Test : Tropico 3 - PC

Tropico 3 - PC

Tropico 3 - PC

Genre : Gestion

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Quand c’est trop, c’est tropico. Ce jeu c’est trop pico. Ou encore Trop d’pico tue le pico. Autant de jeux de mots totalement foireux et dénués de sens qui n’apparaîtront heureusement pas dans ce test d’une banalité édifiante à l’absence totale de plan avouée dès cette introduction. Et je fais des phrases longues si je veux.
Tropico 3, on pourrait penser que c’est la suite de Tropico 2. Et là, paf, d’un coup d’un seul, en lisant un peu le derrière de la pochette du jeu, on se rend bien compte que ouais, y’a pas de doute, c’est bien la suite de Tropico 2. Et même qu’en lançant le jeu, et en testant un peu la galette, on a une seconde confirmation du fait que Tropico 3, s’il y a un 3 à la fin du nom, c’est bien que c’est la suite logique de 2. Bref, si vous êtes un hardcore gamer fanboy de Tropico, passez directement à la conclusion de ce test.

« Eso te pasó por no saber que todo tiene su precio Atrevido » - (Orishas, 1998)

Nombreux sont les fans qui attendaient ce jeu. Et nombreux sont-ils, ces fans qui ont désormais la trilogie complète d’une série de gestion politiquement incorrecte qui a toujours trouvé son public. Incorrect, non pas comme GTA et sa violence gratuite, Max Payne et ses drogués, GTA et son sexe abondant, The Getaway et son langage fleuri ou encore GTA et sa prostitution purulente. Non, plutôt incorrect comme un cigare cubain dans le bureau ovale en plein octobre 1962. Tropico 3, pour ceux qui n’ont pas encore touché à l’un des trois opus de la saga, vous place dans la peau d’un chef de parti communiste sur une île tropicale en pleine Guerre Froide. Autant dire que le scénario de base laisse place à de multiples clichés et faits historiques cocasses. « El presidente », qui est à l’île tropicale ce que « le maire » est à Sim City, est un petit homme de stature élégante mais néanmoins militaire, avec barbe et garde rapprochée armée fournie en option. C’est ce Monsieur qui servira d’avatar pour les actions possibles dans votre nouvelle ville : à vous de construire votre empire, de faire de la production de sucre et de tabac pour le revendre aux chiens capitalistes, afin de donner des logements et travaux décents à votre bon peuple, qui est friand de vos allocutions au balcon de votre palais. Car la télévision peut être évidemment interdite. C’est même recommandé, dans ce genre de dicta… de monarc… raah, de démocratie marxiste. Officieusement, le but du jeu est de détourner le plus de fonds possible dans votre compte en Suisse afin de vous payer de la c*ke et des p*tes en regardant vos gens se loger dans des cagettes. Là où le jeu s’amuse avec le joueur, c’est dans les propriétés de la soixantaine de bâtiments disponibles : taux d’entretien, rythme de travail, salaire des gens basé sur la méritocratie ou l’orientation politique… Bref, que du bonheur pour l’utilisateur un peu las de ne pas pouvoir faire des atrocités avec son peuple dans les city-builder traditionnels.

Pinochet et Kadhafi sont dans un bâteau

Pour mener vos entreprises et votre carrière politique (qui peut être influencée selon le personnage créé ou choisi parmi la liste des grands noms de ce monde, entre Fidel Castro, Che Guevara ou d’autres illustres barbus) à bon terme, plusieurs actions sont à votre service, comme des décrets sur la liberté de la presse, la contraception, la prohibition, ou encore divers pots de vin, assassinats ou coups de force dignes des meilleurs moments de Cuba version seventies. Chaque mission prend en compte également sept factions, des groupes aux ambitions et opinions politiques variées : écologistes, religieux, nationalistes… Chaque action et lois votées vous donneront l’occasion de voir les bons et mauvais points livrés par les leaders de ces mini-partis, qui n’hésiteront pas à prendre les fers le jour où la coupe sera pleine. Ces « rebelles » sont la chienlit qu’il faudra éradiquer. Et ceci consiste en la sous-mission de Tropico 3 : continuer à faire miroiter le meilleur à vos concitoyens (et dans concitoyens, il y a…) tout en réglant délicatement et avec grande classe les problèmes de mauvaise humeur notoire. Là encore, les actions sont multiples et chaque personnage du jeu peut être analysé en détail. En fait, Tropico 3 use même du genre pour le retourner consciemment ou non. Les écrans titres de chargement, à l’instar d’Operation Flashpoint en son temps, proposent des citations d’hommes célèbres. Ici, ce n’est ni Eisenhower, ni Churchill, mais plutôt une liste de quelques enfoirés reconnus comme Pinochet ou Kadhafi (mais quelques gens sympas aussi, nonobstant).

Quand c’est beau, c’est Tropico ! (Je n’ai pas réussi à m’en empêcher)

Côté technique, on se rend très vite compte que la jouabilité de Tropico 3 est aisée et ne perturbera pas le fan de gestion. Le jeu s’avère également redoutable, autant qu’un missile dans une école, au niveau des graphismes, qui permettent de voir la jungle luxuriante qui n’attend que d’être défrichée pour en faire des bars à touristes. Car les touristes, tout comme les exploitations agricoles et les docks d’exportation, sont de bons moyens de remplir vos fouilles… enfin les fouilles de l’Etat. Grâce au niveau de zoom conséquent et au cycle météo, le jeu se classe dans la catégorie réduite des « jeux de gestion jolis ». Pour en profiter, double-cœur et carte graphique de riche recommandés. Enfin, la bande-son aux saveurs latines se décline en un panel représentatif de toutes les mélodies qui s’apparentent de près ou de loin à la salsa. Il n’y a pas de doute, Tropico 3 n’a pas souffert du rachat de la licence (précédemment à Take Two) par Kalypso. Espérons simplement que le 4 ne tombe pas dans le travers propre aux jeux de baston à licence (DBZ, Naruto) : recycler pour mieux régner. Un peu de nouveauté serait bienvenue.
Tropico 3 ne s’appelle pas ainsi par hasard. Digne successeur de la saga, ce city-builder frôle la moralité, exploite à fond les meilleures spécificités des jeux de gestion, en profite pour se faire une beauté avec un moteur 3D digne de ce nom, arrose le tout avec un mélange de salsa, café, rhum et banane. Un cocktail détonnant et agité, en somme.
30 novembre 2009 à 01h56

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Points positifs

  • Le politiquement incorrect
  • Un bon jeu de gestion
  • Qui est aussi un beau jeu de gestion, ce qui est plus rare

Points négatifs

  • Peu de grosses nouveautés
  • Un peu gourmand
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