Test : Onimusha : Dawn Of Dreams - PS2

Onimusha : Dawn Of Dreams - PS2
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Depuis sa création la série Onimusha s’est presque toujours située entre deux eaux : digne d’intérêt, mais sans être excellente, divertissante, mais sans être vraiment captivante, bref on sentait bien le potentiel du jeu, mais on restait toujours plus ou moins sur notre faim. Après une trilogie originelle en demi-teinte, voici qu’un quatrième épisode nous arrive, apportant avec lui son lot de nouveautés.
Les créateurs d’Onimusha avaient conçu leur série comme une trilogie, devant s’achever avec le troisième épisode et la mort de Nobunaga, seigneur charismatique des ténèbres, dont la particularité est d’avoir réellement existé, tout comme une bonne partie des personnages de la série (Jubei Yagyu, héros du second opus, fut par exemple un fameux samouraï du 17ème siècle, fin de la parenthèse culturelle). Le grand méchant loup achevé, il aurait sans doute été osé de le faire revenir d’entre les morts, c’est pour cette raison que ce nouvel épisode prend place une vingtaine d’années plus tard, alors que le successeur de Nobunaga, Hideyoshi, a décidé de bannir les occidentaux hors du Japon, et de préparer son invasion du monde grâce aux pouvoirs des Genmas.

Un sot trouve toujours un plus Soki l’admire

C’est alors que l’histoire commence, aux côtés de Soki, un ex-vassal de Hideyoshi, bien décidé à en découdre avec son ancien maître pour l’empêcher d’accomplir ses funestes desseins. O surprise, pour la première fois le héros d’un jeu Onimusha n’emprunte pas les traits d’une star du cinéma nippon ou français ! Hélas, ce n’est pas pour autant que son design est plus réussi, en effet sa tignasse blonde et son allure de gros bourrin tranchent brutalement avec l’univers des samouraïs, un point noir qu’on retrouve dans quelques autres personnages du jeu, dont Roberto, qu’on croirait sorti tout droit d’un Street Fighter. Fort heureusement, les petites fantaisies que se sont permis les développeurs ne gênent en rien à l’immersion dans le jeu, puisque le scénario fait lui aussi preuve d’une certaine légèreté. Non pas qu’il soit plus amusant que ceux qui l’ont précédé, mais on sent bien que les auteurs ont pris de la distance, et ont plus cherché à faire dans la fable épique que dans l’épopée grandiose ; bref, la première trilogie Onimusha est bien terminée, et quelques libertés semblent avoir été prises vis-à-vis de celle-ci, pour le meilleur et pour le pire.

Je suis une bande de jeunes

Mais que les puristes se rassurent, tous les ponts ne sont pas coupés ! En effet, autant le scénario s’éloigne des anciens épisodes, autant le gameplay leur est fidèle, et le transcende. Le principe de jeu reste en gros inchangé : parcourir des zones infestées de démons, muni d’armes magiques surpuissantes, absorber les âmes des monstres pour faire évoluer son personnage, le tout en résolvant ici et là quelques énigmes simplissimes. Deux nouveautés viennent cependant augmenter l’intérêt du jeu. Tout d’abord, le côté RPG a cette fois-ci été réellement travaillé, et ce ne sont plus trois armes et armures qui pourront être améliorées, mais environ une centaine. Les ennemis lâchent à nouveau des sous en mourant (comme dans l’épisode 2), et un magasin bien fourni est à votre disposition. D’autre part, les persos peuvent maintenant augmenter de niveau, et chaque passage de niveau vous donne droit à quelques points de capacités à répartir afin d’acquérir de nouveaux combos et compétences. La deuxième grande nouveauté est qu’il est possible de jouer en coopération avec un allié (mais toujours pas en multijoueur, dommage) ; au nombre de 4, ces alliés interviennent dans le scénario, possèdent leurs propres motivations et surtout, leurs propres capacités. Ainsi, Ohatsu possède un grappin lui permettant d’atteindre certains endroits inaccessibles, Roberto dispose d’une force lui permettant de soulever des poids élevés, etc., ce qui confère au jeu un côté exploration de niveaux assez amusant, d’autant plus qu’il est désormais possible de revenir dans les endroits visités à volonté. Dans la bagarre, tous possèdent un style de combat bien à eux, et libre à vous de préférer le gars costaud, mais lent, à la kendoka véloce mais peu résistante, ou encore à la tireuse, réservée aux attaques à distance (une mitraillette au 16ème siècle ? hum…). D’une simple touche il est possible de basculer de Soki à son allié, les touches directionnelles servant à donner des ordres au second personnage (assis, couché, tout ça…).

Allez, Dante, on t’a vu…

Pour ce qui est des combats, là aussi les choses ont changé. Plus nombreux, plus dynamiques, mais aussi plus stratégiques, notamment compte tenu des possibilités de coopérations, ils contribuent à donner au jeu un côté action qui n’est pas sans rappeler Devil May Cry. On se retrouve assez facilement débordé par le nombre d’ennemis, souvent très agressifs et résistants, et le Game Over est plutôt fréquent, pour peu qu’on ne soit pas hardcore-gamer. Fort heureusement, le jeu permet de recommencer directement depuis le dernier chargement de zone, ce qui s’avère un grand soulagement, surtout lors des combats contre les boss, eux aussi assez coriaces. On se retrouve au final obligé de réfléchir à deux fois à la meilleure attitude à adopter pour remporter la victoire, ce qui pimente efficacement le déroulement du jeu, et qui fait qu’on ne s’ennuie jamais en combat. Un bon éventail de combos est d’ailleurs présent, et certains ennemis ne peuvent être achevés qu’avec un coup spécifique. Certains coups ultimes se révéleront quasiment indispensables, et même si leur maîtrise n’est pas toujours évidente, quel plaisir de trancher en deux d’un seul coup un gros monstre pas beau ! Enfin, de temps à autre dans le jeu, un défi vous sera proposé, du genre tuer 100 monstres avant la fin du temps, utiliser 5 fois une technique particulière, etc. Là encore, on ne peut pas s’empêcher de penser à Devil May Cry, dans lequel des missions subsidiaires étaient présentes. La similitude ne s’arrête pas là, puisque là aussi, le jeu y est découpé en missions ; au nombre de 17, elles assurent à cet Onimusha une bonne durée de vie : 20 à 25 heures sans les quêtes annexes (notamment l’inénarrable dimension maléfique à explorer pour acquérir bonus et armes ultimes).

C’était mieux avant

Enfin, l’esthétique générale d’Onimusha : Dawn of Dreams se situe grosso modo dans la continuité du précédent épisode, qui avait remplacé les décors précalculés par des environnements en 3D. Le nombre de lieux à visiter est un peu plus important, bien qu’un peu moins varié, et pour cause, le troisième épisode se déroulait partiellement dans un Paris contemporain. Le gros point noir avec la 3D est malheureusement toujours dû aux inévitables problèmes de caméra, qu’on vous laisse ici gérer tout seul, ce qui s’avère parfois pénible.
Néanmoins l’ensemble est très bien détaillé, et certains niveaux nocturnes sont tout simplement sublimes ; les effets de lumière en combat sont très réussis, mais le fait que certains ennemis trop nombreux adoptent la même palette chromatique que les héros amène parfois une confusion à l’écran qui peut coûter le Game Over. Pour en finir avec l’esthétique, on ne peut pas dire que les musiques soient spécialement marquantes, et leur médiocrité peine à retranscrire le côté grandiose de la série. C’est d’ailleurs là l’un des rares reproches qu’on puisse adresser au titre : à force de vouloir se renouveler, on dirait bien que les développeurs ont oublié ce qui faisait le charme de Onimusha. Où est passée la poésie, qu’est devenu ce calme apparent derrière lequel on devinait la tempête imminente ? A croire que les créateurs n’ont retenus que la frénésie des fers qui se croisent, ou bien qu’ils ne veulent plus nous faire partager tout le mystère que représente le Japon médiéval.
Très bon titre, entraînant au possible, jamais ennuyeux, Onimusha : Dawn of Dreams amène à la fois un côté action très dynamisant et un côté RPG esquissé par le passé mais jamais vraiment exploité. Les nombreuses possibilités du jeu apportent un surcroit d’intérêt, et le scénario, sans être époustouflant, tient suffisamment en haleine pour donner envie de l’explorer plus avant. On regrettera cependant qu’il ait fallu sacrifier ce qui faisait l’âme de la série pour obtenir un si bon résultat, et on demeure nostalgique de l’ambiance envoûtante des précédents épisodes. Ah, le son d’un koto près d’un lac éclaboussé de lune…
03 avril 2006 à 12h16

Par

Points positifs

  • Dynamique
  • Nombreuses possibilités d'évolution et d'exploration
  • Bonne durée de vie
  • Gameplay quasi-parfait

Points négatifs

  • Les caméras
  • Parfois difficile
  • Un peu bourrin
  • Qui êtes-vous et qu'avez-vous fait d'Onimusha ?
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