Test : Resident Evil 4 - Gamecube

Resident Evil 4 - Gamecube
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Resident Evil premier du nom fut pour moi une vraie révélation. C'est à mon sens la première fois que le jeu vidéo se confondait avec le cinéma et proposait de ressentir les mêmes émotions que celles dispensées par le septième art. Aujourd'hui encore, je tiens des moments comme la première rencontre avec un zombie ou l'arrivée fracassante des dobermanns (il y a d'ailleurs toujours l'empreinte de ma boite crânienne imprimée sur le plafond) comme autant d'instants de bonheur absolu, d'expériences gravées au fer rouge dans la légende du jeu vidéo. Plus de dix ans plus tard, après avoir savamment exploité le concept en ne le bougeant pas d'un poil, Capcom se remet en question et livre un pur chef d'oeuvre d'action et d'immersion. C'est parti pour un test tout en dentelle. Comme d'habitude.
Leon Kennedy n'est pas un inconnu pour qui a joué à Resident Evil 2. C'est un rescapé de la tragédie de Racoon City, qui fut flic l'espace d'une journée, juste avant qu'une horde de zombies déliquescents ne mette la ville à feu et à sang. Depuis, il s'est dit qu'il portait mal l'uniforme, et après avoir tenté une brêve carrière dans la vente à domicile de tondeuses à poils de nez, le beau gosse a intégré les services secrets américains. Ses supérieurs l'ont envoyés en Europe, probablement l'espagne, soit le trou du cul du monde pour l'américain moyen, enquêter sur l'enlèvement de la fille du président des états-unis par une mystérieuse organisation. Evidemment, si il s'était agit de la fille du garagiste de Saint-Ploudec on s'en serait cogné pas mal, mais la fille du président des états-unis... là, ça mérite bien un jeu-vidéo.

Wézideunte... ivoooooooole... faure !

Point de long préambule destiné à plonger le joueur dans un univers malsain comme dans Silent Hill. On entre dès les premières minutes dans le vif du sujet. En effet, le premier contact de Leon avec les autotochnes du village où le mène son enquête est plutôt rude. Les braves gens qui l'invectivent en espingouin brandissent des fourches et des haches pour lui souhaiter la bienvenue, à l'inverse de la polynésie où les vahiné offrent un collier de fleur. Ils semblent évoluer dans un autre univers, leur regard haineux est dénué d'intelligence et ils meurent d'envie de chasser l'étranger qui s'est introduit chez eux. On devine que ces gens là votent front national. Seulement armé d'un couteau (dégainable en pressant la gâchette gauche) et d'une arme de poing (que Leon brandit en pressant la gâchette... droite ! Comment avez vous devinés ?), il va falloir repousser les assauts des villageois, qui aiment leur viande saignante et muette. Et jusqu'à la fin, pendant une vingtaine d'heures, ça ne va plus s'arrêter, la poudre va remplacer les mots et l'adrénaline et l'hémoglobine vont couler à flots.

Vive le Z

Autant vous le dire tout de suite, même si l'intrigue se laisse suivre agréablement, et que les cinématiques sont trés bien réalisées, on est loin de l'ambition scénaristique d'une oeuvre surpuissante comme Metal Gear Solid. Quand aux dialogues, même si ils sont servis par un doublage anglais de qualité, on est souvent plus proche de "Mon curé chez les nudistes" qu'un film dialogué par Audiard. Non, dans Resident Evil 4, l'histoire n'est qu'un vague prétexte pour enrober une ambiance incroyable et un jeu dopé à la testostérone. Même le pseudo-bouleversement du fond de Resident Evil (on n'a plus affaire à un virus propagé par Umbrella mais à autre chose) sur lequel se sont tant paluchés les journaleux de la presse écrite n'est finalement qu'anecdotique. Qu'importe, car ce volet distribue quand même les baffes par dizaine. Finis les environnements en 2D précalculée avec caméra fixe. Bonjour la full 3D, avec la caméra placée judicieusement juste derrière le personnage, un peu sur sa droite. Et quelle 3D ! Attendez, c'est bien une gamecube qui est branchée sur mon téléviseur ? Cette petite boîte qui habituellement dispense des jeux flous, cubiques et aux couleurs criardes ?
Ben j'en suis resté comme deux ronds de flans. Capcom m'a fait ravaler tout mon fiel et les vilains commentaires que j'ai pu émettre sur cette console. Resident Evil 4 est beau à se damner. De mémoire de joueur, on n'avait vu sur console de flammes si réalistes qu'on se brûlerait presque en touchant son écran, d'étendues d'eau si bien restituées, de textures aussi chiadées, de visages aussi bien modélisés. C'est une vraie tuerie, dans tous les sens du terme. Et même avec une meute de zombies autour de vous, aucun ralentissement ne se fait sentir, pas la moindre perte de fluidité. Ok, j'admets, la gamecube en a sous le capot. Monsieur [[5809]], je fais pénitence.

Le doux chant du fusil à pompe

Dans le cas de RE4, le ramage se rapporte au plumage et se montre bandatoire à tous les niveaux. Il s'agit d'une véritable ode à l'action que nous avons là, fortement influencée par les grands films du genre tels Indiana Jones, Terminator 2, Predator, Die Hard... autant de références interdites des sujets de conversation aux réceptions de l'ambassadeur mais néanmoins foutrement jouissives. Les développeurs ont déclinés le dégommage sous toutes ses formes. Il faut jouer du calibre presque comme d'un instrument de musique. Ah, qu'elle est douce la mélodie du chrik-chrik du fusil à pompe qu'on recharge, lorsqu'elle est suivie de la détonation accompagnée du bruit caractéristique d'une tête qui explose comme un fruit trop mûr. Mmmhh... Euh, attendez un peu avant d'appeler la maréechaussée, je vous assure que je ne suis pas une menace pour la société.
L'arsenal présent pour dessouder du ganados est conséquent. Rien d'original (on aurait aimé pouvoir, par exemple, affuter une tronçonneuse sur le facies des zombies) mais les grands classiques sont là ; fusils à pompes, lance-roquette, mitraillette automatique, grenades, fusil de sniper, magnum, etc. Il est possible de vendre ou d'acheter ces armes, et d'en améliorer les caractéristiques, auprès d'un type à l'air louche. Et heureusement qu'il a l'air louche, car croiser un vendeur à la sauvette juste avant d'affronter des créatures de cauchemar, c'est aussi décalé que croiser un vendeur de Darty en plein débarquement de juin 1944.

Non-stop-action-video-game

On défouraille dans toutes les situations possibles et inimaginables ; dans un wagon lancé à toute allure dans une mine, à l'arrière d'un bulldozer, dans une maison cernée par les ganados et où l'on doit repousser leurs assauts. On a jamais l'impression de faire la même chose. Le point culminant de cette frénésie d'action est atteint lors des affrontements avec les boss, tous plus vilains et énormes les uns que les autres. A ce titre, le premier affrontement avec "El Gigante", sosie du troll du seigneur des anneaux, asseoit sur le cul définitivement si ce n'était pas déja fait. Par la suite, de tels moments d'anthologie se répéteront, comme l'affrontement avec un gros cafard humanoïde insensible aux balles et qui sort littéralement des murs pour vous trucider.
C'est dans ces moments là que le système génial de Quick Time Event fait merveille. Repris du vénérable Shenmue, les QTE peuvent se déclencher à n'importe quel moment, aussi bien lors d'une cinématique qu'en plein jeu. Il faut presser dans un laps de temps limité une combinaison de bouton (L+R ou B+A, et aléatoirement) qui fait intervenir des réflexes dignes d'un sayajin. Loin de hacher le déroulement du jeu, ces QTE contribuent encore à densifier et rythmer les phases de jeu.
Je vous gâche un peu la surprise : Leon (qui d'ailleurs est un croisement entre David Bowie, Leonardo Di Caprio et Benjamin des Queers) le super-agent secret de la muerte finira par retrouver Ashley (qui porte son pull comme Laurent Fabius), la fi-fille à son président des zétazunis. Elle le suivra pendue à ses basques et il faudra alors veiller à ne pas trop la laisser en arrière sous peine de la voir se faire capturer (comptez sur elle pour le signaler) et lui éviter les dommages corporels qu'occasionnent parfois une boucherie à la sulfateuse. Un vrai boulet, même si parfois la demoiselle met la main à la pâte et aide le pauvre Leon à débloquer des mécanismes. On en vient presque à espérer la prochaine fois où ceux d'en face vont avoir la bonne idée de la ré-ré-enlever, et où l'on pourra se livrer à un carnage en règle sans se soucier de quelqu'un d'autre que sa petite personne. .
En fait, c'est à peu près tout ce que cet opus propose comme nouveautés. L'aventure est encore plus linéaire qu'autrefois ; il est impossible de se perdre tant on suit un chemin tout tracé duquel il est impossible de s'écarter (tiens, c'est vachement profond ce que j'écris, je devrais rapper moi). D'ailleurs pas une seule fois je n'ai eu à me servir de la carte. Quand aux mécanismes de jeux, ils n'ont pas évolués d'un iota depuis l'original. On passe devant une porte fermée, et à chaque fois il faut avancer un peu plus, récupérer un objet en résolvant une énigme neuneu, puis revenir en arrière pour deverrouiller la porte. Les ficelles commencent à être trop voyantes, même pour le joueur occasionnel. Messieurs les développeurs, il serait temps de revoir vos copies et d'arrêter de prendre les joueurs pour des mongolitos. Même si il y en a en proportion non négligeable...
Si les fameuses herbes thérapeutiques (non, il ne s'agit pas de cannabis) vertes et rouges ont été conservées, les bleues ont foutues le camp au profit d'une herbe jaune, qui associée à l'herve verte augmente la jauge de vie maximum. Quand à l'inventaire, il prend place désormais dans une valise aux emplacements limités. Valise qu'on pourra changer moyennant pesetas contre de plus en plus volumineuses, histoire de s'éviter le dilemne shakespearien "Lance-Grenade ou Fusil à Pompe, là est la question". Plus besoin en revanche de se soucier du rapatriement des objets-clés et trésors puisque ceux-ci disposent de leur propre emplacement illimité en contenance.

C'était vraiment trés intéressant !

Comme dit auparavant, le joueur lambda que je suis a bouclé l'aventure et sauvé le monde en jeu-vidéo en une vingtaine d'heures. Vingt-heures à stresser sa race alors que deux balles restent dans la barillet du magnum, dix dans le TMP, trois dans le fusil à pompe, et que si ça continue il va falloir se farçir au couteau, autant dire un cure-dent, les terrifiants regerenadors, plagas, militaires et autres monstruosités. Malgré les sauvegardes fréquentes et les checkpoints pas trés espacés, Resident Evil a gagné en stress ce qu'il a perdu en pouvoir flippant.
Et quand il y en a plus, y en a encore. Finir le jeu débloque deux modes assez jubilatoires. Le premier permet de jouer Ada Wong dans une mission bonus. Le deuxième, sobrement intitulé "Mercenaries", vous largue parmi les ganados hostiles. Il faudra en dégommer un maximum et réaliser des combos de shoot avant l'arrivée de l'hélicoptère venu à la rescousse. De quoi prolonger le panard pendant une ou deux heures.
Avec une réalisation aussi parfaite, on se demande comment les programmeurs ont pu laisser passer d'aussi nombreux bugs de collision, comme les zombies qui traversent à moitié les portes fermées. Déplorable aussi que l'interactivité avec le décor soit aussi limitée. Le jeu est déja bien puissant, mais avec un environnement qui aurait morflé dans la bataille, on aurait atteint le nirvana, l'everest du simulateur de meurtre.
Resident Evil 4, c'est du brutal. Du costaud pas pour les fillettes, qui tâche à l'hémoglobine. Jubilatoire de bout en bout.
02 avril 2005 à 13h05

Par

Points positifs

  • Jubilatoire
  • Aucune lassitude
  • Difficulté dosée au poil

Points négatifs

  • Linéaire
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