Until Dawn était un hommage aux slashers modernes à la
Scream, en tout cas
dans un premier temps car
il prenait un virage surnaturel dans un second.
The Quarry reprend à peu près la même formule, la différence étant qu'ici les deux genres sont très bien mélangés. L’histoire prend place à la fin de l’été, alors que les enfants d’une colonie de vacances rentrent chez eux et que les moniteurs restent bloqués sur place à cause d’une panne. Ils décident donc de passer une dernière nuit sur place à faire la fête malgré les recommandations de leur patron qui, inquiet, leur avait pourtant dit d’être discrets. Forcément, la nuit ne va pas bien se passer, quelque chose rode autour du camp, quelque chose de mortel.
Les jolies colonies de vacances
On ressent plusieurs influences dans The Quarry. Si Until Dawn rappelait bien évidemment Scream et Halloween, ici on est plus du côté de Vendredi 13. Plus étrange, on ressent même des touches de Chair de Poule et plus particulièrement de La Colo de la Peur dont l’adaptation en téléfilm (sur France 2 à l’époque) en a traumatisé pas mal. On fait vite connaissance avec les différents protagonistes... et le premier contact n’est pas top. Tous les personnages apparaissent bêtes ou antipathiques, voire les deux. Mais c’est là que réside la qualité de l’écriture : ces personnages antipathiques se révèlent au fil de l’aventure et on se surprend à s’attacher à des personnes que l’on ne supportait pas quelques heures auparavant. Et on peut voir un message plutôt intéressant envoyé à travers cela. Ces neuf jeunes adultes ne sont pas l’image qu’ils renvoient, mais dans une société où l’image est aussi importante, il est difficile d’être soi-même.
Alors oui, même s’il a des hauts et des bas, The Quarry est dans l’ensemble bien écrit. On regrettera cependant des longueurs, de rares dialogues qui ne volent pas très haut et un ton parfois ado. Mais en général on suit l’histoire avec plaisir du début à la fin dans ses moindres rebondissements et ses twists. Difficile d’en dire trop au risque de spoiler, mais sachez qu’il y a du surnaturel, du slasher et un peu de romance. En gros la recette d’Until Dawn en un peu améliorée.
Du sang pour Satan !
Techniquement, le jeu est très beau, rien à dire. On peut toutefois remarquer des inégalités. Parfois c’est bluffant, on a l’impression de manipuler de réelles personnes. Parfois, c’est beaucoup moins beau et on tombe un petit peu dans la vallée dérangeante. Le même personnage ne va pas avoir l’air aussi bien fait d’une scène à l’autre et c’est dommage. Comme d’habitude, les cheveux n’aident pas et certaines phases ne sont pas aidées par la lumière qui ne met pas vraiment les personnages en valeur. Parlons d’ailleurs du travail sur la lumière. Décevant, là où dans un jeu horrifique on s’attend à des jeux avec des reflets ou des ombres, ici on n’obtient pas vraiment ce résultat. C’est juste sombre, trop sombre, et vos lampes torches n’allument pas grand-chose. Alors que dans un survival horror classique on a une lumière a son plus fort au milieu qui s’estompe petit à petit sur les côtés, ici on a juste la lumière au milieu et rien sur les côtés. C’est dommage, car ça n’aide pas à la lisibilité et à l’ambiance. Fort heureusement, ce n’est pas handicapant et ces phases sont rares. Le reste du temps l’action est très lisible grâce à la lumière de la lune.
On peut aussi constater une mise en scène assez inégale. Certains angles de caméra sont beaux, inventifs et feraient rougir n’importe quel réalisateur en herbe. Certains moments sont brillamment mis en scène comme un bon film. C’est fluide et on ne perd jamais l’action. Mais on a aussi des instants où on passe à un champ-contrechamp basique et une transition abrupte vers une autre scène. Par exemple, une scène de course-poursuite avec une mise en scène très soignée et une transition très douce vers une scène de dialogue où l’on a que du champ-contrechamp et une coupure nette avec un écran noir vers une autre scène. La première fois, ça fait très bizarre. Mais soyons honnêtes, il s’agit de défauts minimes dans la globalité malgré de petits bugs (un personnage se déshabillant en une frame par exemple) et les situations déjà évoquées, on est face à quelque chose de très solide techniquement. Il en devient même très dur de passer à autre chose tant le reste paraît laid à côté.
Vacances, j'oublie tout
En terme de jouabilité, The Quarry est un film interactif. Encore plus qu’Until Dawn. Le tout est facile, les QTE sont généreux et il est presque impossible de les rater. Surtout que dans 99% du temps il vous faudra juste incliner le joystick dans une direction. Le reste du temps, il faudra prendre la bonne décision, décider d’un dialogue plutôt qu’un autre, un chemin plutôt qu’un autre et se cacher ou courir. Se cacher repose d’ailleurs sur une mécanique où il faut retenir son souffle assez longtemps et le relâcher au bon moment pour pouvoir s’enfuir. Il y a aussi du tir, mais très peu et très assisté. Bref, comme Until Dawn mais en plus simple. Ici, ce sont vraiment les décisions et les dialogues qui sont au cœur du jeu et vous devrez faire les bons choix car les conséquences peuvent être désastreuses et votre but est tout de même que tout le monde finisse la nuit vivant. Nous sommes donc dans un système simple et efficace pour ce style de jeu.
Until Dawn avait le psychiatre, The Dark Pictures Anthology a le narrateur, The Quarry a la voyante. Ses scènes apparaissent entre les chapitres, elle donne des indices sur les histoires et vous permet même de voir l’avenir grâce à sa boule de cristal et ses cartes de tarot. Les cartes de tarot sont des objets cachés dans les décors du jeu et les ramener à la voyante vous permet de voir un futur possible. Il s’agit en fait de l’équivalent des totems d’Until Dawn et des affiches de The Dark Pictures Anthology. On se répète, mais on est vraiment en terrain connu.
Enfin, un bon film interactif a besoin d’un bon casting et force est de constater que l’on est servi ici. Ça joue bien et on peut même reconnaître des visages connus comme Ariel Winter (Modern Family), Justice Smith (Detective Pikachu) et Lance Henrikssen (sérieux, je dois vraiment présenter Lance Henrikssen ?) ou encore David Arquette (éternel Dewey de Scream et ancien champion poids lourd WCW, ça n’a rien à voir et alors ?). Le casting fait des merveilles et, on peut le dire aussi, nous avons droit à un doublage français au top. La BO n’est aussi pas en reste, nous avons droit à des morceaux connus collant parfaitement à l’atmosphère générale, mais aussi à des musiques et chansons originales dont une interprétée par Siobhan Williams, l’actrice dans le rôle de Laura.