Duke Nukem Forever

Duke Nukem Forever
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"Venez découvrir Duke Nukem Forever pour la première fois en France le mardi 5 octobre dans une boîte à strip-tease parisienne". Mon premier réflexe, c'est bien évidemment de penser à un piratage extérieur de mon ordinateur par de vieux ennemis qui n'ont visiblement pas apprécié de se faire poutrer pendant des années à ma salle de jeu en réseau favorite. "12 ans après, ils sont revanchards ces cons" ai-je même pensé l'espace d'un instant. Bien sûr, je vous dis ça mais j'ai répondu positivement à l'invitation dans les 18 secondes après réception du message, sans prendre la peine de vérifier si mon emploi du temps le permettait puisque j'aurais sans vergogne annulé mon propre mariage pour m'y rendre. Piège ou pas.

It's gonna be legen... wait for it... dary

Il y a quand même une sacrée aura autour de Duke Nukem. Pourtant pas bien fin, il évoque tellement de choses à tant de gamers, souvenirs de bidoches d'extra-terrestres éparpillées, de phrases choc ( "It's time to kick ass and chew bubble gum. And I'm outta gum") et de frags en pagaille en multijoueur. Duke Nukem, c'est le titre qui vous a peut-être, comme à des milliers d'autres joueurs, fait découvrir le jeu en réseau. C'est peut-être pour cela que chaque annonce concernant Duke Nukem Forever fait parler d'elle. Retour rapide sur le plus grand vaporware de tous les temps.

Duke Nukem Forever

Look for a Duke Nukem 3D sequel soon

C'est ainsi que se terminait Duke Nukem 3D en 1996. On terminait le jeu dans un stade de football américain, en arrachant l'oeil d'un gros extra-terrestre et en transformant l'essai d'un magnifique shoot entre les poteaux. Et puis cette phrase "Look for a Duke Nukem 3D sequel soon", entendez "attendez vous à une suite à Duke Nukem 3D très bientôt". Annoncée dès 1997, celle-ci se sera fait attendre. Probablement le plus mythique de tous les vaporwares, c'est-à-dire que malgré ses annonces, ses news, ses quelques screens et vidéos, celui-ci s'est vu décalé en permanence, retardé, recommencé, et même mourut. Oui, en janvier dernier, on nous annonçait qu'entre 3D Realms, les développeurs, et Take Two, les éditeurs, il y avait de l'eau dans le gaz. En fait, le projet avait même avorté, non sans y mêler la justice (qui pour la petite histoire donna raison aux développeurs). Des fans ont pleuré (j'en connais un), d'autres n'ont pas bronché puisque très honnêtement, qui a pu croire ça ? Qui enterrerait une licence pareille, avec sa horde de fans pendue à la moindre annonce ? Mettons que je fasse un braquage avec un copain. Notre valise est pleine de diamants bruts, qu'il faut faire tailler. Bon, mettons qu'avec mon associé, on s'engueule sur le joailler qui va s'en occuper, et qu'on ne tombe vraiment pas d'accord. On fait quoi, on jette les bijoux ? Nan, on trouve une solution parce que c'est vraiment trop dommage. Cette solution, c'est Gearbox Software qui l'apportera, en terminant le boulot de 3D Realms.

Duke Nukem Forever

My foot. Your face !

En tout cas cette fois, ce n'est pas de la blague. Randy Pitchford, président et co-fondateur de Gearbox Software est présent pour nous rappeler la souffrance de l'attente. On connaissait Randy pour son travail talentueux sur le très qualitatif Borderlands, mais on ne se doutait pas que celui-ci avait rejoint l'équipe de 3D Realms en 1996 et même travaillé sur l'Atomic Edition de Duke Nukem 3D. C'est donc en tant que co-créateur inspiré qu'il nous a expliqué comment il avait hérité, non sans joie, du projet. La confiance entre 3D Realms et Take Two était clairement brisée, ils se sont placés en tant que médiateurs. Et le projet a pu reprendre, exactement là où l'avait laissé 3D Realms après plus de 12 ans de développement, c'est-à-dire à plus de 90% terminé. Le jeu prend place exactement 12 ans après le premier opus. Joli clin d'oeil n'est-ce pas ? Duke est devenu un héros national. Pire que ça, une véritable star, adulée, richissime, adorée et reconnue. L'homme qui a sauvé la terre tout seul ! Qui a repoussé l'invasion by himself ! Vivant dans un gigantesque manoir, celui-ci assiste au retour des extra-terrestres, qui décident de débarquer "en amis". Tout le monde est dupe bien sûr, le président des Etats-Unis le premier, mais Duke ne se laisse pas berner. Et lorsqu'il comprend que les aliens ont décidé d'enlever toutes les jolies filles sur terre, il reprend les armes dans l'instant. Oui, c'est très con, mais aussi très drôle et tellement dans l'esprit...

Duke Nukem Forever

I go where I please and I please where I go

Le jeu tourne sur PC et c'est hélas avec une manette de Xbox qu'on touchera pour la première fois à Duke Nukem Forever. Si mon moi d'il y a 10 ans me voyait, il me collerait très probablement une tarte derrière la tête. Bon, on aurait apprécié un clavier et une souris, ne serait-ce que pour le principe, mais passons. On débute avec une traditionnelle scène de pisse, un peu longuette car Duke en a une grosse, de vessie, et on retrouve les phrases et bruitages bien connus dès le départ. Vous êtes dans un vestiaire, quelques cadavres de flics démembrés gisent autour de vous. L'environnement est plutôt bien réussi. Vous vous dirigez vers un tableau sur lequel est inscrit le plan d'attaque. On peut prendre ses petits feutres Veleda et écrire ou effacer n'importe quoi. On dessine bien sûr nonchalamment un sexe turgescent devant un militaire émerveillé qui s'exclamera même "je ne comprends rien à ton plan mais c'est génial. Si je l'avais compris et vu avant, je suis sûr que ce mec-là, par terre, aurait encore ses jambes et au moins un testicule !". Puis on monte, et on découvre le fameux Stadium, le niveau final de Duke 3D. Celui-ci a été remodélisé avec qualité et le boss final du jeu qui était là il y a 12 ans est plus vif que jamais. Après l'avoir zigouillé à coup de double RPG, vous pouvez vous approcher de lui, arracher l'oeil du centre de son crâne et transformer l'essai, comme à la toute fin de Duke 3D. The end. Vue intérieure, deux mains posent la manette. Duke était en train de jouer à Duke Nukem, l'adaptation de ses exploits en jeu vidéo, pendant que deux jolies naïades terminent de s'affairer de manière buccale sous le pantalon. L'une d'elle lui demande "le jeu était bien ?". Réponse de Duke : "Il a intérêt à l'être, après 12 ans !".

Duke Nukem Forever

Rest in pieces

Le second niveau testé débute à bord d'une sorte de Duke Mobile, voiture qu'on a déjà pu apercevoir à travers certains screens il y a bien longtemps... C'est rapide, avec même un boost à enclencher, on écrase des ennemis en repensant nostalgiquement à Carmageddon, on se vautre parfois, mais la réalisation est très efficace. Lorsque vous n'avez plus d'essence, vous devez continuer à pieds. Aux armes relookées que nous connaissions déjà se sont ajoutées quelques nouveautés. On notera l'arrivée d'un inévitable fusil sniper à munitions laser qui ne manquera pas de démembrer vos cibles. On appréciera une localisation des dégâts qui permet effectivement de couper proprement un bras ou deux. J'ai même eu la possibilité de couper deux jambes à un alien en l'air, alors qu'il me sautait dessus. C'est toujours très rapide, bourrin et surtout ultra-décalé. Ya pas à dire, on retrouve des sensations perdues. L'esprit de 3D Realms règne clairement autour du gameplay. On ne retiendra de cette hélas trop courte phase de jeu un a priori très positif. C'est beau, c'est punchy, et tellement bon esprit. Oui, je suis fan et peut-être ai-je l'esprit embrumé par l'euphorie de retrouver le héros de mon adolescence mais force est de constater que c'est très réussi. L'esprit est intact, drôle, cru, débile. Duke, 12 ans après, n'a pas gagné en maturité et c'est franchement tant mieux.

Duke Nukem Forever
Bon. Là on y a joué. Il ne s'agit plus de petits screens jetés en pâture à des fans affamés, ou des vidéos pseudo post-mortem d'un jeu qui ne verra pas le jour. Il est là, il est prêt, on est en train de le polir actuellement dans les studios de Gearbox. Il est prévu pour 2011, c'est une date inamovible. Pire que tout, il a l'air d'être un très très bon jeu. C'est vrai, je me sens un peu stupide de vous dire que cette fois, c'est la bonne. Mais bon sang. Cette fois, c'est la bonne. Le Duke revient en 2011, plus puissant que jamais et surtout, surtout, il a eu la bonne idée de ne pas mûrir.
04 octobre 2010 à 22h00

Par The JoKeR

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