un tant soit peu logique, plus une modélisation est détaillée, plus elle demande de temps, de moyens, et donc d'argent. Et au final, on éclate les budgets de développement. Et plus un jeu coûte cher a développer, plus il doit se vendre pour être rentable. Le problème c'est que ce n'est pas parce qu'un éditeur a investi plus que son jeu va mieux se vendre. Et il y a un moment où il faudra que quelqu'un paye le prix de cette course au photo-réalisme. Et ce quelqu'un, ce sera les joueurs, comme toujours. Bien sûr, ce n'est pas le seul facteur qui fait augmenter les coûts de développement, mais il est important. Et puis soyons honnêtes deux minutes, il y a un moment où les sommes colossales dépensées pour rendre nos jeux encore plus fidèles à la réalité ne feront qu'une différence minime, voire insignifiante aux yeux de la plupart d'entre nous.
Ensuite, cette course au photo-réalisme va nous mener tout droit dans l'
uncanny valley. Il s'agit d'une théorie sur la robotique, mais qui s'adapte parfaitement au jeu vidéo, selon laquelle plus un robot androïde est similaire à un être humain, plus ses imperfections nous paraissent monstrueuses. Au final, à vouloir des jeux toujours plus aboutis pour avoir une immersion toujours plus grande, nous risquons de nous retrouver avec des personnages aux difformités dérangeantes, qui nous sortiront du jeu. En soit, tomber dans l'uncanny valley n'est pas bien grave, si cela reste ponctuel et que cela ne concerne qu'une poignée de titres. Seulement voilà, rien ne nous garantit que cela sera le cas, ni même si on pourra la dépasser.
Et enfin, il y a d'autres domaines qui, n'ayant pas vraiment évolué ces dernières années, méritent bien plus d'attention, comme l'intelligence artificielle. Bien plus difficile à montrer dans un trailer, l'I.A. est souvent mise de côté au profit du reste. Si bien qu'on se retrouve souvent avec des adversaires complètement débiles. Les exemples sont nombreux, et vous en avez certainement une tripotée en tête. Certains titres s'en sortent plutôt bien, comme la série de
Formula One de
Codemasters. Parallèlement à cela,
Turn 10 propose une idée intéressante avec son concept de Drivatar introduit dans
Forza 5. Le problème, c'est qu'en dehors des jeux de course, les I.A. convaincantes sont bien plus rares. L'idée n'est pas ici de recréer le mode de pensée humain, mais simplement d'éliminer les comportements aberrants. Ce qui serait déjà un progrès conséquent.