L’originalité : c’est le Graal de notre époque. Partout, tout le temps, on nous rabat les oreilles avec l’originalité de tel film ou de tel groupe de musique. C’est vrai que c’est bien d’être surpris par telle ou telle œuvre, ça élargit notre culture et ça fait pas de mal. Cependant, ce serait un peu bête (mais pourtant répandu, il suffit de voir le net) de dire que dès qu’un jeu n’est pas original, il est nul. Je vais le dire de suite,
Dragon Age : Inquisition n’est pas très original intrinsèquement parlant. Il reprend sur tous les niveaux des idées vues dans d’autres jeux de
Bioware (qui prouve ici que le studio tient une recette qu’il affine avec amour avec le temps) ou dans d’autres RPG. Mais ce que
Dragon Age : Inquisition fait, il le fait à la quasi perfection. On reviendra plus loin sur les deux ou trois problèmes qui sont mineurs en comparaison des grandes qualités du jeu.
Ils m’entrainent au bout de la nuit, les démons de Thédas
Ce test de RPG était donc une première. Ce qui veut dire que c’était la première fois que je jouais à un RPG à doses tellement énormes qu’on aurait facilement pu me qualifier de no life pendant la semaine où je me suis adonné au jeu… Non, en fait, je me suis perdu avec plaisir dans le jeu car avec 60 heures quand on aime un jeu, on l’aime pour les bonnes raisons. Chez
Bioware, ça commence par un univers et une histoire passionnante. L’univers, nommé Thédas, il est en place depuis deux épisodes. Pour ceux qui aiment lire tous les documents qu’ils trouvent dans les jeux, c’est très cool car il y en a des tonnes. Pour les autres, ça permet de créer un monde cohérent et dans lequel on croit pour s’y laisser emporter plus facilement. Certes, cela reste dans la lignée de l’Héroic Fantasy tout ce qu’il y a de plus classique mais c’est un type d’univers qui a fait ses preuves et qui est ici sublimé par les artistes de
Bioware, que ce soit pour sa mythologie ou visuellement parlant avec des lieux variés et sublimes allant de la forêt enchanteresse à la cité riche et impressionnante. De plus, le jeu profite de graphismes fort jolis.
Dragon Age : Inquisition, c’est aussi une histoire pas très originale en elle-même (je vous avais prévenu dans l’intro) mais qui réussit à tenir le joueur en haleine. On interprète donc une personne qui se trouve au mauvais endroit au mauvais moment. En l’occurrence, un conclave pour arriver à un accord de paix dans tout Thédas. Cependant, un incident a lieu et le conclave explose. Votre personnage se retrouve alors projeté dans l’immatériel et en revient avec une marque utile. En effet, suite à l’événement, une grosse faille, accompagnée de plein de petites sœurs partout dans le monde, s’est ouverte dans le ciel et déverse des démons. Le héros se rend compte assez vite que la marque susnommée permet de fermer les failles. Une inquisition va se former autour de vous pour régler le problème et découvrir qui se cache derrière ce maléfice. Ce qui fait aussi le charme de ce récit se sont les personnages qui accompagnent le héros et la manière dont le joueur peut se lier d’amitié (ou plus) avec eux. Ils ont d’ailleurs un background assez impressionnant. Du grand classique chez
Bioware mais c’est un vrai plus pour l’immersion et pour nous donner envie de prendre les rênes de notre destin dans le jeu. Il y aussi une multitude de choix qui parsèment le jeu et qui vous feront hésiter plus d’une fois d’autant plus qu’ils ont souvent un impact réel sur le déroulement du jeu. Le tout saupoudré de scènes épiques à souhait (appuyés par une BO excellente quoique trop discrète in-game) et de quelques réflexions sur la religion ou la justice (entre autres). Bref, tout cela fait qu’on se laisse emporter avec un plaisir non dissimulé dans cette épopée fantastique.
L’elfe le plus badass de la terre
Il serait quand même temps de se pencher sur le gameplay puisque c’est l’autre « détail » qui fait tout le sel de ce jeu. Tout débute par la création du personnage qui est très complète. D’un point de vue esthétique, vous pouvez vraiment créer un héros original puisque tout est réglable au détail prêt. On regrettera peut-être qu’on ne puisse pas choisir la carrure du héros mais ce serait chipoter. Niveau race, il y a le choix entre Humain, Elfe, Nain et Qunari (nouvelle proposition de choix). Ensuite, il faut choisir sa classe parmi les trois proposées : Voleur, Mage et Guerrier. Ce qui est bien vu, c’est qu’en cours de jeu, vous spécialiserez votre perso naturellement puisqu’il aura plusieurs arbres de compétences qui seront impossibles à remplir vu le nombre de points de compétences que vous pouvez gagner à chaque passage de niveau. Du choix à tous les niveaux qu’on vous dit. Ainsi, votre voleur pourra soit se spécialiser dans le maniement avec une arme à chaque main ou être un archer. Le joueur est vraiment le maitre de son destin en Thédas à tous les niveaux.
Tout cela pour partir faire des quêtes et leveler comme un crevard dans différents lieux certes séparés mais où chacun est un petit monde ouvert. Alors, certes, dans notre époque où il faut se la péter en déclarant que la surface de notre jeu est égale à celle de Knokke-le-Zoute, cela peut paraître regrettable mais on n’aurait pas eu autant de cadres variés. Neige, désert, forêt verdoyante ou marais nauséabond : il y a de quoi ne pas se lasser. Le tout saupoudré de quêtes secondaires tout aussi diverses. Celles qui ont de l’ampleur réussissent généralement à raconter une histoire assez intéressante tout en abordant des thèmes laissés de côté par la trame principale. Le reste tient un peu du remplissage entre quêtes Fedex et collectibles à gogo mais l’univers et le gameplay étant fort plaisants, cela passe comme une lettre à la poste. Le gros regret des différentes cartes vient du fait qu’il y a beaucoup de passages étriqués ou en couloirs, ce qui fait qu’atteindre un lieu précis peut-être une vraie prise de tête pour trouver le petit passage qui y mène. C’est un peu dommage et, qui plus est, la construction de la sorte rend l’utilisation des montures assez difficile.
Le Carcois des danaïdes sauf qu’au lieu du vin infini, ce sont des flèches
On arrive donc aux combats. Vous êtes d’ailleurs constamment accompagné de quatre joyeux larrons que vous engagerez aux cours de vos pérégrinations. Ils seront très pratiques pour les combats qui raviront les fans d’action (surement) ou de gameplay tactique (un peu moins). Là où les premiers auront des combats dynamiques où vous pouvez utiliser les divers pouvoirs de vos héros, les deuxièmes risquent d’être un peu plus circonspects. Le système de caméra tactique est bien pensé et est plutôt pratique puisqu’il est facile de jongler entre les différents personnages. Cependant, elle a un peu tendance à partir en cacahuète et il est impossible de donner plus d’une instruction. Il aurait, en effet, été plus pratique de pouvoir dire à nos persos d’aller à tel endroit et de faire telle attaque ensuite. Soyons clair, ce n’est pas injouable mais c'est un peu rébarbatif de devoir donner chaque instruction à quatre personnages. Si vous aimez le gameplay action comme moi, cela ne sera pas gênant mais sinon ce sera à vous de voir si ce système tactique vous va. On ajoutera que les différents modes de difficulté devraient permettre de contenter les hardcore gamers tout comme les nouveaux venus.
Le jeu profite en plus d’un système de craft fort bien pensé. Il suffit de trouver les schémas et ensuite aller dans la forge. Vous y trouverez les « recettes » dans les menus. Chaque nouvelle recette aura plusieurs possibilités avec différents matériaux, ce qui apportera des pouvoirs spéciaux ou des habilités spéciales comme de la défense en plus pour une armure. Bref, c’est très pratique et accessible et plein de possibilités. C’est décidément l'un des chevaux de bataille du jeu. Le joueur devra aussi gérer le fief de l'Inquisition avec tout ce que cela comporte (opérations à faire, décorations...). Un plus au programme déjà chargé du jeu qui complète l'immersion. On notera, par ailleurs, que les menus sont plutôt bien faits si vous n’avez pas le combo clavier souris, auquel cas la chose est moins pratique. Enfin, un mode multijoueur vient faire acte de présence. Il s’agit de parcourir des donjons avec quatre autres joueurs. Pas désagréable mais largement dispensable à côté de la richesse du solo.
Réfléchir pendant une minute à sa prochaine phrase
Cet intertitre pourrait parler du joueur dans
Dragon Age : Inquisition mais il s’agit bien des personnages non joueurs. Un bug fait qu’il leur arrive de prendre une minute pour sortir leur réplique. Ce qui donne l’impression d’avoir un autre joueur qui hésite. Blague à part, dans un jeu où les dialogues sont omniprésents, c’est un peu dommage et embêtant. D’autant qu’il y a d’autres bugs comme des crashs du jeu sur la version PS4 ou des PNJ qui font des cascades sur leurs chaises. On notera aussi qu’il est arrivé que nos compagnons restent sans rien faire lors d’un combat alors qu’on leur avait donné l’ordre d’attaquer. De quoi regretter que, de nos jours, les jeux buggés à la sortie soient une norme. Cela dit, on est pas au niveau d’un
Assassin’s Creed Unity.