Test : Call of Duty : Infinite Warfare - PS4

Call of Duty : Infinite Warfare - PS4
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Se lancer dans un nouveau Call of Duty, c’est un peu le rituel de chaque automne, comme la cueillette aux champignons. Ou plutôt la chasse aux truffes puisque, rappelons-le, la série trône sur un succès total de plus de 245 millions de ventes, excusez du peu. Titillée par une concurrence de plus en plus accrocheuse et un trailer bien mal apprécié, ce Call of Duty: Infinite Warfare porte en lui la promesse du renouveau : nous sortir instantanément de la torpeur hivernale en se blindant des hormones futuristes pré-consommées dans Call of Duty : Advanced Warfare. La série fait donc le grand plongeon dans l’espace, un vide finalement bien rempli, encore plus loin que Thomas Pesquet, là où personne n’est censé nous entendre crier. Promesse tenue ?

Test effectué à partir d'une version PS4

Vers l'infini et au-delà...

Jouons carte sur table. Je joue régulièrement à des FPS mais mon dernier COD s’appelait Modern Warfare 2. Autant dire que je partais avec un certain retard et une folle envie de le combler. Une excitation manifestement un peu perturbante car il a fallu répéter la scène d’introduction plusieurs fois afin de bien pouvoir en saisir tous les détails du scénario : l'Agence Spatiale des Nations Unies (ASNU) est la nouvelle armée de l’espèce humaine et colonise désormais le système solaire avec l’aide de chaque pays. Ce sont les gentils. Le Front de défense des colonies (FDC) et leur chef convaincant incarné par Kit – John Snow – Harington, veulent prendre le pouvoir de la galaxie pour… le plaisir d’avoir le pouvoir de la galaxie. Ils représentent les méchants. La mission, sera donc d’incarner le lieutenant Nick Reyes au sein des forces spéciales de la Section de Combat Aérospatial et de Reconnaissance 1 (SCAR 1) pour débarrasser l’univers de cette menace. Nous voilà prévenus. On fonce.

Le première action projette le joueur en chute libre dans le ciel d’Europe (vers Jupiter hein, pas vers Bruxelles). Sans beaucoup d’indication, il faut tenter de suivre le groupe du mieux possible, à fond, sans trop s’écarteeeeeer… La mort après 5 secondes ! Mince, c’est pire que Dark Souls et l’effet de sang n’est en plus pas très travaillé… Bon, il faut ravaler son ego, deuxième essai. Cette fois, vous la jouez scolaire et efficace. Votre soldat se pose sur la surface de la mer gelée et essaie de voir si la glace se brise sous l’effet de ses balles… La mort par le froid. L’ATH de son casque vous avait pourtant prévenu : « la température est de moins 150°, faut pas trainer »)… Ce jeu est aussi intransigeant que No Man's Sky.

Call of Duty : Infinite Warfare

Fini de rigoler

Fatigué de passer pour le noob de service, Nick Reyes rentre dans le rang, prêt à en découdre. L’angle de vue apparaît très fermé et provoque de la difficulté pour voir ce qu’il y a sur les cotés, d’autant plus qu’il est impossible (enfin, nous n'avons pas trouvé) de moyen de tirer tout en restant abrité. Heureusement, vous disposez de tout un arsenal du courageux guerrier du futur bien pratique : des grenades araignées chercheuses qui reviennent vers papa lorsqu’elles n’ont pas trouvé leur cible (voir le film Runaway : L'Évadé du futur), des bombes anti-gravité qui transforment ceux d’en face en ballons de fête foraine prêts à l’emploi, des drones gyrostabilisés à tirs automatiques… Avant même d’être devenu spécialiste (oui, ceux-là même de Black Ops 3), vous disposez rapidement d’un joli armement, astucieusement fabriqué par des imprimantes 3D du futur qui ne connaissent pas les buses bouchées. Mais ne prenez pas trop confiance. Vous aurez beau fouiner, chercher, regarder partout où vous allez, quitte à ralentir un peu votre groupe… Vous ne trouverez rien. Pas de petit secret, pas de bonus caché, seulement ces bons vieux bidons rouges bien visibles qui rappelle inlassablement de ne pas se tromper de jeu.

Sans être désobligeant, les ennemis devraient se plaindre à leur fournisseur d’armures pare-balles. Ils sont peut-être tombés sur un mauvais lot, c’est possible, mais devraient se faire rembourser. Du coup, ils n’hésitent pas à se venger en s’appuyant sur de gros robots indestructibles très énervés qui rigolent devant votre arme lourde. Au passage de ce monde de brutes, la modélisation des visages ou les décors génériques mais bien travaillés sont tout à fait appréciables, comme ce magnifique plan d’un Atlas parisien de 1834. Les effets de destructions massives sont aussi impressionnants (il y a même un petit tsunami) et l’effet de poussée verticale pour atteindre, enfin, l’espace saisissant. Il n’y a donc pas mensonge sur la marchandise, ce qui est rassurant. Et puis, sans mentir, si les références à Star Wars, Gravity ou Galactica sont partout, on a déjà vu pire comme influences.

Call of Duty : Infinite Warfare

Et la guerre dans tout ça ?

Depuis la cabine du capitaine du navire spatial Retribution, le joueur regarde une bataille sur une lune, ce qui confère une super envie d’y participer. La conscience de faire partie d’une armée mondialisée augmente petit à petit et produit son effet. Une collègue a un drapeau libanais sur son épaule, un autre celui du Canada, de la Grande Bretagne… Cet esprit d’équipe est assez plaisant. Comme sur un rafting avant la mise à l’eau, il y a une vraie ambiance de Marines sur ce vaisseau spatial malgré le peu d’interactions possibles avec les protagonistes. Ils sont ensemble, ils meurent ensemble. « A quoi servent ces boosters ? » vous demande votre robot Ethan. « À faire comme dans Titanfall » a-t’on envie de lui répondre. Et le pire, c’est qu’à nous voir réaliser de petits sauts ou courir sur les murs, ça fonctionne plutôt bien.

Call of Duty : Infinite Warfare

Techniquement, certaines textures métalliques sont quand même fainéantes et le gameplay évidemment hyper dirigiste. Les corps au sol ne sont pas détaillés alors que les planètes sont magnifiquement rendues. « Euh, les gars, on est fin 2016 quand même là. Faudrait que vous jetiez un œil au prochain Prey ou à Space Hulk Deathwing car votre techno commence à être un peu en retard, là. » En plus, l’action accélérée n’est pas toujours très lisible, la camera manque de profondeur de champ, le montage part dans tous les sens et c’est assez frustrant. Allez-y, mettez ça sur mon grand âge, ne vous gênez pas. Le jeu pousse de toute façon à ne pas s’arrêter sur les détails. « Go Go Go ! » donc. Sauf que l’impression d’impact sur les ennemis est un brin molle (à part une mitrailleuse qui défouraille). Le feeling de tir et son accessibilité font même parfois penser à Halo. Mais il est de temps de réussir tout de même la mission, histoire de montrer l’exemple. On enchaine en prenant le contrôle de son chasseur spatial où les sensations sont plutôt bonnes, grâce notamment à un système de visée qui accroche les cibles en vous faisant basculer dans un mode de pilotage semi-automatique grisant.

Chaque cible est abattue une à une avec effort et satisfaction tout en rappelant que ce n’est définitivement pas un épisode comme les autres. Veni vidi vicci, retour au Retribution où tout le monde vous connait, vous respecte et vous salue à la hauteur de votre talent de pilote et de commandant... Il est possible de voir ses exploits à la télé, non sans avoir croisé un soldat s’entraînant au tir en réalité virtuelle et accrocher vos futures cibles à votre tableau de nettoyage. Toutes les transitions et les temps de chargement sont ultra-rapides car masqués par des cinématiques. C’est bien vu, car la libération du système solaire n’attend pas et il est déjà temps de repartir et de choisir une prochaine mission : secondaire pour récupérer des armes secrètes ou primordiale pour faire progresser le fil de l’histoire. « Barre à gauche Cap à 2-7-0 », fiers et conscients de la responsabilité sur votre équipage, vous regardez alors votre superbe vaisseau tourner… à droite.
Si l’on prend Call of Duty: Infinite Warfare pour ce qu’il est, malgré son look de jeu de génération précédente, celui-ci a plusieurs moments sympathiques à offrir. La campagne solo se parcourt avec plaisir malgré une fin un peu expédiée, mais aurait pu provoquer d’avantage d’émotion en n’oubliant pas autant de prendre plus son temps. Le multi est en place avec l’efficacité et l’exigence qu’on lui connait, tout en offrant les joies nouvelles de l’anti-gravité et de l’apport des Rigs. Vous pourrez d’ailleurs changer ceux-ci en cours de partie avec, pour seul conséquence, la réinitialisation de la jauge de pouvoir. Il y a un mode zombie (oui, encore) inspiré par les années 80 et Far Cry : Blood Dragon. Bien WTF et dans l'ambiance d'un parc d’attraction de nuit et de nos jours, il est drôle et très réussi. Il y a aussi une salle d’arcade remplie de six anciens hits d’Activision jouables, sans parler de l’expérience VR gratuite, rapide mais puissante. Bref, une débauche de générosité donc, mais qui masque mal une technique et une licence n’ayant plus grand chose de neuf à raconter. Franchement pas honteux, ce dernier appel du devoir en date se fourvoie peut-être juste à vouloir en faire trop, et surtout vouloir plaire à trop.
30 novembre 2016 à 16h13

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Points positifs

  • Un voyage dans l’espace réussi
  • Les environnements crédibles
  • Le multi toujours opiniâtre
  • Le mode zombie en cadeau
  • L’expérience VR gastro-exigente (mais gratuite)
  • Techniquement fluide...

Points négatifs

  • … Encore heureux avec ce goût de génération précédente
  • Largué par la concurrence
  • Le scénario basique de chez basique
  • Ses personnages peu approfondis
  • Le plaisir et la créativité d’un film en Divx
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