Test : Danganronpa V3 : Killing Harmony - PS4

Danganronpa V3 : Killing Harmony - PS4
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Inconnue il y a encore quelques années en Occident, la série des Danganronpa a su au fil des épisodes se poser en tant qu'incontournable sur PS Vita pour tous les fans du genre. Un genre bien particulier, puisqu'il mixe le visual novel avec les enquêtes et procès à la Ace Attorney, en plus de baigner dans une ambiance glauque et sanglante que ne renierait pas Battle Royale. Après deux opus canoniques et un spin-off un peu moins convaincant, voici donc le troisième épisode, qui s'aventure aussi sur PlayStation 4.

Test effectué à partir d'une version PSVita

Danganronpa V3 : Killing Harmony ne change pas d'un iota ce qui a fait le sel de ses aînés. Il est donc toujours question d'une poignée de lycéens – en l’occurrence seize – enfermés dans une école bien particulière et devant s'adonner à un jeu de la mort s'ils veulent pouvoir sortir de là. Lorsqu'un cadavre est découvert, une enquête puis un procès ont lieu : si le coupable est découvert, il se fait exécuter. Si en revanche le meurtrier parvient à tromper tous les autres, il peut alors partir et ce sont tous les autres qui se font salement punir. Un jeu macabre toujours organisé par l'ours mécanique Monokuma, que les fans ont étrangement appris à aimer au fil des épisodes et ce malgré son sadisme certain. Il n'est d'ailleurs plus le seul ici, puisqu'il est accompagné par ses bambins. Au nombre de cinq, les Monokumers se montrent tout aussi dérangés que leur illustre père, chacun à sa manière (on apprécie d'ailleurs tout particulièrement Monokid, vulgaire et violent, à priori inspiré par Gene Simmons du groupe KISS). Et comme leur cher papa adoré, ils n'hésitent pas à ramener leur insolence pendant des passages particulièrement tendus, histoire de torturer psychologiquement les lycéens. Quoi qu'il en soit, tous ces nouveaux bourreaux sont intégrés de manière parfaitement naturelle au scénario et l'on en viendrait presque à se demander comment on a pu faire les deux premiers épisodes avec uniquement Monokuma – si l'on met de côté Monomi du second épisode, qui était pour sa part du côté des élèves.

Le retour de la Tuerie


Six ours robotiques sadiques au lieu d'un seul, autant dire que les lycéens auront cette année encore de quoi s'inquiéter, en plus évidemment de faire attention à ne pas se faire assassiner par un collègue. Le casting a d'ailleurs lui aussi encore été soigné, même si l'on n'échappe pas aux éternels clichés des mangas : le héros (ici une héroïne) au grand cœur, l'éternel optimiste, la renfermée, le blasé, le colosse qui ne ferait pas de mal à une mouche, et ainsi de suite. Parmi tout ce beau monde se cachent tout de même quelques tempéraments un peu plus intéressants. On pense par exemple à Miu, inventrice totalement tarée ne pouvant s'empêcher de s'exprimer en n'utilisant que des blagues salaces, ou à Kokichi, le menteur compulsif impossible à totalement cerner. Bien entendu, tous ces lycéens sont aussi des Ultimates, comprenez par là que ce sont les meilleurs dans leur domaine : pianiste, détective, nurse, astronaute ou encore artiste, il y a là aussi quelques surprises par rapport aux deux épisodes précédents. En tout cas, on prend un certain plaisir à découvrir tout ce beau monde, chacun disposant d'un background qui se complexifie au fur et à mesure de la progression dans le titre, et surtout lorsque l'on décide de passer du temps avec eux et de leur offrir des cadeaux durant les phases de temps libre. Ce qui débloque par ailleurs des fragments d'amitié permettant d'acheter des bonus un peu inutiles censés être utilisés durant les procès.
Danganronpa V3

Ne vous attendez pas à vous retrouver en terrain conquis si vous avez fait les autres Danganronpa, ce V3 s'évertuant à détruire une par une toutes vos certitudes avec un plaisir certain. Plus que jamais cet opus regorge de retournements de situations, passages forts, moments what the fuck et autres claques aller-retour. Sans parler des meurtres, évidemment, qui représentent un point central de la licence et qui nous font passer par trois phases distinctes. En premier, on espère que notre chouchou ne soit pas la victime. Ensuite, on se dit que les scénaristes ont vraiment l'esprit tordu au vu de la manière dont sont fait ces assassinats. Et enfin, on ne peut s'empêcher à chaque procès d'attendre les exécutions, toujours autant over the top. Si certains passages du scénario peuvent se montrer un poil longuets, comme par exemple le prologue (et même Monokuma le remarque), l'histoire se montre si captivante que le joueur oublie bien vite ces moments traînant en longueur. D'autant plus que le titre alterne les phases, histoire de donner un peu de variété à tout ça : exploration de l'école avec de nouveaux passages se débloquant au fur et à mesure, temps libre destiné à faire ami-ami avec les autres, enquête après un meurtre, etc. Il est même possible de mettre tout de côté pour passer du temps au Casino ou dans la boutique de l'école, histoire d'échanger des pièces durement obtenues contre des babioles à offrir aux autres.
Danganronpa V3

Petits meurtres au lycée

Mais Danganronpa, c'est aussi et surtout des procès. Après de courtes phases d'enquête permettant de récupérer des preuves, tous les lycéens encore en vie se rendent donc dans le tribunal de Monokuma pour tenter de démêler le vrai du faux et trouver le meurtrier. Toujours aussi longs (entre une et deux heures chacun) et intenses, ces passages sont l'occasion pour le joueur de faire chauffer ses petites cellules grise, le titre de Spike Chunsoft ne le prenant en aucun cas par la main. Les fondamentaux sont là encore présents, à commencer par les Débats Non-Stop. Durant ces phases, plusieurs protagonistes parlent les uns après les autres : forcément, il arrive que certains mentent ou se trompent. C'est là que le héros intervient grâce à ses Ballindinces (Truth Bullet), qui sont en fait des preuves à tirer sur la bonne phrase (affichée en orange) afin de la réfuter. Il lui arrive aussi parfois de confirmer quelque chose (les phrases sur lesquelles influer sont alors écrites en bleu) voire de mentir, même si les parjures ne sont que trop peu exploités ici – ce qui n'est peut-être pas plus mal tant le nombre d'éléments à retenir se montre assez conséquent. Ces débats disposent d'une petite variante, baptisée le Mode Panique, durant laquelle plusieurs intervenants parlent en même temps. Il faut alors se concentrer un peu plus, d'autant plus que les ''White Noise'' sont de retour et viennent perturber tout ça. Il est heureusement toujours possible de les neutraliser via le silencieux, ce qui permet au passage de grappiller quelques secondes de rab, chaque phase étant chronométrée.
Danganronpa V3

A ces phases de base s'en ajoutent d'autres toujours plus variées. Il est ainsi parfois demandé de couper littéralement la parole d'une autre personne via une Lamindice, de s'adonner à un petit jeu de rythme contre l'assassin une fois ce dernier découvert, de revivre le fil du meurtre en remplissant un manga ou encore de participer à ce que l'on pourrait aisément qualifier de battle. Parfois, deux clans aux avis opposés se forment, et Monokuma décide alors de scinder le tout en deux, les deux équipes se faisant face. Via une mise en scène assez bien trouvée, le joueur doit alors choisir le bon élément de langage à opposer à ceux d'en face qui défilent les uns après les autres. Une fois tout ce beau monde emmagasiné, Danganronpa V3 propose à partir du second procès des mini-jeux. De ce côté-là, le constat est un peu plus mitigé, ces derniers n'étant pas bien passionnants ni même utiles. On a en fait plus l'impression que ce ne sont que des prétextes, histoire de proposer un gameplay toujours plus diversifié. Mais en dehors de ces derniers, les procès sont toujours de vrais grands moments à vivre, le scénario prenant un malin plaisir à mettre le joueur sur de fausses pistes, à lui faire croire à de faux coupables avant de totalement le trimballer vers une direction différente. S'il est certes toujours possible de prévoir certaines choses, c'est bel et bien la surprise qui prédomine la plupart du temps. Sans parler des crises de nerfs qui peuvent survenir lorsqu'un lycéen que l'on apprécie particulièrement se retrouve acculé par de trop nombreuses preuves...

Danganronpa V3

Mordus de la gâchette

Une fois n'est pas coutume, ce Danganronpa V3 profite d'une traduction intégrale en français (à télécharger via un pack sur PS Vita). Mais non, vous ne rêvez pas, un jeu de niche a bel et bien été traduit ! De quoi permettre à tout le monde de profiter des nombreuses heures de dialogue sans se prendre la tête, même s'il est évidemment toujours possible de laisser le tout en anglais (avec des doublages japonais ou anglais). Mais il serait franchement dommage de ne pas choisir les sous-titres français tant la localisation a été soignée. Si quelques petites coquilles peuvent être trouvées ici ou là, il n'y a en dehors de ça pas grand-chose à dire. L'humour est parfaitement bien restitué – et croyez-nous, il est plus présent dans cet épisode que dans tous les autres – et les jeux de mots et autres références sont adaptés au public français. Par exemple, l'un des personnage sort à un moment, sans lien avec ce qui se passe autour : ''C'est quoi cette bouteille de lait ?''. Bref, du bon boulot à souligner de la part de Spike Chunsoft. Les références sont par ailleurs légion dans ce soft, et principalement tournées vers les mangas ou la pop culture (Assassin's Creed, Sailor Moon, Dragon Ball Z, Ken le Survivant, L'Attaque des Titans...), et le quatrième mur est bien souvent malmené, le plus souvent par Monokuma. Autant de petites touches qui donnent encore un peu plus de profondeur à ce titre, et qui font sourire lors de moments un peu tendus.
Danganronpa V3

Si dans son fond Danganronpa V3 ne change que très peu la formule qui a fait le succès de sa série, en rajoutant uniquement ça et là quelques petites touches de nouveauté, on peut dire la même chose de sa forme. Visuellement, on ne va pas se mentir, il n'y a pas vraiment de changement. On évolue toujours dans des environnements 3D passablement dégueux dans lesquels les personnages sont représentés pour leur part en 2D. Ces derniers sont malgré tout très jolis, avec une palette de poses différentes et collant bien à leur personnalité propre. Bref, si ce genre de choses peut encore passer sur PS Vita, c'est déjà un peu plus délicat sur PS4, et c'est dommage pour tous ceux qui découvriront la série sur ce support. Quelques petits temps de chargement sont aussi présents, en tout cas sur Vita, lorsque l'on passe d'un endroit à l'autre. Heureusement, cet épisode dispose de quelques points de téléportation permettant de raccourcir des déplacements qui se font un peu longuets lorsque toute l'école s'est dévoilée. En revanche, on n'a pas grand-chose à redire des musiques, toujours aussi délicieuses pour les oreilles et présentes en nombre suffisant pour ne pas lasser le joueur et coller à l'ambiance du moment.
Danganronpa V3 : Killing Harmony continue sur la lancée de ses deux aînés, ni plus ni moins. Sur le fond comme sur la forme, cet épisode ne propose finalement que très peu de nouveautés, la plupart se retrouvant durant les procès. Mais il serait dommage d'éviter cet épisode en raison d'une formule trop peu bousculée tant, une fois encore, son écriture se montre plus que passionnante. On se prend d'empathie pour tous ces lycéens, on est tenu en haleine durant plusieurs dizaines d'heures, on voit plus ou moins bien venir les retournements de situations, on ne peut s'empêcher de sourire devant Monokuma et ses Monokumers... Bref, on passe un bon moment et, une fois lancé, il est bien difficile de laisser la manette.
08 octobre 2017 à 16h17

Par

Points positifs

  • Le retour de Monokuma
  • Et l'arrivée des Monokumers
  • Scénario toujours aussi prenant
  • Traduction française de qualité
  • Beaucoup d'humour et de références
  • Les procès, intenses et mettant les nerfs à rude épreuve

Points négatifs

  • Techniquement, peu d'avancée
  • Quelques longueurs
  • Pas beaucoup de nouveautés
  • Les mini-jeux durant les procès, peu passionnants

Gribouillé par...

Shauni

Shauni

Celle qu'on ne voit pas

Détentrice d'un Baccalauréat P (pour ''platformer'') option Sonic the Hedgehog, Shauni a ensuite obtenu avec brio sa licence en Nintendo, spécialisation The Legend of Zelda. Elle est devenue par la suite Docteur ès RPG japonais grâce à sa note maximale lors de l'épreuve Tales of.

Twitter : Shauni_Chan

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