Test : Crysis 3 - PS3

Crysis 3 - PS3
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Ahhh Crysis. Fut un temps, « pourfendeur de cartes graphiques », « le détourneur de Benchmarks », ou encore « le GPU dans ton cul » faisaient partie des sobriquets qu’il pouvait aisément s’approprier. Six ans plus tard, ça n’a pas fondamentalement changé. Crysis 3 est beau, magnifique même. Mais n’est-ce pas là le dernier artifice d’une série en sérieux manque d’inspiration ?

Test effectué à partir d'une version PC

Si Michael Bay avait eu la chance de devenir scénariste/producteur/presseur de citrons sur le développement d’un jeu vidéo, il aurait probablement pondu Crysis 3 ou une mélasse s’en rapprochant fortement. Au cas où vous ne l’auriez pas compris : le scénario du dernier né de chez Crytek n’est absolument pas son point fort. Pour faire simple, le méchant groupe militaire du CELL s’est approprié l’énergie des aliens Cephs afin de faire main basse sur New York. Prophet, notre héros, cryogénisé et retenu prisonnier par ces mêmes malandrins, est libéré par les forces de la résistance menées par une SDF de 50 kilos. L’histoire se calibre ainsi et débute dans une New York transformée en véritable jungle puisque plus de vingt années se sont écoulées depuis Crysis 2.
Pas palpitante pour un sou, l’histoire de ce troisième volet s’appuie sur une mise en scène hollywoodienne et très tape-à-l’œil. La multiplicité des cut-scenes, pas vraiment utiles, tronque le temps de jeu que l’on n’imaginait pas être aussi bref. Alors que Crytek nous avait promis une aventure avec des espaces plus ouverts, on se retrouve toujours contraints à suivre une route bien prédéfinie, allant d’un point A à un point B sans pouvoir prendre des initiatives comme nous le permettrait un Far Cry 3. Crysis 3 n’est pas un jeu couloir, loin de là, mais l’esprit du boyscout dans la jungle du premier opus a définitivement été jeté aux oubliettes. Même si l’on constate un certain effort avec l’ajout de petits objectifs annexes pour nous faire bouger transversalement dans les niveaux et d’en apprendre davantage sur l’histoire, l’impression de liberté reste absente. Déambuler dans les environnements et forcer la fouille vous permettra de mettre la main sur des kits d’amélioration vous permettant de booster certaines capacités. On reste dans le très classique puisque vous pourrez « débloquer » des compétences afin d’améliorer votre armure, furtivité ou encore vitesse de votre arme. Déjà que le jeu n'est pas très compliqué comme ça, on se contentera de souligner que ça a le mérite d'étirer un peu la durée de vie, enfin presque.

C'est la cryse

Malgré cette rigidité du level design, c’est pas notre super combinaison qui nous empêcherait de courir, sauter et faire tout un tas de trucs vachement cool ! On demandait que ça, nous, de suer un peu. Parce qu’il faut dire que la seconde peau de notre Prophet facilite carrément la balade au milieu du CELL et autres aliens. Déjà couteau-suisse-cafetière-ratelier-à-flingues dans les opus précédents, la nano-suit de Crysis 3 a fait un arrêt au stand « lolz » pour subir quelques améliorations plutôt surprenantes. Se concentrant surtout sur la furtivité et l’amélioration de l’armure, on regrettera que l’utilisation de ces deux fonctions rende notre progression bien trop aisée. En plus de pouvoir passer sous le nez de nos ennemis assez facilement avec le camouflage optique ou en courant carrément jusqu’au bout du niveau avec la fonction armure maximum, d’autres petits joujous inclus dans notre peau V.3.0. frisent le « too much ». Notre scanner intégré permet de détecter et marquer les ennemis à travers les murs afin de suivre leurs mouvements tout comme le piratage des tourelles ennemies et autres mines de proximité. Pour couronner le tout, les fous de chez Crytek ont décidé de nous filer un arc tout droit sorti de chez Rambo MAIS EN MIEUX. C’est sûr que d’avancer furtivement et de décocher des flèches explosives comme Stallone ça fait un peu rêver, mais bon, trop facile, surtout quand on sait que la flèche de base tue un ennemi en un seul coup. Pour contrebalancer un peu tout ça, l’intelligence artificielle dans Crysis 3 reste plus étrange que performante. Alors que, par moments, des ennemis repèreront un de vos poils de fesse dépassant d’un muret à 300 mètres, dans d’autres ils oublieront très vite vos capacités hors normes en lâchant votre piste alors que vous venez de disparaître devant leurs yeux. Une I.A. très binaire, pas vraiment immersive, même si l’on sait que vos ennemis sont des sacs de viande qui finiront en charpie, cerveau ou pas.

Sur la vie de ma reum, comment il est beau mon jeu

Mais sinon, Cervat Yerli, le fondateur de Crytek nous a tellement saoulé avec son « plus beau jeu de la galaxie de ta mère du siècle » qu’on se sent quand même obligé de pondre un petit quelque chose concernant les graphismes de Crysis 3. Par professionnalisme aussi. Parce que, parler de l’esthétisme d’un Crysis, c’est un peu le truc que tu peux pas esquiver. Faut bien l’avouer, la beauté de cet opus surclasse tout ce que nous avons pu voir sur le marché actuel, surtout quand ça tourne sur un PC de guerre. Les détails fourmillent dans tous les sens, les éclairages sont magnifiques, chaque texture raconte une histoire et force le respect. Avec des environnements aussi réussis, on se sent obligé de s’immerger totalement dans l’aventure alors que d'autres points restent bâclés. A croire que tout Crytek, jusqu’aux femmes de ménage, s'est mis à taffer uniquement sur la modélisation du jeu pendant les trois dernières années, sous-traitant en Chine le reste du développement. Quoi qu’il en soit, ces graphismes sont mis en avant à travers les sept différents environnements qui seront à parcourir dans le jeu : marais, ville, intérieurs, cavernes… mais qui seront torchés trop rapidement pour pouvoir vraiment prendre son pied. Car Crytek semble avoir réinventé le concept du foutage de gueule à travers la durée de vie de ses jeux. En difficile sur PC, votre serviteur a bouclé le tout en trois petites heures, en comptant la pause caca/café/clopes et une main dans le caleçon plus souvent que sur le clavier. Ah bah oui, c’est pas énorme, mais t’en reprendra bien, non ? Tu vas l’acheter mon jeu ? Parce qu’après tout, y a quand même de belles images.
Sinon, il paraît que sur consoles, Crysis 3 accuse par moments des baisses infâmes de framerate et une optimisation plutôt crasseuse du CryEngine 3. Ah bah voilà, maintenant tu sais pourquoi t’aurais mieux fait d’acheter un PC à 1300 boules que ta vieille Xbox. Mais bon, on sait bien que les petits gars de chez Crytek ont toujours été plus attirés par le monde du PC, même si on peut se demander s’ils sont au courant que les principaux acheteurs se trouvent sur le marché consoles.
Finalement, on finit par se demander si le point fort de Crysis 3 ne réside pas dans son mode multijoueurs ? Déjà bien développé et mis en avant dans Crysis : Warhead, le multi chez Crytek s’est quand même pas mal poli au fil des années. Cervat Yerli déclarait d’ailleurs très récemment que l’expérience solo devait disparaître et qu’il fallait davantage considérer le « solo connecté » ou « solo en ligne ». Ouais, en gros, plus de connectivité, du DRM à tout va, des DLC dans ton cul et des files d’attente pour jouer seul dans ton coin. MAIS SURTOUT, le développement un peu plus soigné des modes multijoueurs. Concernant cet opus, on se dit qu’après les palpitantes trois heures de solo qu’on vient de broyer, on va bien profiter des 50 euros restants de la galette pour aller voir du côté du multi. Ainsi, les parties voient s’affronter jusqu’à 12 joueurs en même temps à travers huit modes de jeu différents. Les modes vont du très classique Deathmatch ou Capture The Flag au mode Chasseur, vraiment fun, qui permet à deux joueurs furtifs à l’arc de se farcir les autres joueurs incarnés en simples soldats. Bon, c’est sûr que de se faire trancher l’oignon par deux guignols camouflés, le fun s’estompe vite, mais quand vient votre tour d’être le prédateur, y a moyen de vraiment se faire plaisir. Il est important de préciser que tous les modes multijoueurs comprennent l’utilisation de la nano-combinaison pour tous les joueurs, ce qui signifie furtivité et max armure à gogo, générant un chaos permanent rempli de gentils bambins mignons qui couinent au moindre frag. Vous l’aurez compris, les mécaniques utilisées dans le multi de Crysis 3 le place très loin de la dynamique du sport électronique mais procure une certaine dose de fun qui finira, hélas, par s’estomper au bout d’un moment.
Crytek et sa série phare, sur qui les critiques semblent glisser comme les balles sur la combinaison de Prophet, jouent avec le feu et n’apprennent apparemment pas de leurs erreurs. Histoire pas folichonne pour un sou, mécaniques vues et revues, linéarité dérangeante… Ce Crysis 3 pourrait bien être le moins bon de la franchise. Certes, la plastique superbe fait son office mais enrobe tout un tas de cochonneries, un peu comme si je glissais mes saloperies d’un coup de pied sous le tapis. Crysis, Crysis 2 et maintenant Crysis 3, l’évolution fait peur. Enfin, bon, on s’en fout un peu, Crysis 4 sortira et aura de belles images. C’est pas ça l’important ?
13 mars 2013 à 16h48

Par

Points positifs

  • Les graphismes, évidemment
  • Le multi sur certains points
  • Les possibilités de l'armure
  • L'arc

Points négatifs

  • Trop facile !
  • Trop court !
  • Scénario chelou et pas prenant
  • La fin qui pue
  • Rigidité du level design
  • Vu et revu

Gribouillé par...

Lorris

Lorris

Fin limier du mot

Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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