RETOUR VERS LE FUTUR : Entretien avec BLADE, les créateurs de « SHADOW », le Cloud-computing à la Française

RETOUR VERS LE FUTUR :  Entretien avec BLADE, les créateurs de « SHADOW »,  le Cloud-computing à la Française
Partager

L'interview choc : Samuel Amiel, le responsable qualité et produit de Blade

Samuel rejoint Blade et l'aventure « Shadow » en mai 2017, après quinze années de bons et loyaux services au sein d'un opérateur télécom où il gérait toute la partie Testing. Il est plutôt grand et semble vraiment content d'être là. Après avoir bien discuté, il nous confie écouter Iron Maiden pour se détendre et se concentrer, beaucoup aimer Kaamelott, et espère trouver du temps pour continuer un peu sa partie sur The Division. Et quand il évoque Blade et le Shadow, ses yeux s'animent, son débit accélère et il nous transmet tout son enthousiasme et ses convictions.

Blade_bureau_samuel
Le bureau de Samuel Amiel. Mine de rien, plutôt bien rangé. On sent le chef Qualité à l'oeuvre !

Morceaux choisis :


- Bonjour Samuel !  1ère question : qu'est-ce qui t'a séduit et motivé à rejoindre Blade, après cette longue carrière dans les télécoms ?

- C'est avant tout l'audace et le défi que représente le concept du SHADOW. Techniquement, il est très intéressant de travailler sur un tel produit. Il y a de gros enjeux et des contraintes importantes sur des thématiques telles que la compression vidéo, l'enchaînement des flux streamés et la gestion des machines virtuelles, sans oublier le parc du boîtier Shadow en lui-même ! Pour un professionnel comme moi, c'est un milieu différent et original de celui que je connais. La technologie m'est heureusement familière, mais le concept même de Shadow est unique : après tout, nous chercherons ni plus ni moins qu'à réinventer totalement notre usage de l'utilisation d'un ordinateur. Quelque part, ce serait une révolution !

- Et où en est cette révolution aujourd'hui ? Le “Grand Soir” est-il arrivé ?

- Pas tout à fait encore, mais on y travaille ! Nous entrons aujourd'hui dans une phase de “stabilisation” du Shadow, après être passés de 500 utilisateurs en décembre à environ 2 500 aujourd'hui. Une troisième vague d'abonnements et de déploiements est prévue dans les prochains temps, ce qui permettra d'achever notre transition. Le but, à terme, est de faire progresser Blade pour évoluer d'un fonctionnement de type start-up vers une mise en production continue selon les standards de l'industrie.

Par choix, nous nous sommes volontairement adressés au public des gamers. C'est une communauté très exigeante, qui ne transige pas sur la qualité du service proposé. Par conséquent, réussir à procurer une expérience satisfaisante pour ce public est un gage de qualité pour nous et nous certifie de disposer d'un produit robuste, capable d'atteindre le haut niveau d'engagement dont nous souhaitons disposer.

Je n'ai pas de chiffres précis, toutefois nous considérons avoir atteint cet objectif dans la très grande majorité des dispositifs Shadow déployés chez nos clients. La technologie et notre concept semblent donc bien fonctionner, même s'il reste encore des problèmes et des améliorations sur lesquelles nous travaillons tous les jours ! Ces soucis sont eux aussi en cours de “stabilisation” et nous visons, autant que faire se peut, le 100 % compatible.

- Cinq fois plus d'utilisateurs en 6 mois, ça fait beaucoup ! Vous arrivez encore à dormir ?

- Ça devient dur mais on se débrouille ! Blade a quasiment doublé sa taille d'effectifs pour faire face à cette charge de travail. L'entreprise va encore continuer à recruter car le boulot ne manque vraiment pas.

- Ton équipe aussi s'est étoffée ?

- Oui ! Par exemple, on m'a recruté moi !

- Dis-nous en donc un peu plus ! Quel est votre rôle dans Blade ?

- Nous avons en charge la qualité produit et sa production. En ce moment, nous sommes très occupés à gérer les multiples retours des 2 500 utilisateurs du Shadow. Nous consolidons ce qui est remonté au support, travaillons à des correctifs, déployons des méthodologies pour faire fonctionner correctement les Shadow défectueux, et évidemment beaucoup de support à l'investigation pour comprendre d'où viennent les problèmes.

Aujourd'hui, nous nous concentrons beaucoup sur la comptabilité avec les différents types de périphériques mis sur le marché. Cela fonctionne assez bien mais il reste matière à progresser. Nous venons de finir de monter un “laboratoire” de tests où seront disposés tous ces périphériques et qui va nous permettre de réaliser des opérations massives à la volée, en un temps beaucoup plus compact. C'est une bonne avancée et nous avons hâte d'être entièrement opérationnels.

Mon prochain gros chantier est de mettre en place les procédures d'industrialisation vis-à-vis de la production et des tests de qualité du Shadow. Ainsi, nous serons petit à petit capables de basculer vers une organisation plus industrielle, en dégageant de plus en plus de temps dans la résolution des problèmes (qui seront donc, je l'espère, bien moindres !) pour nous concentrer sur la production et le déploiement en grandes unités. Ce sera une nouvelle grande étape pour Blade, qui se produira au fur et à mesure que notre stabilisation évolue.

- Un mot sur les problèmes rencontrés, justement ? On a pu lire ici et là des réactions parfois très variées sur l'expérience “Shadow” : problème de détection des écrans, du téléviseur, périphériques clavier/souris USB qui ne marchent pas toujours, etc… Cela s'est parfois traduit par une frustration ou une déception des utilisateurs vis-à-vis de Blade. Un commentaire ?

- On aurait évidemment préféré ne rencontrer aucun souci. Les six derniers mois ont été très intenses pour résoudre l'intégralité de ces problèmes. Il faut comprendre que les fabricants de périphériques (au sens large) ne suivent pas tous le même jeu de normes et emploient même dans certains cas, ou pour certains composants, des protocoles “maison” qui nous ont compliqué la tâche.

Fondamentalement, “Shadow” était plus ou moins nativement compatible avec les produits qui suivaient un process d'industrialisation calibré, en accord avec les normes mondialement employées. Lors des déploiements envers nos 500 puis 2 500 clients, nous avons appréhendé un nombre soudain beaucoup plus important de situations diversifiées, parfois très variées. Il nous a donc fallu passer en mode “pompier” et corriger un par un ces problèmes, sachant qu'il nous fallait tout d'abord identifier les sources du problème, être capables de le reproduire, déterminer la meilleure solution, l'implémenter, vérifier que cela ne créait pas d'autres soucis ailleurs, et cetera et cetera. 

La routine en soit ! Mais Blade demeure une start-up avec un effectif limité : malgré toute notre meilleure volonté, des journées chargées et bien peu d'heures de sommeil, tout ceci nous a pris du temps. Aujourd'hui, nous avons atteint une bonne partie des objectifs de qualité et du fonctionnement du Shadow, suffisamment pour nous sentir sereins sur la suite et les prochaines phases de déploiement. Malgré tout, nous regrettons que l'expérience fût parfois amère pour certains et comprenons leurs réactions. Notre plus grande satisfaction serait qu'ils rejoignent à nouveau la communauté au cours d'un nouvel essai et qu'ils vivent cette fois l'expérience Shadow à son plein potentiel.

D'ici là, il nous reste de quoi faire ! Et le planning est d'ailleurs bien chargé pour les prochains mois…


- Il va falloir nous en dire plus :-)  Qu'avez-vous en tête pour la suite ?

- L'été sera chargé ! Il y a évidemment la Gamescom où nous aurons un grand stand et avons prévu de déployer plus d'une dizaine de machines en conditions réelles : l'objectif sera de faire découvrir le produit aux visiteurs et de leur montrer à quel point le Shadow est robuste et permet une expérience de jeu de haut niveau, à l'aune des critères d'exigence des gamers.

En termes de correctifs, la priorité est actuellement mise sur la fin de certains problèmes rencontrés au niveau des ports USB des boîtiers, ainsi que sur d'ultimes périphériques encore non reconnus. Si tout se passe bien, nous devrions être en mesure d'achever cela d'ici l'automne.

Enfin, nous nous concentrons de plus en plus sur la réalité virtuelle. Les performances du Shadow, notamment en termes de flux HD et de latence, permettent techniquement de proposer une expérience VR adéquate, avec suffisamment de puissance pour garantir la fluidité et l'immersion. Bon, nous n'en sommes pas encore tout à fait là et il nous reste encore pas mal de points sur lesquels travailler avant d'être prêts, mais ça avance !

- La réalité virtuelle via le cloud-computing… Ce serait rentrer dans une toute nouvelle dimension, pour vous comme pour les joueurs. Un objectif ambitieux ! Une idée de planning, une date de disponibilité ?


- Aucune ! Le sujet est complexe et ne peut souffrir d'aucune approximation compte tenu des exigences intrinsèques à la technologie. 

On pourrait peut-être annoncer quelque chose dans 6 mois au plus tôt ? Ou alors dans 9 mois, voire dans 1 an ! Désolé, je ne peux pas vraiment faire mieux pour le moment. C'est dans les tuyaux, une partie importante des futures évolutions du Shadow et on y travaille en priorité, tout en continuant à améliorer la qualité actuelle.

- De nouvelles évolutions pour le futur ? Voilà qui est intéressant, qu'avez-vous dans les cartons ?


- Ce sont des projets plus lointains pour l'heure et, à la différence de la VR, tous ne sont pas encore décidés : la validation et leur implémentation dépendront des discussions que nous avons à mener au sein de Blade et surtout des retours que continuent à nous faire le support et la communauté.

Les réflexions portent principalement sur les sujets suivants : une modulation supplémentaire de l'offre d'abonnement et le passage du Shadow au tout dématérialisé (les utilisateurs se connecteraient donc à leur machine virtuelle en mode “nomade”, uniquement via l'application Windows, Mac, Android ou autre).

Il existe aussi le mystérieux “Projet X ”, mais ça, pour le moment, c'est un secret !

- Et bien ce sera le mot de la fin. Bon courage et bonne chance ! Merci à toi, Samuel, et merci à Blade de nous avoir accueillis :-)

- Bon été à tous les lecteurs de GameHope !


Blade_panneau_couloir
"C'est ça le projet X ?" "Non, ça c'est un couloir".
24 juillet 2017 à 11h06

Par Visiteur du Futur

Revenir en haut