Test : Stranglehold - PC

Stranglehold - PC

Stranglehold - PC

Genre : Action de John Woo

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Reposant sur un système vieux comme Kago du "j'allume tout ce que je vois", Stranglehold a, sur le papier, tout pour déplaire en ce temps ou le jeu vidéo doit être forcément si conditionné. Seulement, s'il aborde en effet un gameplay in-té-gra-le-ment porté vers l'action, ainsi qu'une atmosphère caricaturée à l'extrême et une réalisation tape à l'œil -mais pas trop- ce Hard Boiled vidéoludique n'a strictement rien d'une bouse, aussi impressionnant que ça soit. Car Stranglehold, c'est avant tout un soft à l'ancienne ; et ce concept, que les Kevin pensent has been, n'a indéniablement rien perdu de sa capacité à faire frémir de plaisir.
Soyons francs : "A toute épreuve", je ne connais que de nom. Heureusement, j'ai vu bien assez de films de John Woo pour comprendre qu'il n'était qu'un éminent sociopathe zoophile. Mais, si chez recherchiez via ce test un essai bien pompeux sur l'aptitude "d'adapter" une œuvre cinématographique en un jeu d'action à tendance poétique, je ne pourrai que vous conseiller d'aller zieuter chez la concurrence professionnelle. Ces cons sont, certes bien plus calés là-dessus, mais aussi indéniablement beaucoup plus chiants à lire.

Do Ya Thang

L'inspecteur Tequila est beau, grand musclé, et surtout, il ne se laisse pas faire. Tourmenté par une histoire d'amour ayant capotée, sa rage n'a d'équivalent que son style : simple, épuré, et de chez Jean-Paul Gaultier. Enfin, bien plus qu'une gravure de mode, Tequila est avant tout une sacrée tête de mule, et ce point, qui pourrait paraitre anecdotique, est finalement la source de tout l'attachement que l'on ressent pour le personnage en jouant. Le bougre est si prétentieux, provocateur, sur de lui, irrespectueux avec son Capitaine, qu'il en devient bigrement ensorcelant. Les scènes ou il défie toute l'autorité policière, faisant ce qu'on lui interdit, désobéissant, bravant des risques suicidaires, sont de vraies perles de bonheur et de mise en scène, si bien qu'elles détendent, avec brio, entre deux gunfights virulents. Mais Tequila ne se fout pas sur la gueule avec la moitié de la Chine pour rien, premièrement, il sera question d'un confrère policier assassiné froidement, menace d'un gang aux autorités ; et rapidement, par la suite, l'affaire dévoilera ses réelles problématiques pour concerner directement Tequila : lui, son histoire d'amour, et sa verge. Bien sur, John Woo oblige, l'avancée scénaristique est kitsch au maximum, les méchants sont vraiment méchants et ont des sales têtes, les gentils se font molester sans avoir rien demandé, et des péripéties pas surprenantes pour un sou tenteront de pimenter un temps soit peu la trame. Dans l'ensemble, on a déjà vu pire (du même auteur d'ailleurs), mais foncièrement, rien d'alarmant n'est perceptible, du moins tant qu'on a l'esprit assez ouvert pour des scènes complètement space, mais faisant parti du trip assumé que propose le jeu.

Tequila… Quel nom à la con…

A la fois simple mais pourtant assidument complexe, le gameplay de Stranglehold repose dans un style mêlant Max Payne à Devil May Cry, mais en beaucoup plus spectaculaire. Assez contradictoirement, il devient loin d'être aisé à maitriser, tant les possibilités d'actions sont nombreuses, à chaque gunfight se présentant. Du coup, voir quelqu'un jouer le même niveau que l'on viendrait de finir parait assez déroutant s'il utilise des éléments qu'on aurait négligés, ou plus simplement ignorés. Enfin, pour en revenir aux influences du jeu, et spécifiquement celles pompées à Max Payne, on retrouvera dans Stranglehold, bien sur, toute la gamme de sauts qui déclenchent automatiquement un ralenti "Tequila" –si un ennemi est proche-, et la possibilité de déclencher manuellement ce fameux ralenti. Le soft de Midway "innove" cependant dans le fait que les ralentissements de l'action y sont beaucoup plus représentés : Tequila peut en effet interagir avec une pléthore d'éléments du décors, comme des tables, des rampes d'escaliers, des chariots, des lustres, ou même les murs… Presser la touche d'action lorsqu'un de ces éléments est en surbrillance engendre alors l'action adéquat (marcher sur la rampe, ventre à plat sur un chariot… le tout au ralenti si méchants à laminer il y a), et surtout, permet de créer des enchainements de folie, qui font monter votre notation spectaculaire (et c'est à ce moment que Devil May Cry intervient). En gros, plus vous foutez le bordel, utilisant votre environnement pour roxxer comme Tom Cruise dans MI:3, plus vous emmagasinez les points, débloquant alors quatre features de la fin du monde, dont tout ce qui est bridé et belliqueux a forcément peur.
La première, mineure, est un petit gain de santé, que les pucos pourront utiliser lorsque l'action se révèlera comme un peu trop intense, tandis que les trois prochaines sont allègrement plus offensives : le tir de snipeur super-précis-de-la-mort (provoque un zoom X36 et permet de viser la burne gauche d'un ennemi situé à 50 bons mètres), l'assaut (une fois lancé, vous pourrez tirer pendant un certain laps de temps sans vous soucier ni de recharger (de toute façon, cet insignifiant détail n'existe même pas dans le jeu) ni du nombre de balles qu'il vous reste), ou le plus classe, le tourbillon -du faucon gracieux prenant son envol vers son humble destinée- que je ne prendrais même pas la peine de présenter, mince. Voila, maintenant, tous les éléments du gameplay de Stranglehold sont réunis, enfin, presque. Car s'il sera en effet possible de génocider en large, en travers, et sur les cotés, il est aussi conseillé de s'y prêter en utilisant, encore une fois, le décor entourant l'action. Ainsi, n'importe quel panneau publicitaire, planche de bois soutenant des produits, ou colonne supportant une habitation, peut être démolie, et du coup tomber sur vos assaillants, ou détruire l'endroit ou ils se pensaient à l'abri. Les possibilités s'en retrouvent décuplées… Pour un moment, car après avoir fini le jeu (sa durée de vie tourne entre 6h, en allant vite, à grand max 9h), le recommencer au niveau de difficulté supérieur n'est pas forcément engageant, et les bonus que propose John Woo dans le menu en question, font plus office de goodies pour mégalomanes. Ensuite, on peut reprocher au jeu quelques irrégularités de gameplay, comme des plongeons qui ne sortent quelques fois pas en ayant pourtant appuyé, le fait que Tequila roule sur le sol une fois sur quatre, et surtout la lassitude que connaitra indubitablement le joueur n'adhérant pas au "délire" du jeu. Et Stranglehold, c'est avant tout une non prise de tête totale. Si vous n'aimez pas les situations irréalistes, ou voir un mec seul exterminer 500 hommes en un seul niveau, vous n'aimerez pas, point barre.

Bois Colombes

Techniquement parlant, Stranglehold est malheureusement très inégal, certains niveaux sont vraiment limites (comme le tout premier au centre-ville) tandis que d'autres sont vraiment nickels et regorgent d'effet next-gen à la mode qui font non seulement briller la moindre parcelle de béton, mais aussi accessoirement crisser ta TV HD de bourgeois. Et forcément, le fait que quasiment tous les éléments du décor soient destructibles apporte un indiscutable bon point à la réalisation générale, au point même que ces amas de pyrotechnie jouent une rôle prépondérant sur le coté immersif du soft. Imaginez : pris dans une fusillade éclatant en face de vous, les balles fusent, tout pète, pour vous extirper du danger vous effectuez un plongeon latéral vers un pilône, dézinguant dans les airs quelques-uns de vos assaillants, une fois tombé, vous vous relevez et vous plaquez sur votre mince zone de couverture, et là, vos futurs bourreaux matraquent de calibre .45 la colonne de béton qui éclate petit à petit en morceaux, ne laissant en apparence que sa consolidation en fer, et le corps de Tequila bien apeuré pour le coup. Ahurissant. M'empêche, en faisant un minimum le rabat-joie, on pourrait critiquer le fait que les ralentis manquent un peu de pèche, et que le filtre orange-marron employé y rend vraiment moyennement, mais c'est vraiment tout. Les protagonistes de l'aventures ont par exemple été modélisés avec soin, et malgré le fait qu'a chaque mission il faille génocider plusieurs centaines d'ennemis, ces derniers sont assez diversifiés pour refouler l'ennui. D'autres jeux ne se donnent pas cette peine.
Coté bande-son, on reste dans le John Woo-isme de base, avec des thèmes pleins de compassion, qui donneraient presque envie de lâcher une petite larme lorsqu'un innocent se prend une balle perdue, ou que Tequila lance son attaque frénétique de-la-mort-qui-tue. Sinon, en plein jeu, la musique est assez discrète, pas exceptionnelle, c'est un fait, mais pas repoussante pour autant. Les doublages sont quant à eux aussi volontairement caricaturaux que l'œuvre complète, avec, sans simplifier, des voix lourdes pour les méchants pas beaux, et des douces pour les gentils mignons. Et dommage aussi (à moins que le fait de ne pas être équipé de matos Dolby Digital Machin 5.1 Surround Master EX me soit fatal) du fait que tous les acteurs soient aussi timides : lors des cut-scenes, on n'entend rien, à chaque fois on doit monter le son à fond pour entendre de quoi ces cons parlent, un peu comme dans SC : Double Agent. Mais enfin, pour en finir, lâchons le coté sonore pour jeter un œil au multi, pas si mauvais que ça, mais dont la légitimité sur le long terme est carrément douteuse car les matchs sont assez brouillons (même si on notera qu'il est possible d'utiliser les super attaques). Enfin, pour ne pas mentir, j'ai à peine pu y jouer, étant donné que les serveurs sont quasi-déserts. En cette période ou Halo 3 cartonne, on ne se demandera pas pourquoi…
Stranglehold est au final, un vrai bon jeu, sitôt qu'on se prend au délire de la caricature, des colombes qui jonchent toutes les scènes, des dialogues ridicules, et de l'action non stop. A se la jouer réalisateur, enchainant les combos les plus fous, tout en dézinguant son monde, on prend un pied terrible, c'est indéniable. Après, forcément, des défauts subsistent, comme la durée de vie, une éventuelle lassitude, ou la non-volonté/possibilité d'adhérer à cet atmosphère. Mais sur ce dernier point, Stranglehold mérite sans vergogne que l'on s'intéresse à lui, car contrairement à ce qu'il peut laisser présager, il en a dans le bide, et pas qu'un peu.
06 octobre 2007 à 21h20

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Points positifs

  • L'action non-stop
  • Le style, les gunfights
  • Les décors destructibles
  • L'atmosphère complètement kitsch

Points négatifs

  • L'action non-stop
  • Graphiquement inégal
  • Trop court
  • L'atmosphère complètement kitsch
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