En tant que jeu d'aventure,
Secret Files : Tunguska prouvait que
Fusionsphere Systems les connaissait et les aimait. Certes, il n'avait rien de bien original, tant au niveau du gameplay que de l'absence de prodigieuses trouvailles scénaristiques.
Tunguska était l'archétype de l'expérience plaisante, attachante, mais pas extraordinaire.
Puritas Cordis ne semble pas nourri des mêmes ambitions.
Parlons de l'histoire...
On n'échappera malheureusement pas à des dialogues à rallonge, bourrés de clichés et sous perfusion de formules convenues. Dans les Point & Click, c'est souvent leur qualité qui entretient l'intérêt de l'aventure, de part leur omniprésence et leur délectable saveur. Mais ici, l'histoire médiocre n'est soutenue que par des personnages sans peps, déambulant avec toute l'énergie nécessaire à les rendre inintéressants. Ainsi, la secte tentaculaire de Puritas Cordis fait bien piètre figure face au spectre éternel des chevaliers de Baphomet. Soyons francs, car dans le lot, on peut malgré tout distinguer quelques répliques particulièrement fûtées ; avec par exemple cet hidalgo, beau gosse et dépressif, qui fait part d'une de ses analyses à Nina "
Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt. Le problème, c'est qu'ensuite les autres aussi se lèvent." Mais au-delà de quelques perles qui ressuscitent un intérêt vascillant, je reste perplexe. Perplexe, car qui aurait obligé les développeurs à produire un scénario aussi convenu ? Qui les aurait empêché d'y introduire une ou deux petites surprises, personnages insolites ou retournements de situation ? Je ne voudrais pas sombrer dans une thèse conspirationniste, mais il me semble évident qu'il y ait quelqu'un derrière tout ça. Une personne au cynisme irrationnel, dont le charisme persuasif ferait ressurgir toutes les ombres de l'incompétence.
Histoire de doublages...
Bon, vous l'aurez compris, les dialogues ne sont pas inoubliables, voire mêmes endormants. Mais il ne faut pas non plus oublier qu'en grande partie, leur mauvaise qualité est due à une interprétation du même niveau. Avec une mention spéciale pour la voix de Nina, qui soit surjoue modestement, soit nous assomme lourdement, soit fait tout simplement exprès de nous énerver... Je ne vois pas comment ne pas être choqué par tant d'amateurisme. Comment un jeu assumant sa condition de Point & Click, appartenant donc à une famille si imprégnée par l'écriture, arrive à produire de tels monceaux de méconiums acrimonieux ? Comment négliger ce qui est essentiel ? Je m'interroge toujours.
Les Point & Click en question...
Dans ce type d'aventure, on pointe le curseur, on discute, on trouve des objets, on les associe. Ces dernières années, sur
Wii, on nous a même habitués à les manipuler, tout ça dans le but de faire avancer l'intrigue. Bon, ici passons sur l'intrigue... J'en ai déjà assez dit ! Attardons-nous sur les énigmes. Au cours de la dernière décennie, on a eu le droit à de nouvelles expérimentations telles que
In Memoriam,
Zack & Wiki,
Another Code,
Hotel Dusk ou encore
Phoenix Wright. De nouvelles approches qui le plus souvent faisaient appel à des expérimentations matérielles ; téléphones portables, Wiimotes, stylets, boites de jeux... Dans les jeux cités, on pourrait croire que l'essentiel se situait dans ces approches pour le coup intéressantes, mais il n'en était rien. Chaque jeu apportait aussi avec lui sa propre identité, sa narration, son plaisir. Et bien
Secret Files 2 fait valoir son imminente figure d'exception, en occultant toutes ces productions et en cherchant à renouer avec la grande époque du milieu des années 90 où l'histoire était reine.
Puritas Cordis cherche... Tente de renouer... sans jamais y parvenir...