Test : Journey - PS3

Journey - PS3

Journey - PS3

Genre : Errances lyriques

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De temps en temps on tombe sur une œuvre, qu'elle soit un livre, une musique, un tableau ou bien un jeu, qui nous emporte dans un autre monde et nous fait oublier ce qui nous entoure. En philosophie on appelle ça « faire l’expérience de l’art ». Vous l’aurez compris, c’est exactement ce que provoque Journey.
Décidément, les petits gars de chez Thatgamecompany sont vraiment très forts. Après un Flower resplendissant, un curieux flOw, un Cloud sur lequel de nombreux débats sur le statut du jeu vidéo en tant qu’œuvre art ont eu lieu, ils nous sortent un Journey qui ne devrait plus laisser de doutes à ce sujet. Journey c'est un peu la lutte, au sens large du terme, d'un être contre son environnement. Thématique récurrente dans les productions de Thatgamecompany, ici c'est le désert qu'il vous faudra apprivoiser pour parvenir à vos fins.

Con, temps, plat, scion

Tout commence par un écran titre sans aucun menu qui nous permet d'apprécier un coucher de soleil sur les dunes d’un désert de sable. Seul un discret petit texte en bas à gauche nous demande de presser le bouton start pour commencer non pas le jeu mais le « périple ». On s’exécute, un son de violon s’élève, une cinématique nous montre une lumière s’échouer dans le désert puis le jeu commence avec un gros plan sur le protagoniste. Un humanoïde, vêtu d’une burqa rouge, assis dans le sable.
Un mini tutorial nous montre que l’on peut, avec le sixaxis ou le stick droit, changer l’angle de la caméra et avec le stick gauche bouger le personnage. Ensuite on est libre. Libre de se mouvoir où bon nous semble dans ce désert magnifiquement modélisé. On aperçoit au loin des espèces de drapeaux ou étendards et on se dit que c’est là bas qu’il faut aller. Pratiquement aucune musique ne se fait entendre, seul le bruit des pas dans le sable rythme l’avancée de ce curieux personnage vers ce que l’on imagine être l’objectif. Monter la dune devient difficile, le personnage se traine de plus en plus mais arrivé en haut, une vue magnifique se dégage vers ce qui semble être une montagne, le titre Journey apparaît, la musique retentit et là, on sait que l’on va vivre une expérience hors du commun.

J'ignore de le savoir

On parle d’expérience, mais le jeu il est où ? Qu’est ce qu’on doit faire ? Le but est de se frayer un chemin au travers des différents obstacles qui se trouveront sur votre route. Votre seul atout sera votre cri (ou chant) et votre écharpe. Durant l’aventure il vous faudra résoudre des « énigmes » qui sont un peu dans le même style que celles de Flower. Si dans ce dernier il fallait faire éclore certaines fleurs pour faire se développer le décor et ainsi ouvrir de nouveaux chemins, ici il vous faudra utiliser votre cri, grâce à la touche rond, pour « réveiller » des morceaux d’étoffe afin de créer des éléments qui vous permettront de poursuivre votre route, comme un pont par exemple. La touche croix quant à elle utilise votre écharpe qui vous permet tout simplement de voler sur de courte durée en fonction de sa longueur.
L’écran de jeu est fait pour l’immersion, ainsi pas de HUD, ce qui signifie pas de points de vie apparents, ni de jauge d’endurance ou que sais-je. Seule votre écharpe vous indiquera combien de temps il vous reste pour voler. On ne peut pas mourir, ni rester bloqué car les énigmes sont faciles. Encore une fois tout l’intérêt réside dans l’immersion, la perception que vous aurez du jeu et qui sera différente d’une personne à une autre, et la découverte.

L’enfer c’est les autres (ou pas)

On peut vite se sentir seul dans l’immensité du désert. Pourtant il est possible de rencontrer d’autres joueurs. De temps en temps, au cours de notre périple, on croise un autre être en burqa. Le jeu est fait de telle façon que l'on ne peut pas communiquer. Du moins pas par écrit ni par oral. On peut bien utiliser le cri pour attirer l’attention, mais ce n’est pas très explicite. Non ici tout est subtil. Je ne sais par quel miracle, mais on se comprend. On se met à suivre la personne que l’on a croisée, ou inversement, et on se lie d’amitié avec elle. On veut l’aider, on veut continuer l’aventure avec elle, et on le fait. C’est peut être le fait de se sentir seul dans ce grand désert qui nous fait ressentir cette affection pour ce semblable, ou alors peut-être les épreuves que l’on doit surmonter car on se sent plus fort à deux. En tout cas le sentiment éprouvé est impressionnant. D’ailleurs le jeu vous fait ressentir une palette d’émotion assez vaste ! La joie, la peur, la tristesse, la mélancolie, la compassion, la colère, tout y passe. Et c’est là que réside la force des productions Thatgamecompany. Qui n’a pas été ému devant Flower ? ( Si vous êtes dans ce cas, sachez que vous n’êtes pas humain).

Et un désert, un !

Les graphismes méritent un paragraphe à eux tout seul. Le jeu est tout simplement magnifique, à couper le souffle. Dans les jeux vidéo il y a des textures qui ont toujours été difficiles à modéliser, comme l’eau, les cheveux et le sable. Ici, les dunes de sable semblent être vivantes. On a l’impression que chaque grain de sable évolue de façon indépendante. Lorsque l’on marche dedans, que le vent souffle ou que l’on s’amuse à glisser d’en haut d’une dune, le sable réagit vraiment de manière réaliste et c’est très impressionnant.
En fonction des différentes positions du soleil, la luminosité des scènes traversées changera. On a ainsi le droit à une grande diversité de décors et de situations qui permettent un renouvellement constant de la fraîcheur du jeu. Il faut compter entre 2 et 3 heures de jeu pour le finir sans se presser, et grâce à cette diversité, on ne les voit pas passer.
Journey est un poème. C'est une expérience qui nous fait ressentir une grande variété d'émotions, qui nous fait sentir vivant. De par ce statut, il est possible que certaine personne soient totalement hermétiques à ce genre de jeu, mais si vous vous laissez entraîner dans cet univers fantastique qu'est l'univers de Journey, alors sachez que vous vivrez l'une de vos meilleures expériences vidéo-ludiques.
09 mars 2012 à 05h16

Par

Points positifs

  • Magnifique
  • Émouvant
  • Prenant

Points négatifs

  • Un poil trop cher par rapport à la durée de vie

Gribouillé par...

Wildchoc

Wildchoc

Tanuki lubrique

Le wildchoc sauvage est un petit animal farouche au poil soyeux. Passionné de jeux vidéo il ne sort que très peu souvent pour subvenir à ses besoins naturels tels que se nourrir et se reproduire. Il est cependant facile d'en capturer un en faisant résonner à l'extérieur de sa tanière une douce musique Chip tune. Pourquoi en attraper un ? Ils font en général de très bon coussins.

Twitter : @wildchoc01

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