Loin de l'atmosphère rebelle qui fait vendre, loin des exploitations techniques maximales qui font vendre, loin des suites à rallonge qui font vendre, loin du gore exagéré qui fait vendre,
Ico se plante là, au beau milieu de nul part. Pourtant, en plus de se vendre, il réalise l'exploit de rester gravé au plus profond de chaque petit joueur du globe qui osa un joueur y risquer une patte sur la manette. Oui, une manette. Provenant d'une console. Parce qu'il ne s'agit que d'un jeu après tout. C'est ce que mes parents me disent depuis que je me balade à travers la maison avec 2 cornes (très belles d'ailleurs) sur la tête tout en essayant désésperément de trouver la sortie.
L'Histoire se tisse d'elle-même
La cinématique d'introduction ne comporte aucun dialogue. Vous êtes emprisonné par votre peuple dans un Temple. Votre plus grande faute ? Etre né avec une paire de cornes sur la tête. Un tremblement de Terre viendra heureusement vous sauver de votre destinée. Rien de bien crédible en fait, mais l'atmosphère laisse totalement cet univers réaliste aux oubliettes. Reste encore à sortir de cette ville labyrinthique et surtout déserte. Rapidement, vous rencontrerez une jeune fille. Apparemment vous ne parlez franchement pas la même langue, mais qu'importe. Elle vous suit, et vous vous donnez comme objectif de la faire sortir elle aussi de ce Temple. Malheureusement pour vous, de sombres créatures ont pour ordre de l'emmener dans un monde des Ténèbres. S'engage alors une grandiose course contre le Mal, dans laquelle vous,
Ico, un petit garçon d'allure fragile, allez vous donner corps et âme pour une jeune fille rayonnant de pureté. Rien que ça.
Et là, le charme opère
Les décors sont épurés. Pas ou peu d'animations, des textures simples, mais deux personnages parfaitement animés. C'est en prenant pour la première fois la main de la jeune fille que vous commencez à défaillir. En manque de confiance, cette dernière est brusquée par votre course, et ses épaules tentent de suivre. Ses jambes tentent tant bien que mal de résister à la cadence. 5 minutes vous seront nécessaires pour ne plus regarder QUE les 2 personnages, et l'aventure peut enfin commencer. Aucun vrai dialogue ne viendra combler l'ambiance sonore. Aucune tirade philosophique sur l'existence humaine, comme nous y avait habitué les films de Jean-Claude Van Damne. Non, rien. L'interactivité entre
Ico et la jeune fille n'est représentée que par un language des gestes. Un vrai cours de mime. Après avoir sauté par dessus une crevasse, vous devrez tendre les bras pour que la jeune fille ose vous suivre. Vous la rattraperez alors de justesse. De petites exclamations viendront ponctuer vos actions, qu'il s'agisse d'un cri d'alerte de la jeune fille ou d'un essouflement d'Ico, qui nous rapelle que nous dirigeons un bien frêle gamin. Et pourtant, il va devoir se surpasser s'il veut revoir sa belle campagne.
L'alternance entre combats et énigmes
Des ombres viendront souvent ponctuer votre quête. Leur but, reprendre la jeune fille, et la rapporter à sa marrâtre. Vous devrez alors les en empêcher, en ne retenant ni votre courage, ni votre baton. Même si la jeune fille s'éloignera instinctivement des monstres, ils finiront par l'absorber si vous n'y prenez garre. A vous alors de la retenir, en la tirant de vos maigres bras, jusqu'à ce qu'elle ressorte entièrement des Ténèbres. Après avoir terminé votre grand nettoyage, l'heure sera aux Enigmes. Pour avancer dans l'aventure, il faudra en effet alterner ces 2 séquences que sont l'action et la réflexion. Si
Ico est bien plus axé action, avec son arme et sa vigueur, la jeune fille est bien plus réfléchie qu'elle ne le laisse croire. Elle vous indiquera les endroits clés et pourra même résoudre quelques énigmes. Ses quelques pouvoirs pourront ainsi déplacer quelques objets, vous permettant ainsi de progresser considérablement. Ses remarques seront tout au long de votre périple vos meilleurs conseils.
La technique au service de l'atmosphère
Pour reussir à nous plonger si profondément dans cette aventure et à tirer de telle façon nos sentiments, les développeurs de
Ico ont osé un mélange totalement novateur. Des effets rares et uniques sont ainsi utilisés pour ne faire qu'augmenter l'impression de calme et de volupté. La jeune fille, modélisée mi-Cel-Shading, mi-3D traditionnelle, rayonne dans les décors. Sa blancheur et son éclat, rajoutée à ses mouvements longs et inquiets en font un personnage totalement unique. Sans aucune parole, elle touche n'importe quel public. Elle paraît bien plus frêle encore face aux sombres et puissantes créatures. Ces dernières ne sont que des ombres, représentées par une texture vaporeuse leur permettant de changer de forme. L'effet est criard, vivant, est n'est pourtant pas des plus dégoutant. Enfin, pour définitivement faire plonger le joueur dans l'atmosphère du titre, les architectures gigantesques sont représentées comme calmes et immobiles, tout en dépaysant le joueur par leur complexité. Même si elles ne paraissent que bien sobres au début de votre aventure, quelques sorties en exterieur vous feront comprendre le travail effectué par les développeurs. Des ponts à demi terminé aux points de vue sur l'ensemble d'une cité immobile, on a l'impression que toutes les habitations ont été vidé du jour au lendemain. Heureusement, ce vide est rapidement comblé par les aléas de l'aventure, qu'il s'aggise de ce pont s'écroulant sous les pieds de la jeune fille ou encore des différentes actions à effectuer pour progresser.
Au final
Ico est un jeu fabuleux. Totalement différent des 10 000 autres titres déjà paru depuis la Nintendo, il n'en est pas moins l'un des plus aboutis. L'ambiance est pour la première fois la clé de voute d'un jeu, et l'atmosphère n'en est que plus convaincante. L'architecture du Temple est enivrante, tandis que les 2 caractères opposés de
Ico (courageux et vaillant) et de la jeune fille (hésitante) n'ont de cesse de nous garder dans l'univers. Lorsque l'on sait en plus que l'aventure n'a rien d'ennuyeux, que la PS2 est très bien exploitée, que les musiques et tous les bruitages sont magnifiques, et que la jouabilité est simple et unique, on ne peut que rester sous le charme. Seules les 5 petites heures de jeu pouront rebuter les plus radins. Pour les autres, ceux qui sont déjà tombés sous le charme face aux screenshots, il s'agit d'un des rares jeux qui restera gravé dans votre mémoire, comme un bon livre dont on aime citer quelques passages à son entourage.