Test : Baldur's Gate 3 - PC

Baldur's Gate 3 - PC
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En 1998, un petit studio canadien se nommant Bioware sort Baldur’s Gate. On ne va pas y aller par quatre chemins, ce jeu est une petite révolution. De part son ampleur, les ramifications de son scénario et les conséquences de nos choix, Baldur’s Gate a mis une claque à tout le monde. Deux ans plus tard, Bioware enfonce le clou avec Baldur’s Gate 2, ce dernier étant du même calibre que son prédécesseur. Et puis plus rien. Les canadien souhaitant explorer d’autres univers (coucou Mass Effect), la licence fut laissée à l’abandon, laissant les fans sur le carreau.
                                         
Alors en 2019, quand un trailer d’annonce pour le 3ème épisode sort de nulle part, les joueurs âgés de trente ans et plus se sont enflammés. Et après 4 ans d’attente, le jeu est enfin là, avec la lourde tâche d’être à la hauteur de son héritage. Nous allons voir ici s’il y parvient.

Test effectué à partir d'une version PC


Baldur's Gate 3

Le titre débute alors que vous êtes prisonnier à bord du vaisseau d’un flagelleur mental (oui, comme dans Stranger Things) et que l’un d’eux vous insère une larve dans le cerveau, cette dernière vous transformant en l’un d’eux, petit à petit. Mais le vaisseau s’écrase, vous libérant de vos entraves, ainsi que d’autres malheureux dans la même situation que vous. C’est alors que débute votre quête pour vous débarrasser du passager clandestin qui squatte votre crâne. À partir de cette base, Baldur’s Gate 3 développe un scénario prenant de multiples détours via des quête interconnectées, tout en maintenant une qualité d’écriture bien supérieure à ce que l’on voit habituellement, jouant sur plusieurs registres, plusieurs degrés de lecture, mais toujours en finesse.

Et le plus beau, c’est que Baldur’s Gate 3 fait cela en nous laissant une grande liberté dans la découverte et la résolution des quêtes. Le jeu fait preuve d’une flexibilité inédite à ce niveau-là, prenant en compte chacun de nos choix, jusqu’à proposer le nombre hallucinant de 17.000 fins différentes, en incluant toutes les variantes. Cela implique aussi de bien faire attention aux décisions que vous prenez et à vos choix de dialogue. En effet, jouer les gros durs avec un dieu peut vite se terminer en Game Over, sans même un combat, juste parce qu’il a souhaité votre mort.

Mais ce n’est pas tout, la mise en image a aussi été soignée. Les dialogues, en plus d’être intégralement doublés, ont été mis en scène. Et s’il s’agit parfois d’un bête champ-contrechamp, cela dynamise efficacement l’ensemble. D’autant plus que, pour les dialogues clés, un soin tout particulier a été apporté à la mise en scène, avec de véritables idées visuelles et un montage plus subtil. Cela étant, nous ne sommes pas encore au niveau d’un The Witcher 3, sur lequel CD Projekt a fourni un travail remarquable.


La communauté de la larve

Lors de votre périple, vous serez amenés à rencontrer des compagnons qui se joindront à vous, étant affectés par le même mal. Ils ont tous leur histoire et leur propre code moral (ou alignement, si vous préférez). C’est en fonction de ce dernier qu’ils approuvent ou pas les décisions prises au fil de votre progression. Plus ils sont en accord avec vos choix, plus ils vous apprécieront, allant jusqu’à vous donner la possibilité de vous engager dans une relation amoureuse avec eux. Au contraire, s’ils sont trop souvent en désaccord avec vous, ils finiront par quitter le groupe.

Vous n’aurez pas uniquement à gérer votre relation avec vos compagnons, mais aussi les relations entre eux, des conflits pouvant éclater. Dans ces cas-là, libre à vous de les laisser s’expliquer, au risque qu’ils s’entretuent, ou d’intervenir pour calmer le jeu (ou pas). Dans tous les cas énumérés ci-dessus, l’évolution des rapports entre les personnages, votre avatar inclus, est fluide et, plus important, paraît naturelle. Si bien qu’on finit par s’attacher à nos compagnons d’infortune. Ils ont une vraie épaisseur, même si certains peuvent paraître caricaturaux de prime abord.

Baldur's Gate 3

Libre comme une larve

La progression se fait tout aussi naturellement, le titre étant d’une flexibilité exemplaire. En effet, les quêtes ont de multiples points d’entrée et vous avez toujours de multiples manières de les terminer. Pour tout vous dire, vous n’êtes même pas obligés de vous débarrasser de la larve. Si vous le souhaitez, vous pouvez très bien laisser la transformation en flagelleur mental se produire et vous livrer à un véritable carnage. Cette flexibilité vous laisse libre d’explorer les différentes zones du jeu comme vous l’entendez, sans jamais devoir retourner dans un endroit déjà visité à cause d’un script que vous n’avez pas déclenché. Il y a une quête du début du jeu qui illustre parfaitement cela.

Impliquant une cargaison disparue, vous pouvez déclencher cette quête en vous adressant au PNJ programmé pour vous la donner, en trouvant ce qui reste du convoi qui a été attaqué ou en trouvant directement la cargaison en question. Dans chaque cas, le cheminement sera différent en fonction des informations que vous avez en votre possession. Il en est de même pour sa conclusion, qui vous laissera différentes options possibles en fonction de vos actions précédentes. Avez-vous secouru les survivants du convoi, ouvert le coffre ? Vous pouvez aussi garder le contenu du coffre si vous le souhaitez. Ce n’est qu’un exemple, mais toutes les quêtes du jeu sont construites de cette manière. Si bien qu’au-delà de la liberté citée plus haut, Baldur’s Gate 3 nous donne la sensation d’explorer un monde vivant et autonome, qui ne tourne pas autour du joueur. Et c’est diablement rafraîchissant.

Baldur's Gate 3

Larva l’exploratrice

Côté exploration, vous allez aussi être servis avec Baldur’s Gate 3. Si les zones du jeu ne sont pas forcément très grandes, elles sont d’une densité affolante, construites sur plusieurs niveaux et regorgeant de moults passages dérobés. Ici, une simple porte verrouillée au fond d’une pièce peut cacher une dizaine d’heures d’exploration, autant de quêtes et tout un arc narratif. Et si ce segment massif du jeu est totalement optionnel, il n’oublie pas de vous ouvrir une autre voie de progression dans l’histoire principale. Si nous avons un conseil à donner aux nouveaux arrivants sur le jeu, c’est de bien tout explorer sur les différentes maps. Vous ne savez pas sur quoi vous allez tomber. Au final, ce sont des heures que vous passerez à fouiller les moindres recoins de la carte, découvrant de nouveaux lieux, de nouvelles histoires.

Baldur's Gate 3

Attention, larve méchante

Mais il faudra vous montrer prudent lors de vos pérégrinations, car le monde de Baldur’s Gate est parsemé de nombreux dangers et le niveau de difficulté est relevé. Les affrontements se font ici au tour par tour. Le système de combat est classique, chaque personnage ayant droit à une action et une certaine distance de déplacement. Le tout est régi par un système de lancer de dés, conformément aux règles du jeu de rôle Donjons et Dragons dont Baldur’s Gate s’inspire. Nous n’allons pas vous refaire l’intégralité des règles du jeu ici, ce serait trop fastidieux. Mais si vous y tenez, je vous invite à cliquer ici. Bon courage.

Retenez simplement qu’il y a une part d’aléatoire dans toutes les actions que vous entreprendrez. Ce qui peut engendrer de la frustration par moments, lorsque de nombreuses attaques échouent consécutivement. Heureusement, Baldur’s Gate 3 est bien équilibré, réduisant ainsi cette frustration. Cela étant dit, le challenge reste relevé et nous vous conseillons vivement de jouer en mode facile si vous n’êtes pas habitués à ce genre de jeux.

Les équipes de Larian Studios ont également mis à profit leurs expériences sur les deux Divinity : Original Sin. Il est donc possible d’exploiter l’environnement pour vous faciliter la tâche : lancer un sort de foudre dans une étendue d’eau pour électrocuter les ennemis situés à l’intérieur ou utiliser un sort de feu pour créer une brume épaisse et les aveugler. Ce ne sont là que quelques exemples des situations auxquelles vous serez confrontés. Cela permet de varier les plaisirs tout en dynamisant les combats, un coup bien placé pouvant totalement changer la physionomie du décor et retourner une situation à votre avantage… ou pas. Ces éléments donnent à ce Baldur’s Gate 3 un goût de Divinity : Original Sin reskinné. Mais ces titres étant largement inspirés des premiers Baldur’s Gate, ce n'est pas dérangeant. D’autant plus que la formule fonctionne diablement bien. La boucle est bouclée, comme on dit.

Baldur's Gate 3

Comme une larve dans un cerveau

Après une dure journée à crapahuter dans la forêt et occire du gobelin, vous pourrez vous reposer dans votre camp. Vous pouvez y accéder à n’importe quel moment et, à condition d’avoir assez de provisions, vous reposer afin de récupérer votre santé et votre magie. C’est aussi là que vous pourrez discuter avec vos compagnons, pour apprendre à les connaître, et changer la composition de votre équipe. Le campement sera aussi le théâtre de certaines révélations importantes pour la suite de votre aventure. Un soin tout particulier a été apporté aux camps et à leur design. Ces derniers changent en fonction de la zone où vous vous trouvez. Et découvrir un nouveau camp est un petit plaisir qui ne se boude pas. La seule ombre au tableau reste qu’on est obligé d’aller s’adresser aux personnages concernés pour modifier la composition de notre équipe. Cela alourdit la manipulation inutilement.

Baldur's Gate 3

Beau comme une larve toute fraiche

Techniquement parlant, Baldur’s Gate 3 fait le boulot. C’est le moins que l’on puisse dire. Les décors sont magnifiques, les environnements sont variés, allant de la forêt bucolique au temple souterrain en passant par la ville de Baldur’s Gate. Le titre propose une variété de lieux et d’ambiances conséquente, soutenue par une musique de très bonne facture. Les effets de lumière sont du plus bel effet, de même que les sorts et autres effets pyrotechniques. Les animations des personnages sont également très réussies, même si les animations faciales auraient mérité plus de soin, les visages n’étant pas les plus expressifs que l’on ai vus. Et si les PNJ ne s’en sortent pas trop mal, votre avatar est très nettement en dessous des standards actuels. Cela dit, pour un titre de cette envergure, on passe aisément outre ce petit défaut.

Nous avons également constaté quelques bugs au fil de notre partie, comme des niveaux qui mettent parfois du temps à s’afficher ou certains sous-titres et choix de dialogues encore en anglais. Mais ces occurrences sont restées rares et pas franchement gênantes, à moins que vous ne parliez pas un traître mot d’anglais. Dans ce cas-là, il y a quelques (très) rares dialogues où vous ne comprendrez rien.

Baldur's Gate 3

Il aura fallu attendre 23 ans pour voir un nouveau Baldur’s Gate. Mais, comme vous avez pu le constater en lisant ces quelques lignes, l’attente valait le coup. Baldur’s Gate 3 est un jeu massif et ambitieux. Plus important, il fait honneur à son héritage, tenant les promesses pharaoniques faites par le studio. Et on ne parle pas ici d’un gros studio avec un éditeur encore plus gros derrière lui, mais de Larian Studios. Un petit studio belge qui, avec des moyens limités (pour ce genre d’ambition, on s’entend), nous a livré ici une petite pépite du jeu de rôle. Beau, profond et immersif, Baldur’s Gate 3 est un candidat très sérieux au titre de jeu de l’année. Baldur’s Gate 3 est un véritable bijou d’aventure, où le dépaysement peut se cacher derrière chaque clic. Vous seriez très mal avisé de passer à côté.
17 août 2023 à 14h19

Par

Points positifs

  • Massif et immersif
  • Un scénario prenant et bien écrit, avec son lot de rebondissements inattendus
  • Un monde vivant et cohérent
  • Un jeu flexible, qui s’adapte à votre progression sans aucun accroc
  • Des décors magnifiques
  • Des compagnons qui ont de l’épaisseur
  • Une grande aventure qui va vous marquer

Points négatifs

  • La recomposition de l’équipe, lourde
  • Des animations faciales perfectibles, surtout pour votre avatar
  • Quelques rares bugs
  • Devoir attendre 25 ans avant de jouer à Baldur’s Gate 4

Gribouillé par...

pattoune

pattoune

Ours savant

Davantage ours que savant, ce con n'a pas compris que l'hibernation c'est en hiver. Résultat, il reste cloitré dans sa grotte à longueur d'année. Ce qui arrange bien du monde. Mais ce n'est pas un mauvais bougre. Il est même plutôt drôle à l'occasion. C'est souvent à ses dépens mais chut, il faut pas le dire. Ayant été récemment rattrapé par l'eau courante et l'électricité, il est désormais en mesure, après avoir difficilement assimilé les bases de l'hygiène corporelle, de nous livrer tests, news et autres contenus enchanteurs. Il nous reste plus qu'a espérer qu'il ne lui vienne pas l'idée de faire prendre un bain à son PC... Trop tard.
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