Test : Henry Hatsworth : L'Incroyable Expédition - DS

Henry Hatsworth : L'Incroyable Expédition - DS
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Henry Hatworth est de ces expériences rares ! Mais attention à ne pas se tromper dans la définition de rareté. Car ici, sa particularité tient dans son approche singulière de concepts qui ne le sont pas. Hatsworth tente une percée conceptuelle et peut s'enorgueillir de rendre hommage à sa manière à des genres antédiluviens, parfois maintenus sous perfusion par des éditeurs/développeurs peu scrupuleux.
La petite équipe d'Electronic Arts en charge de ce jeu a fait un travail remarquable ! Ca, c'est dit. Ils ont puisé ce qui constitue l'essence même des jeux de plateforme (dans leur forme la plus classique) et de réflexion (dans une forme toute aussi conventionnelle), afin d'en extraire une partition commune. Résultat : Henry Hatsworth est une expérience rafraîchissante ! Mais comme souvent dans les essais d'anticipation, d'inéluctables dommages collatéraux s'invitent, parvenant à ternir les plus louables intentions.

Une incroyable expérience ?!

Henry Hatsworth est un jeu d'aventure. Son originalité vient de ses phases d'action qui intègrent intimement un jeu de réflexion. On a donc deux concepts entremêlés : un jeu de plateforme et un jeu de réflexion. Même si le second sert plus de béquille au premier. Car en effet, le gros de l'aventure, de son histoire et de son écriture s'opèrera lors des phases de plateforme. Vous êtes Henry Hatsworth, un genre de Docteur Jones so british qui part à la recherche d'une tenue ancestrale disséminée aux quatre coins du globe.

Le choix de la 2D n'est pas non plus anodin. Choix technique de premier ordre quand on pense à la DS, mais qui nécessite une certaine maîtrise si on ne veut pas sombrer dans la facilité (et la pauvreté). Henry Hatsworth aurait pu être sous-titré "l'incroyable expérience" tant le résultat s'avère rafraîchissant. L'écran supérieur est dédié au jeu de plateforme, quand l'écran inférieur l'est pour le jeu de réflexion. Les deux concepts sont d'une complémentarité intelligente, à savoir que les ennemis que l'on trucide dans l'aventure sont envoyés (sous forme de blocs) dans le second écran, et qu'il faudra les faire disparaître (en formant des lignes de blocs de couleur identique), sans quoi ils réapparaitront dans l'aventure...

Un gameplay maîtrisé = une console maîtrisée

Ce qui fait une des spécificités d'Henry Hatsworth est l'étonnante maîtrise d'un gameplay aussi frais. Le concept en lui-même est bien fichu, bien pensé, et ne montre pas beaucoup de faiblesses. Le concept, non, mais dans le détail, les erreurs abondent... On pourrait regretter par exemple une sous-utilisation des fonctions si particulières de la Nintendo DS, que ce soit l'écran tactile ou le micro... Henry Hatsworth est un jeu qui aurait pu être fait différemment sur d'autres supports tout en conservant l'essentiel de sa substance, mais qui se montre vraiment à l'aise sur le double écran de la Nintendo DS.

Dans Henry Hatsworth, il faut aussi aimer la plateforme ET les jeux de réflexion, sans quoi l'expérience risque vite tourner au supplice. Car même si on pourrait penser que l'un et l'autre sont dissociés, il n'en est rien. La plateforme dépend de la partie réflexion et vice et versa. Pourquoi ? Parce que les ennemis que l'on tue ou encore les icônes que l'on ramasse ont une deuxième "vie" dans l'écran inférieur. Il faut ensuite les détruire pour en connaitre les vrais bénéfices. On passera donc du temps dans les deux phases de jeu, et si l'une d'entre elle ne nous plaît pas, l'autre ne suffira pas à la rattraper. Les pouvoirs spéciaux de l'aventure ne pourront être déclenchés qu'à partir du puzzle-game, qui ne les verra apparaître en son sein qu'une fois ramassés par Henry sur l'écran du haut. Au fur et à mesure de l'aventure, on décèlera une multitude de subtilités techniques, et si l'on trouve la phase de réflexion trop répétitive et simpliste à la longue, ou si certaines phases de plateforme ne parviennent pas à nous exciter, c'est l'harmonie d'ensemble qui s'en trouvera esquintée. Il s'agit donc bien d'une expérience à accepter dans sa globalité.

Et c'est pas fini !

L'histoire nous fera voyager autour du globe. Et comme les développeurs n'ont rien trouvé de mieux depuis des décennies que de représenter la diversité environnementale de notre planète par une bête diversité climatique, on déambulera dans une succession de lieux d'un classicisme rageant (terre de feu, eau, glace, etc.). Autre point non pas rageant, mais bien plus contraignant cette fois-ci, la longueur des niveaux. Elle est telle que la rareté des points de sauvegarde rend l'aventure inadaptée aux sessions courtes... A l'ancienne !!

Pour conclure, un mauvais mélange de bons jeux peut en toute vraisemblance donner un résultat médiocre. Un excellent mélange de mauvais jeux pourrait probablement enfanter un résultat tout aussi piteux. En revanche, un bon mélange de jeux moyens donne ici un résultat des plus surprenants. Et bien qu'aucun des deux gameplay ne puisse prétendre tenir la route à lui seul (sauf peut être la plate forme qui est à certains moments de qualité), l'émulsion inventée s'avère excellente quand on les associe. Bien mélangés, réglés et ajustés, ils nous distillent une des aventures les plus réussies de la Nintendo DS. Ce subtil mélange ne tenait pas à grand chose, EA semble l'avoir réussi !
Henry Hatsworth est de ces jeux qui donnent un sens au double écran de Nintendo. Leur confrontation est intelligente. Les choix esthétiques sont assumés. La bande sonore est entraînante. L'histoire a un intérêt certain grâce à une écriture d'un humour habile. Le gameplay qui résulte de cette tambouille s'avère frais, et malgré tout profondément abouti. En bref, Henry Hatsworth est un jeu qui aurait pu être abordé différemment sur d'autres supports tout en conservant l'essentiel de sa substance, mais qui se montre vraiment à l'aise sur la Nintendo DS. Une expédition rare !
27 septembre 2010 à 22h12

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Points positifs

  • Un gameplay maîtrisé ET rafraîchissant
  • L'humour
  • L'interface
  • Les pouvoirs spéciaux !!!
  • Les animations
  • Certains ennemis et les boss
  • La bande-son
  • L'univers coloré

Points négatifs

  • Il faut aimer la plateforme ET les jeux de réflexion
  • Pris séparément, les jeux auraient été plutôt moyens
  • Des environnements d'un classicisme absolu
  • Des niveaux un poil trop longs et inadaptés aux courtes sessions de jeu
  • Sous-utilisation des fonctionnalités de la DS
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