Test : Assassin's Creed : Unity - PC

Assassin's Creed : Unity - PC
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Assassin's Creed Unity, c'est LE jeu que je n'ai pas eu envie de noter. Représentatif d'un grand bonheur doublé d'une certaine frustration, je vous annonce d'ores et déjà que les notes qui apparaissent en bas de page ne signifient absolument rien sans avoir lu le texte qui les accompagne. Tout le texte bande de moules. Je sais que la plupart d'entre vous descendent directement voir la note, les points positifs et négatifs et les plus courageux parcourent rapidement la conclusion. Dommage, mais si vous aviez un tout petit peu de curiosité, vous pourriez saisir le dilemme dans lequel je me suis empêtré en décidant de tester Unity.

Test effectué à partir d'une version PS4

Depuis plusieurs années, nous avons hurlé, vociféré, beuglé, gueulé et crié au scandale du fait qu'Ubisoft ne nous fasse pas le plaisir de bien vouloir nous laisser trancher des gorges au pays du camembert. Mais aujourd'hui, enfin, il est là. Notre assassin à nous, franchouillard et même parigot, dans un univers cher au français, la révolution. Alors, ça ira ça ira ou ça ira pas ? La guerre entre les Templiers et les Assassins, on la connait depuis maintenant quelques années. Après avoir successivement participé aux croisades, à la renaissance italienne et à la guerre d'indépendance des USA, nous voici catapultés au coeur de Paris, pendant la révolution française. L'assassin que l'on incarne se nomme Arno Victor Dorian. Culture personnelle oblige, nous vous informons qu'Arno vient de l'ancien franco-germanique et signifie "Aigle", "Victor" c'est la victoire en latin et "Dorian" vient du grec "Dorion" et veut dire "Don". Voilà, c'est l'aigle victorieux doué. Ne me remerciez pas, remerciez Wikia.

Ici c'est Paris

On ne va pas rentrer dans les détails de l'histoire, tout simplement parce que sincèrement, et même si vous vous êtes probablement fait spoiler vos races depuis longtemps sur l'Internet, on aimerait pas plus que ça que cela vienne de nous. Pour rester dans les grandes lignes, apprenez simplement que c'est, même si ce n'est pas bien original, une énième histoire de vengeance sur fond de guerres de pouvoir entre templiers et assassins et, bien évidemment, de révolution française. Si le scénario ne joue pas forcément la carte de l'originalité, il a le mérite d'être plutôt bien traité et reste agréable à suivre de bout en bout. En tous cas, il est bien plus prenant que celui de Black Flag, Dieu merci. Ce nouvel épisode d'Assassin's Creed marque un nouveau départ pour la licence, à plusieurs égards. Commençons par la technique. Unity est assez fréquemment sublime. Voilà, c'est lâché. Personnellement, c'est ma toute première vraie tarte next-gen.
Ce n'est pas bien compliqué, le travail effectué sur les décors est très probablement le plus hallucinant qu'on ait jamais vu dans un jeu vidéo à l'heure actuelle. Un vrai travail d'orfèvre, minutieux, a été effectué sur les bâtiments par exemple. Des sculptures superbement détaillées ornent les sommets de Paris, de la mousse et des crottes de pigeons recouvrent les tuiles des toits de la ville. A vrai dire, ce n'est pas bien compliqué, cela faisait très très lontemps que dans un jeu, je ne m'étais pas arrêté aussi souvent juste pour apprécier l'environnement. Faire tourner la caméra autour de soi et profiter de la profondeur de champ, essayer de reconnaître les bâtiments au loin... Un pur bonheur. De plus, la plupart des grandes bâtisses ont bien souvent quelques fenêtres ouvertes qui permettent de se glisser à l'intérieur et de profiter parfois de sublimes décors. Et bien entendu, aucun temps de chargement pour interrompre vos explorations parkouresques (j'invente les mots que je veux) . Et puis, il y a les gens. Paris grouille de monde et de vie. Avoir réussi à faire tenir autant de gens dans une si grande carte est une incroyable performance. On se sentirait presque agoraphobe lorsque l'on traverse cette foule dense et souvent un petit peu agacée. Hélas, ces performances techniques ont un prix, et c'est un tribut dont Ubisoft ne s'est hélas pas complètement acquitté. Nous y reviendrons en fin de test.

Paris est magique

Le gameplay reste, dans les grandes lignes, similaire à celui des autres Assassin's Creed et les habitués ne devraient pas être trop perdus. Toutefois, il convient de noter quelques changements intéressants. Dans la course, les choses sont simplifiées la plupart du temps, notamment au niveau de la chute assistée. Il est plus simple de descendre un bâtiment de manière quasiment automatisée et fluide, et quasiment impossible du reste de se gauffrer lamentablement d'une corniche trop haute. On regrette toutefois que parfois la course s'interrompe sur des petits détails (la fontaine, ennemie jurée de l'assassin qui tourne dessus sans s'arrêter) et que quelques options aient disparues, pourtant fort utiles, comme le fait de se jeter en arrière d'un bâtiment à un autre. Soit ça a disparu, soit je n'ai jamais réussi, mais ce n'est pas bon dans les deux cas. Les combats sont quant à eux un peu moins cheatés qu'auparavant. L'esquive est devenue plus importante aussi, et le contre pas nécessairement aussi gratifiant. Il n'est plus possible de prendre les ennemis en otage pour s'en servir de bouclier humain contre les tirs ennemis, il faudra faire une petite galipette au moment où tire l'adversaire pour éviter de prendre une bastos.
Ces petits changements rendent les combats un petit peu plus intéressants, et surtout moins faciles, obligeant par là même à jouer un peu plus finement qu'auparavant. On regrette cependant parfois les petits soucis de caméra qui cachent les ennemis et ne nous permettent pas de contrer leurs attaques à temps. Mais ces réajustements permettent de, très naturellement, se tourner vers la discrétion pour accomplir certaines missions. Et c'est bien l'un des buts de cet épisode d'Assassin's Creed : se vouloir moins bourrin et plus "stratégique" dans son approche. Pour ce faire, les développeurs ont intégré une feature déjà présente dans son jeu d'infiltration phare Splinter Cell, à savoir le résidu visuel de votre présence. Une image de vous, fantômesque, représentera durant quelques secondes le dernier endroit où un ennemi vous a grillé. Cela permet d'agir en fonction, par exemple de le contourner quand il ira vérifier votre présence.

Paname, paname, paname

Si l'on ne pourrait que se réjouir qu'Assassin's Creed Unity respecte un petit plus qu'auparavant le principe, justement, d'assassinat (discrétion, backstab, analyse de l'environnement avant action), il faut tout de même soulever un vrai point noir : les ennemis sont désespérément restés aussi débiles qu'avant. Voire plus. On ne va pas se mentir, côté IA, next-gen doesn't start here. Et c'est clairement le prochain point sur lequel Ubisoft doit travailler (avec le fait de finir ses jeux bien entendu), puisqu'ils en viennent parfois à gâcher ni plus ni moins l'expérience d'infiltration. Ainsi les ennemis qui vous voient disparaître au coin d'un mur viendront vérifier votre présence sans se douter un quart de seconde que vous pourriez les égorger. Il devient donc presque "stratégique" de se faire griller, pour allumer un par un les quidams qui viendront présenter leur gorge sans aucune espèce de méfiance..
Un autre exemple ? A un moment du jeu, 7 ou 8 ennemis gardent une entrée. On s'est caché derrière un mur, et on a tué tout le monde un par un à l'arbalète. A chaque fois qu'un mec mourrait, les autres disaient "Tiens ?" Une fois, ok. Deux fois, why not. Mais jusqu'au dernier d'entre eux, qui pourtant marchait sur les cadavres de 7 de ses potes, personne n'a eu la présence d'esprit de jeter un oeil aux alentours. Dommage certes, mais les missions restent très sympathiques dans les grandes lignes. Elles permettent d'être abordées de plusieurs manières à chaque fois. On vous énumère très gentiment au début de chacune les possibilités qui s'offrent à vous. Par exemple, les entrées secrètes souterraines d'un lieu, le nombre d'ennemis présents sur les lieux s'il vous prenait l'idée de la jouer John Rambo, les aides que vous pourriez recevoir en agissant de la bonne manière avec certaines personnes, etc. Par exemple, vous pourriez convaincre une gouvernante de faire "aérer" la chambre de votre cible pour quelques piècettes. La fenêtre ouverte, il vous sera ainsi beaucoup plus simple de rejoindre les lieux de votre prochain méfait. La coopération, pourtant largement mise en avant depuis l'annonce du titre, n'est pas vraiment indispensable. Elle n'a pas sa place dans le scénario (et tant mieux) et ne propose pas de gameplay spécialement plus profond que le solo. Mais elle est efficace et allonge très honnêtement la durée de vie du soft, déjà très très conséquente.

Paris, the city of love

D'ailleurs, Assassin's Creed Unity propose une durée de vie exemplaire, notamment grâce à un contenu très généreux. Le solo, avec ses 12 séquences, devrait vous prendre une bonne quinzaine d'heures en ligne droite. Mais il y a aussi pas mal d'ajouts sympathiques, comme par exemple les enquêtes criminelles. Celles-ci se présentent un petit peu à la manière de Murdered : Soul Suspect. Vous arrivez sur les lieux du crime et enquêtez à l'aide de votre vision d'aigle. Cadavres, indices, vous fouillez les lieux, interrogez les témoins et suspects, jusqu'à ce que vous possédiez toutes les preuves pour lancer votre accusation. Attention toutefois à ne pas pointer du doigt un coupable à tort puisque votre récompense sera réduite en fin d'enquête. Il y a aussi les énigmes de Nostradamus, qui pour le coup sont bien plus originales et vraiment intéressantes. Des signes cachés dans Paris sont à découvrir, avec des phrases pleines de doubles sens pour trouver les prochains. Ces énigmes vous feront fonctionner les méninges et voir du pays durant de nombreuses heures, et offrent la possibilité de réfléchir à plusieurs devant l'écran devant les indices parfois très énigmatiques qui vous sont énoncés. Il faut aussi savoir que la plupart des lieux que l'on vous indique font partie de votre base de données et vous apprendront bien des choses sur l'histoire de Paris. Apprendre en s'amusant, yep, c'est aussi ça les jeux vidéo. Enfin, comme Spiderman, vous savez que le pouvoir donne des responsabilités, et lorsqu'un crime est commis devant vous dans la rue, agression ou racket, on vous conseille vivement d'intervenir.
Le système d'évolution de votre personnage change dans cet épisode. Celui-ci apprendra de nouvelles compétences (doubles assassinats, crochetages, roulé boulé après une grande chute...) à la force des points qu'il glanera au fur et à mesure des missions. Cela permet de diriger quelque peu l'évolution d'Arno dans le sens que l'on privilégie. Par exemple, les assassins discrets essaieront rapidement de doter leur héros d'une habilité lui permettant de prendre l'identité visuelle d'un ennemi dans sa ligne de mire. Les crevards apprendront à Arno à crocheter les coffres bourrés d'oseille, tandis que les bourrins lui proposeront de manipuler les armes à deux mains comme personne. Les évolutions sont à débloquer directement dans votre menu de personnage, tout comme les armes que vous débloquerez à mesure que vous accomplirez des missions. Il est hélas devenu impossible de se battre uniquement à la lame secrète, snif, et celle-ci n'intervient plus que dans les assassinats discrets. Oui, c'est plus logique, mais je pensais vraiment qu'on se foutait de la logique dès le moment où j'ai sauté du haut de Notre-Dame dans un tas de foin à la cool. Il y a les armes légères à une main, les armes lourdes à une main, les armes à deux mains ainsi que les armes de jet. D'ailleurs, ces flingues à double ou triple barillets ont une classe absolument internationale. Enfin, les options de personnalisations physiques de votre assassin sont bien plus nombreuses qu'auparavant, quitte à vous permettre d'avoir l'air franchement truffe, mais c'est aussi ça le luxe. Si je veux, je suis un assassin jaune et violet, et je t'emmerde.

Déclaration des droits du joueur et du citoyen

Mais Assassin's Creed Unity traine un douloureux problème, assez coutumier de la série il faut bien l'avouer, c'est qu'en un mot comme en cent, il n'est pas terminé. La réalité, c'est qu'on s'en doutait hélas un petit peu... Pas jouable à l'E3 pour la première fois, jouable sur une courte mission coop à la Gamescom, sortie décalée de quelques semaines... Les signes tendaient à nous indiquer que le développement était probablement un petit peu à la bourre. Il est excessivement frustrant de constater à quel point le titre a manqué d'heures de développement, de débugging, d'optimisation, etc. Chutes de framerate fréquentes, ralentissements, bugs de collision en pagaille, freezes, objets magiques qui apparaissent et disparaissent.. Il aurait clairement eu besoin de quelques mois de plus pour être mûr. Mais Assassin's Creed est victime de son succès. Quand vous voyez la répercussion du décalage de Watch Dogs et The Crew l'an dernier sur les actions d'Ubisoft (chute de 23% !), vous pouvez imaginer à quel point l'idée de décaler le jeu qui ramène le plus d'argent à la firme tous les ans peut être difficile. Impossible en fait. Et on touche du doigt l'un des plus gros problèmes de l'industrie.Est-ce qu'il est vraiment possible d'en vouloir à Ubisoft d'avoir sorti son Assassin's Creed coûte que coûte, quitte à terminer le boulot plus tard voire jamais ? A vous de répondre. Chaque euro que vous dépensez, n'importe où, est un vote pour le monde dans lequel vous voulez vivre (ce n'est pas de moi, mais je trouve ça très vrai quand on y réfléchit bien). Je m'apprête à noter le titre avec un petit mal de bide. J'ai adoré Unity, vraiment. Si je m'écoutais, je mettrais un 9/10, la note maximale chez nous, parce que j'ai adoré cet épisode plus que beaucoup d'autres jeux qui ont la même note que lui au final. Mais c'est un point de protestation, parce que si je donne le maximum, qu'est-ce que ça veut dire ? Que je cautionne le fait de sortir des jeux pas terminés ? Je me vois encore discuter avec un pote qui n'a pas de connexion Internet l'autre jour (oui, ça existe encore) et lui dire "même si tu joues pas online, Internet c'est important pour profiter des jeux terminés un peu après leur sortie". Merde quoi. On en est là ? Alors voilà, je fous 8 à un jeu qui mériterait peut-être 9, et puis tant pis. Et même si je sais pertinemment que ce n'est pas mon papier qui va changer quoi que ce soit au process de développement des jeux, chez Ubi ou ailleurs, j'espère quand même très fort en secret au fond de mon petit cœur qu'un mec important de l'industrie lira mes quelques mots et dira : "Arrêtez les gars".
Assassin's Creed : Unity est un excellent titre, peut-être le meilleur de la série. Ubisoft réalise une performance hallucinante dans sa modélisation de Paris, de ses bâtiments sublimes aux rues bondées et pleines de vie. Attention, Unity pourrait être votre première vraie claque new gen. De plus, son contenu terriblement généreux promet de nombreuses heures de plaisir à déambuler dans la plus belle ville du monde. Hélas, cet épisode d'Assassin's Creed traîne quelques défauts assez douloureux, notamment le fait qu'il ne soit tout simplement pas complètement terminé. Un titre à qui hélas il a manqué quelques mois de développement pour devenir parfaitement incontournable, et c'est bien dommage.
11 novembre 2014 à 18h36

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Points positifs

  • Paris plus sublime que jamais
  • Une ambiance géniale, des places suffocantes de monde aux ruelles sales
  • La foule, une sacrée performance
  • La fidélité des bâtiments parisiens et leur histoire contée
  • Les énigmes de Nostradamus qui donnent des cours d'histoire récréatifs comme tout
  • Les combats moins cheatés
  • Le système d'évolution sympathique
  • Le contenu terriblement généreux
  • Les missions coop', un ajout pas indispensable mais très sympathique et allongeant grandement la durée de vie
  • Les différents moyens de remplir les missions... Même si être bourrin reste clairement trop bien récompensé
  • La descente des bâtiments rapide et assistée
  • Le flingue à barillets multiple, la classe internationale
  • Les failles hélix, un kiff court mais intense
  • Un Assassin's Creed qui donne envie d'être platiné

Points négatifs

  • Des petits choses qu'on aimait bien ont disparues, et c'est triste. Prendre un mec en otage quand on se fait tirer dessus par exemple...
  • Combats bordéliques et timing des contres parfois curieux
  • Y a des carrosses, c'est la révolution, et y a pas un putain de cheval sur la map. OUI, on l'a remarqué
  • On ne va pas se mentir, les ennemis sont tristement toujours aussi demeurés
  • Bugs en pagaille, framerate parfois à la ramasse, moteur de collision pas toujours fonctionnel, freezes... Unity est sorti du four pas complètement cuit

Gribouillé par...

JoKeR

JoKeR

Rédac' Chef

Présent sur le site depuis belle lurette, JoKeR est un homme à tout faire, entre la rédaction, la publication et la gestion des relations presse.
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