Test : Suicide Squad : Kill the Justice League - PC

Suicide Squad : Kill the Justice League - PC
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Après les excellents Batman Arkham, quoi de plus normal que d’attendre avec impatience la nouvelle production de chez Rocksteady ? Neuf ans après, des démissions, des retournements de situations, la volonté de tourner un jeu à vocation solo en jeu-service nous donne Suicide Squad : Kill the Justice League, un jeu qui ne sait probablement toujours pas où il va.

Test effectué à partir d'une version PS5

N’ayant pas bénéficié de la trajectoire marketing la plus judicieuse de l’histoire, Suicide Squad est un jeu qui divise, tant par le genre qu’il porte que par les développeurs derrière sa réalisation. Rocksteady est le créateur anglais à l’origine de la saga Batman Arkham, série plébiscitée par la critique, très appréciée des joueurs et ayant permis au genre de l’action/aventure de rayonner à la fin des années 2000. Le développement de Suicide Squad n’a pas été de tout repos puisque remanié plusieurs fois pour se diriger vers le jeu-service, système à l’extrême opposé de l’expérience offerte par les Arkham qui se voulaient entièrement solos et immersifs. Le départ des cofondateurs du studio Sefton Hill et Jamie Walker n’a pas non plus grandement rassuré les fans qui ne voyaient ici qu’un signe d’un changement fort opéré par le studio et qui se verrait probablement sur les futures productions. C’est dans ce climat qu’est récemment sorti Suicide Squad : Kill the Justice League dont nous proposons le test aujourd’hui.

Sans métro ni police

Exit Arkham, puisque c’est Metropolis qui est le terrain de jeu de Suicide Squad. Ici, vous contrôlez les quatre anti-héros foutraques, Deadshot, King Shark, Harley Queen et Boomerang, qui, contraints par l’ARGUS à former la Task Force X, devront éliminer la Justice League pour espérer retrouver leur liberté. En effet, l’arrivée sur Terre du super-vilain Brainiac et de son vaisseau gigantesque à tête de mort a tout bousculé puisqu’il contrôle maintenant par l’esprit les héros les plus forts de la Justice League (Superman, Flash, Batman et Green Lantern), exception faite pour Wonder Woman. Ici, le ton est résolument plus comique que dans la série Batman et est l'un des vrais points forts du jeu. Les quatre personnages ici sont drôles, ont chacun leur personnalité et une certaine magie opère lorsqu’ils interagissent ensemble lors des nombreuses cutscenes qui ponctuent l’aventure. De manière générale, Rocksteady confirme également ici son statut de conteur sachant raconter, avec un rythme de mission qui, sur le fond, fait avancer l’histoire de manière soutenue, mais qui s’avère bien moins réussie sur la forme.


En termes de gameplay, Suicide Squad: Kill the Justice League souffle le chaud et le froid, donnant l’impression d’avoir deux jeux bien distincts qui ont brutalement été assemblés. Historiquement, Rocksteady a toujours su proposer des mécaniques de combat innovantes et fun à expérimenter. Pour preuve : comment ne pas se sentir Batman dans la série des Arkham avec toutes les possibilités qu’offraient les jeux ? Pour le coup, cette minutie du développeur se retrouve sur Suicide Squad avec des personnages flexibles, fun à jouer et dont la prise en main se fait assez instinctivement. Ce gameplay ne se réinvente pas à chaque personnage, certes, mais il bénéficie d’assez de subtilités pour mettre en avant des dynamiques d’impacts qui prendront différentes formes sur le champ de bataille. Faisant directement écho au principe du jeu-service qui veut que l’action et les activités ne s’arrêtent jamais, l’action de Suicide Squad est effrénée, voire envahissante. Vous serez constamment en train de vous déplacer tout en tirant sur les nombreux ennemis qui composent les rangs de Brainiac. Les possibilités offertes par le gameplay vous permettent de constamment sauter, courir sur les murs et gagner en puissance au fur et à mesure que vous décimez vos ennemis. Vous pourrez faire de nombreux combos, tout comme user de différents types de tirs qui, lorsque bien timés, vous permettront de récupérer de l’armure, de la santé ou encore faire de grandes quantités de dégâts. Un système de rechargement actif est également présent (comme dans Gears of War), ce qui oblige le joueur à toujours rester scotché dans l’action. Tout ça ayant bien évidemment ses bons et ses mauvais côtés, asseyant la bipolarité globale du jeu.

Suicide Squad

Grind et tais-toi

Outre l’UI/UX qui nous dégueule aux yeux absolument tout le temps (ceux qui n’aiment pas ça fuiront naturellement le jeu), le gros problème de Suicide Squad réside dans l’articulation de son contenu et des activités qu’il propose aux joueurs. Le titre est criblé de missions de remplissage qui restent sympas lorsque vous la faites pour la première fois, mais deviennent très vite redondantes notamment parce qu’elles sont proposées de nombreuses fois en tant que quêtes annexes, mais surtout parce qu’elles sont aussi utilisées pour faire avancer la campagne principale de l’histoire. Ainsi, vous allez vous retrouver à faire de multiples escortes de véhicules qui seront scriptées quasiment de la même manière, mais ne serviront pas les mêmes desseins en jeu. Au bout de deux heures de jeu, le joueur bascule très vite dans l’ennui, sachant qu’aucune des activités qui l’attendent ne saura le surprendre. Il y a bien certaines séquences concernant les boss qui peuvent apporter un peu de fraîcheur (même si ces phases ne sont clairement pas incroyables d’innovation), mais c’est trop maigre sur une production de ce calibre.

Suicide Squad

Ces missions sont conçues pour être rejouées en coopération ou pour être utilisées pour un pur grind dans les règles de l’art. Elles sont courtes, intenses, faciles à comprendre et vous obligent à garder votre doigt sur la gâchette pendant plusieurs minutes sans la lâcher. Hélas, ce n’est pas forcément ce que nous venons chercher chez Rocksteady et nous ne croyons pas que c’est ce qu’ils voulaient pour eux non plus. Et puis, franchement, ayant Destiny 2 ou encore The Division à disposition, nous offrant plus de contenu pour moins cher, qui voudrait s’infliger tout ça ? Comme tout jeu-service, Suicide Squad offre une itemisation à outrance à base de récompenses de mission de qualité variable. Il n’y a pas grand-chose à en dire, si ce n’est qu’améliorer les pièces d’équipement n’est pas vraiment quelque chose d’excitant et réinitialiser les statistiques de vos armes en espérant avoir quelque chose de meilleur ne fonctionne que très (trop) rarement, enlevant tout le fun de la démarche.

Suicide Squad

Techniquement, le jeu est assez flamboyant. C’est esthétiquement et graphiquement beau, tout comme Metropolis qu’on a vraiment envie d’explorer même si cette dernière se révèle petite et pas assez dense (toute l’action se déroule uniquement à la surface à part de très rares scènes d’intérieur). Les animations faciales sont parmi les meilleures du marché à l’heure actuelle et contribuent à l’aspect comique de nombreuses cutscenes qui, redisons-le, sont vraiment réussies. Malgré la difficile lecture des combats, on ne pourra pas reprocher au développeur de faire cracher le moteur et offrir un très beau jeu.

Suicide Squad

Très honnêtement, Suicide Squad: Kill the Justice League n'est pas le chant du cygne pour Rocksteady. Ayant réussi à sauver une partie de son identité dans un jeu qui est clairement en guerre avec lui-même, ce titre est le résultat d’un management probablement dépassé et trop cupide pour ne pas se laisser tenter par les sirènes du jeu-service. Tout n’est pas mauvais dans le jeu, mais il en ressort une expérience très frustrante où tous les outils entre nos doigts fonctionnent sans jamais être mis à contribution pour quelque chose d’amusant et offrant une finalité satisfaisante. Suicide Squad est une hydre à deux têtes qui finit par s’automutiler, et personne n’en ressort gagnant.
23 février 2024 à 09h49

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Points positifs

  • C’est beau (mention spéciale aux animations faciales)
  • Rien à redire sur la maniabilité et la prise en main
  • Metropolis est plutôt chouette à voir
  • Quatre personnages attachiants et drôles
  • De l’action non-stop

Points négatifs

  • Des missions répétitives à crever
  • Un équipement aux caractéristiques anecdotiques
  • Le monde ouvert manque d’intérêt et d’intérieurs

Gribouillé par...

Lorris

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Jean-Claude Van Damme au corps, Jean-Claude Dusse dans la tête. C'est parfois l'inverse.

Twitter : @Yolorris

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