Actuellement, il y a deux conditions généralement considérées comme indispensables qu'un jeu doit remplir pour qu'il soit jugé bon : il doit être fun et immersif. Nous ne remettrons pas en cause la nécessité qu'un jeu a à être fun. Il est censé nous divertir, après tout. Mais si l'immersion est une bonne chose en soit, elle ne doit pas être une finalité. Et la raison est toute simple : à quoi cela sert de se plonger dans un univers si on n'en a rien à foutre de ce qui s'y passe ? À rien. Seulement, on lui donne une importance bien trop grande. Après tout, il suffit à un titre de proposer des décors vaguement jolis, un sound design pas trop dégueulasse, et une vue à la première personne, pour que la majorité des joueurs tombent en émoi devant une telle immersion. Plus qu'une finalité, cette dernière doit être un moyen, pour rendre une histoire plus crédible, des personnages plus attachants, en les encrant dans une réalité.

Mais encore faut-il avoir une bonne histoire, de bons personnages, et que la qualité d'écriture soit au rendez-vous. Si nous avons eu quelques réussites à ce niveau-là, avec des jeux comme
The Last of Us,
GTA V,
Red Dead Redemption et, dans un tout autre genre,
Driver : San Francisco, nous avons trop souvent droit à des histoires bancales, basiques, ou mal écrites, faute de savoir faire ou de volonté. L'exemple le plus frappant de ce phénomène est sans conteste le récent
Beyond : Two Souls. Entièrement basé sur l'histoire qu'il raconte qui, à la base, n'est pas trop mal, il est plombé par une écriture immature, une narration inutilement (et surtout mal) déconstruite, et une mise en scène souvent à côté de la plaque. Pour résumer, le titre de
Quantic Dream reflète bien le manque de maîtrise général de l'industrie du jeu vidéo en termes de narration. Mais au fil des années, de plus en plus de jeux intéressants, voire réussis, à ce niveau-là sont sortis. Il y a donc de l'espoir, comme
Naughty Dog nous l'a brillamment prouvé.
Dernier point, mais pas le moins important : messieurs les développeurs, les éditeurs, faites attention au message que véhicule votre jeu. Quand on sort un titre qui se vend à des millions d'exemplaires, on a une force de frappe colossale en terme de communication. Il devient donc important de faire attention au message que vous diffusez à travers ces produits. Et les FPS militaires comme
Call of Duty sont, de ce point de vue, une véritable catastrophe. Manichéens au possible et bourrés de clichés racistes, il sont en plus porteurs d'une propagande ultra-patriotique souvent nauséabonde. Sans aller jusqu'à proposer une réflexion philosophique du niveau de celle de
La Ligne Rouge, un peu de nuance et de mesure serait plus que bienvenue. Et il semblerait que le dernier
Battlefield soit en très net progrès de ce point de vue là. Mais cette remarque vaut aussi pour les campagnes marketing, qui peuvent être un peu limites parfois, comme en témoigne le trailer live du dernier
Call of Duty, encore lui. Son slogan : «
En chacun de nous sommeille un soldat. », n'est qu'une formule détournée pour dire «
tuer, c'est trop cool ». Et cela se ressent tout au long du trailer.
Certes, ce n'est pas cela qui va transformer nos petites têtes blondes en psychopathes, mais ce n'est pas une raison pour cautionner ce genre de choses.