Test : Blackguards - PC

Blackguards - PC

Blackguards - PC

Genre : RPG tour par tour

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Habitué des jeux d’aventure / point’n’click bien souvent très réussis, à l’image de la délicieuse trilogie des Deponia, le studio allemand Daedalic Entertainment a décidé de se lancer dans de nouvelles aventures en développant pour la première fois un RPG tactique au tour par tour. Les développeurs restent toutefois dans un univers qu’ils connaissent puisque le background se situe dans l’univers de l’Oeil Noir, déjà vu dans Memoria, notamment.

Test effectué à partir d'une version PC

Une fois n’est pas coutume, c’est un héros attendant sa pendaison que l’on retrouve en début de partie. L’homme ou la femme – en fonction du choix du joueur – est en effet accusé d’avoir tué une amie haut placée. Si le personnage principal a beau clamer son innocence, accusant un loup, aucune trace de griffures ou de morsures n’ont été retrouvées sur le corps de la défunte Eléanor. Ses geôliers ont beau lui poser des questions sur cet assassinat, le héros a totalement oublié ce qu’il s’est passé, et commence donc à douter de sa culpabilité… Heureusement, il n’est pas tout seul dans sa prison et un nain, nommé Naurim, va venir à sa rescousse pour le faire sortir de sa cellule. Les deux nouveaux complices vont également faire la connaissance de Zurbaran, un mage beau parleur. Au fil de l’aventure, d’autres compagnons rejoindront la fine équipe, chacun doté de ses propres capacités et pouvoirs. Le background est forcément assez sombre et glauque puisque se situant dans l’Oeil Noir, et les « héros » ne sont en fait pas les sauveurs de l’humanité mais les pires pourritures que l’on peut trouver. Une base agréable pour un genre qui propose la plupart du temps des héros choupinets n’ayant rien à se reprocher.

Back in Black

Mais voilà, c’est là que Daedalic a fait sa première erreur : ces héros sont clichés, trop clichés. Le nain par exemple, est pyromane et déteste les elfes. Un lieu commun qui commence un peu à lasser. L’autre gros point négatif se situe dans l’histoire elle-même. Si le fond donne vraiment envie d’en savoir plus, la forme semble clairement avoir été bâclée. Si lors de l’accès anticipé cela pouvait se comprendre, le jeu est désormais bel et bien terminé, et aucun effort n’a été fourni entre temps. La narration est poussive, le tout met bien trop longtemps à se mettre réellement en place (comptez au minimum une dizaine d’heures) et les dialogues sont à la fois prévisibles et inintéressants. Bref, une fois encore, c’est réellement dommage car la trame de fond s’avère être réellement intéressante, mais elle est enseveli sous un tas de petits soucis qui, accumulés, pourront de toute évidence venir à bout de nombreux joueurs. Connaissant les petites merveilles que peut produire le studio, au hasard la trilogie des Deponia, ce souci est franchement incompréhensible, même si l’on peut se dire que s’aventurer pour une première fois sur le terrain des RPG au tour par tour a quelque peu pu les déstabiliser.
En revanche, là où les développeurs ont fait un réel effort, c’est au niveau de la création de l’avatar. Si lors de l’accès anticipé il n’était possible que de choisir entre trois classes (guerrier, mage et chasseur), la personnalisation est désormais bien plus poussée. En effet, le joueur peut choisir un personnage neutre et lui distribuer comme bon lui semble une quantité assez astronomique de points de compétence. Mieux, l’équipement de départ est également laissé au choix du joueur. Pour un RPG, c’est évidemment un excellent point, le joueur pouvant alors façonner le combattant qui s’adaptera le mieux à sa manière de jouer. Il est à noter que chaque combat remporté fera bien entendu gagner de l’expérience et accordera toujours un peu plus de points à distribuer, même s’ils sont donnés en quantité bien moins généreuse. En fait, le jeu se montre carrément assez radin à ces moments-là, rendant la progression d’un personnage un peu trop lente. Quant à l’équipement, il est parfois possible d’en looter, mais le gros des pièces devra se trouver au sein de boutiques en échanges de pièces d’or sonnantes et trébuchantes.

Fade to Black

La lenteur. C’est sans doute le terme qui pourrait le mieux définir Blackguards. Dans notre preview, nous vous parlions déjà de ce souci, notamment au niveau des combats durant lesquels les personnages se déplacent et agissent un peu trop lentement à notre goût. Malheureusement, le déroulement des affrontements n’a pas été modifié, et ces derniers sont donc parfois interminables. Dommage, car ils ont vraiment été pensés pour plaire aux tacticiens en herbe. Les combats se déroulent ainsi au tour par tour sur de petites maps divisées en cases hexagonales. Le joueur peut déplacer ses troupes puis leur faire faire une action si possible (attaquer, prendre un item, etc) pour ensuite attendre que l’ennemi fasse de même. Le gros point fort de ces batailles est indéniablement les éléments avec lesquels il est possible d’interagir pour piéger l’adversaire : faire tomber des caisses pour se faire une petite protection ou un chandelier pour assommer un ennemi, de nombreuses possibilités ont été implantées, et elles sont toutes visibles d’une simple pression sur une touche. Si cela peut paraitre gadget, il n’en est en fait rien, car utiliser ces éléments s’avère être la plupart du temps la porte de salut du joueur. Le challenge est en effet assez corsé, mais si ce n’était que ça !
Les chances qu’une attaque atteigne l’ennemi sont trop aléatoires. Un équilibrage a certes été fait depuis notre preview, mais le tout relève encore trop de la roulette russe. Il n’est ainsi pas rare de voir une attaque rater, alors qu’il était indiqué qu’elle atteignait les 90% de chance de réussir. Incompréhensible et rageant. Ainsi, il n’est pas rare de mourir en combat car l’on a manqué de chance, et non pas parce que l’on s’est montré particulièrement mauvais. La malchance ne fait évidemment pas tout, fort heureusement, et un bon équipement pourra souvent sauver l’équipe du joueur d’une très mauvaise passe. D’ailleurs, il s’agit de faire très attention à ce que les héros portent avant chaque affrontement car il est impossible d’en changer en plein combat. En plus des pièces d’équipement, chaque personnage peut porter plusieurs items (potions, munitions, etc) et, là encore, il faut faire le plein entre chaque combat puisqu’il est impossible de se ravitailler en pleine action. Un ravitaillement qu’il s’agit donc de faire pendant les phases « d’exploration », même si ces dernières n’en sont pas vraiment.

FlashBlack

En dehors des combats, les personnages ne peuvent en effet pas se déplacer comme bon leur semble. Le joueur doit donc enchaîner ville / dialogues /affrontements. Un système de rails donc, qui pourrait déplaire à ceux qui apprécient d’avoir une certaine liberté dans les RPG, d’autant plus que l’on tombe rapidement dans une certaine routine : on arrive quelque part, on participe à quelques dialogues, on fait le plein dans les boutiques et on file au combat. De temps à autres, des quêtes annexes se débloquent, mais ces dernières ne sont pas franchement plus passionnantes. Elles ont en revanche au moins le mérite d’accorder de l’expérience au joueur, et c’est déjà mieux que rien. Bref, vous l’aurez compris, Blackguards souffre de très nombreux défauts. Sachant qu’il jouit d’une durée de vie avoisinant les 30 heures, tous ces problèmes en paniqueront plus d’un. Dommage, car les plus passionnés de RPG au tour par tour et / ou de l’univers de l’Oeil Noir prendront un plaisir certain à enchainer les affrontements en utilisant moults tactiques diverses, à personnaliser à l’extrême leur personnage et à suivre une histoire intéressante, bien que ne se mettant en place qu’au bout de deux ou trois chapitres.
Pour un premier essai dans l’univers du RPG au tour par tour, on ne peut malheureusement pas dire que Daedalic s’en sorte incroyablement bien. Néanmoins, les teutons s’en sortent tout de même avec les honneurs, Blackguards tenant malgré tout la route. Si l’on ne savait pas lors de la preview à qui se destinerait réellement ce jeu, nous sommes désormais capables de le dire : aux purs et durs de jeux de rôle et à tous ceux qui aiment l’univers de l’Oeil Noir. Deux conditions à remplir impérativement sous peine de ne pas passer outre les manques de finition et quelques soucis qui émaillent le jeu (narration poussive, combats parfois trop aléatoires, héros clichés, zéro exploration, lent, répétitif, réalisation à la ramasse…).
03 février 2014 à 10h51

Par

Points positifs

  • L’univers de l’Oeil Noir
  • L’approche tactique des combats
  • Les éléments interactifs
  • Personnalisation poussée
  • Durée de vie solide
  • Histoire intéressante…

Points négatifs

  • …Mais très longue à se mettre en place…
  • …Et souffrant d’une narration poussive
  • Combats parfois longuets…
  • …Et trop aléatoires
  • Pas d’exploration
  • Manque de finition
  • C'est sérieux les doublages là ?

Gribouillé par...

Shauni

Shauni

Celle qu'on ne voit pas

Détentrice d'un Baccalauréat P (pour ''platformer'') option Sonic the Hedgehog, Shauni a ensuite obtenu avec brio sa licence en Nintendo, spécialisation The Legend of Zelda. Elle est devenue par la suite Docteur ès RPG japonais grâce à sa note maximale lors de l'épreuve Tales of.

Twitter : Shauni_Chan

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