Test : Metal Gear Rising : Revengeance - PS3

Metal Gear Rising : Revengeance - PS3
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Dans l'industrie du jeu vidéo, comme dans toute industrie d'ailleurs, on s'observe les uns les autres. On observe d'un oeil curieux et attentif ce que fait la concurrence. On regarde ce qui fonctionne ou, au contraire, ce qui ne marche pas. Et puis on reprend les bonnes idées. Dans la presse jeu vidéo, c'est exactement pareil. Ainsi, quand Moguri de No Life, dans sa critique d'Anarchy Reigns (jeu également développé par Platinum Games), débute en introduisant le concept de zone de confort, on se dit que ça marcherait également avec ce Metal Gear Rising : Revengeance. Et cela pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'auteur de ces quelques lignes n'aime pas vraiment les beat'em all en général. Il a bien tâté d'Heavenly Sword, de God of War 3, de Bayonetta, et un peu de Devil May Cry aussi, mais rien n'y fait, ça passe pas. Ensuite, parce que la saga des Metal Gear a toujours donné dans l'infiltration. L'épisode Guns of the Patriots a même montré une certaine tendance de la série à s'encrouter dans le domaine. Et enfin, parce que c'est la première fois que Platinum Games reprend une licence déjà existante, avec son background, ses codes, et les attentes des fans qui vont avec. Et on peut dire que le studio de Tatsuya Minami s'attaque à un sacré morceau. En effet, la saga initiée par Hideo Kojima est connue pour développer un scénario complexe ainsi qu'un univers particulièrement dense et riche. Il faut dire qu'il a eu 25 ans pour s'étoffer.
Tout ça pour dire que c'était loin d'être gagné, surtout après un développement aussi chaotique. Mais même en dehors de sa zone de confort, Platinum Games est capable de nous en mettre plein la gueule.

Test effectué à partir d'une version PS3

La première question qui se pose avec un tel changement d'orientation dans le gameplay est la suivante : est-ce bien un Metal Gear ? Et bien ne faisons pas durer le suspens plus longtemps, la réponse est oui, définitivement oui. On s'en rend compte dès qu'on a passé le tutoriel. La cinématique qui ouvre le prologue pourrait très bien ouvrir un Metal Gear Solid. La mise en scène, les thèmes abordés, le design des personnages, tout renvoie aux travaux précédents de Kojima sur ce même univers. Alors oui, bien sûr que Platinum Games a mis son grain de sel là dedans. Et cette pâte est bien visible dans les phases d'action over-the-top que comporte le jeu. Mais le studio japonais n'oublie jamais de rester en phase avec l'univers de la série. Et cela passe par un scénario maîtrisé, des thématiques tournant autour de la guerre, de ce que cela implique et des raisons qui poussent un soldat à se battre. L'intérêt du scénario réside plus dans les arguments avancés par les deux partis que par l'intrigue, finalement assez simple, voire basique. Au fond, on pourrait résumer l'histoire de ce MGR à cette phrase : c'est un gentil ninja cyborg qui taille en rondelles des méchants ninjas cyborgs. Mais ce serait passer à côté de l'essentiel. À savoir, les aspects positifs de la guerre et le parcours de Raiden. Ce premier thème, assez inhabituel, il faut le reconnaître, est le sujet de discorde principal entre Jack et les membres de Desperado LLC. Il revient quasiment à chaque rencontre avec un boss. En plus de ça, dès la deuxième mission (sans compter le prologue), Raiden est accompagné de Wolf, une I.A. implantée dans un cyborg au design canin. Ce dernier questionnera régulièrement le héros sur ses motivations et analysera ses réponses, de même que son comportement, de manière purement rationnelle et détachée. Si on a déjà pu voir de tels tandems dans diverses œuvres de science-fiction, et que cela n'a rien de nouveau, force est de constater que le duo Raiden/Wolf fonctionne assez bien, offrant même un petit ressort comique au jeu.
Ces différentes confrontations mettront notre héros face à ses contradictions, à son passé, à sa face sombre, arrivant parfois à le faire douter. De la sorte, le jeu évite tout manichéisme maladroit et malsain, allant même jusqu'à nous montrer un Raiden plus flippant que les terroristes qu'il combat. Ajoutez à cela une mise en scène efficace et à l'esthétique diablement maîtrisée, et vous obtenez une histoire prenante.

« I thought it was about justice and protecting the weak. But I was wrong. »

À côté de ça, on retrouve tout un tas de clins d’œil « kojimiesques », en rapport avec Metal Gear ou non. Pour les premiers, on notera par exemple la réplique de Raiden quand il se fait trancher le bras à la fin du prologue, ou le boss final qui rappelle fortement un certain colonel Volgin, mais aussi un certain homonculus du nom de Greed. Au rang des références « extérieures », on notera des allusions au cinéma de Stanley Kubrick, Full Metal Jacket et 2001, l'odyssée de l'espace notamment. De plus, le personnage de Doktor évoque fortement le docteur Folamour, auquel il était déjà fait référence dans Peace Walker. On retrouve également une certaine influence des westerns spaghettis, comme Sergio Leone nous en a abreuvé dans les années 60. On prendra pour exemple le duel final entre Raiden et Jetstream Sam, qui reprend une esthétique typique de ces films, en plus de rappeler celui qui oppose Franck et l'homme à l'harmonica à la fin de Il était une fois dans l'ouest, de part l'attente qu'il suscite et le flou artistique qui entoure les motivations de l'adversaire.
La musique n'est pas en reste. Très orientée métal, elle combine elle aussi tout un tas d'influences diverses et variées, allant du western à la pop music. L'espace de quelques secondes, on entend même des accords qu'on croirait tout droit venir du Seigneur des Anneaux. Quoiqu'il en soit, elle file la patate, soutenant l'action à merveille.

« The fact it's legal doesn't make it right. »

Mais passons maintenant au gameplay. Comme on l'a déjà dit plus haut, ce spin-off prend une orientation très différente de ce à quoi nous avait habitué Metal Gear jusqu'à présent, en passant de l'infiltration au beat'em all. Et vu la démonstration de force que Raiden nous a fait dans Guns of the Patriots, ce changement a beau être surprenant, il correspond tout à fait au personnage. Il est donc finalement plutôt logique, n'en déplaise aux puristes. On a deux attaques de base à notre disposition : légère et forte. On passera le plus clair de notre temps à jongler entre ces deux attaques pour sortir des combos et autres coups spéciaux. Et force est de constater que c'est fort plaisant. Les coups s'enchaînent avec une grande facilité, ce qui offre une sensation de puissance des plus grisante, exacerbée par la mise en scène du tout.
Mais le cœur du système de combat est sans aucun doute la parade, qu'il vous faudra impérativement maîtriser si vous espérez arriver à terminer le jeu. La parade fonctionne ici d'une manière assez particulière, puisqu'elle n'a pas de bouton attitré. En fait, pour parer un coup, il faut orienter le stick gauche vers l'adversaire qui vous attaque et appuyer en même temps sur l'un des boutons d'attaque. Assez curieux à utiliser au début, ce système montre tout son potentiel lorsqu'on est encerclé par des ennemis. Lorsqu'un soldat nous attaque alors qu'on est en train d'en frapper un autre, tout ce qu'on a à faire, c'est de pousser le stick gauche dans la bonne direction tout en continuant à attaquer. De la sorte, on passe instantanément d'une posture offensive à une position de défense. Et si notre timing est parfait, on aura un boulevard pour trancher le malotru qui a osé interrompre notre combo en petits morceaux.

« It's time for Jack to let him reap ! »

Ce qui nous amène tout naturellement au mode lame, ainsi qu'au concept de zandatsu. En appuyant sur un bouton, la caméra vient se fixer derrière Raiden qui se met en position. À partir de là, on peut orienter la caméra avec le stick gauche et trancher avec le droit, le katana reproduisant les mouvements de ce dernier. Si ce mode est très utile pour trancher avec précision certains objets, c'est surtout dans l'application du zandatsu qu'on l'utilisera. Utilisable sur tous les ennemis, à l'exception des plus gros méchas et des hélicoptères, il consiste à trancher les ennemis en passant par leur point faible, matérialisé ici par un petit carré rouge. Une fois ceci fait, vous pourrez, en appuyant sur une touche, attraper les entrailles de votre victime, et ainsi restaurer vos jauge de vie et de mode lame. Inutile de vous dire qu'une exploitation abusive du zandatsu est vivement conseillée.
Notez, enfin, qu'en avançant dans le jeu vous obtiendrez la capacité de passer en mode « Jack the Reaper ». Ce dernier, activable lorsque la jauge de votre katana est pleine, fait entrer Raiden dans une espèce de transe. Dans cet état, il résiste mieux aux dégâts tout en portant des attaques plus puissantes. Cependant, ne vous attendez pas à trancher dans le lard comme un gros bourrin. Le gain de puissance n'est pas énorme. Mais il est juste assez important pour faire la différence dans les situations difficiles.
Notez enfin que pour se déplacer, Raiden peut utiliser la « course ninja ». Se faisant, il franchit les obstacles automatiquement. De même si on lui tire dessus à la mitrailleuse, se mouvoir de la sorte lui permet de dévier les balles avec son katana. Ce qui est bien pratique.

« Killing isn't about fun and games »

Si vous galérez, malgré une maitrise complète de la parade et du zandatsu, vous avez la possibilité d'upgrader les capacités de Raiden. Avec les points gagnés lors des combats, on peut lui acheter différentes améliorations, que ce soit pour Jack ou son arme. Pour cette dernière, différentes caractéristiques, comme les dégâts qu'elle occasionne et sa capacité à régénérer votre barre d'énergie, peuvent être améliorées. Vous pouvez aussi améliorer la capacité de cette jauge, ainsi que votre santé maximale. De nouveaux mouvements et combos peuvent également être obtenus, comme la parade aérienne par exemple. Car bien que le jeu soit très fun dès le départ, la majorité des mouvements de votre avatar ne sont pas disponibles. Vous pourrez également acheter les armes des boss une fois que vous les aurez vaincus. Et pour chacune d'entre elles, vous aurez de nouvelles améliorations et techniques à débloquer. Étant impossible de tout débloquer lors d'une seule et même partie, le new game + a ici un réel intérêt pour qui souhaite tout débloquer.
Pour obtenir toutes ces améliorations, vous devrez passer par le codec et vous brancher sur la fréquence customisation. C'est là que vous les trouverez, classées par catégories. Pour en faire l'acquisition, vous devrez dépenser des Battle Points. Ces derniers se gagnent lors des combats, en réalisant des combos, découpant des ennemis, et en obtenant une bonne note. Vous en obtiendrez également en terminant les chapitres et ramassant certains items. Mais une autre manipulation est nécessaire pour avoir droit à de nouvelles upgrades. En effet, pour que ces dernières soient disponibles en magasin, il faudra fournir à Doktor, un scientifique allemand qui aide Raiden, la main gauche de certains ennemis. En tout, il y en a 30 à récupérer. En échange, il produira des améliorations pour vous les vendre. Non seulement on peut trancher des gens en petits morceaux, mais en plus, on nous y encourage. Des fois, je me dis que la vie est belle.

« I thought they have a choice, a fair choice. Not like you. »

Mais aussi plaisant que soit Metal Gear Rising à jouer en tant que beat'em all, le titre de Platinum Games ne se limite pas à ce seul registre. En effet, il ne renie pas ses origines, proposant une légère composante infiltration. Même si cet aspect se présente plus comme un à côté sympa, il est soutenu ici par tout un tas de petites features sympas. On retrouve donc le radar soliton et l'alarme. Mais on a aussi la possibilité de se cacher sous un carton ou un tonneau pour se cacher sous les yeux de l'ennemi. Il est également possible de tuer furtivement en s'approchant discrètement de sa victime par derrière ou depuis une hauteur. Vous trouverez également des cadres photos 3D qui, une fois lancés, projetteront une petite image holographique d'une babe qui distraira un garde. De même, pour couvrir votre progression, vous aurez la possibilité de lancer une grenade fumigène.
Dans un style plus offensif, on pourra aussi utiliser des grenades à fragmentation et des lance-roquettes. On regrettera simplement que le lancé de grenade manque de précision. Mais cela ne nuit au plaisir de jeu que de manière très limitée. Le mode de vision Réalité Augmentée Avancée permet quant à lui d'étudier la configuration ennemie, de repérer les éventuelles mains gauches à récupérer, de même pour les caisses à objets, et surtout de planifier votre attaque. Très pratique, ce mode de vision permet de voir à travers les murs et dans le noir. Très utile quand on se retrouve dans un vieux tunnel désaffecté et sans électricité.
Le seul gros reproche qu'on peut faire sur la partie infiltration du jeu, c'est que le joueur ne soit pas récompensé lorsqu'il nettoie une salle sans se faire repérer. Tout ce qu'il aura en retour, c'est les félicitations de Boris.

« I said my sword is a tool of justice, not of anger, not of vengeance. But this isn't my sword. »

On retrouve également le codec, mais pas sous la même forme que dans les précédents jeux de Kojima. Pour ce qui est des communications scriptées, fini l'écran fixe avec un portrait des deux interlocuteurs. Ici l'image du correspondant s'affiche soit devant Raiden, un peu comme dans Dead Space, soit en bas à gauche de l'écran. L'air de rien, ce petit changement fluidifie largement l'ensemble. Mais cela ne s'applique pas lorsque c'est vous qui prenez l'initiative de contacter vos camarades.
En fouinant un peu les décors, vous trouverez divers éléments. Bien sûr il y a les armes et les items. Mais en fouinant bien, vous pourrez collecter des disques de données contenant des artworks consultables depuis le menu principal, ainsi que des terminaux à pirater (une simple pression sur un bouton suffit) pour débloquer des missions RV. Accessibles depuis le menu principal, elles se présentent sous la forme de défis chronométrés. Et si atteindre l'objectif n'est pas franchement compliqué, battre le temps cible est une toute autre paire de manche. Enfin, en tranchant des cartons, vous vous trouverez parfois nez-à-nez avec un soldat qui se cachait à l'intérieur, l’auto-référence ultime de la saga Metal Gear.
Décrire Metal Gear Rising : Revengeance en un mot n'est pas une chose aisée. Mais si on devait s'y plier, le mot en question serait : fulgurant. En effet, que ce soit dans sa mise en scène ou dans son gameplay, le titre de Platinum Games fais preuve d'une fulgurance certaine. Et que dire de Raiden, si ce n'est qu'il déborde de classe. Il enchaine les coups avec style, et son zandatsu est d'une violence graphique sans précédent. Et c'est beau. Si le titre n'est pas au top d'un point de vue technique, sa direction artistique masque la grande majorité des imperfections. Les seuls défauts notables qu'on a pu noter sont la présence de ralentissements lors des phases de codec, et un boss final bien trop difficile par rapport au reste du jeu. Pour vous donner un ordre d'idée, on a du le recommencer en mode facile pour en voir la fin. Mais comme dit dans l'introduction, l'auteur de ces quelques lignes n'est pas coutumier des beat'em all. Pour conclure, là où MGS 4 nous avait déçu, Metal Gear Rising nous explose à la gueule, comme une évidence. Comme si c'était LE jeu Metal Gear à faire. La seule chose qui nous chagrine, c'est que le jeu va certainement se faire conspuer par toute une frange de fans allergiques à tout changement. À ceux-là, on leur dira qu'un jeu ne se résume pas à son gameplay, que c'est bien plus que ça. Et c'est d'autant plus vrai lorsqu'on parle de Metal Gear. Les équipes de Platinum Games nous le démontrent brillamment avec ce MGR.
19 février 2013 à 08h00

Par

Points positifs

  • Raiden plus classe que jamais
  • Les thématiques traitées aussi finement que d'habitude.
  • Un gameplay à la fois nerveux, exigeant et accessible.
  • De l'action over-the-top en veux-tu, en voilà.
  • Toujours fluide en combat.
  • Les innombrables références en tous genres.
  • C'est un vrai Metal Gear, il n'y a aucun doute.

Points négatifs

  • Pas au top techniquement.
  • Quelques ralentissements durant les phases de codec.
  • Un peu court peut-être (comptez 7h pour un premier run en mode normal)
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